Cochon de sorts !

UN PORC REGICIDE

13 octobre 1131

Le prince Philippe, 15 ans, fils aîné du roi Louis VI le Gros, chevauche avec des potes dans un faubourg de Paris.

Il est l'héritier promis au trône, le pape Innocent II vient de réconcilier son père avec Henri Ier d'Angleterre, la guerre de Cent Ans n'aura pas encore lieu, il fait beau... Tout va bien, tout le monde est content.

Soudain, c'est le drame : un porc domestique sans laisse surgit de nulle part et se jette comme un fou dans les pattes de sa monture, la faisant rouler à terre.

Le jeune prince se tue en tombant sur une pierre.

Les enquêteurs accourent sur les lieux de cette tragédie et interrogent les témoins. Par précaution, la porcherie du meurtrier sera perquisitionné, son ordinateur saisi. 

Ci-dessous, en une des journaux de l'époque :

DES PORCS INFANTICIDES

Janvier 1386, à Falaise, en Normandie.

Un père retrouve son enfant mort dans son berceau, en partie dévorée. C'est une truie qui a fait ça.

Vite, il compose le 17, la police arrive aussi vite qu'elle peut, c'est-à-dire au bout de trois quarts d'heure.

La coupable est arrêtée, escortée jusqu'à la prison, jetée dans une cellule, puis plus tard présentée devant un tribunal laïc pour y être jugée.

- Encore un ! siffle entre ses dents le juge d'un air entendu quand elle apparaît dans le box des accusés.

Il faut avouer que sur dix cas de jugements d'animaux, neuf sont des cochons.

Le procès a lieu, la truie est condamnée à la peine capitale pour infanticide.

Le jour de l'exécution, aucun prêtre ne daigne se déranger auprès d'elle pour recueillir ses confessions. "C'est de la discrimination !" hurlent des bénévoles de la SPA brandissant des pancartes devant la prison dont elle va sortir d'un instant à l'autre, sous bonne garde.

Enfin, là voilà ! Elle a été habillée en homme pour l'occasion. Elle est traînée par une jument depuis la place du château jusqu'à la potence, dressée sur le champ de foire de Guibray.

Là bas, une foule dense patiente. Il y a tout le gratin du cru, le vicomte de Falaise Regnault Rigault en tête, les citadins, Brigitte Bardot en larmes, les pécores des alentours accompagnés de leurs porcs afin qu'ils en tirent leçon, et les gueux... puisque c'est gratuit.

Le seigneur Léodagan est venu aussi, et de très loin : il ne tient pas à rater ça ! Il est juste un peu déçu que la suppliciée ne soit pas humaine. Enfin, faute de grives...

Cependant le public s'impatiente ; ça y est, le bourreau arrive ! Standing ovation !

Le spectacle commence : l'exécuteur des hautes œuvres coupe le groin de la bête et lui taillade une cuisse pour lui faire subir à peu près les mêmes mutilations qu'elle a infligées à sa victime. Ensuite il l'affuble d'un masque à figure humaine, la pend par les jarrets arrière à une fourche de bois et la laisse expirer dans cette position.

Après un simulacre d'étranglement, la truie est attachée sur une claie attelée pour être de nouveau traînée plusieurs fois autour de la place.

Un bûcher tiendra lieu de bouquet final.

Le bourreau sera rémunéré dix sous et dix deniers tournois pour le travail, plus dix sous en sus afin de s'acheter une paire de gants neufs, les anciens ayant été souillés au contact de la viande de porc.

Pour commémorer cet évènement mémorable, le sieur Rigault de Falaise commandera une grande fresque dans l'église de la Sainte-Trinité. Une peinture sur laquelle on pourra voir l'enfant dévoré et son frère côte à côte dans leur berceau, la truie assassine vêtue d'une veste, d'un haut-de-chausse, de chausses aux pattes arrière et de gants blancs aux pattes avant, et pendue par le bourreau à la potence. Enfin le vicomte lui-même, posant fièrement à cheval, plumet au chapeau et poing au côté.

*

En 1394, à Mortain, en Normandie, un autre porc fut traîné, humilié et pendu pour un crime similaire, mais pas que : il avait osé manger de la chair de sa victime un vendredi ; sacrilège !

En 1457, à Sauvigny-sur-Etang, en Bourgogne, c'est sous la torture qu'une truie avoua avoir tué et partiellement dévoré le petit Jehan Martin, cinq ans, dont elle partagea des morceaux avec ses six porcelets. Le tribunal a retenu pour sa défense un retard des versements de la caf mais la condamnation à mort a été maintenue malgré tout.

Bibliographie : Les Animaux célèbres, Michel Pastoureau, éd. Arléa

bonjour,

comme quoi le porc est un animal néfaste .....pourtant, dans le cochon, tout est bon  ( du museau à la queue, des oreilles aux pieds ) !

la prochaine fois que ma voiture me laissera sur le carreau ( je ne devrais peut être pas le dire, cela ne s'est jamais produit ) je la trainerai au tribunal et je la ferai condamner à me payer des dommages et intérêts , comme un cochon !

bonne journée...et ce midi, qu'y a t il de bon à manger, un filet mignon .........!

Faut dire aussi que jusqu'à une certaine époque on trouvait normal de laisser traîner ses cochons partout. Les rues des villes étaient envahies de porcs gyrovagues qui causaient bien des désagréments et dégâts.