Aller au contenu

« Boire un grand bol de sommeil noir... »

Noter ce sujet


satinvelours

Messages recommandés

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Il y a 13 heures, tison2feu a dit :

Lorca a dû se limiter à choisir trois couplets flamencos (coplas flamencas) parmi un plus vaste choix de couplets éparpillés géographiquement. Il est à noter que ces trois couplets n'ont donc pas dû être composés d'un seul jet pour former une "chanson" qui s'intitulerait Zorongo gitano. Il n'existe d'ailleurs pas de chanson standardisée en flamenco. 

Le concept de chant flamenco (cante) est donc très particulier : il s'agit d'un assemblage de couplets assonancés épars (quatrains ou/et tercets), la plupart du temps sans lien aucun les uns avec les autres, regroupés seulement sur une thématique très générale (l'amour, la mort, etc.), et chantés dans un style (= un palo, comme par exemple le zorongo) et un tempo/mesure/cadence très précis (= compás). Le choix des coplas, leur enchainement, etc., sera donc très variable, dépendant de l'inspiration du moment du chanteur et variant d'un chanteur à un autre.

Voici un autre zorongo gitano, interprété par Antonio Pucherete, avec trois coplas déjà rencontrées chez La Argentinita et Carmen Linares, mais néanmoins une nouvelle copla (le 3e couplet où manque l'assonance !) :

 

Cuando fuiste novia mía

de la primavera blanca

los cascos de mi caballo

cuatro herraduras de plata

 

La luna es un pozo chico

las flores no valen nada

lo que valen son tus brazos

cuando de noche me abrazan

 

Zapatero zapatero

los zapatos que me hiciste

son estrellas que relucen

alrededor de tu enagua

 

Dice la gente que tiene

veinticuatro horas el día

y si tuviera veintisiete

tres horas más te quería

 

 

 

 

Je me demandais justement s’il fallait porter du crédit à ce que j’avais lu, à savoir que Lorca n’avait retenu que quelques strophes de ce chant populaire.

 L’interprétation de Antonio Pucherete  me rappelle singulièrement les chants que j’allais écouter dans les tablaos à Séville et Cordoue. Je parle beaucoup de ces tablaos intimes, mais ils sont pour moi des souvenirs impérissables. Soudain, par ces chants, il me semblait pénétrer un peu de l’âme flamenca.

Merci pour toutes ces précisions sur ce cante.

  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, tison2feu a dit :

Sauf moi qui ne suis pas d'accord avec toi !!!

 

Je m'en doutais ! Les voix roques qui accrochent... Pour simuler une émotion qui fait semblant et qui finalement ne vient jamais , non ! :smile2:

Mais tous les goûts sont légitimes. Tout dépend je crois du parcours précédent ! J'adore la langue espagnole, et avec la philo, j'ai hésité : j'aurais pu faire prof d'espagnol, d'ailleurs, j'avais un peu commencé ! (C'est d'ailleurs en Espagne que j'ai pris le goût de mon métier : "alfarero"!...)

Pourtant un jour, j'ai entendu un espagnol qui disait adorer le français parce que c'est une langue qui n'accentue rien ! Ça m'a fait comprendre beaucoup de choses pour les langues, qu'on peut aimer ce qui nous manque, en particulier.  Le français, avec ses finales en "e" muets... est en un certain sens, une langue "anti-vulgaire". Purement intellectuelle, une langue "qui n'y touche pas". Et c'est pour ça qu'à l'étranger, on l'aime. C'est un bijou, tellement fin, tellement subtil... Qui fait juste semblant d'exister. Là où les autres tapent du pied et jouent les fier-à-bras , le français esquisse à peine un sourire... En provençal, on dit : il fait "bouquette" : la "petite bouche" : pince sans rire ! Je dis rien mais j'en pense pas moins.

La poésie française ? C'est arriver à faire de la musique sans les notes et sans rythme !

J'aime les deux, j'aime les trois : l'espingoin, le franchouillot,et le provençalo, plus l'angliche quand je "m'esquiche"...

Pour la musique ou pour la voix, mon goût va à la "ligne claire". La hauteur des notes, les unes par rapport aux autres. Il y a déjà beaucoup à faire avec ça. Sans doute suis-je "insuffisant" en sensibilité ? Ou en sensiblerie ? Mais au delà je décroche. Je trouve l'excès téléphoné, trop mâché... trop manipulé. Sans doute y a-t-il bon mélisme et mauvais mélisme ! C'est comme les chasseurs ! Pourtant, la plupart du temps, les mélismes je les ressens comme du remplissage. Et que c'est parce qu'on n'a pas (trouvé) les "bonnes notes" qu'on se donne un contenance en feignant l'hésitation.

Il y aurait comme ça des sujets intéressants à débattre, mais presque trop border line... Je me joue aussi la comédie de l'aversion ! Je m'exagère la répulsion. Je l'ai dit plus haut : "tu vas finir par me faire aimer le flamenco !"

Finalement on s'invente ses repoussoirs (ce serait ça, le sujet) Moi, avec le flamenco (sauf la guitare -ou le oud- quand elle gratte pas et fait de la vraie musique) , c'est les polyphonies corses et Liza Minelli ( New Yoaouaouaooork... beurk !)

Ce serait un bon sujet : qu'est-ce que vous détestez ?!

Je me régale d'avance : on va se déchirer !

