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« Boire un grand bol de sommeil noir... »

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satinvelours

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Honte 
 
Tant que la lame n’aura
Pas coupé cette cervelle,
Ce paquet blanc, vert et gras,
A vapeur jamais nouvelle,

(Ah ! Lui, devrait couper son
Nez, sa lèvre, ses oreilles,
Son ventre ! et faire abandon
De ses jambes ! ô merveille !)

Mais non ; vrai, je crois que tant
Que pour sa tête la lame,
Que les cailloux pour son flanc,
Que pour ses boyaux la flamme,

N’auront pas agi, l’enfant
Gêneur, la si sotte bête,
Ne doit cesser un instant
De ruser et d’être traître,

Comme un chat des Monts-Rocheux,
D’empuantir toutes sphères !
Qu'à sa mort pourtant, ô mon Dieu !
S’élève quelque prière !
 

 Recueil : Derniers vers
 
Ce poème montre à quel point Rimbaud fut malheureux.
Il y a dans ce poème une haine de soi désespérée.
 
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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Il y a 21 heures, satinvelours a dit :

La guitarra

Empieza el llantode la guitarra. 
Se rompen las copas 
de la madrugada. 
Empieza el llanto 
de la guitarra. 
Es inútil callarla. 
Es imposible 
callarla. 
Llora monótona 
como llora el agua, 
como llora el viento 
sobre la nevada. 
Es imposible 
callarla. 
Llora por cosas 
lejanas. 
Arena del Sur caliente 
que pide camelias blancas. 
Llora flecha sin blanco, 
la tarde sin mañana, 
y el primer pájaro muerto 
sobre la rama. 
¡Oh, guitarra! 
Corazón malherido 
por cinco espadas.

 

Federico Garcia Lorca

Putain que c'est beau !

Je me souviens d'une strophe de... Machado , je crois ?

La prima que canta y el bordón que llora

Y el tiempo callado se va hora tras hora

Cantares : son dejos falales de la raza mora...

Je vais le chercher !...

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Trop facile ! sur le net, y'a tout ! (C'est bien de Machado, (Manuel)...

Cantares

Vino, sentimiento, guitarra y poesía,
hacen los cantares de la patria mía...
Cantares...
Quien dice cantares, dice Andalucía.

A la sombra fresca de la vieja parra,
un mozo moreno rasguea la guitarra...
Cantares...
Algo que acaricia y algo que desgarra.

La prima que canta y el bordón que llora...
Y el tiempo callado se va hora tras hora.
Cantares...
Son dejos fatales de la raza mora.

No importa la vida, que ya está perdida.
Y, después de todo, ¿qué es eso, la vida?...

Cantares...
Cantando la pena, la pena se olvida.

Madre, pena, suerte; pena, madre, muerte;
ojos negros, negros, y negra la suerte.
Cantares...
En ellos, el alma del alma se vierte.

Cantares. Cantares de la patria mía...
Cantares son sólo los de Andalucía.
Cantares...
No tiene más notas la guitarra mía.

J'ai mis en gras un fameux vers qui est en partie une matrice de la poésie.

"On oublie sa peine à la chanter"

Guillaume de Poitier (le premier troubadour) l'avait formulé, aussi mais en l'inversant :

Pos de chanter m'es pres talent

Farai un vers dont suis dolent...

(Puisque le désir me prend de chanter

Je chanterai ma peine/douleur...)

 

Merci encore pour le poème de Garcia Lorca...

 

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

@Blaquière

Un autre poème de García Lorca, surnommé «  el ruiseñor ansaluz ».

 

Sorpresa  

Muerto se quedó en la calle 
con un puñal en el pecho. 
No lo conocía nadie. 

¡Cómo temblaba el farol! 
Madre. 
¡Cómo temblaba el farolito 
de la calle! 

Era madrugada. Nadie 
pudo asomarse a sus ojos 
abiertos al duro aire. 

Que muerto se quedó en la calle 
que con un puñal en el pecho 
y que no lo conocía nadie.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 4 minutes, satinvelours a dit :

@Blaquière

Un autre poème de García Lorca, surnommé «  el ruiseñor ansaluz ».

