A vous de créér notre histoire (le retour ^^)

Ce furent les fouisseurs qui, les premiers, prirent le chemin de la sortie.Toundra les suivit en éclaireuse. Elle revint nous chercher, consternée.

Lorsque nous sortîmes, après un moment d'adaptation visuelle à la lueur du jour -car cela faisait plusieurs jours que nous étions dans la pénombre et l'éclairage artificiel de la grotte-,nous fûmes saisis d'hébétude devant le saccage que nous découvrions,puis  la colère prit le dessus. Comment pouvait-on faire subir ce triste sort à une planète qui était la VIE même? Nous maudissions tous Dakairost et son engin de mort en levant les poings vers le ciel et en gémissant.

Tout était calciné, tondu à ras. Quel que soit le côté où nous nous tournions ce n'était que désolation. La plaine étendait son ravage, à l'infini. Là, où autrefois un monde verdoyant en trois dimensions s'étalait,ne s'étendait plus qu'un monde de cendres en deux dimensions car tout ce qui était en hauteur avait disparu.

         Sur les joues de Toundra, l'amatrice de plantes,la contemplatrice passionnée de  vie, l'herboriste, l'amoureuse des végétaux, roulèrent des larmes de pur chagrin. Elle comptait les pertes. Les milliards de petites vies de chaque grain, de chaque brin d'herbe, de chaque buisson,de chaque fleur, de chaque insecte, de chaque bactérie, de chaque arbuste, de chaque arbre avaient disparu et ne restait que  cette croûte grisâtre.

Sans trop d'espoir, je sortis le spatiovan de son abri souterrain. Je me dirigeais, à l'instinct en direction de  ce qui était palais bulle parce qu'à vrai dire je n'avais plus aucun repère visuel dans ce monde totalement inconnu que je découvrais...Je roulai longtemps  je bifurquai plusieurs fois.Je crus reconnaître le promontoire de mes amours.

Je m'y arrêtai et je dus me rendre à l'évidence,palais bulle avait disparu et tout était rasé, il n'en restait rien. Et, en regardant aux alentours, je me rendis compte avec horreur que j'avais strictement tout perdu.Et je  réalisai  que mon environnement , la variété de ses espèces animales comme végétales ,était un trésor irremplaçable bien plus précieux encore que l'or,l'argent ou les objets .Quant à nous, nous  n'avions dû notre salut qu'au fait d'avoir été enfouis deux cents mètres sous le sol de Paradisia....Quelle Paradisia, d'ailleurs? Cette planète ne méritait même plus son nom!

Je rentrai vite me mettre à l'abri dans mon rover:le ciel s'assombrissait ;je démarrai et reparti à la grotte.Il se mità pleuvoir... La  pluie  était lourde et drue. 

Cette pluie nous garda enfermés un jour entier. Nephtys nous raconta ce qui s'était passé dans sa vie depuis notre séparation,de  la maladie de sa mère,de la naissance des jumeaux.Elle nous parla de rumeurs qui avaient circulé sur les planètes alentour concernant le retour de Dakairost,les évacuations,les exodes.Elle nous parla de ses difficultés et de ses angoisses du désir  qu'elle avait de me retrouver qu'elle ne pouvait concrétiser à cause des incertitudes concernant la tournure qu'allaient prendre les événements.En désespoir de cause deux  années avaient passé et Toundra, qui sentait ses forces décliner avait pensé qu'il était temps que ce soit leur père qui prenne soin des enfants;elle avait prétexté l'achat de terres sur Paradisia pour venir tâter le terrain.

Nephtys me dit que les rumeurs concernant  l'attaque de Paradisia s'étaient confirmées elle avait tenté de rattraper sa mère et elle avait pris la mort dans l'âme le vaisseau le plus rapide pour la prévenir de revenir avec ses rejetons  avant qu'il ne soit trop tard ;Nous étions déjà partis à la recherche de Toundra et des enfants depuis trois heures lorsqu'elle parut affolée au milieu du domaine où régnait une agitation et un chaos effroyables.

Du  personnel qui courait en tous sens, aux spatiobus bondés qui évacuaient les ouvriers agricoles du désordre effroyable qui régnait dans la plantation,rien ne lui donnait espoir de retrouver sa mère et ses propres enfants qu'elle avait eu la sottise de laisser partir.