Modifié par Blaquière
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, Blaquière a dit :

Je m'en doutais ! Les voix roques qui accrochent... Pour simuler une émotion qui fait semblant et qui finalement ne vient jamais , non ! :smile2:

Mais tous les goûts sont légitimes. Tout dépend je crois du parcours précédent ! J'adore la langue espagnole, et avec la philo, j'ai hésité : j'aurais pu faire prof d'espagnol, d'ailleurs, j'avais un peu commencé ! (C'est d'ailleurs en Espagne que j'ai pris le goût de mon métier : "alfarero"!...)

Pourtant un jour, j'ai entendu un espagnol qui disait adorer le français parce que c'est une langue qui n'accentue rien ! Ça m'a fait comprendre beaucoup de choses pour les langues, qu'on peut aimer ce qui nous manque, en particulier.  Le français, avec ses finales en "e" muets... est en un certain sens, une langue "anti-vulgaire". Purement intellectuelle, une langue "qui n'y touche pas". Et c'est pour ça qu'à l'étranger, on l'aime. C'est un bijou, tellement fin, tellement subtil... Qui fait juste semblant d'exister. Là où les autres tapent du pied et jouent les fier-à-bras , le français esquisse à peine un sourire... En provençal, on dit : il fait "bouquette" : la "petite bouche" : pince sans rire ! Je dis rien mais j'en pense pas moins.

La poésie française ? C'est arriver à faire de la musique sans les notes et sans rythme !

J'aime les deux, j'aime les trois : l'espingoin, le franchouillot,et le provençalo, plus l'angliche quand je "m'esquiche"...

Pour la musique ou pour la voix, mon goût va à la "ligne claire". La hauteur des notes, les unes par rapport aux autres. Il y a déjà beaucoup à faire avec ça. Sans doute suis-je "insuffisant" en sensibilité ? Ou en sensiblerie ? Mais au delà je décroche. Je trouve l'excès téléphoné, trop mâché... trop manipulé. Sans doute y a-t-il bon mélisme et mauvais mélisme ! C'est comme les chasseurs ! Pourtant, la plupart du temps, les mélismes je les ressens comme du remplissage. Et que c'est parce qu'on n'a pas (trouvé) les "bonnes notes" qu'on se donne un contenance en feignant l'hésitation.

Il y aurait comme ça des sujets intéressants à débattre, mais presque trop border line... Je me joue aussi la comédie de l'aversion ! Je m'exagère la répulsion. Je l'ai dit plus haut : "tu vas finir par me faire aimer le flamenco !"

Finalement on s'invente ses repoussoirs (ce serait ça, le sujet) Moi, avec le flamenco (sauf la guitare -ou le oud- quand elle gratte pas et fait de la vraie musique) , c'est les polyphonies corses et Liza Minelli ( New Yoaouaouaooork... beurk !)

Ce serait un bon sujet : qu'est-ce que vous détestez ?!

Je me régale d'avance : on va se déchirer !

 

Le rauque est une voix parfaite pour le jondo (le chant profond), avec une qualité rude, sans poli, à l'identique de la vie de rudesse et de misère noire qu'a endurées le peuple gitano-andalou depuis plus de deux siècles ; à cet égard, cela me semble injuste de parler de "simulation d'émotion qui fait semblant". J'en ai discuté avec quelques vieux andalous : quand ils se demandaient ce qu'ils allaient bouffer le soir et qu'ils chantaient malgré tout pour oublier leurs peines, ils n'avaient pas besoin d'émotions qui faisaient semblant, mais plutôt d'exprimer la souffrance qu'ils ne faisaient qu'expérimenter au jour le jour. Cette voix flamenca peut être craquée, voire déchirée (le rajo, c'est la "déchirure" de la voix), mais sans être trop criarde (gritona).

Après, que certains chanteurs chantent avec plus ou moins d'émotions que d'autres, cela vaut dans tous les styles musicaux du monde.

Sinon, de façon générale, les sons graves semblent davantage propices à exprimer la tristesse et les peines de la vie (Lorca fait allusion à plusieurs reprises à ce fameux bordón, corde grave aux "sons noirs"de la guitare).

 La question de la beauté d'une langue ne se pose pas étant donné que le CANTO ou le CANTE dont il est question sont chantés dans une seule et même langue : l'espagnol.

Sur le problème de l'aversion, je te répondrai que, en règle générale, je n'ai pas de temps à perdre avec mes détestations. C'est l'amour-passion qui occupe le gros de ma journée ! Mais comme tu sembles insistant et que je tiens compte de ton parler vrai et de ta sincérité, je te ferai part d'au moins une détestation et d'un regret. Ma détestation ira à l'encontre de ce bouffon de Gainsbourg qui avait fait le clash un soir dans l'émission Apostrophes en mettant plus bas que terre le chanteur Guy Béart sous prétexte que la guitare, contrairement au piano, n'était qu'un un simple instrument d'accompagnement : cela ne ne faisait que montrer à quel point Gainsbourg ignorait à peu près tout de la guitare classique et flamenca ! Mon regret, également fondé sur l'inculture musicale, c'est Nietzsche, qui avait pressenti sur le tard de sa vie l'importance de la musique populaire italienne... mais pas espagnole ! Comment a-t-il pu oser passer à côté de la musique gitano-andalouse ? (qui pourtant était connue en France par des intellectuels français comme Lamartine).

Nous nous retrouvons heureusement dans l'amour de la guitare-qui-fait-de-la-vraie-musique. La guitare flamenca est l'une de mes grandes passions (c'est d'ailleurs ce qui m'a amené à intervenir dans ce topic !). Même s'il s'agit de guitare de concert, je t'offre quelques instants de bonheur à l'écoute de cet extraordinaire toque por soleá intitulé "Monte Pirolo", par Rafael Riqueni. N'essaye pas de checher une "ligne claire", mais laisse-toi plutôt aller à écouter tout ce que te raconte la guitare de Riqueni !!!

