Aller au contenu

« Boire un grand bol de sommeil noir... »

Noter ce sujet


satinvelours

Messages recommandés

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

El poeta dice la verdad

 

Quiero llorar mi pena y te lo digo 
para que tú me quieras y me llores 
en un anochecer de ruiseñores, 
con un puñal, con besos y contigo. 

Quiero matar al único testigo 
para el asesinato de mis flores 
y convertir mi llanto y mis sudores 
en eterno montón de duro trigo. 

Que no se acabe nunca la madeja 
del te quiero me quieres, siempre ardida 
con decrépito sol y luna vieja. 

Que lo que no me des y no te pida 
será para la muerte, que no deja 
ni sombra por la carne estremecida.


Traduction : André Belamich 

Le poète dit la vérité


Je veux pleurer ma peine et te le dire 
pour que tu m’aimes et pour que tu me pleures
par un long crépuscule de rossignols 
où poignard et baisers pour toi délirent. 

Je veux tuer le seul témoin, l’unique, 
qui a pu voir assassiner mes fleurs, 
et transformer ma plainte et mes sueurs 
en éternel monceau de durs épis.

Fais que jamais ne s’achève la tresse 
du je t’aime tu m’aimes toujours ardente 
de jours, de cris, de sel, de lune ancienne, 

car tes refus rendus à mes silences 
se perdront tous dans la mort qui ne laisse 
pas même une ombre à la chair frémissante.

 

 Il est évident que le temps a manqué au poète assassiné pour donner plus d’ampleur à sa dernière œuvre en vers. Les Sonnets sont le dernier éclat, poignant, de son génie créateur. André Belamich. Poésies IV

 

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 7 mois après...
Annonces
Maintenant
Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Le poème ci-dessous a dejà été édité sur ce fil. Je n’y ajoute la musique et la voix de Paco Ibáñez.

 Gustavo Adolfo  Bécquer né à Séville en 1836- mort à Madrid en 1870.

 Cette écriture qui semble si spontanée, si « naturelle », est en fait celle d’un artiste rigoureux. Par la clarté, la simplicité, l’art des résonance profondes, Rubén Darío, Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez, nombre de poètes de la génération 1927 seront, dans leur jeunesse, des becquériens. Robert Pageard, « Clásicos hispánicos. »


Volverán las oscuras golondrinas
en tu balcón sus nidos a colgar,
y otra vez con el ala a sus cristales
jugando llamarán.

Pero aquellas que el  vuelo refrenaban
tu hermosura y mi dicha a contemplar,
aquellas que aprendieron nuestros nombres…
¡esas… no volverán!

Volverán las tupidas madreselvas
de tu jardín las tapias a escalar,
y otra vez a la tarde aún más hermosas
sus flores se abrirán.

Pero aquellas, cuajadas de rocío
cuyas gotas mirábamos temblar
y caer como lágrimas del día…
¡esas… no volverán!

Volverán del amor en tus oídos
las palabras ardientes a sonar;
tu corazón de su profundo sueño
tal vez despertará.

Pero mudo y absorto y de rodillas
como se adora a Dios ante su altar,
como yo te he querido…; desengáñate,
¡así… no te querrán!

Traduction : Blaquière 

Oui, elles reviendront les sombres hirondelles 
sur ton balcon pour accrocher leurs nids, 
et de nouveau l’aile rasant les carreaux 
en jouant elles appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol 
pour contempler la beauté et mon bonheur, 
celles qui ont appris nos noms… 
Elles… ne reviendront pas !

Le chèvrefeuille dense reviendra 
escalader les murs de ton jardin, 
et de nouveau le soir, encore plus belles
ses fleurs s’ouvriront.

Mais ces buées de rosée 
dont nous regardions trembler les gouttes 
tombant comme les larmes du jour… 
Elles ... ne reviendront pas !

Des mots d’amour ardent 
reviendront tinter à tes oreilles 
ton cœur de son profond sommeil 
parfois s’éveillera…

Mais muet, attentif, à genoux, 
comme on adore Dieu à son autel, 
comme je t’ai aimée ..., détrompe toi : 
jamais personne ne t’aimera.