Kallista parut, qui chargeait son propre spatiovan de victuailles en conserve, de matériel pour son bébé, de jerricans d'essence, de vêtements et de couvertures chaudes.Elle lui apprit qu'Irleen et Zoltan étaient partis à la recherche de sa famille.elle lui conseilla de faire comme les ouvriers et de retourner à Edenia pour prendre un vaisseau qui l'amènerait en orbite.Puis comme elle savait que les deux hommes reviendraient à la grotte du colosse elle proposa de l'emmener avec elle et de leur faire confiance en ce qui concernait les recherches.De toutes façons, l'adresse de la  plantation où était descendue Toundra ,que lui donna Nephtys,concordait avec l'une de celle où les deux hommes allaient .Etant donné la situation et l'imminence de l'attaque,il n'y avait que cela à faire, pensa logiquement Nephtys, s'enterrer,disparaître, attendre, et espérer....

Paradisia...Pourquoi doutais -je encore de la capacité de régénération de ce monde qui m'avait  donné tant de richesses?

Lorsque nous sortîmes à la faveur d'une éclaircie,il avait déjà changé de visage!L'étendue grisâtre et désolée avait reverdi!

Dans les racines enfouies au plus profond de son son sol commençaient à circuler la sève.A partir de graines oubliées naissaient à grande vitesse des cellules végétales qui s'étageaient autour de fibres  et qui commençaient à faire uniformément reverdir la planète toute entière!

Ainsi,l'herbe se remit à pousser à vue d'oeil.On eût dit ces vieux films d'archives terrestres où des scientifiques avaient filmé pendant des jours un végétal et où on voyait son  développement, sa pousse, sa floraison en accélérant la cadence de passage des images  devant l'objectif car sur terre les plantes prenaient bien plus de temps pour se développer.Sur ma planète d'élection, pas besoin d'accélérer les images, le miracle se produisait dans la réalité!

Mes jumeaux étaient aux anges car à chaque fois qu'il arrachaient une feuille elle repoussait aussitôt et comme ils n'avaient jamais vu cela auparavant l'expérience les faisait rire aux éclats,c'était merveille d'entendre leurs éclats de rire résonner au milieu des prairies somptueuses qui étaient parcourues de grandes  vagues bruissant sous les ondes du vent. 

Sur cette planète miraculeuse,les bourgeons recommençaient à éclater en des milliers  de feuilles.Nous eûmes même droit à une floraison somptueuse.Paradisia nous offrit un autre printemps.En un mois,la végétation mesurait déjà un mètre cinquante. Nous eûmes droit, quinze jours plus tard,  à une petite fructification.Nous commençâmes par consommer le fruits qui se trouvaient autour de notre maison troglodyte puis nous élargîmes le rayon de nos cueillettes.Comme la population avait significativement baissé sur la planète,nous n'eûmes pas le sentiment de violer le droit à la propriété privée car les propriétaires n'étaient pas revenus sur leurs terres nous parviînmes facilement à retrouver de la nourriture fraîche.

Avec Nephtys, laissant la garde des enfants à leur grand mère, nous nous rendîmes à notre promontoire,avec les graines, les noyaux, le pépins et les akènes  collectés dans ces nouveaux fruits afin d'aller en ensemencer mon domaine.

Nous étions là main dans la main,picorant sur le lèvres de l'autre des baisers,seuls au monde, (enfin!),éperdus d'amour ,de vent,d'espace et de liberté, courant, nos reposant, travaillant (peu),jamais assouvis l'un de l'autre, faisant l'amour, vivant l'amour comme au matin du monde.

Car notre amour comme  Paradisia était capable , tel un phénix de renaître de ses cendres.

L'énergie déployée par la régénération de Paradisia,fut remarquée par notre ennemi.Il envoya des drones caméras.Nous les appelions les renifleurs.ils mesuraient et évaluaient l'état de la planète dont Dakairost convoitait l'énergie.

Dès que nous en croisions un nous essayions de le déteriorer et de le mettre hors d'usage à coups de pierres.Ce qui est convenons-en un moyen d 'attaque très rudimentaire.Notre stock d'armes était réduit à son strict minimum,il restait des bâtons d'explosifs dans un placard à outils de la grotte, qui nous avaient permis d'agrandir l'entrée de quelques galeries, quelques épées, trois fusils désintégrants. Nous étions des proies faciles mais il faut rappeler que sur Paradisia, il n'y avait que des animaux végétariens hormis les plantes carnivores qui faisaient office de charognards.Et que pour l'instant, il n'y avait guère d'ennemis à l'horizon.

L"arrivée de ces renifleurs nous rendaient soucieux. Dakairost mijotait un mauvais coup!

