Le sentiment de l'absurde peut-il nous rendre heureux ?

Le 10/03/2017 à 02:58, tison2feu a dit :

@ Dompteur. Dans ton bel article sur la "permanence de l'absurde", tu fais à plusieurs reprises allusion à "l'indifférence du monde". Cette qualification me pose problème, parce que le monde, ce tout global, est décrit/qualifié par ce qu'il n'est pas, et nous pourrions allonger la liste : indifférent, irrationnel, inintelligible, insensé, immense, infini, intemporel, etc. En un mot : inhumain. Or, chaque matin, je suis davantage enclin à m'interroger, voire à m'émerveiller, sur ce qui est, plutôt que sur ce qui n'est pas. Il se trouve que dans l'excipit de L'Etranger, nous avons noté au même moment, par une coïncidence amusante, que la poésie y est très présente, ce qui signifie que le monde indifférent de Meursault est également appréhendé en terme positif, c'est-à-dire par ce qu'il est : un monde poétique. Même à mes yeux : beau, sublime, etc., mais qui mériterait d'être expérimenté/dévoilé non pas en recourant à l'intelligibilité humaine - celle de l'homme étant borné - mais par d'autres capacités cognitives. Cela supposerait d'avoir soi-même quelque grain de poésie et suffisamment de sens esthétique pour parvenir à entrer en harmonie avec la poésie et le sublime du tout global.

Finalement, j'ai décidé de consacrer un article entier à répondre à l'intervention de Tison.

Le 28/03/2017 à 22:46, Circeenne a dit :

Et si l'absurde était une forme de narcissisme ? Puisqu'il s'agit d'aller contre le sens commun, de passer outre la coutume et les habitudes établies pour affirmer un MOI. Je pense que parfois, et même souvent, on souhaite exister en se cherchant une différence qui attirera l'attention de tous. C'est la maladie de notre siècle. Et c'est ce que j'imagine être à l'origine de l'art contemporain qui me semble, pour certaines performances et pas toutes, très inintéressantes non parce qu'elles sont absurdes mais parce qu’elles trahissent l'envie de vouloir être singulier en n'allant à contresens, en s'en revendiquant. Ce sentiment peut alors nous rendre heureux puisqu'il nous fait être. Enfin je pense.

Le génie et l'originalité sont aussi "aller contre le sens commun, de passer outre la coutume et les habitudes établies pour affirmer" le MOI du génie ou de l'originalité. Est-ce qu'ils sont synonymes de narcissique pour autant ? Je ne crois pas.
Je pense, que vous possédez une mauvaise définissions du narcissisme.

La différence que nous cherchons est naturelle, nous sommes tous différents.
Mais si nous voulons l'intensifier, c'est pour nous éviter toute aliénation du "tous pareil".
La diversité est une stimulation ! Mais on se rend vite compte que l'humain est un animal comme un autre, même s'il est différent, il a des réactions similaires. Et cela à de quoi décontenancé notre ego. L'ego n'est synonyme de narcissisme, c'est l'expression de notre "différence existentielle".

Ce n'est pas une maladie que d'apprendre à être naturel, à être différent, et de respecter la différence des autres.

Mais vous soulevez un point important ! Cette recherche de l'originalité (qu'elle soit bonne ou mauvaise, justifier ou non) est stimuler par le développement de l'absurde ! Si, à l'origine l'absurdité est synonyme de mort #Sélection-naturelle, aujourd'hui, il est difficile de ne pas faire sans, puisqu'elle caractérise une majorité de la population, à travers le relationnel (irrespect, intolérance, provocation), l'art (...), la réflexion (biais, sophisme, ignorance, illogisme), etc.

Quant aux bonheurs, il faut se l'imaginer comme un thermomètre, en lien à un deuxième thermomètre, celui du malheur. Car, croire que le bonheur est lier à l'absurde, c'est diminuer GRANDEMENT l'espèce de vie de notre espèce
Si certains sont heureux, grâce aux religions, ou au croyance, ou au mystique,  à l'absurde, tant mieux pour eux. Mais n'en faisons pas une généralité, il y a des millions de façon différente d'être heureux, avec ou sans, absurdité