 

  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Romance del prisoniero

Que por mayo era, por mayo,
Cuando hace la calor,
Cuando los trigos encañan
Y están los campos en flor,
Cuando canta la calandria
Y responde el ruiseñor,
Cuando los enamorados
Van a servir al Amor ;
Sino yo, triste, cuitado,
Que vive en esta prisión ;
Que ni sé cuando es el día
Ni cuando las noches son,
Sino por una avecilla
Que me cantaba al albor:
Matómela un ballestero,
¡Déle Dios mal galardón!


Traduction Benito Pelegrin

Romance du prisonnier

C’était le beau mois de mai,
C’était la jolie saison,
Lorsque chante la calandre
Et répond le rossignol ;
Lorsque le blé est en herbe,
Les champs dans leur floraison,
Et lorsque les amoureux
À l’Amour font dévotion :
Et moi seul, triste, chétif,
Languis en cette prison
Et ne saurais s’il fait jour
Ou bien si les nuits se font
Sans un tout petit oiseau
Qui me chantait à l’albor :
Un archer me le tua.
Dieu lui en demande raison !

 
Romance del prisoniero est un romance anonyme de la fin du Moyen-Age. Ce type de romance a été transmis oralement du Moyen Âge à nos jours.
Sentiment de tristesse, de solitude et d’angoisse d’un prisonnier devant l’impossibilité de jouir librement de la beauté de la nature et des plaisirs de l’amour. Sa seule consolation et son seul moyen de distinguer le jour de la nuit est un petit oiseau. Sa mort par un arbalétrier plonge le prisonnier dans la solitude.

Note du traducteur : « Albor n’existe pas en français. Ce néologisme est un calque de l’espagnol qui signifie : la lumière de l’aube. » (B. Pelegrin, Cahier d’études romanes)

 

 

 

  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
(Sans respect pour la chronologie)

Antonio Machado né à Séville en 1875- mort à Collioure en 1939.

Dès le début de la guerre civile, Machado prend activement parti pour le gouvernement républicain. Mais la victoire des armées nationalistes et la répression donnent un brutal coup d’arrêt à la ferveur créatrice. Réfugié à Valence, puis à Barcelone, il participe, avec sa mère, à l’exode massif de 1939 et traverse les Pyrénées pour s’arrêter à Collioure, où il meurt d’épuisement le 22 février1939, trois jours avant sa mère. 
Le poème ci-dessous fait partie du recueil Soledades.

Inventario galante

Tus ojos me recuerdan 
las noches de verano, 
negras noches sin luna, 
orilla al mar salado, 
y el chispear de estrellas 
del cielo negro y bajo. 
Tus ojos me recuerdan 
las noches de verano. 
Y tu morena carne, 
los trigos requemados, 
y el suspirar de fuego 
de los maduros campos.
...
De tu morena gracia
de tu soñar gitano, 
de tu mirar de sombra 
quiero llenar mi vaso. 
Me embriagaré una noche 
de cielo negro y bajo, 
para cantar contigo, 
orilla al mar salado, 
una canción que deje 
cenizas en los labios… 
De tu mirar de sombra 
quiero llenar mi vaso...
 
Ma traduction : Inventaire galant

Tes yeux me rappellent 
les nuits d’été, 
sombres nuits sans lune, 
au bord de la mer salée, 
et le scintillement des étoiles 
du ciel noir et bas.
Tes yeux me rappellent 
les nuits d’été.
Et ta peau brune, 
les blés brûlés, 
par un souffle de feu 
des champs mûrs.
...
De ta grâce brune,
de ton songe gitan, 
de ton regard d’ombre 
je veux remplir mon verre.
Je m’enivrerai une nuit 
de ciel noir et bas, 
pour chanter avec toi, 
au bord de la mer salée, 
une chanson qui laisse 
des cendres sur les lèvres.
De ton regard d’ombre 
je veux remplir mon verre...
 
