J'ai une idée de roman

Oui ! j'ai une idée de roman ! Mais j'ai la flemme !

En plus, J'AIME PAS LES ROMANS !

Je me fais pas d'illusion, cette idée y'en a des tas d'autres qui ont dû l'avoir...

C'est l'histoire d'un mec !...

Qui se réveille (on va dire dans un hôpital) et qui a tout oublié.

C'est archi connu cette idée : l'amnésie...

On voit souvent ça dans les films. Mais mon idée ce serait vu de l'intérieur. Le type qui part du brouillard total... Y'a plusieurs directions possibles, le mec qui découvre petit à petit qu'il était un sale type... mais non ça, c'est connu... L'autre direction, ce serait le type qui se réinvente, puisqu'il n'est plus rien, puis il est confronté à la réalité, et se réinvente encore... Ou bien, il n'arrive pas à se réinventer, et reste comme un touriste dans le monde...

Mais j'ai la flemme...

-- Monsieur, Monsieur !

Ça c'est la voix d'une infirmière qui troue le brouillard où je me prélassais, un brouillard douceâtre où je n'étais rien. Le monde vient à moi, se cristallise doucement mais reste encore léger, irréel. C'est comme un rêve  Je vois des murs blancs, trop blancs autour de moi, et les distances semblent variables. Il y a une fenêtre sur la gauche qui donne beaucoup de lumière.  Et je réalise que je suis couché ! Mon lit est blanc aussi, tout est blanc ici !  Et mon corps doit être sous ces draps. Mon corps... c'est quoi un corps? et mon corps ? Il est comment ? Je le sens un peu... Des jambes, des bras... Mais ? J'ai des tuyaux partout ! Et j'entends un "bip bip" qui raconte mon cœur. J'ai donc un cœur et il bat... Bonne nouvelle ! (non, à supprimer ! C'est mon côté farce qui reprend le dessus ! Un roman, c'est sérieux ! On reprend :  ) Mon cœur bat, je l'entend. Je... Je.. suis où ? C'est sûrement un hôpital... Je.. je suis quoi ? Je suis qui ? C'est comme ça qu'on naît ?...

-- Monsieur ! Monsieur ! Vous revenez à vous ?!

Je reviens à moi mais je ne sais pas qui c'est, "moi"...

Je suis "Monsieur" couché dans un lit blanc dans une chambre blanche avec beaucoup de lumière, des tuyaux partout et un cœur qui bat. Et je comprends tout ça. Je comprends "Monsieur". Je comprends aussi que la blouse blanche qui se penche sur moi n'est pas Monsieur... C'est une infirmière ! Je suis malade de quoi ?...

Je lui balbutie :

-- Quelle heure il est ?

Mais pourquoi diable cette question ? Elle m'a échappé ! j'ai d'autres chats à fouetter que de savoir l'heure ! Je n'ai aucune idée de ce que je pourrais avoir à faire. D'ailleurs elle ne cherche pas à me répondre :

-- Il faut vous reposer, maintenant, Monsieur !

En fait elle m'a répondu : l'heure, c'est maintenant ! Je suis ici et maintenant... Mais me reposer de quoi ?

Peu à peu, je respire plus lentement, plus largement. Je n'ai mal nulle part... Je suis vivant... Mais pourquoi ne le serais-je pas ? Je me sens comme adossé à une butée derrière moi, et cette butée, c'est "avant". Avant ce lit et ce "Monsieur", il n'y a rien. Et pourtant, dans cette chambre tout semble en ordre, tout a une place bien définie, évidente. Le désordre, c'est moi... Non ! Mon corps, c'est moi et il semble en ordre aussi. C'est juste mon esprit. Il ne sait plus d'où il regarde tout cet ordre...

Et cet ordre blanc s'estompe, s'atténue, se dissout... et je me rendors...

.......

-- ALORS ON N'EST PAS MORT ?!!!

Je sursaute et ouvre un œil... La blouse blanche a été remplacée par une verte ! Le bonhomme n'est pas très grand, solide sur ses jambes, blond, frisé, les yeux qui pétillent et un sourire en coin avec les dents qui brillent : ça c'est un carabin !... Et comme pour se confirmer dans sa fonction, la blague grasse :

--  Moi, je voudrais être une écrevisse : même mort on me sucerait la queue !

Je fais semblant de sourire. Peut-être que je lui dois la vie, d'ailleurs...

...

Bon, je l'ai déjà dit : j'ai la flemme, je verrai demain, si ça va mieux...

Il y a 10 heures, Blaquière a dit :

C'est l'histoire d'un mec !...

Qui se réveille (on va dire dans un hôpital) et qui a tout oublié.