 

Sorpresa  

Muerto se quedó en la calle 
con un puñal en el pecho. 
No lo conocía nadie. 

¡Cómo temblaba el farol! 
Madre. 
¡Cómo temblaba el farolito 
de la calle! 

Era madrugada. Nadie 
pudo asomarse a sus ojos 
abiertos al duro aire. 

Que muerto se quedó en la calle 
que con un puñal en el pecho 
y que no lo conocía nadie.

C'est fou, ça ! C'est lui le rossignol andaloux. Mort sans que personne ne le remarque : on ne le trouve même plus !

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
il y a 19 minutes, Blaquière a dit :

C'est fou, ça ! C'est lui le rossignol andaloux. Mort sans que personne ne le remarque : on ne le trouve même plus !

Il est mort fusillé le 19 août 36 par les milices franquistes.

Ses œuvres furent, bien entendu, interdites par Franco jusqu’en 1953 où est paru un recueil : « « Obras  completas »  mais totalement édulcoré.

Il a fallu attendre la mort de Franco en 75 pour que sa vie et sa mort puissent être évoquées librement.  C’est complètement dingue !

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Le 18/11/2018 à 12:54, satinvelours a dit :

La guitarra

Empieza el llantode la guitarra. 
Se rompen las copas 
de la madrugada. 
Empieza el llanto 
de la guitarra. 
Es inútil callarla. 
Es imposible 
callarla. 
Llora monótona 
como llora el agua, 
como llora el viento 
sobre la nevada. 
Es imposible 
callarla. 
Llora por cosas 
lejanas. 
Arena del Sur caliente 
que pide camelias blancas. 
Llora flecha sin blanco, 
la tarde sin mañana, 
y el primer pájaro muerto 
sobre la rama. 
¡Oh, guitarra! 
Corazón malherido 
por cinco espadas.

 

Federico Garcia Lorca

Je crois que je viens de comprendre (au bout de 55 ans) Le fameux "se rompen las copas de la madrugada" !

J'en tente un traduction ! Allez : on n'a pas peur !

 

La guitare

S'élèvent les pleurs de la guitare

Les pauvres joies du matin

se sont brisées

S'élèvent les pleurs de la guitare

Elle ne peut se taire

C'est inutile,

impossible.

Elle pleure monotone

Comme pleure la pluie,

Comme pleure le vent

sur la neige

Elle ne peut

se taire

Elle pleure sur des choses

Lointaines

Les sables du sud brûlants

Qui rêvent de camélias blancs,

Pleure la flèche sans but

Pleure le soir sans l'aube

Et le premier oiseau mort

Sur la ramée.

Oh, guitare !

Cœur transpercé

De cinq poignards *

 

(*La guitare flamenco traditionnelle n'avait que cinq cordes.)

(J'hésite encore entre "s'élèvent les pleurs" et "montent les pleurs"..

"Les faux Espoirs du matin" ça explique bien, mais peut-être les "Les pauvres joies du matin se sont brisées" serait mieux. J'ai corrigé, changé !

J'étais obnubilé par "la madrugada" : la matin ! Mais non, c'est le soir que commence le pleur de la guitare. Les "verres" qui "trinquent" le matin sont loin, brisés.

J'ai remplacé l'espada par le puñal du poème au dessus !

 

 

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, satinvelours a dit :

Il est mort fusillé le 19 août 36 par les milices franquistes.

Ses œuvres furent, bien entendu, interdites par Franco jusqu’en 1953 où est paru un recueil : « « Obras  completas »  mais totalement édulcoré.

Il a fallu attendre la mort de Franco en 75 pour que sa vie et sa mort puissent être évoquées librement.  C’est complètement dingue !

Fusiller un poète ! On peut difficilement tomber plus bas dans la bêtise ! (C'est peu dire)

Le Manuel Machado (c'est mon père qui me racontait ça) pourtant franquiste au départ quand il avait entendu des miliciens hurler "Viva la muerte" aurait dit dit "non ! là je suis plus d'accord !" ...