Nous décidâmes de n'utiliser les spatiovans que de manière épisodique et nous les garions toujours ou des abris rocheux afin de pouvoir en disposer si un ravageur attaquait. Ainsi,lorsque nous travaillions sur ma plantation le garions nous  sous le promontoire.

Six mois avaient passé et le fils de Kallista et Zoltan commençait à essayer de se relever sur ses deux pieds.Mes enfants étaient plein d'énergie il fallait les surveiller comme du lait sur le feu car ils couraient dans tous les sens et étaient encore inconscients du danger.Il nous épuisaient!

Un jour nous eûmes la surprise de voir un vaisseau atterrir non loin de notre grotte, dans une clairière.

C'étaient des soldats du roi de Norheim qui venaient en éclaireurs sur la planète pour évaluer les dégâts et porter secours. Mais les pertes  ne consistaient  qu'en la disparition  de ce que les humains avaient laissé en fuyant. La forêt avait repris ses droits. Entièrement.Totalement.

Ils avaient exploré les principaux foyers de peuplements humains sur Paradisia et nous apprîmes que les seuls paradisiens qui n'avaient  pu fuir par les airs et qui étaient restés sur la planète  n'avaient  survécu que parce que ,comme nous, ils s'étaient très profondément enterrés pendant le passage du ravageur.

Nous reçûmes des dons, fruits de collectes, actes de générosité des autres habitants des autres planètes pour les sinistrés:nourriture,vêtements, autres armes, trois robots agricoles, un prompteur intergalactique qui nous permit de communiquer avec les planètes extérieures et d'en recevoir des nouvelles.Les soldats visitèrent la grotte de Zoltan et ils échangèrent avec lui quelques menus objets pour payer le guide! Puis nous  allâmes tous  boire un coup de Broisy blue, je  réalisai que cela faisait neuf mois que je n'en  avais pas bu!

Dans leurs réserves alimentaires les soldats avaient ramené des plats cuisinés.Et nous nous rendîmes compte du travail de toute une civilisation qu'il fallait mettre en oeuvre pour arriver à fabriquer de tels plats.

Que d'apports, de coopération, de labeur ,d'ingéniosité, pour cultiver,transporter,collecter, assembler les ingrédients pour donner naissance à ces mets raffinés.

Nos femmes ne tarissaient pas de questions.Nous fûmes pendant le mois que dura leur séjour,  totalement délaissés Zoltan et moi, leur attention et leur curiosité se porta sur les nouveaux venus.

Les soldats éradiquèrent un à un les drones espions. Ils étaient plutôt pessimistes sur l'avenir car ils disaient que malgré toutes leurs attaques, le vaisseau mère rôdait dans ce coin de la galaxie et que Dakairost ne se repliait pas. Le ravageur était encore empli de l'énergie collectée sur Paradisia.

Vraisemblablement, d'après eux Dakairost avait flairé une bonne affaire : il était en train d'observer la renaissance  de Paradisia et comptait lancer une nouvelle attaque.Sa cupidité et son avidité étaient insatiables et féroces.

Au bout d'un mois, le vaisseau repartit les soutes entièrement remplies de nos récoltes de fruits et de légumes frais et nous , nous revînmes non sans quelque regrets  notre alimentation naturelle et frugale!

Ceci dit, nous ne fûmes pas mécontents de voir ces hommes s'éloigner de nos femmes.

Nephtys et moi étions partis travailler  sur nos terres à vingt mètres du promontoire.Au bout d'un moment nous étions  séparés d'une centaine de mètres.Lorsque le ravageur réapparut.Nephtys ne le voyait pas car elle avait le dos tourné et je voyais la menace se rapprocher d'elle;mon sang ne fit qu'un tour.Si je parvenais assez vite à elle je pourrais peut -être pousser ma femme hors  de la trajectoire pour peu qu'elle comprenne que son existence était menacée qu'il fallait courir latéralement.J'étais glacé d'horreur.

Je pris mes jambes à mon cou et courus aussi vite que je le pouvais dans sa direction.Sous la poussée d'adrénaline qui envahit soudain mon sang, j'avais des ailes, j'étais léger et performant, me forces étaient décuplées.Je gesticulais en hurlant :"Cours, chérie, cours en faisant de grands signes vers la droite."