Bravo Blaquière, qu'elle belle démarche autobiographique et romancée !

On sent le vécu, on s’y croirait ? 

il y a 16 minutes, Enchantant a dit :

Bravo Blaquière, qu'elle belle démarche autobiographique et romancée !

On sent le vécu, on s’y croirait ? 

En attendant, la blague du carabin, un chirurgien ami, c'est effectivement du vécu ! J'en reviens toujours pas !

Il y a 11 heures, Blaquière a dit :

Et j'entends un "bip bip" qui raconte mon cœur. J'ai donc un cœur et il bat... Bonne nouvelle ! (non, à supprimer ! C'est mon côté farce qui reprend le dessus ! Un roman, c'est sérieux ! On reprend :  ) comprends

Pourquoi ne pas rendre une histoire qui s'annonce très très mal... comique ?  après tout...

Il y a 4 heures, Naluue a dit :

Pourquoi ne pas rendre une histoire qui s'annonce très très mal... comique ?  après tout...

 

Oh toi ? ne me pousse pas sur ma pente naturelle ! Où je vais vite y tomber...

Mais pourquoi qui s'annonce très très mal ? ! D'accord, je reconnais que j'ai un peu bâclé... Et j'ai été trop rapide pour un éveil de conscience... J'ai manqué de finesse, de subtilité... J'en suis arrivé trop vite au corps que l'esprit devrait mettre plus de temps à comprendre, à reconnaître... Mais l'idée de partir à zéro (ou repartir) c'est parfait : c'est LA page blanche par excellence !...

il y a 58 minutes, Blaquière a dit :

Oh toi ? ne me pousse pas sur ma pente naturelle ! Où je vais vite y tomber...

Mais pourquoi qui s'annonce très très mal ? ! D'accord, je reconnais que j'ai un peu bâclé... Et j'ai été trop rapide pour un éveil de conscience... J'ai manqué de finesse, de subtilité... J'en suis arrivé trop vite au corps que l'esprit devrait mettre plus de temps à comprendre, à reconnaître... Mais l'idée de partir à zéro (ou repartir) c'est parfait : c'est LA page blanche par excellence !...

Pas bête la page blanche, j'en veux bien une moi aussi. 

Tu peux aussi faire du comique sur une histoire qui commence neutre... Mais bon, j'ai pas le droit de te pousser sur ta pente naturelle alors... 

-- Docteur ?

-- Oui ?

-- Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Qu'est-ce que je fais là ? Je suis malade ?

-- Malade ? je ne crois pas... On vous a retrouvé totalement inconscient, pendu par un pied à un arbre du Parc Jourdan ! C'est pas comme ça qu'on se suicide !

Je réfléchis et des images me reviennent : j'avais donc la tête en bas ? Et cette idée curieuse... "Pourquoi ces arbres poussent à l'envers ?..." Mais rien d'autre. Le Parc Jourdan ? Connais pas ! Non ! voilà autre chose : Jourdan ! Je revois un Jourdan. C'est un gamin, comme moi d'ailleurs. Nous attendons pour rentrer au Lycée. Il y a nos valiss près de nous. Et ce Jourdan qui dit : "Moi je sais déjà un mot d'anglais !  "BOY" ! Ça veut dire "un serviteur noir" !

C'est toujours bon à savoir ! Mais à part les arbres à l'envers et les serviteurs noirs, c'est le noir total dans ma tête. Ou plutôt le blanc. Tout est blanc à l'intérieur comme ma chambre blanche à l'extérieur...

-- Docteur ? Qui je suis ?!

-- Vous ne vous souvenez de rien ? On attendait votre réveil pour que vous nous le disiez ! Vous n'aviez aucun papier sur vous...

Il s'approche de l'écran du moniteur derrière moi, en haut sur la gauche...

-- Ma foi, toutes vos "fonctions" sont normales... c'est inutile de vous laisser "branché" !

Il appelle des infirmiers qui m'enlèvent le tube en plastique respiratoire sous mon nez, ma perfusion sur le dos de ma main droite, mes... (comment ça s'appelle ?) mes électrodes? sur la poitrine...

-- On va vous laisser reprendre vos idées tranquillement...

Il m'indique un truc électrique, une poire avec un bouton qui pend sur ma gauche depuis le mur :

-- Au moindre problème, vous appuyez sur ce bouton et quelqu'un viendra voir ce qui se passe... Je vais continuer ma tournée !

-- Dites, Docteur, ça fait combien de temps que je suis là ?

(Réponse au prochain numéro ! Je vais y réfléchir... Des suggestions ?

Je viens de penser à une illustration ! Et je pensais bien que ce serait le pied gauche : le monde est petit !