 

 

Modifié par tison2feu
  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

 

Edit : Il fallait lire Chateaubriand et non pas Baudelaire dans le post précédent. J'aurais pu citer également Mérimée, Gauthier, Dumas qui découvrirent la musique flamenca lors de voyages en Espagne.

Modifié par tison2feu
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

El amor duerme en el pecho del poeta


Tú nunca entenderás lo que te quiero
porque duermes en mí y estás dormido.
Yo te oculto llorando, perseguido
por una voz de penetrante acero.

 Norma que agita igual carne y lucero
traspasa ya mi pecho dolorido
y las turbias palabras han mordido
las alas de tu espíritu severo.

 Grupo de gente salta en los jardines
esperando tu cuerpo y mi agonía
en caballos de luz y verdes crines.

 Pero sigue durmiendo, vida mía.
¡Oye mi sangre rota en los violines!
¡Mira que nos acechan todavía!


Traduction : André Belamich 

L’amour endormi sur le sein du poète

 Tu ne sauras jamais combien je t’aime, 
parce que tu dors en moi, que tu es endormi. 
Moi, je te cache en larmes et poursuivi 
par une voix dont l’acier me pénètre.

 La loi qui fait frémir l’astre et la chair 
transperce désormais mon cœur meurtri 
et les troubles paroles de l’envie 
ont mordu l’aile de ton esprit sévère.

 Ils ont sauté dans nos jardins, les gens, 
à l’affût de ton corps et de mon agonie 
montés sur des chevaux aux verts crins flamboyants. 

 Mais continue à dormir, ô ma vie. 
Entends mon sang brisé dans les violons, 
cependant qu’alentour on nous épie !

 

« Dans les onze sonnets de l’amour obscur écrits moins d’un an avant sa mort en 1936, García Lorca se concentre sur certaines préoccupations. Écrits comme des lettres à son jeune amoureux Rafael Rodríguez Rapún, ces sonnets montrent la torture provoquée par l’absence prolongée du partenaire, le désir de le retrouver dès que possible, la peur d’une mort prématurée et annihilante, le harcèlement d’une société intolérante et homophobe. »

 

 

  • Merci 2
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Muerte de Antoñito el Camborio

 Voces de muerte sonaron 
cerca del Guadalquivir. 
Voces antiguas que cercan 
voz de clavel varonil. 
Les clavó sobre las botas 
mordiscos de jabalí. 
En la lucha daba saltos 
jabonados de delfín. 
Bañó con sangre enemiga 
su corbata carmesí, 
pero eran cuatro puñales 
y tuvo que sucumbir. 
Cuando las estrellas clavan 
rejones al agua gris, 
cuando los erales sueñan 
verónicas de alhelí, 
voces de muerte sonaron 

cerca del Guadalquivir. 

Antonio Torres Heredia, 
Camborio de dura crin, 
moreno de verde luna, 
voz de clavel varonil: 
¿Quién te ha quitado la vida 
cerca del Guadalquivir? 
Mis cuatro primos Heredias 
hijos de Benamejí. 
Lo que en otros no envidiaban, 
ya lo envidiaban en mí. 

Zapatos color corinto, 
medallones de marfil, 

y este cutis amasado 
con aceituna y jazmín. 

¡Ay Antoñito el Camborio 
digno de una Emperatriz! 

Acuérdate de la Virgen 
porque te vas a morir. 

¡Ay Federico García, 
llama a la Guardia Civil! 

Ya mi talle se ha quebrado 
como caña de maíz. 

Tres golpes de sangre tuvo 
y se murió de perfil. 
Viva moneda que nunca 
se volverá a repetir. 
Un ángel marchoso pone 
su cabeza en un cojín. 
Otros de rubor cansado, 
encendieron un candil. 

Y cuando los cuatro primos 
llegan a Benamejí,

voces de muerte cesaron 
cerca del Guadalquivir.

 Traduction : André Belamich 

 Mort d’Antoñito el Camborio

 Des voix de mort s’élevèrent  
aux abords du Guadalquivir. 
Des voix anciennes qui cernent 
une voix d’œillet viril. 
Il plantait à leurs bottines 
de vrais crocs de sanglier. 
Dans la mêlée il faisait 
des sauts de dauphins huilés. 
Il baigna de sang adverse 
sa cravate cramoisie,  
mais, devant quatre poignards, 
à la fin il dut fléchir. 
Comme les astres plongeaient
leur pique dans l’onde grise 
et que les taureaux rêvaient 
de « véroniques » fleuries, 
des voix de mort s’élevèrent 
aux bords du Guadalquivir.

Antonio Torres Heredia, 
Camborio de toison riche, 
au teint brun de verte lune, 
à la voix d’œillet viril, 
qui t’a enlevé la vie 
aux bords du Guadalquivir ? 
Mes quatre cousins Hérédia, 
les fils de Benameji. 
Ce qu’ils n’enviaient aux autres 
chez moi leur faisait envie. 
Mes souliers rouge cerise, 
mes camées d’ivoire fin 
et jusqu’à mon teint pétri 
à l’olive et au jasmin. 
O Antoñito el Camborio, 
digne d’une Impératrice ! 
Rappelle-toi à la Vierge, 
car tu vas bientôt mourir. 
O Federico Garcia, 
préviens la Garde Civile ! 
Ma taille s’est brisée 
comme une canne de maïs.