@Blaquière si tu passes par-là... je sollicite ton aide.
Je ne suis pas satisfaite de cette traduction, mais je ne parviens pas à traduire en restituant toute la poétique du texte original.
 

Paco Ibáñez et Mario Mas lors des commémorations du 75e anniversaire de la mort de Antonio Machado à Collioure et du 75e anniversaire de l’exil républicain. 13 Février 2014 à l'Institut Français de Barcelone.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a une heure, satinvelours a dit :
(Sans respect pour la chronologie)

Antonio Machado né à Séville en 1875- mort à Collioure en 1939.

Dès le début de la guerre civile, Machado prend activement parti pour le gouvernement républicain. Mais la victoire des armées nationalistes et la répression donnent un brutal coup d’arrêt à la ferveur créatrice. Réfugié à Valence, puis à Barcelone, il participe, avec sa mère, à l’exode massif de 1939 et traverse les Pyrénées pour s’arrêter à Collioure, où il meurt d’épuisement le 22 février1939, trois jours avant sa mère. 
Le poème ci-dessous fait partie du recueil Soledades.

Inventario galante

Tus ojos me recuerdan 
las noches de verano, 
negras noches sin luna, 
orilla al mar salado, 
y el chispear de estrellas 
del cielo negro y bajo. 
Tus ojos me recuerdan 
las noches de verano. 
Y tu morena carne, 
los trigos requemados, 
y el suspirar de fuego 
de los maduros campos.
...
De tu morena gracia
de tu soñar gitano, 
de tu mirar de sombra 
quiero llenar mi vaso. 
Me embriagaré una noche 
de cielo negro y bajo, 
para cantar contigo, 
orilla al mar salado, 
una canción que deje 
cenizas en los labios… 
De tu mirar de sombra 
quiero llenar mi vaso...
 
Ma traduction : Inventaire galant

Tes yeux me rappellent 
les nuits d’été, 
sombres nuits sans lune, 
au bord de la mer salée, 
et le scintillement des étoiles 
du ciel noir et bas.
Tes yeux me rappellent 
les nuits d’été.
Et ta peau brune, 
les blés brûlés, 
par un souffle de feu 
des champs mûrs.
...
De ta grâce brune,
de ton songe gitan, 
de ton regard d’ombre 
je veux remplir mon verre.
Je m’enivrerai une nuit 
de ciel noir et bas, 
pour chanter avec toi, 
au bord de la mer salée, 
une chanson qui laisse 
des cendres sur les lèvres.
De ton regard d’ombre 
je veux remplir mon verre...
 
@Blaquière si tu passes par-là... je sollicite ton aide.
Je ne suis pas satisfaite de cette traduction, mais je ne parviens pas à traduire en restituant toute la poétique du texte original.
 

Paco Ibáñez et Mario Mas lors des commémorations du 75e anniversaire de la mort de Antonio Machado à Collioure et du 75e anniversaire de l’exil républicain. 13 Février 2014 à l'Institut Français de Barcelone.

Déjà ta traduction est bonne.

Après c'est toujours une approximation, bien sûr...

En essayant de garder un rythme ?

Inventaire amoureux (le galant en français ça fait plus frivole ?)

 

Tes yeux me parlent

des nuits d'été,

des nuits noires sans lune

près de la mer salée,

des étoiles qui palpitent

dans le ciel noir et bas.

Tes yeux me parlent

des nuits d'été,

de ta peau brune,

des blés brûlés

et d’un soupir de feu

sur  les champs moissonnés.

 


...


De ta grâce brune,

de ton rêve gitan

et de ton regard d'ombre,

Je veux remplir mon verre.

Puis je me saoulerai une nuit

de ce ciel noir et bas

pour chanter avec toi

près de la mer salée

une chanson au goût

de cendre sur tes lèvres.

je veux remplir mon verre

De ton regard d'ombre...

 



 

 

 

Modifié par Blaquière
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Déjà ta traduction est bonne.

Après c'est toujours une approximation, bien sûr...