Je cherche partout et je ne trouve rien ! Mon père a peut-être inventé cette histoire ! Il ne pouvait pas imaginer qu'un poète soit vraiment franquiste !

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Il y a 5 heures, Blaquière a dit :

Je crois que je viens de comprendre (au bout de 55 ans) Le fameux "se rompen las copas de la madrugada" !

J'en tente un traduction ! Allez : on n'a pas peur !

 

La guitare

S'élèvent les pleurs de la guitare

Les pauvres joies du matin

se sont brisées

S'élèvent les pleurs de la guitare

Elle ne peut se taire

C'est inutile,

impossible.

Elle pleure monotone

Comme pleure la pluie,

Comme pleure le vent

sur la neige

Elle ne peut

se taire

Elle pleure sur des choses

Lointaines

Les sables du sud brûlants

Qui rêvent de camélias blancs,

Pleure la flèche sans but

Pleure le soir sans l'aube

Et le premier oiseau mort

Sur la ramée.

Oh, guitare !

Cœur transpercé

De cinq poignards *

 

(*La guitare flamenco traditionnelle n'avait que cinq cordes.)

(J'hésite encore entre "s'élèvent les pleurs" et "montent les pleurs"..

"Les faux Espoirs du matin" ça explique bien, mais peut-être les "Les pauvres joies du matin se sont brisées" serait mieux. J'ai corrigé, changé !

J'étais obnubilé par "la madrugada" : la matin ! Mais non, c'est le soir que commence le pleur de la guitare. Les "verres" qui "trinquent" le matin sont loin, brisés.

J'ai remplacé l'espada par le puñal du poème au dessus !

 

Bonsoir,

Lorca avait un rapport fusionnel avec le monde gitan et c'était un très grand connaisseur de la musique gitano-andalouse. Ce poème est une évocation de l'un des styles les plus profonds, sinon le plus plus profond du chant flamenco  : la siguiriya ("chant profond" = cante jondo). De nombreuses techniques de la guitare flamenca, sur lesquelles je ne peux m'étendre, sont ainsi suggérées afin de créer une ambiance que seuls peuvent vivre les amateurs éclairés (aficionados) en atteignant une sorte d'état second (el duende).

Sous cet éclairage musical, voici quelques éléments relatifs à la traduction en français :

Se rompen las copas / de la madrugada = "Voilà que se brisent les coupes / du petit jour". Lors de soirées flamencas, tout débute par des chants plutôt légers et festifs, et ce n'est que vers deux ou trois heures du matin, voire plus tard à l'aube, que tous les participants chantent et jouent des styles très profonds, dont la siguiriya. Le silence du petit jour est brisé véritablement par le pleur lancinant, répétitif, de la guitare.

Es inútil callarla = "Il est inutile de la faire taire". La répétition de ces deux vers suggère le leitmotiv du rythme (compás) qui se répète de façon continue tous les douze temps de la mesure.

Corazón malherido / por cinco espadas = "Coeur blessé à mort / par cinq épées". Nouvelle allusion au jeu du guitariste : "jouer de la guitare" se dit en espagnol : tocar la guitarra ou herir la guitarra (littéralement "blesser la guitare"). Malherir = "blesser à mort".

Pour se faire une idée précise de ce style de musique envoûtante, voici les sons noirs (sonidos negros) d'une siguiriya (à la guitare, l'excellent El Perla, au style sobre et très incisif, au chant Rancapino Chico) :

 

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Le Manuel Machado (c'est mon père qui me racontait ça) pourtant franquiste au départ quand il avait entendu des miliciens hurler "Viva la muerte" aurait dit dit "non ! là je suis plus d'accord !" ...

Je cherche partout et je ne trouve rien ! Mon père a peut-être inventé cette histoire ! Il ne pouvait pas imaginer qu'un poète soit vraiment franquiste !