Saisi de trois coups de sang, 
il succombe de profil. 
Vive monnaie qui jamais 
ne sera plus reproduite. 
Un ange glorieux pose 
sa tête sur un coussin. 
D’autres aux rougeurs fanées 
lui ont allumé un cierge. 
Et quand les quatre cousins 
eurent joint Benameji
 les voix de mort s’effacèrent 
aux bords du Guadalquivir. 

 Ce poème est tiré du Romancero gitan. Le recueil le plus connu de Lorca, dont certains verts, éclats détachés du puissant ensemble, sont entrés dans la légende et dans une moderne tradition orale, doit son immense popularité à l’extraordinaire cohésion du narratif, du lyrique et de la stylisation sensuelle et sensorielle, plastique et symbolique, d’une Andalousie de montagne et de mer, de ravines et de sentiers, intensément belle et tragique, qui incarne les paysages intérieurs de l’autre scène l’iraquienne.  Aguilar. Poésies II

 Le poème raconte la mort du gitan Antoñito el Camborio aux mains de ses quatre cousins, lors d'une bagarre nocturne, numériquement inégale (4 contre 1). La beauté et la distinction d'Antoñito doivent avoir motivé l'embuscade. De plus, son caractère à la fois élégant et hautain se manifeste dans la manière de se battre, dans sa grande résistance (les coups de poignard violents de ses agresseurs, sa longue endurance ...). Les éléments magiques typiques de la poésie de Lorca apparaissent également : la présence des anges, qui viennent pour le repos de l'âme d'Antoñito, à une heure magique, celle du passage de la nuit au jour.

 

 


 

Modifié par satinvelours
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Je me souviens de l'avoir étudié, la muerte de Antonio el Camborio...

Je evais reliree ton post !

Mais cet aprèm, me sont revenus deux vers, tout clairs :

"Volveran las oscuras golondrinas

En tu balcon sus nidos a colgar.."

Sans plus savoir de qui c'était... Donc je tape : "volveran..." et paf ! la suite s'affiche, entière ! (C'est pas beau internet ?!

Donc voilà : c'est de Gustavo Adolfo Bécquer, XIXème...

J'ai traduit (en m'aidant de google au départ) et en changeant ce qui n'allait pas à mon avis. Si je me suis planté, Tison qui est meilleur hispanisant me rectifiera...

C'est plus classique comme forme, comme inspiration mais je trouve ça assez beau...

 

Volverán las oscuras golondrinas

en tu balcón sus nidos a colgar,

y otra vez con el ala a sus cristales

jugando llamarán.

 

Pero aquellas que el vuelo refrenaban

tu hermosura y mi dicha a contemplar,

aquellas que aprendieron nuestros nombres...

ésas... ¡no volverán!

 

Volverán las tupidas madreselvas

de tu jardín las tapias a escalar,

y otra vez a la tarde aún más hermosas

sus flores se abrirán.

 

Pero aquellas cuajadas de rocío

cuyas gotas mirábamos temblar

y caer como lágrimas del día...

ésas... ¡no volverán!

 

Volverán del amor en tus oídos

las palabras ardientes a sonar;

tu corazón de su profundo sueño

tal vez despertará.

 

Pero mudo y absorto y de rodillas,

como se adora a Dios ante su altar,

como yo te he querido..., desengáñate,

nadie así te amará.

______________________

Oui, elle reviendront les sombres hirondelles
sur ton balcon pour accrocher leurs nids,
et de nouveau l'aile rasant tes carreaux
en jouant elles appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol
pour contempler ta beauté et mon bonheur,
Celles qui ont appris nos noms ...
Elles... ne reviendront pas!

Le chèvrefeuille dense reviendra
Escalader les murs de ton jardin,
et de nouveau le soir, encore plus belles
ses fleurs s'ouvriront.

Mais ces buées de rosée
Dont nous regardions trembler les gouttes
tombant comme les larmes du jour ...
Elles ... ne reviendront pas !

Des mots d’amour ardent
Reviendront tinter à tes oreilles
ton cœur de son profond sommeil 
parfois s'éveillera...

Mais muet, attentif, à genoux,
comme on adore Dieu à son autel,
comme je t’ai aimée..., détrompe-toi :
Jamais personne ne t'aimera.

 

 

 

Modifié par Blaquière
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 01/04/2019 à 12:29, satinvelours a dit :

Muerte de Antoñito el Camborio

 (...)

 Le poème raconte la mort du gitan Antoñito el Camborio aux mains de ses quatre cousins, lors d'une bagarre nocturne, numériquement inégale (4 contre 1). La beauté et la distinction d'Antoñito doivent avoir motivé l'embuscade. De plus, son caractère à la fois élégant et hautain se manifeste dans la manière de se battre, dans sa grande résistance (les coups de poignard violents de ses agresseurs, sa longue endurance ...). Les éléments magiques typiques de la poésie de Lorca apparaissent également : la présence des anges, qui viennent pour le repos de l'âme d'Antoñito, à une heure magique, celle du passage de la nuit au jour.


 

 

Dans l'interprétation musicale de Vicente Pradal, l'élément aristocratique et magique du héros lorquien ne me semble pas assez convaincant, sans doute en raison des interventions éparpillées et d'inégale qualité d'autres chanteurs.

Une autre version de la mort d'Antoñito el Camborio, par le compositeur grec Mikis Theodorakis cette fois-ci, exprime davantage ce je-ne-sais-quoi d'élégance majestueuse grâce à la voix chavirante de Maria Farandouri et à l'accompagnement discret et efficace de John Williams (la ligne claire de la mélodie devrait répondre aux attentes de Blaquière !) :

 

 

 

 

Modifié par tison2feu
  • Merci 1
  • Waouh 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

 

Dans l'interprétation musicale de Vicente Pradal, l'élément aristocratique et magique du héros lorquien ne me semble pas assez convaincant, sans doute en raison des interventions éparpillées et d'inégale qualité d'autres chanteurs.

