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L'attaque nucléaire (fin)


Blaquière

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

(...Ils s’approchaient de l’épicentre, près de l’épicerie...) Les effets de la bombe étaient bien différents de ceux qu’ils avaient imaginés. Les grands immeubles parallélépipédiques par exemple : ils n’étaient ni pulvérisés ni même écroulés ne serait-ce qu’un tout petit peu. Ils avaient seulement été simplifiés. Comme sous la gomme correctrice de quelque architecte puriste. Et ils en paraissaient d’autant plus parallélépipédiques : leurs parties superflues ou décoratives, et elles seules, ayant disparu. Ils en restaient tout nets, tout carrés, tout Kubriques (1), les arrêtes bien vives... Et leurs trous de fenêtres aussi, bien carrés et béants, d’un noir aveugle, semblaient curés... jusqu’à la lie.

Toujours à bord de leur véhicule-aquarium-protecteur-fissuré-mais-étanche, Je Humble et ses amiquintrus arrivèrent enfin sur les lieux de l’explosion proprement dite. C’était une grande place. Ici, tout de même, des traces noirâtres inhabituelles sur les angles des murs, au dessus du premier étage... Par-ci par-là, quelques personnes avaient été pétrifiées, figées dans leur dernier mouvement. Ils s’approchèrent de l’une, tout près, à mieux la voir... et ils la virent !

En réalité, elle n’était pas carbonisée. Sa peau luisait plutôt d’un reflet étrange, comme de cuir tanné. Et certaines parties de son visage, telles de cire ramollie-au-trop-chaud, s’étaient légèrement déformées...

« En voici un qui remue encore les lèvres ! » s’extasia Je. C’était la pure vérité ! L’homme en question parlait tranquillement à son voisin... puis, il lui tapait sur l’épaule en guise d’au revoir et reprenait son footing.

Je repasserai te voir, ajoutait-il avant d’être hors de portée. L’autre en effet ne pouvait plus se déplacer, fiché qu’il restait, jusqu’à mi-cuisse dans le trottoir (vraisemblablement à la suite de l’explosion).

Un peu plus loin, un vieux monsieur se baissait pour récupérer une tête à moitié rôtie qui roulait au sol en décrivant des cercles vaguement concentriques. Une tête qui, Dieu soit loué, la logique reprenait ses droits, n’était plus vivante, elle. Ça pouvait être celle... de sa femme ? Ou de sa mère sculpturale ?

Le vieux monsieur la pliait soigneusement dans un papier journal comme on fait des sardines, puis s’en allait la serrant précieusement sous le coude.

Je Humble n’eut osé imaginer que le brave homme projetait de s’en faire une garniture de cheminée.

 

Dr FREUD :

Je préfère ne rien dire.

 

--FIN--

 

(1) Encore merci @ping !

 

 

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Membre, 56ans Posté(e)
ping Membre 6 305 messages
Baby Forumeur‚ 56ans‚
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De rien. Super l'histoire en tout cas, :)

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 605 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, Blaquière a dit :

(...Ils s’approchaient de l’épicentre, près de l’épicerie...) Les effets de la bombe étaient bien différents de ceux qu’ils avaient imaginés. Les grands immeubles parallélépipédiques par exemple : ils n’étaient ni pulvérisés ni même écroulés ne serait-ce qu’un tout petit peu. Ils avaient seulement été simplifiés. Comme sous la gomme correctrice de quelque architecte puriste. Et ils en paraissaient d’autant plus parallélépipédiques : leurs parties superflues ou décoratives, et elles seules, ayant disparu. Ils en restaient tout nets, tout carrés, tout Kubriques (1), les arrêtes bien vives... Et leurs trous de fenêtres aussi, bien carrés et béants, d’un noir aveugle, semblaient curés... jusqu’à la lie.

Toujours à bord de leur véhicule-aquarium-protecteur-fissuré-mais-étanche, Je Humble et ses amiquintrus arrivèrent enfin sur les lieux de l’explosion proprement dite. C’était une grande place. Ici, tout de même, des traces noirâtres inhabituelles sur les angles des murs, au dessus du premier étage... Par-ci par-là, quelques personnes avaient été pétrifiées, figées dans leur dernier mouvement. Ils s’approchèrent de l’une, tout près, à mieux la voir... et ils la virent !

En réalité, elle n’était pas carbonisée. Sa peau luisait plutôt d’un reflet étrange, comme de cuir tanné. Et certaines parties de son visage, telles de cire ramollie-au-trop-chaud, s’étaient légèrement déformées...

« En voici un qui remue encore les lèvres ! » s’extasia Je. C’était la pure vérité ! L’homme en question parlait tranquillement à son voisin... puis, il lui tapait sur l’épaule en guise d’au revoir et reprenait son footing.

Je repasserai te voir, ajoutait-il avant d’être hors de portée. L’autre en effet ne pouvait plus se déplacer, fiché qu’il restait, jusqu’à mi-cuisse dans le trottoir (vraisemblablement à la suite de l’explosion).

Un peu plus loin, un vieux monsieur se baissait pour récupérer une tête à moitié rôtie qui roulait au sol en décrivant des cercles vaguement concentriques. Une tête qui, Dieu soit loué, la logique reprenait ses droits, n’était plus vivante, elle. Ça pouvait être celle... de sa femme ? Ou de sa mère sculpturale ?

Le vieux monsieur la pliait soigneusement dans un papier journal comme on fait des sardines, puis s’en allait la serrant précieusement sous le coude.

Je Humble n’eut osé imaginer que le brave homme projetait de s’en faire une garniture de cheminée.

 

Dr FREUD :

Je préfère ne rien dire.

 

--FIN--

 

(1) Encore merci @ping !

 

 

bonjour

ne rien dire peut parfois en dire beaucoup plus car , cela laisse supposer lol . t'à façon de raconter est particulière et ne manque pas d'attraits .

bonne journée

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