Nephtys comprit enfin et se décomposa quand elle se retourna elle vit ce qui la menaçait. Elle ne tarda pas à détaler dans ma direction en passant à droite de la trajectoire de l'engin de mort.Nous descendîmes du promontoire et regagnâmes le spatiovan. Sur notre propriété,la pompe à énergie s'acharnait poursuivait son inexorable massacre.Comme elle s'éloignait en direction de l'ouest, je fis démarrer mon rover et pied au plancher je fis le trajet qui me séparait de la grotte du Colosse.Tout le monde était sain et sauf.Les fouisseurs avaient donné l'alarme et s'étaient précipités dans la grotte le premiers, à l'approche du danger. Kallista et Toundra avaient compris que quelque chose d'inhabituel était en train de se produire;elles s'étaient emparées des enfants et les avaient prestement mis à l'abri...

Le ravageur passa au dessus de nos têtes, nous entendîmes les jeunes  arbres fauchés s'abattre de nouveau, la planète souffrir et soupirer, trembler sous la force d'énergie destructrice. Deux jours après, la planète toute entière était dans le même état que lors du premier passage du convertisseur d'énergie.Je craignis que cette fois ci , elle soit fichue à tout jamais.

Je m'en voulus de ne pas avoir pris la décision de faire évacuer ma famille avec les soldats.En quelque sorte je m'étais senti invincible dans ma grotte et dans mon abri et je pensais pouvoir rebâtir palais bulle;mais là,Dakairost avait détruit deux fois mon oeuvre et les fruits de mon travail et je sentis une colère fulminante m'envahir et je me fis une promesse solennelle:

-je ne sais comment je le ferai , mais je me vengerai pensai-je en mon for intérieur!Oui, je me vengerai!murmurai-je en serrant les dents et les mâchoires .Fermement,je fermai les deux poings devant moi prêt à lutter puis  je levai un poing droit rageur vers le ciel.

Durant l'année la planète reverdit encore une fois,les soldats revinrent nous apporter des secours et de l'aide.Nous eûmes une récolte qu'ils emportèrent et que nous négociâmes  elle était bien minime à côté des rendements d'autrefois. Grâce au prompteur intergalactique, nous eûmes des nouvelles du ravageur qui était stationné sur la face cachée d'une des cinq lunes.

Un groupe d'aventuriers menés par le vieux général en retraite avait tenté le tout pour le tout pour le localiser et essayer de le détruire ou de le capturer mais il se déplaçait tellement vite ou envoyait de tels rayons d'énergie que les vaisseaux croiseurs étaient soit distancés rapidement soit désintégrés les uns après les autres.Ce fut une véritable hécatombe!Le moral fut au plus bas.

Cette année là,d'autres drones renifleurs vinrent espionner.Nous les attaquions au fusil désintégrateur et en avions atteint quelques uns.Mais cette fois-ci,ils détectaient notre présence et Zoltan fut blessé par l'un d'eux aux abords de la grotte;Il saignait  abondamment de l'épaule gauche.Après avoir descendu l'appareil maléfique,j'entrepris de  ramener mon ami,pantelant,affaibli, chez nous lorsque les soleils commencèrent à s'assombrir doucement pourtant aucun nuage n'était à l'horizon.C'était comme un crépuscule de soirobe.Sur Paradisia la nature se tut, dans l'expectative.Les cinq lunes entraient en conjonction devant Solaria juste avant le soirobe et zut,moi j'étais dehors  alors que la température allait baisser très brutalement avec un blessé à ramener en urgence. C'est ce moment là que Dakairost choisit pour envoyer son ravageur attaquer la planète pour la troisième fois en dix huit mois!

J'ai réussi tant bien que mal, (plutôt mal que bien en ce qui me concerne)à mettre Zoltan en sécurité .Pour ma part ,il m'a semblé frôler la mort de près lorsque j'ai vu le ravageur fondre sur moi.Mais il faut croire que je n'étais pas encore dans son rayon d'action car la moitié de mes cheveux a été roussie ou grillée,j'ai subi des brûlures du premier et du second degré à quelques endroitsde mon corps et mes vêtements étaient brunis comme s'ils avaient été passés à la flamme.

Mû par un instinct de survie décuplé par le danger, je me dirigeais vers mon but implacablement, inexorablement.Nous étions A cinq mètres de l'entrée de la grotte lorsqu'un froid absolu nous saisit.Soudain, nous  commençâmes à claquer des dents, à nous couvrir de givre, nos haleines furent vaporisées et visibles,Une fine couche de glace enserrait nos semelles;les larmes se mirent à cristalliser dans nos yeux et nos vêtements se raidirent sous le blizzard. Nous pûmes, tout de même, grelottants et transis,entrer dans la grotte.Et ,avant de fermer le portail de bois.Nous vîmes l'incroyable.Toutes les feuilles des arbres étaient tombées, roussies par le gel..En cinq minutes,nous avions eu droit à un automne express.Mais ce qui était plus intéressant c'est que le ravageur, paralysé par le froid couché dans la clairière où avaient atterri quelques semaines plus tôt les soldats, était hors d'usage et avait cessé son oeuvre de destruction.

