L’invasion de crocodiles dont certains étaient géants

L’invasion de crocodiles dont certains étaient géants

Où et quand tout cela avait-il commencé ? Je ne me souviens plus exactement. Chez Madame Deloux, très vraisemblablement... J’avais aperçu un crocodile vers le portail de son entrée. Il se tenait debout, comme un homme, il était grand, aussi comme un homme et même un peu plus grand peut-être, mais avec une tête de crocodile. Bref, c’était monstrueux. Monstrueux mais pas trop. Il y avait dans cet animal quelque chose d’habituel pourrait-on dire. Mais aussitôt, il avait disparu ! Je savais qu’il était entré dans la cour pourtant. À tous les coups il avait fait le tour pour passer par derrière. Je m’attendais à tout moment à entendre des hurlements : il allait entrer par l’autre côté et faire un vrai massacre !

Ses dents acérées de crocodile manœuvrées par sa forte mâchoire allaient s’en donner à cœur joie de déchiqueter des chairs tendres et blanches vite ensanglantées…

Le seul moyen de lui échapper, c’était de se tenir à environ cinq mètre de hauteur, autrement dit de voler. (Le crocodile est peu et mal sauteur en général). Mais voler cela est épuisant ! Car il faut en premier, quitter le sol et s’élever, ce qui est déjà difficile... Enfin, on y arrive !... Mais par la suite, et malheureusement, on a toujours tendance à redescendre... Il faut donc battre des bras pour remonter. Battre, battre et rebattre des bras sans cesse, pour se maintenir à une certaine hauteur. Hors de portée du moindre crocodile. Et comme si cela n’était pas suffisant, il y a souvent des branches d’arbres qui vous gênent, (quand ce ne sont pas les fils électriques) ; des branches qui vous empêchent de monter un peu plus haut ce qui vous permettrait de souffler un moment (pendant la redescente inévitable certes, mais souvent assez lente).

Et justement, devant chez les Deloux, il y avait des arbres ! Si bien que maintenant, je me retrouvais coincé vers le haut, dans les branches ! Sans savoir si les crocodiles (j’en avais vu un mais il pouvait y en avoir d’autres, il y en avait même certainement d’autres, et des tas d’autres) n’étaient pas capables bien que peu sautilleux de grimper dans les arbres. Si bien qu’alors même que je me retrouvais coincé dans les branches de l’arbre, il n’était pas impossible qu’un crocodile ne se trouvât en cet instant très précis tapis sur une branche en surplomb, prêt à fondre sur moi.

Pour l’heure, toujours aucun hurlement ne provenait de la maison des Deloux. Tout semblait calme. Les attaques du crocodile étaient peut-être si fulgurantes que les gens n’avaient même pas le temps de crier !...

Je remontais vers la ville. Laquelle ville était spéciale en ce sens qu’elle n’était faite que de maisons accolées, que de pièces d’habitation communiquant entre elles les unes avec autres et pas la moindre rue ! Comme un seul bloc construit d’un seul paquet ! Comme une termitière ! Ici, c’étaient donc les plafonds, des plafonds partout, partout, étant tous mitoyens, qui m’empêchaient de m’élever à une hauteur suffisante pour ne plus me trouver à portée des crocs crocodiliens. (Si vous avez bien prononcé du premier coup, vous gagnez un point !)

Ici, tous les gens de la ville, étaient déjà au courant. Au courant de l’invasion des crocodiles. Tout le monde savait que les crocodiles arrivaient et qu’il fallait fuir devant eux au plus vite. Or la situation venait de s’aggraver : j’avais aperçu, tantôt, qui arrivaient à l’entrée de la ville (ou au moins du plus loin qu’on pouvait imaginer que cette ville étrange commençait), non plus des crocodiles normaux, mais des crocodiles géants ! Un peu plus grands qu’un homme, et toujours avec leur grosse tête de crocodile et leur très grande bouche.

(Je dois ici prévenir le lecteur, que pour autant que les crocodiles ont une très grande bouche, ils ne sont point rieurs !)

Je passais alors de pièce en pièce, comme au collège : il y avait parfois des treilles feuillues, quand on passait d’une maison à l’autre, qui empêchait toujours de prendre de la hauteur et de s’échapper plus sûrement.

Je tombais là sur une gamine seule dont personne ne s’occupait : je ne pouvais pas la laisser là à portée des crocs de crocodiles géants venant du sud-ouest... Je la pris donc avec moi sous mon aile (mon bras).

J’entrais dans un grand hall ou peut-être un gymnase. Ce qui allait me permettre de m’élever enfin un peu plus. Malgré le poids de la gamine, je montais assez facilement jusque sous la verrière : j’avais bien fait de la prendre finalement !

Mais entre temps, un doute s’était emparé de la population. Un doute que pouvait confirmer (pour moi) l’air bizarre d’un personnage que je venais de croiser en entrant au gymnase :

les crocodiles pouvaient très bien avoir pris l’apparence de gens normaux (quoi qu’un peu bizarre) !

Si tel était le cas, il ne serait plus du tout possible de les reconnaître ! Est-ce que des gens normaux, avec une tête normale et une mâchoire normale pas de crocodile peuvent déchiqueter les gens avec leurs dents normales pas de crocodiles ? La situation était de plus en plus complexe et préoccupante...

On ne savait plus du tout comment tout ça pouvait finir.

D’ailleurs, ça ne finit pas...

Épilogue.

Quand je ne serai plus de ce monde (autrement dit plus d’aucun monde du tout) si quelqu’un lit ces lignes, les lit plusieurs fois (malgré le peu d’intérêt qu’elles peuvent avoir), les lit plusieurs fois donc, jusqu’à ce qu’elles lui semble comme... intérieures, comme émanant de lui, qu’il se les approprie, donc, il est certain que l’espace d’un moment, je revivrai par lui.

EN lui.

D’avance, je l’en remercie ! L’expérience serait encore plus intéressante si ce quelqu’un était une quelqu’une et qu’elle la lût, lût ?...

Ou Lisât ?

Les Lulu, les Lisa, toutes feront l’affaire !

On a beau être mort on n’en est pas moins homme !

il y a 31 minutes, Blaquière a dit :

L’invasion de crocodiles dont certains étaient géants