En essayant de garder un rythme ?

Inventaire amoureux (le galant en français ça fait plus frivole ?)

 

Tes yeux me parlent

des nuits d'été,

des nuits noires sans lune

près de la mer salée,

des étoiles qui palpitent

dans le ciel noir et bas.

Tes yeux me parlent

des nuits d'été,

de ta peau brune,

des blés brûlés

et d’un soupir de feu

sur  les champs moissonnés.

 


...


De ta grâce brune,

de ton rêve gitan

et de ton regard d'ombre,

Je veux remplir mon verre.

Puis je me saoulerai une nuit

de ce ciel noir et bas

pour chanter avec toi

près de la mer salée

une chanson au goût

de cendre sur tes lèvres.

je veux remplir mon verre

De ton regard d'ombre...

 



 

 

 

Ce "parlent" me gène !...

"me racontent" ressemblerait à " me recuerdan" mais est trop pittoresque,

"me content" se confondrait avec " me comptent" et on perd le sens

" Me disent "?  C'est un peu... glissant mais c'est peut-être mieux que "me parlent"

Ce qui donnerait :

Inventaire amoureux

 

Tes yeux me disent

les nuits d'été,

les nuits noires sans lune

près de la mer salée,

les étoiles qui palpitent

dans le ciel noir et bas.

Tes yeux me disent

les nuits d'été

et ta peau brune,

les blés brûlés

et le soupir de feu

des champs moissonnés.

 


...


De ta grâce brune,

de ton rêve gitan

et de ton regard d'ombre,

Je veux remplir mon verre.

Puis je me saoulerai une nuit

de ce ciel noir et bas

pour chanter avec toi

près de la mer salée

une chanson au goût

de cendre sur tes lèvres.

je veux remplir mon verre

De ton regard d'ombre...

Modifié par Blaquière
  • Like 1
  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

« Inventaire amoureux » : cela tinte déjà comme une musique.

La traduction que tu proposes est en harmonie avec le poème de Machado. Tu as su retranscrire les images en ajoutant l’émotion. À la lecture je ressens la proximité avec le texte original. Ce que je n’avais su exprimer.

Merci pour ton aide, merci pour ton travail.

Modifié par satinvelours
  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 26 minutes, satinvelours a dit :

« Inventaire amoureux » : cela tinte déjà comme une musique.

La traduction que tu proposes est en harmonie avec le poème de Machado. Tu as su retranscrire les images en ajoutant l’émotion. À la lecture je ressens la proximité avec le texte original. Ce que je n’avais su exprimer.

Merci pour ton aide, merci pour ton travail.

Je ris : suis-je donc capable d'Émotion ? :)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Sans doute peut-on se poser la question de l'honnêteté ?...

Il s'agit d'empathie, de "se mettre à la place de". C'est donc dans une certaine mesure, une comédie ! En un certain sens, je "me la joue" bouleversé par l'émotion du poète...

Je n'ai pas ressenti les sentiments qui l'ont inspiré, c'est sûr. Mais je (on) fait comme si ! Et l'on ne peut pas dire cependant que ce n'est pas sincère...

A sa place j'aurais ressenti ça.

"Mon émotion c'est l'émotion de l'autre"!

Freud dirait : "quand le bébé tète il pense :"je suis le sein"! "

Là, (au dessus), je me suis contenté "d'être les lèvres de l'aimée", plutôt que les miennes propres. Avec ce goût de cendre... Un goût de cendre "pointe" pour moi une soif inextinguible. (Plus le sels de la mer).

La psychologie est assez "élastique" finalement...

Peut-on imaginer un point de rupture où on en ferait trop ? Et où l'on ne serait plus sincère ?

L'idée d'une mesure dans l'émotion est assez peu sympathique, pas agréable du tout et remettrait vite tout en cause.

Modifié par Blaquière
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Je dis toujours : traduire c’est trahir.