Il s'agit non pas de M. Machado mais du philosophe et recteur de l'Université de Salamanque Miguel de Unamuno qui, d'abord favorable au mouvement phalangiste, a fini par prendre en horreur la tournure des évènements durant la guerre civile espagnole : Il répondit au "Viva la muerte" franquiste lancé au fond de l'amphithéatre de l'Université par ces mots : "Cette université est le temple de l’intelligence. Et je suis son grand prêtre. C’est vous qui profanez cette enceinte sacrée. Vous vaincrez parce que vous possédez plus de force brutale qu’il n’en faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il faudrait que vous ayez des arguments. Or, pour cela, il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la Raison et le Droit avec vous. Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai terminé."

http://www.lafauteadiderot.net/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=543

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Ah Oui ! C'est Unamuno ! c'est moi qui me suis trompé ! Mais les Machado, avec l'un franquiste et l'un républicain donnent une idée du drame de cette guerre civile...

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Ben merde alors ! Au bout de 55 ans j'ai toujours pas pu comprendre !!! :smile2:

(Pour le reste je m'autocensure !)

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, Blaquière a dit :

Je crois que je viens de comprendre (au bout de 55 ans) Le fameux "se rompen las copas de la madrugada" !

J'en tente un traduction ! Allez : on n'a pas peur !

 

La guitare

S'élèvent les pleurs de la guitare

Les pauvres joies du matin

se sont brisées

S'élèvent les pleurs de la guitare

Elle ne peut se taire

C'est inutile,

impossible.

Elle pleure monotone

Comme pleure la pluie,

Comme pleure le vent

sur la neige

Elle ne peut

se taire

Elle pleure sur des choses

Lointaines

Les sables du sud brûlants

Qui rêvent de camélias blancs,

Pleure la flèche sans but

Pleure le soir sans l'aube

Et le premier oiseau mort

Sur la ramée.

Oh, guitare !

Cœur transpercé

De cinq poignards *

 

(*La guitare flamenco traditionnelle n'avait que cinq cordes.)

(J'hésite encore entre "s'élèvent les pleurs" et "montent les pleurs"..

"Les faux Espoirs du matin" ça explique bien, mais peut-être les "Les pauvres joies du matin se sont brisées" serait mieux. J'ai corrigé, changé !

J'étais obnubilé par "la madrugada" : la matin ! Mais non, c'est le soir que commence le pleur de la guitare. Les "verres" qui "trinquent" le matin sont loin, brisés.

J'ai remplacé l'espada par le puñal du poème au dessus !

 

 

 

 

Tu as « osé » traduire La guitarra. J’aime bien.  Je n’ai pas voulu traduire le poème. Il y a une émotion, une musique que je ne retrouve pas. Mais c’est une perception tout à fait personnelle. La poésie de Lorca, pour moi, est une vibration musicale, que je ne retrouve pas lorsque je traduis ou lis les traductions. On dit toujours que traduire c’est trahir, néanmoins  traduire est nécessaire.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, Blaquière a dit :

Je crois que je viens de comprendre (au bout de 55 ans) Le fameux "se rompen las copas de la madrugada" !

J'en tente un traduction ! Allez : on n'a pas peur !

 

La guitare

S'élèvent les pleurs de la guitare

Les pauvres joies du matin

se sont brisées

S'élèvent les pleurs de la guitare

Elle ne peut se taire

C'est inutile,

impossible.

Elle pleure monotone

Comme pleure la pluie,

Comme pleure le vent

sur la neige

Elle ne peut

se taire

Elle pleure sur des choses

Lointaines

Les sables du sud brûlants

Qui rêvent de camélias blancs,

Pleure la flèche sans but

Pleure le soir sans l'aube

Et le premier oiseau mort

Sur la ramée.

Oh, guitare !

Cœur transpercé

De cinq poignards *

 

(*La guitare flamenco traditionnelle n'avait que cinq cordes.)

(J'hésite encore entre "s'élèvent les pleurs" et "montent les pleurs"..

"Les faux Espoirs du matin" ça explique bien, mais peut-être les "Les pauvres joies du matin se sont brisées" serait mieux. J'ai corrigé, changé !