Une autre version de la mort d'Antoñito el Camborio, par le compositeur grec Mikis Theodorakis cette fois-ci, exprime davantage ce je-ne-sais-quoi d'élégance majestueuse grâce à la voix chavirante de Maria Farandouri et à l'accompagnement discret et efficace de John Williams (la ligne claire de la mélodie devrait répondre aux attentes de Blaquière !) :

 

 

 

 

La Voix... Je meurs !

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Blaquière a dit :

La Voix... Je meurs !

Attends, attends un peu avant de mourir! Juste le temps d'apprécier une autre voix grecque qui, me semble-t-il, nous fait toucher du doigt cette profonde mélancolie andalouse. Je veux parler de la voix magnifique de la chanteuse Sofia Mihailidou qui interprète un autre romance, le Romance de la pena negra de Lorca (composition de Mikis Theodorakis) :

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 13 heures, tison2feu a dit :

Attends, attends un peu avant de mourir! Juste le temps d'apprécier une autre voix grecque qui, me semble-t-il, nous fait toucher du doigt cette profonde mélancolie andalouse. Je veux parler de la voix magnifique de la chanteuse Sofia Mihailidou qui interprète un autre romance, le Romance de la pena negra de Lorca (composition de Mikis Theodorakis) :

 

 

Miikis Théodorakis, c'est ma madeine !

Je me retrouve dans les années 70/80 ! Il y a aussi la langue grecque qui est phénoménale. Ma chanson préférée à cette époque (et encore maintenant) : "To spiti mou inai mikro" : ma maison est petite... (On pense au latin "parva sed apta mihi et paucis amicis" (de mémoire avec sûrement des fautes...)

C'est si bien prononcé qu'on peu comprendre facilement...

Je vais chercher les paroles...

J'ai trouvé !

Pour apprendre un peu du grec, y'a pas mieux !

(Je comprends pazs pourquoi le premier couplet de la traduction reste pas ! ça fait trois fois que je le mets !

 

Το σπίτι μου είναι μικρό

 

Το σπίτι μου είναι μικρό

και δε χωράει η αγάπη μου

πες μου που θα `ρθω να σε βρω

Το σπίτι μένει σκοτεινό

κι έχει τη νύχτα μοίρα του

και δε χωράει τον ουρανό

 

Ζωή μικρή, ζωή πικρή,

πληγή με το μαχαίρι

φτώχεια, φαρμάκι, δάκρυα,

χειμώνα καλοκαίρι

 

Τα παραθύρια είναι φωλιές

για τα πουλιά της άνοιξης

και για τις άδειες αγκαλιές

Κι είν’ η καρδιά μου μοναχή,

κι είναι το σπίτι που άφησες

σαν νύχτα με πολλή βροχή

 

Ma maison est petite 

  Ma maison est petite

et mon amour n’y est plus

dis moi où je peux venir te chercher

La maison reste sombre

elle est plongée dans la nuit

on n’y voit plus le ciel      

   

Vie petite, vie amère,

blessure au couteau

pauvreté, poison, larmes,

L’ hiver comme l’été






 

A ses fenêtres ils y a des nids

pour les oiseaux du printemps

et (pour) les caresses oubliées

(et) Mon cœur est seul,

et la maison que tu as quittée

est comme une nuit sous la pluie


 

 

 

Modifié par Blaquière
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, Blaquière a dit :

Miikis Théodorakis, c'est ma madeine !

Je me retrouve dans les années 70/80 ! Il y a aussi la langue grecque qui est phénoménale. 

(...)

 

De mon côté, c'est le goût de la philosophie qui m'a conduit à apprendre l'alphabet grec ! La mort de Antonito el Camborio, en grec moderne, cela donne Ο Θάνατος του Αντονίτο ελ Καμπορίο ("O thanatos tou Antonito el Kamborio")

D'ailleurs, l'étude de ce poème nous aurait sans doute amené à établir des liens entre l'univers lorquien et le monde grec. Ce poème est l'apologie d'un héros mythique (cf. les apologistes grecs) ; les passages dialogués de ce romance se vivent à l'instant présent comme dans une tragédie grecque ; certaines paroles du héros m'ont rappelé celles de personnages de tragédie grecque : par exemple en lisant ces deux vers : " Vive monnaie qui jamais /ne sera plus reproduite", j'ai pensé tout de suite à Antigone, pour qui la mort de son frère est irremplaçable, bien plus qu'un époux (car un époux mort peut être remplacé par un nouvel époux !), et pour qui les lois tribales de la fratrie devaient prévaloir sur les lois plus modernes de la cité (celles de Créon), etc.

Tu peux aussi apprendre un peu de grec moderne en chantant O Θάνατος του Αντονίτο ελ Καμπορίο (le texte grec figure dans la présentation de la chanson, en cliquant sur "PLUS") :

https://www.youtube.com/watch?v=tN-4Qh5jqCU

Modifié par tison2feu
  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 13 minutes, tison2feu a dit :

De mon côté, c'est le goût de la philosophie qui m'a conduit à apprendre l'alphabet grec ! La mort de Antonito el Camborio, en grec moderne, cela donne Θάνατος του Αντονίτο ελ Καμπορίο ("O thanatos tou....")