Oui, Il y a « empathie se mettre à la place de »... ll est évident que l’on ressent les émotions du poète, mais jusqu’à quel point ?
Avec honnêteté on restitue le texte, sans aucun doute, mais aussi selon ses sentiments, sa culture. Beaucoup de choses interviennent dans une traduction. L’émotion est présente à la lecture du texte original, elle est retransmise suivant nos propres perceptions.
Il n’est pas facile de traduire. Je lis le texte en espagnol, et j’en tire toute la quintessence, autant je suis démunie pour la traduction.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Miguel Hernández ( né à Orihuela en 1910- mort à Alicante en 1942)


En 1936 quand la guerre d’Espagne éclate Miguel Hernández s’engage avec l’armée aux côtés des républicains.

Le 29 avril 1939, après la chute de Madrid, Hernández est arrêté alors qu’il tente de passer au Portugal, et sévèrement brutalisé. Ce sera désormais une incessants pérégrination d’une prison à l’autre.

Traduit en conseil de guerre en juillet 1940, Miguel Hernández est condamné à mort, une peine commuée en 30 ans d’emprisonnement. Quand Almarcha, devenu haut dignitaire  ecclésiastique du régime, évêque de León et conseiller du royaume, se décide à intervenir, il sera trop tard : la typhoïde emporte le poète, déjà miné par la tuberculose, le 28 mai 1942, dans la prison d’Alicante


Ce poème est textrait de Cet éclair qui ne cesse pas. Livre central, majeur, de la production hernandienne, le recueil consacre le jeune poète comme « génial épigone » (l’expression et de Dámaso Alonzo) de la « génération » de 1927, et l’inscrit comme chef de fil des poètes de 1936.


¿No cesará este rayo que me habita
el corazón de exasperadas fieras
y de fraguas coléricas y herreras
donde el metal más fresco se marchita?


¿No cesará esta terca estalactita
de cultivar sus duras cabelleras
como espadas y rígidas hogueras
hacia mi corazón que muge y grita?

Este rayo ni cesa ni se agota:
de mí mismo tomó su procedencia
y ejercita en mí mismo sus furores.


Esta obstinada piedra de mí brota
y sobre mí dirige la insistencia
de sus lluviosos rayos destructores.


Traduction : Yves Aguila

 Cessera-t-elle un jour cette foudre qui peuple
Mon cœur de féroces fauves exaspérés
Et d’enclumes colériques et forgeronnes
Où même le métal le plus frais se flétrit ?

Cessera-t-elle un jour l’entêtée stalactite
De cultiver enfin ses dures chevelures
Pareilles aux épées et aux bûchers rigides,
Tournées contre mon cœur qui mugit et qui crie ?

Cette foudre n’a de cesse ni ne s’épuise :
C’est en moi-même qu’elle a pris son origine,
Contre moi-même qu’elle exerce ses fureurs.

Cette pierre obstinée, de moi elle jaillit
Et c’est sur moi qu’elle dirige l’insistance
De ses foudres dévastatrice et pluvieuse.

 

Modifié par satinvelours
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 47 minutes, satinvelours a dit :

Je dis toujours : traduire c’est trahir.

Oui, Il y a « empathie se mettre à la place de »... ll est évident que l’on ressent les émotions du poète, mais jusqu’à quel point ?
Avec honnêteté on restitue le texte, sans aucun doute, mais aussi selon ses sentiments, sa culture. Beaucoup de choses interviennent dans une traduction. L’émotion est présente à la lecture du texte original, elle est retransmise suivant nos propres perceptions.
Il n’est pas facile de traduire. Je lis le texte en espagnol, et j’en tire toute la quintessence, autant je suis démunie pour la traduction.

Oui C'est pour ça qu'on ne peut pas mettre en doute la sincérité. Qu'il n'y a pas tromperie, On vient recoller ses propres émotions, celles qu'on a vécues soi-même sur celle du poète...

C'est nos (vraies) émotions qu'a ravivées le poème dans un premier temps.

Ce dernier, de Hernandez est plus difficile. Plus psychologique ou plus construit ?