J'étais obnubilé par "la madrugada" : la matin ! Mais non, c'est le soir que commence le pleur de la guitare. Les "verres" qui "trinquent" le matin sont loin, brisés.

J'ai remplacé l'espada par le puñal du poème au dessus !

 

 

 

 

Juste un petite réflexion supplémentaire à propos de l'interprétation possible à donner à propos de ces "cinq épées"qui blessent à mort la guitare.

Je comprends ton raisonnement consistant à identifier ces épées / poignards avec les 5 cordes de la guitare (des années antérieures à 1800) par analogie avec le thème du poème "Le rossignol andalou". Les cordes étant un symbole mortifère. Mais cela pose problème parce que dans tous les poèmes où Lorca évoque la guitare flamenco, il s'agit d'un instrument à 6 cordes (Cf. les poèmes "Las seis cuerdas", "En el huerto de la petenera", "Adivinanza de la guitarra-Seis caprichos"). Voilà pourquoi je propose une autre interprétation : ces 5 épées symboliseraient en fait les 5 doigts de la main droite du guitariste qui "blessent", au propre et au figuré, le coeur même de la guitare, surtout lorsque l'on sait avec quelle violence sont exécutées la plupart des techniques flamencas (rasgueo, golpe, picado, alzapúa, etc. que l'on peut vérifier en écoutant le début de la video ci-dessus).

* * *

Afin de montrer à quel point il est impossible de dissocier Lorca de son amour pour la guitare flamenca, voici un poème "Memento" (Poema del Cante Jondo) :

Cuando yo me muera, 
enterradme con mi guitarra 
bajo la arena. 

Cuando yo me muera, 
entre los naranjos 
y la hierbabuena. 

Cuando yo me muera, 
enterradme si queréis 
en una veleta. 

¡Cuando yo me muera!

("Quand je mourrai, enterrez moi avec ma guitare sous le sable.
Quand je mourrai, parmi les orangers et la menthe.
Quand je mourrai, enterrez moi, si vous le voulez, dans une girouette.
Quand je mourrai !")

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 11 minutes, satinvelours a dit :

Tu as « osé » traduire La guitarra. J’aime bien.  Je n’ai pas voulu traduire le poème. Il y a une émotion, une musique que je ne retrouve pas. Mais c’est une perception tout à fait personnelle. La poésie de Lorca, pour moi, est une vibration musicale, que je ne retrouve pas lorsque je traduis ou lis les traductions. On dit toujours que traduire c’est trahir, néanmoins  traduire est nécessaire.

Tout-à-fait d'accord avec toi ! J'ai juste essayé de donner le/un sens avec des mots simples et pas trop laids ! Mon idée c'est juste de permettre de comprendre à peu près de quoi ça parle pour des gens qui ne connaissent pas l'espagnol.

mais je crois que j'ai commis le "péché du sens" comme l'a fait justement voir Tison. Il faut s'abstenir d'imaginer une chronologie "logique" comme j'ai fait. Les pleurs commencent quand les verres sont cassés, au petit matin, alors que "logiquement" c'est le moment où la guitare devrait se taire... C'est donc d'un pleur imaginaire de la guitare pendant le jour qu'il s'agit... le sable, l'eau, la neige, les camélias, la flèche, l'oiseau, tout semble le confirmer d'ailleurs...

Au petit matin, après une nuit "chargée" en émotion, boisson et musique, quand on a "cassé les verres", c'est dans un état second que commence ce chant imaginaire. Et c'est bien pour ça qu'on ne peut pas le faire taire... Non ?

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a 15 minutes, tison2feu a dit :

Juste un petite réflexion supplémentaire à propos de l'interprétation possible à donner à propos de ces "cinq épées"qui blessent à mort la guitare.