D'ailleurs, l'étude de ce poème nous aurait sans doute amené à établir des liens entre l'univers lorquien et le monde grec. Ce poème est l'apologie d'un héros mythique (cf. les apologistes grecs) ; les passages dialogués de ce romance se vivent à l'instant présent comme dans une tragédie grecque ; certaines paroles du héros m'ont rappelé celles de personnages de tragédie grecque : par exemple en lisant ces deux vers : " Vive monnaie qui jamais /ne sera plus reproduite", j'ai pensé tout de suite à Antigone, pour qui la mort de son frère est irremplaçable, bien plus qu'un époux (car un époux mort peut être remplacé par un nouvel époux !), et pour qui les lois tribales de la fratrie devaient prévaloir sur les lois plus modernes de la cité (celles de Créon), etc.

Tu peux aussi apprendre un peu de grec moderne en chantant Θάνατος του Αντονίτο ελ Καμπορίο (le texte grec figure dans la présentation de la chanson, en cliquant sur "PLUS") :

https://www.youtube.com/watch?v=tN-4Qh5jqCU

Marci ! Je l'ai cherché partout et je l'ai pas trouvé !

J'en avais trouvé une autre version en grec ou Antonito était arrêté par des gendarmes ! Sans doute une version plus politisé ? Plus anti fasciste ! Avec Théodorakis, ce serait pas étonnant !  Je vais voir si c'est de celle-là qu'il s'agit ...

  • Haha 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

A Mercedes en su vuelo

¡Una viola de luz yerta y helada
eres ya por las rocas de la altura.
Una voz sin garganta, voz oscura
que suena en todo sin sonar en nada.

Tu pensamiento es nieve resbalada
en la gloria sin fin de la blancura.
Tu perfil es perenne quemadura,
tu corazón paloma desatada.

Canta ya por el aire sin cadena
la matinal fragante melodía,
monte de luz y llaga de azucena.

Que nosotros aquí de noche y día
haremos en la esquina de la pena
una guirnalda de melancolía.


Traduction: André Belamich 

 A Mercedes envolée 

 Violon de froide lumière figée 
tu fuis déjà vers les rocs de l’azur, 
voix sans gosier, voix doucement obscure 
chantant partout sans jamais résonner. 

 Ton souvenir est de neige écroulée 
dans la gloire sans fin des blancheurs pures. 
Ton profil est sans trêve une brûlure 
ton cœur une colombe déliée. 

 Elle chante dans l’air, libre de chaîne, 
la matinale et tendre mélodie, 
douleur de lys et comble de lumière. 

 Nous cependant ici-bas, jour et nuit, 
nous te ferons aux croisées de la peine 
une guirlande de mélancolie.

Ce poème fut écrit par Lorca pour Mercedes, jeune adolescente d'un couple d'amis.

 

 

L’émotion, la mélancolie, la tendresse tout cela est entendu dans la délicate et poignante interprétation de Amancio Prada. 

  • Like 2
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Cancion de cuna para Mercedes muerta


Ya te vemos dormida.
Tu barca es de madera por la orilla.

Blanca princesa de nunca.
¡Duerme por la noche oscura!
Cuerpo de tierra y de nieve.
Duerme por el alba, ¡duerme!

Ya te alejas dormida.
¡Tu barca es bruma, sueño, por la orilla!


Traduction : André Belamich 

 Berceuse pour Mercédès morte

 Te voici donc endormie 
avec ta barque de bois au bord de la rive, 
blanche princesse de jamais ! 

 Dors dans la nuit profonde, 
corps de terre et de neige ! 
Dors dans la blancheur de l’aube ! Dors ! 

 Et voici que tu t’éloignes endormie 
sur ta barque de brume et de songe le long de la rive !

 

 

La voix épurée de Marta Gómez pour la berceuse...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 23 heures, satinvelours a dit :

Cancion de cuna para Mercedes muerta


Ya te vemos dormida.
Tu barca es de madera por la orilla.

Blanca princesa de nunca.
¡Duerme por la noche oscura!
Cuerpo de tierra y de nieve.
Duerme por el alba, ¡duerme!

Ya te alejas dormida.
¡Tu barca es bruma, sueño, por la orilla!


Traduction : André Belamich 

 Berceuse pour Mercédès morte

 Te voici donc endormie 
avec ta barque de bois au bord de la rive, 
blanche princesse de jamais ! 

 Dors dans la nuit profonde, 
corps de terre et de neige ! 
Dors dans la blancheur de l’aube ! Dors ! 

 Et voici que tu t’éloignes endormie 
sur ta barque de brume et de songe le long de la rive !

 

 

La voix épurée de Marta Gómez pour la berceuse...

 

Dans sa conférence sur les berceuses espagnoles, Lorca nous apprend que loin de célébrer la facilité de l’existence, le plaisir de vivre et de s’endormir, les mélodies qu’entendent les tout-petits ont cette particularité en Espagne d’être d’une tonalité particulièrement douloureuse. On ne s’endort ainsi pas dans l’illusion d’une félicité à venir, mais avec la pré-conscience d’un monde à affronter dans toute son âpreté et ses cruautés possibles.

En écoutant cette autre très célèbre berceuse latino-américaine, "Duerme, negrito" nous pouvons noter que l’enfant reçoit également la vie comme la sensation d’un danger au moment du chant :

 

Duerme, Negrito

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.
Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

Te va a traer codornices para ti,
Te va a traer rica fruta para ti,
Te va a traer carne de cerdo para ti,
Te va a traer muchas cosas para ti.

