enrichir d'une portée morale; et le détail pittoresque.

le Bas fond du Baroque

Les fêtes qui tournent au drame sanglant, les rixes, les rapines,les viols ou les meurtres sont monnaie courante dans la Rome baroque. Et les archives judiciaires de la capitale italienne démontrent que de nombreux artistes ont pris une part active à cette vie dissolue et violente. Les déboires de Caravage sont notoires, ceux des peintres de la Bent récurrents.

Parmi ces derniers,  les Bamboccianti trouvent là une occasion de mettre en scène la violence des hommes, dans la tradition de la peinture du Nord.Mais, loin de se limiter à une satire de la folie et de l'immortalité, ils ne se bornent pas non plus à offrir un miroir objectif des activités humaines. Ils les enrichissent d'une portée morale, plus ou moins explicite, et montrent un intérêt à la fois pour les sujets humbles et pour le détail pittoresque, pour le fait divers et pour le paysage urbain ou celui de la campagne alentour.

Bonsoir,

j'aimerais savoir ce que signifie enrichir d'une portée morale; et le détail pittoresque.

Détail pittoresque est il un détail original, je n'arrive pas à saisir le sens une portée morale dans ce texte.

Merci pour votre  aide

Bonjour,

En communication, artistique ou non, il est possible d'insérer dans une oeuvre un message, moral ou immoral. Il faut alors pré-supposer une moralité interprétée (une tradition ou une résolution).

Par exemple : Dans une oeuvre, l'artiste figure la jouissance d'un vol. C'est alors une apologie antisociale.

Celà relève parfois du détail. Ce qui donne plusieurs niveaux de lecture à une oeuvre.

Comme exercice d'application , nous pourrions nous demander : quelle pouvait être la portée morale, au début du XVIIe s., de ce très beau tableau de Valentin de Boulogne "Le Concert au bas-relief", peint entre 1622 et 1625 ? 

mdr, quel bel exemple !

Nous avons là un soldat ivre entouré par une demi douzaine de saltimbanques. Nous pourrions pré-supposer que c'est une joyeuse assemblée ; mais à y regarder les sentiments exprimés par les visages (et éventuellement la lumière du tableau), on est loin de la fête et proche de l'assassina. 2 détails au moins confirment cette attention : Le couteau dirigé non vers le pain mais vers le soldat, la sculpture qui égorge le soldat.

En moralité on peut y voir une condamnation de l'ivresse qui rend imprudent, une condamnation de la soldatesque et de la terreur qu'il provoque, une condamnation des saltimbanques sournois...

Il y a 8 heures, Genesiis a dit :

mdr, quel bel exemple !

Nous avons là un soldat ivre entouré par une demi douzaine de saltimbanques. Nous pourrions pré-supposer que c'est une joyeuse assemblée ; mais à y regarder les sentiments exprimés par les visages (et éventuellement la lumière du tableau), on est loin de la fête et proche de l'assassina. 2 détails au moins confirment cette attention : Le couteau dirigé non vers le pain mais vers le soldat, la sculpture qui égorge le soldat.

En moralité on peut y voir une condamnation de l'ivresse qui rend imprudent, une condamnation de la soldatesque et de la terreur qu'il provoque, une condamnation des saltimbanques sournois...

Merci d'avoir joué le jeu, Genesiis !

J'avais choisi en effet une peinture de "taverne mélancolique", puisque nous avions vu précédemment que les tavernes de la Rome baroque pouvaient avoir deux visages, tantôt "truculent" tantôt "mélancolique".

Le teint blafard des personnages pourrait bien nous avertir que les plaisirs sensuels mènent à la déchéance. La femme à la guitare semble interloquée, son regard étant attiré peut-être par une scène de violence, une rixe, etc. 

A y regarder de plus près, au centre du tableau certains objets semblent être porteurs de symboles contrastés. D'un côté, la présence de ce couteau suggérant la violence mais aussi, comme en opposition, cette table en pierre taillée qui n'est autre qu'un fragment de ruine antique (symbole de sagesse antique ?), et puis ce livre pouvant incarner l'enseignement (édifiant et vertueux ?).

Ah, oui ! Le niveau symbolique est fort dans cette oeuvre :

Nous avons un acteur mis en lumières : La pierre au bas relief antique. Les trois faces sont particulièrement distinctes. On peut y voir à notre guise la pierre fondatrice de l'église et sa sainte trinité, Hermes 3, Socrate... Et donc une critique de la matérialité du sacrifice perpétuel et de la vanité des meurs de ce temps...