à l’instant, Blaquière a dit :

Oui C'est pour ça qu'on ne peut pas mettre en doute la sincérité. Qu'il n'y a pas tromperie, On vient recoller ses propres émotions, celles qu'on a vécues soi-même sur celle du poète...

C'est nos (vraies) émotions qu'a ravivées le poème dans un premier temps.

Ce dernier, de Hernandez est plus difficile. Plus psychologique ou plus transposé, plus construit ?

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Le 02/05/2020 à 18:59, Blaquière a dit :

Oui C'est pour ça qu'on ne peut pas mettre en doute la sincérité. Qu'il n'y a pas tromperie, On vient recoller ses propres émotions, celles qu'on a vécues soi-même sur celle du poète...

C'est nos (vraies) émotions qu'a ravivées le poème dans un premier temps.

Ce dernier, de Hernandez est plus difficile. Plus psychologique ou plus construit ?

 

Cetexte  tiré de El Rayo que no cesa comprend vingt sept sonnets, tous dédiés à María Cegarra « À ma très chère María, avec la ferveur de Miguel »
J’ai lu que ces poèmes seraient les « Héritiers de la perfection gongorine, de Vicente Aleixandre, dont ils recueillent l’ambivalence de la destruction conçue comme amour, imprégnés de réminiscences garcilasiennes  et d’échos de Saint-Jean de La Croix. »

C’est le thème de l’amour non partagé avec comme élément principal la foudre qui symbolise la souffrance. Ce poème est construit avec nombreuses images métaphoriques.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Blas de Otero né à Bilbao en 1916- mort à Madrid en 1879)

Poète majeur de la génération des années 50, poète douloureux, hanté par la parole et la mutité, prisonnier du silence de la page et des barreaux des vers, en révolte contre un Dieu sourd. 

Ce poème extrait du recueil Pido La Paz y la palabra (Je demande la paix et la parole) de 1955, est d’abord publié en France, pour raison de censure. Evelyne Martin-Hernandez.

 Chaque strophe est scandée par les mêmes mots, qui reviennent comme  litanie : l’importance de la parole.


Me queda la palabra

Si he perdido la vida, el tiempo, todo
lo que tiré, como un anillo, al agua,
si he perdido la voz en la maleza,
me queda la palabra.

Si he sufrido la sed, el hambre, todo
lo que era mío y resultó ser nada,
si he segado las sombras en silencio,
me queda la palabra.

Si abrí los labios para ver el rostro
puro y terrible de mi patria,
si abrí los labios hasta desgarrármelos,
me queda la palabra.

Traduction (trouvée sur Google. J’y ai apporté quelques modifications mais je n’en suis pas satisfaite. @Blaquière?)
 
Il me reste la parole

Si j'ai perdu la vie, le temps, tout ce
que j'ai jeté comme une bague dans l'eau,
si ma voix s’est perdue dans le désert,
il me reste la parole.

Si j'ai souffert de soif, de faim, tout
ce qui était à moi et qui s’avérait n’être rien,
si j'ai moissonné les ombres en silence,
il me reste la parole.

 

 

Modifié par satinvelours
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

@satinvelours

J'ai essayé, ça donne ça :

 

J’ai perdu ma vie, le temps, et tout

ce que j’ai lancé, comme un anneau dans l’eau,

J’ai perdu ma voix dans les broussailles,

Mais il me reste les mots

 

J’ai souffert de la soif, de la faim, et tout

ce qui était à moi n’était rien,

J’ai fauché des ombres en silence

Mais il me reste les mots

 

J’ai ouvert mes lèvres pour voir la face

pure et terrible de ma patrie

J’ai ouvert mes lèvres jusqu’à les déchirer

Mais il me reste les mots

 

  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 29/04/2020 à 17:35, satinvelours a dit :

Le poème ci-dessous a dejà été édité sur ce fil. Je n’y ajoute la musique et la voix de Paco Ibáñez.

 Gustavo Adolfo  Bécquer né à Séville en 1836- mort à Madrid en 1870.