Je comprends ton raisonnement consistant à identifier ces épées / poignards avec les 5 cordes de la guitare (des années antérieures à 1800) par analogie avec le thème du poème "Le rossignol andalou". Les cordes étant un symbole mortifère. Mais cela pose problème parce que dans tous les poèmes où Lorca évoque la guitare flamenco, il s'agit d'un instrument à 6 cordes (Cf. les poèmes "Las seis cuerdas", "En el huerto de la petenera", "Adivinanza de la guitarra-Seis caprichos"). Voilà pourquoi je propose une autre interprétation : ces 5 épées symboliseraient en fait les 5 doigts de la main droite du guitariste qui "blessent", au propre et au figuré, le coeur même de la guitare, surtout lorsque l'on sait avec quelle violence sont exécutées la plupart des techniques flamencas (rasgueo, golpe, picado, alzapúa, etc. que l'on peut vérifier en écoutant le début de la video ci-dessus).

* * *

Afin de montrer à quel point il est impossible de dissocier Lorca de son amour pour la guitare flamenca, voici un poème "Memento" (Poema del Cante Jondo) :

Cuando yo me muera, 
enterradme con mi guitarra 
bajo la arena. 

Cuando yo me muera, 
entre los naranjos 
y la hierbabuena. 

Cuando yo me muera, 
enterradme si queréis 
en una veleta. 

¡Cuando yo me muera!

("Quand je mourrai, enterrez moi avec ma guitare sous le sable.
Quand je mourrai, parmi les orangers et la menthe.
Quand je mourrai, enterrez moi, si vous le voulez, dans une girouette.
Quand je mourrai !")

Tu as sûrement raison ! Le "malherido" peut alors se comprendre comme "maltraité" !

Je ne sais pas si je demanderai de me faire enterrer avec ma guitare, pour le moment !...

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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il y a 6 minutes, Blaquière a dit :

Tout-à-fait d'accord avec toi ! J'ai juste essayé de donner le/un sens avec des mots simples et pas trop laids ! Mon idée c'est juste de permettre de comprendre à peu près de quoi ça parle pour des gens qui ne connaissent pas l'espagnol.

Je te disais que ma conception concernant la traduction était tout à fait personnelle. Mais bien entendu il faut traduire.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a une heure, tison2feu a dit :

Cuando yo me muera, 

 

enterradme con mi guitarra 
bajo la arena. 

Cuando yo me muera, 
entre los naranjos 
y la hierbabuena. 

Cuando yo me muera, 
enterradme si queréis 
en una veleta. 

¡Cuando yo me muera!

("Quand je mourrai, enterrez moi avec ma guitare sous le sable.
Quand je mourrai, parmi les orangers et la menthe.
Quand je mourrai, enterrez moi, si vous le voulez, dans une girouette.
Quand je mourrai !")

Pourquoi "dans une girouette"?

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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il y a 3 minutes, satinvelours a dit :

Antoño, l’autre Machado, le républicain, fuit la guerre civile. Il arrive épuisé à Collioure où il meurt. Il est d’ailleurs enterré dans ce cimetière de Collioure. Toujours des visiteurs sur sa tombe.

 

 El crimen fue en Granada


Se le vio, caminando entre fusiles,
por una calle larga,
salir al campo frío,
aún con estrellas de la madrugada.
Mataron a Federico
cuando la luz asomaba.

El pelotón de verdugos
no osó mirarle la cara.
Todos cerraron los ojos;
rezaron : ¡ ni Dios te salva !
Muerto cayó Federico
—sangre en la frente y plomo en las entrañas—
… Que fue en Granada el crimen
sabed —¡ pobre Granada !—, en su Granada.

 

Sublime ! Qui veut traduire ?

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 876 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Le crime a eu lieu à Grenade

 

On l’a vu marcher entouré de fusils

dans une grande rue.

Il est sorti dans la campagne froide

sous les étoiles du petit matin.

Ils ont tué Federico

quand la lumière est apparue.

 

Le peloton des bourreaux

n’a pas osé regarder son visage.

Tous ont fermé les yeux ;

Ils ont prié : « Que Dieu t’oublie ! »

Federico est tombé mort

Du sang sur le front et du plomb dans les entrailles—

...Sachez que le crime a eu lieu à Grenade

Pauvre Grenade !— Dans SA Grenade.

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