Y si el negro no se duerme,
Viene el diablo blanco
Y ¡zas! le come la patita,
Yakapumba yakapumba,
Apumba yakapumba, 
Yakapumba yakapumba.

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

Trabajando,
Trabajando duramente,
Trabajando, sí,
Trabajando y no le pagan,
Trabajando, sí,
Trabajando y va tosiendo,
Trabajando, sí,
Trabajando y va de luto,
Trabajando, sí,
Pal negrito chiquitito,
Trabajando, sí,
Pal negrito chiquitito,
Trabajando, sí,
No le pagan, sí,
Duramente, sí,
Va tosiendo, sí,
Va de luto, sí.

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.
Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

 

Dors, petit noir

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.
Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

Elle va porter des cailles pour toi,
Elle va porter des fruits savoureux pour toi,
Elle va porter de la viande de porc pour toi,
Elle va porter beaucoup de choses pour toi,

Et si le noir ne s'endort pas,
Le diable blanc vient
Et zap ! il mange sa petite jambe,
Yakapumba yakapumba,
Apumba yakapumba,
Yakapumba yakapumba.

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

Travaillant,
Travaillant durement,
Travaillant, oui,
Travaillant et on ne la paye pas,
Travaillant, oui,
Travaillant et elle tousse,
Travaillant, oui,
Travaillant et elle est en deuil,
Travaillant, oui,
Pour le tout petit noir
Travaillant, oui,
Pour le tout petit noir,
Travaillant, oui,
On ne la paie pas, oui,
Durement, oui,
Elle tousse, oui,
Elle est en deuil, oui.

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.
Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

 

Chant et guitare par l'immortel Atahaulpa Yupanqui (la chanson commence à la minute 2:27) :

 

 

 

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, tison2feu a dit :

 

Dans sa conférence sur les berceuses espagnoles, Lorca nous apprend que loin de célébrer la facilité de l’existence, le plaisir de vivre et de s’endormir, les mélodies qu’entendent les tout-petits ont cette particularité en Espagne d’être d’une tonalité particulièrement douloureuse. On ne s’endort ainsi pas dans l’illusion d’une félicité à venir, mais avec la pré-conscience d’un monde à affronter dans toute son âpreté et ses cruautés possibles.

En écoutant cette autre très célèbre berceuse latino-américaine, "Duerme, negrito" nous pouvons noter que l’enfant reçoit également la vie comme la sensation d’un danger au moment du chant :

 

Duerme, Negrito

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.
Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

Te va a traer codornices para ti,
Te va a traer rica fruta para ti,
Te va a traer carne de cerdo para ti,
Te va a traer muchas cosas para ti.

Y si el negro no se duerme,
Viene el diablo blanco
Y ¡zas! le come la patita,
Yakapumba yakapumba,
Apumba yakapumba, 
Yakapumba yakapumba.

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

Trabajando,
Trabajando duramente,
Trabajando, sí,
Trabajando y no le pagan,
Trabajando, sí,
Trabajando y va tosiendo,
Trabajando, sí,
Trabajando y va de luto,
Trabajando, sí,
Pal negrito chiquitito,
Trabajando, sí,
Pal negrito chiquitito,
Trabajando, sí,
No le pagan, sí,
Duramente, sí,
Va tosiendo, sí,
Va de luto, sí.

Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.
Duerme, duerme negrito,
Que tu mamá está en el campo,
Negrito.

 

Dors, petit noir

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.
Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

Elle va porter des cailles pour toi,
Elle va porter des fruits savoureux pour toi,
Elle va porter de la viande de porc pour toi,
Elle va porter beaucoup de choses pour toi,

Et si le noir ne s'endort pas,
Le diable blanc vient
Et zap ! il mange sa petite jambe,
Yakapumba yakapumba,
Apumba yakapumba,
Yakapumba yakapumba.

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

Travaillant,
Travaillant durement,
Travaillant, oui,
Travaillant et on ne la paye pas,
Travaillant, oui,
Travaillant et elle tousse,
Travaillant, oui,
Travaillant et elle est en deuil,
Travaillant, oui,
Pour le tout petit noir
Travaillant, oui,
Pour le tout petit noir,
Travaillant, oui,
On ne la paie pas, oui,
Durement, oui,
Elle tousse, oui,
Elle est en deuil, oui.

Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.
Dors, dors, petit noir,
Ta maman est aux champs,
Petit noir.

 

Chant et guitare par l'immortel Atahaulpa Yupanqui (la chanson commence à la minute 2:27) :

 

 

 

Merci de rappeler la célèbre berceuse " Duerme, negrito " interprétée par l’incomparable Atahualpa Yupanqui.
J'aime aussi celle de Mercedes Sosa, que je propose ici, différente bien sûr, mais très belle aussi. 

 

Modifié par satinvelours
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

 Gacela del amor imprevisto

Nadie comprendía el perfume 
de la oscura magnolia de tu vientre. 
Nadie sabía que martirizabas 
un colibrí de amor entre los dientes. 

Mil caballitos persas se dormían 
en la plaza con luna de tu frente, 
mientras que yo enlazaba cuatro noches 
tu cintura, enemiga de la nieve. 

Entre yeso y jazmines, tu mirada 
era un pálido ramo de simientes. 
Yo busqué, para darte, por mi pecho 
las letras de marfil que dicen siempre, 

siempre, siempre: jardín de mi agonía, 
tu cuerpo fugitivo para siempre, 
la sangre de tus venas en mi boca, 
tu boca ya sin luz para mi muerte. 

 Traduction : Claude Couffon et Bernard Sesé

 Gacela de l’amour imprévu 

Nul ne comprenait le parfum 
du magnolia sombre de ton ventre.
Nul ne savait que tu martyrisais

un colibri d’amour entre tes dents. 