 Cette écriture qui semble si spontanée, si « naturelle », est en fait celle d’un artiste rigoureux. Par la clarté, la simplicité, l’art des résonance profondes, Rubén Darío, Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez, nombre de poètes de la génération 1927 seront, dans leur jeunesse, des becquériens. Robert Pageard, « Clásicos hispánicos. »


Volverán las oscuras golondrinas
en tu balcón sus nidos a colgar,
y otra vez con el ala a sus cristales
jugando llamarán.

Pero aquellas que el  vuelo refrenaban
tu hermosura y mi dicha a contemplar,
aquellas que aprendieron nuestros nombres…
¡esas… no volverán!

Volverán las tupidas madreselvas
de tu jardín las tapias a escalar,
y otra vez a la tarde aún más hermosas
sus flores se abrirán.

Pero aquellas, cuajadas de rocío
cuyas gotas mirábamos temblar
y caer como lágrimas del día…
¡esas… no volverán!

Volverán del amor en tus oídos
las palabras ardientes a sonar;
tu corazón de su profundo sueño
tal vez despertará.

Pero mudo y absorto y de rodillas
como se adora a Dios ante su altar,
como yo te he querido…; desengáñate,
¡así… no te querrán!

Traduction : Blaquière 

Oui, elles reviendront les sombres hirondelles 
sur ton balcon pour accrocher leurs nids, 
et de nouveau l’aile rasant les carreaux 
en jouant elles appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol 
pour contempler la beauté et mon bonheur, 
celles qui ont appris nos noms… 
Elles… ne reviendront pas !

Le chèvrefeuille dense reviendra 
escalader les murs de ton jardin, 
et de nouveau le soir, encore plus belles
ses fleurs s’ouvriront.

Mais ces buées de rosée 
dont nous regardions trembler les gouttes 
tombant comme les larmes du jour… 
Elles ... ne reviendront pas !

Des mots d’amour ardent 
reviendront tinter à tes oreilles 
ton cœur de son profond sommeil 
parfois s’éveillera…

Mais muet, attentif, à genoux, 
comme on adore Dieu à son autel, 
comme je t’ai aimée ..., détrompe toi : 
jamais personne ne t’aimera.

 

Chaque fois que je lis ces mots:

 "Volveran las oscuras golondrinas

 en tu balcon sus nidos a colgar..."

Ça me saute à la gorge ! C'est comme une perfection absolue....

 Je l'avais appris au collège ou au lycée... Et ça me faisait pas plus que ça... la nostalgie doit s'en mêler ! Ou alors, je crois plutôt que ça me faisait sans que je m'en rende compte !... J'engrangeais pour plus tard...

PS je relis "ma" traduction ? Purée, c'est tout à refaire !

Oui, elles reviendront les sombres hirondelles 
sur ton balcon pour accrocher leurs nids, 
et de nouveau l’aile rasant les carreaux 
en jouant elles appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol 
pour contempler la beauté et mon bonheur, 
celles qui ont appris nos noms… 
Elles… ne reviendront pas !

 

Reviendront les obscures hirondelles 
accrocher leurs nids à ton balcon, 
leur aile de nouveau rasa tes carreaux:
et en jouant elles t'appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol 
pour admirer ta beauté et mon bonheur, 
celles qui apprenaient / apprirent nos noms,
ne reviendront plus !

"Apprenaient" ou "apprirent" ? Dans apprirent il y a rire... le rire qui ne reviendra plus?... Dans "apprenaient nos noms", il y a "non, non, non" !... mais c'est peut-être trop. Alors "apprirent nos noms" qui fait : "rire ? non, non !" :  Bouh ! qu'est-ce que c'est compliqué ! De choisir !