Mille petits chevaux perses s’endormaient 
sur la place baignée de lune de ton front, 
tandis que moi, quatre nuits, j’enlaçais  
ta taille, ennemie de la neige. 

Entre plâtre et jasmins, ton regard 
était un bouquet pâle de semences. 
Dans mon cœur je cherchais pour te donner 
les lettres d’ivoire qui disent toujours,


toujours, toujours : jardin de mon agonie, 
ton corps fugitif pour toujours, 
le sang de tes veines dans ma bouche,
ta bouche sans lumière déjà pour ma mort.

 

« Le Diván del Tamarit est un recueil de poèmes intitulés « Gacelas et casidas » en hommage aux poètes arabes de Grenade. Bien qu’il soit possible que l’idée ait été développée à l’avance, c’est en 1934 que la première mention du livre, en tant que projet, est disponible. En 1934, l’Université de Grenade commence le processus d’impression par un prologue écrit par Emilio García Gómez, une édition publiée à titre posthume en 1940 à Buenos Aires.
On appelle casida en arabe tout poème assez long doté d’une certaine architecture interne. 
 Gacela - utilisée principalement dans les paroles persanes- est un court poème de préférence érotique. »

 

 

Autre interprétation, tout à fait différente, de ce poème

 

 

Modifié par satinvelours
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Preciosa y el aire
 

A Dámaso Alonso

 Su luna de pergamino 
Preciosa tocando viene 
por un anfibio sendero 
de cristales y laureles. 
El silencio sin estrellas, 
huyendo del sonsonete, 
cae donde el mar bate y canta 
su noche llena de peces. 
En los picos de la sierra 
los carabineros duermen 
guardando las blancas torres 
donde viven los ingleses. 
Y los gitanos del agua 
levantan por distraerse, 
glorietas de caracolas 
y ramas de pino verde. 
 
          * 
 Su luna de pergamino 
Preciosa tocando viene. 
Al verla se ha levantado 
el viento que nunca duerme.
San Cristobalón desnudo,
lleno de lenguas celestes,
mira la niña tocando 
una dulce gaita ausente. 
 
Niña, deja que levante 
tu vestido para verte.
Abre en mis dedos antiguos
la rosa azul de tu vientre.
 
         
*
 Preciosa tira el pandero
y corre sin detenerse.
El viento—hombrón la persigue
con una espada caliente.
 
Frunce su rumor el mar.
Los olivos palidecen.
Cantan las flautas de umbría 
y el liso gong de la nieve.
 
¡Preciosa, corre, Preciosa,
que te coge el viento verde!
¡Preciosa, corre, Preciosa!
¡Míralo por dónde viene!
Sátiro de estrellas bajas
con sus lenguas relucientes.
 
         *
 Preciosa, llena de miedo,
entra en la casa que tiene, 
más arriba de los pinos,
el cónsul de los ingleses.
 
Asustados por los gritos
tres carabineros vienen,
sus negras capas ceñidas
y los gorros en las sienes.
 
El inglés da a la gitana 
un vaso de tibia leche,
y una copa de ginebra
que Preciosa no se bebe.
 
Y mientras cuenta, llorando,
su aventura a aquella gente,
en las tejas de pizarra
el viento, furioso, muerde.


Traduction : André Belamich 

Précieuse et le vent

De la lune en parchemin,
par un hybride sentier
de laurier et de cristal,
Précieuse s’en vient à jouer.
Le silence sans étoiles,p
pour fuir ce tintement tombe
où la mer se brise et chante
sa nuit pleine de poissons.
Sur les pics de la montagne
dorment les carabiniers
qui gardent les blanches tours
où demeurent les Anglais.
Et les gitans du rivage
élèvent pour se distraire
des berceaux de coquillages
et des branches de pin vert.
                   *
De sa lune en parchemin
Précieuse s’en vient jouer.
À sa vue le vent se lève,
car jamais il ne sommeille.
Gros saint Christophe tout nu
et plein de célestes langues,
il la regarde en jouant
d’une douce flûte absente.

Dis, laisse-moi relever
ta robe pour voir ton corps.
Ouvre entre mes doigts anciens
la rose bleue de ton ventre.

Lâchant son  tambour, Précieuse
prend la fuite à toutes jambes.
Le vent mâle la poursuit
avec une épée brûlante.

La mer fronce sa rumeur.
Pâlissent les oliviers.
Les flûtes de l’ombre chantent, 
et le gong lisse des neiges.

Précieuse, cours vite, vite,
le vent vert va t’attraper !
Précieuse, cours vite, vite,
regarde-le arriver,
satyre d’étoiles basses
aux mille langues lustrées !
                   *
Précieuse, morte de peur,
est allée se réfugier,
au-dessus de la pinède,
chez le consul des Anglais.

Alarmés par ses appels,
viennent trois carabiniers
serrés dans leurs cape noire,
le calot bien enfoncé.

L’ Anglais donne à la gitane
une tasse de lait tiède
avec un verre de gin
qu’elle laisse de côté.

Et tandis qu’elle raconte
son aventure en pleurant,
le vent sur le toit d’ardoises
plante, furieux, les dents.

Précieuse, la petite gitane doit son nom, son tambourin et la présence de saint Christophe à la Gitanilla de Cervantes. L’hagiographie subit ici une déviation très irrévérencieuse mais le vent, qui jamais ne dort, y gagne en revanche une corporéité charnue et une sensualité de satyre diabolique.  Aguilar. Poésies II.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×