Modifié par Blaquière
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Je te donne mon avis (même si tu ne me le demandes pas :)). Oui, je sais ma contribution à la traduction des poèmes est toujours très maladroite !
Mais il me semble que  « celles qui apprenaient nos noms » est davantage lié au vol des hirondelles. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien. C’est juste un ressenti que me laisse la lecture originale du poème. Ce n’est qu’une impression.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

(Toujours)

Bécquer 

Ce poème appartient aux Rimas. Dire avec des mots ce que dit le silence, dire le rythme des pas, le paysage transfiguré par le regard, la musique du rire et le poème des larmes, nommer la forme et l’expression, et évoquer l’énigme tue d’une femme sans doute stupide, n’est-ce pas expliquer la définition ultime de la poésie ?  Dans Cartas a una mujer ( lettres littéraires à une femme), comme dans cette Rime Bécquer s’adresse à une deuxième personne dont on ne sait plus si elle est la destinataire, extérieure à lui-même, ou son âme. Il dit :

« La poésie, en fin de compte, ce sont ces phénomènes inexplicables qui altèrent l’âme de la femme quand elle s’éveille au sentiment et à la passion ... »
Robert Pageard


Cruza callada, y son sus movimientos
silenciosa armonía;
suenan sus pasos, y al sonar, recuerdan
del himno alado la cadencia rítmica.


Los ojos entreabre, aquellos ojos
tan claros como el día;
y la tierra y el cielo, cuanto abarcan,
arde con nueva luz en sus pupilas.


Ríe, y su carcajada, tiene notas
del agua fugitiva;
llora, y es cada lágrima un poema
de ternura infinita.


Ella tiene la luz, tiene el perfume,
el color y la línea,
la forma, engendradora de deseos;
la expresión, fuente eterna de poesía.


¿Que es estúpida?… ¡Bah! Mientras callando
guarde oscuro el enigma,
siempre valdrá, a mi ver, lo que ella calla
más que lo que cualquiera otra me diga.


Traduction : Robert Pageard

Elle passe, muette, et ses mouvements 
Sont une silencieuse harmonie ;
Ses pas résonnent alors 
La cadence rythmique de l’hymne ailé.

Elle entrouvre les yeux, ses yeux
Aussi clairs que le jour,
Et la terre et le ciel, tout ce qu’ils embrassent, 
Brillent d’une nouvelle lumière dans ses pupilles.

Elle rit, et son éclat de rire a des sonorités
D’eau fugitive ;
Elle pleure, et chaque larme est un poème
De tendresse infinie.

Elle a la lumière, elle a le parfum,
La couleur et la ligne,
La forme, génératrice de désirs,
L’expression, source éternelle de poésie.

Elle est stupide ? Bah ! Tant que, se taisant,
Elle laissera l’énigme dans l’ombre,
Ce que je crois qu’elle tait vaudra toujours plus

Que ce qu’aucune autre me dira.

  • Waouh 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, satinvelours a dit :

Je te donne mon avis (même si tu ne me le demandes pas :)). Oui, je sais ma contribution à la traduction des poèmes est toujours très maladroite !
Mais il me semble que  « celles qui apprenaient nos noms » est davantage lié au vol des hirondelles. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien. C’est juste un ressenti que me laisse la lecture originale du poème. Ce n’est qu’une impression.

Mais oui ! c'est bien ça que j'ai compris aussi !

Les hirondelles reviendront ou plutôt "des" hirondelles", mais celles qui étaient devenues nos témoins ou nos complices ne reviendront pas. j'ai oublié un morceau de mot :

Reviendront les obscures hirondelles 
accrocher leurs nids à ton balcon, 
leur aile de nouveau rasera tes carreaux:
et en jouant elles t'appelleront.

Mais celles qui retenaient leur vol 
pour admirer ta beauté et mon bonheur, 
celles qui apprirent nos noms,


ne reviendront plus !

 

Pero aquellas que el  vuelo refrenaban
tu hermosura y mi dicha a contemplar,
aquellas que aprendieron nuestros nombres…
¡esas… no volverán!

soit :

Pero aquellas (las golondrinas) que el  vuelo refrenaban
a (=para) contemplar tu hermosura y mi dicha

aquellas que aprendieron nuestros nombres…
¡esas… no volverán!

C'est autre chose que tu comprends ?

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×