Zoltan n'eut pas le temps d'assister à ce plaisant spectacle.Soudain,je le sentis s'appesantir contre mon épaule et à mon bras.Il venait de défaillir et  nous faisait un malaise.

Kallista et Toundra accoururent à la rescousse  et nous le transportâmes dans la salle principale où la température était fraîche mais convenable.Toundra fit compression sur la déchirure pour stopper l'hémorragie puis après avoir examiné la plaie et l'avoir désinfectée elle jugea bon de recoudre la peau  déchirée et elle réalisa à vif  quatorze points de suture afin de la refermer .Puis elle la pansa.Et recouvrir le corps de Zoltan d'une couverture et l'installa du mieux qu'elle put.Il sortit de sa torpeur et reprit peu à peu des couleurs.

Pendant que chacun s'occupait de Zoltan, je filai à l'anglaise.Pour ma part, j'allais tenter une action d'éclat et il était hors de question que les femmes me dissuadent de m'exposer au danger...J'étais résolu de nous débarrasser de cet engin le plus rapidement possible alors qu'il semblait être défectueux.Mais préalablement,je promptai un message aux vaisseaux  croiseurs  et plus précisément aux soldats qui nous avaient si aimablement secourus. Je leur écrivis: SOS Ravageur de Dakairost en panne stationné devant la grotte du Colosse sur Paradisia , attention au froid car éclipse  de Solaria sur la planète...C'était une bouteille à la mer.Mais qui sait, peut-être pourrait -on me prêter main forte?

 Je  revêtis  dix couches de vêtements.Je bandai ma tête de  longues rectangles de chiffon;Je bandai également  mes mains et enfilai  des gants de jardinage.je pris les bottes d'égoutier et mis une épaisse semelle de coton à l'intérieur et enfilai plusieurs paires de chaussettes;j'avais l'air à la  fin de cette opération  d'une momie obèse.Puis je m'emparai des bâtons de dynamite. Et sortis en rasant les parois du fond de la grotte.Personne ne s'était aperçu de mon départ.Du moins le crus-je.

Mes poumons furent saisis d'un froid intense  et je suffoquai en respirant l'air glacial.

Le ravageur avait creusé une tranchée de cendres,  d'ouest en est ,puis détérioré par le froid, il s'était abattu, dans la clairière: je vis sa maudite masse noire qui gisait là , à trois cents mètres de la grotte.Je  me mis en marche, résolu à l'abattre.je sus plus tard qu'il avait joué à cache-cache contre les forces armées pendant plusieurs mois ,et déplaçant furtivement et alternativement sur les faces cachées des cinq lunes, le trouver était mission impossible.

Maintenant que je le tenais, je n'allais pas le laisser repartir comme si de rien n'était.Cette saleté m'avait causé suffisamment de tort:il avait ravagé (outre deux  planètes) ma plantation par trois fois, détruit mon habitation, blessé mon ami, tué nos alliés dans les vaisseaux croiseurs, avait empêché Nephtys de me rejoindre quand sa mère fut en convalescence; de plus,il venait s'abattre à trois cents mètres de ma famille. Je lui devais donc un chien de ma chienne. Je franchis en courant la distance  qui me séparait de lui, ce qui me permit de me réchauffer quelque peu et l'observai de loin je repérai le poste de commande téléguidé. Y calai les trois bâtons de dynamite et les fis sauter.Puis je repartis en sens inverse en suivant les traces de mes pas dans le givre.Ce fut à ce moment là qu'un brouillard épais tomba que l'entrée de la grotte disparut dan la masse cotonneuse et que, ne voyant pas à un mètre j'eus la sensation étrange d'être perdu au milieu de nulle part dans le blizzard à cent cinquante mètres de chez moi.Décontenancé, j'errai dans la masse blanchâtre.

J'errai à tâtons,les bras en avant. Il me sembla que j'aurais dû déjà arriver.Le froid m' envahissait avec plus de mordant, je sentis mes lèvres se craqueler,malgré mes épaisses couches de vêtements, du givre se mit à couvrir les paupières et le haut de mon visage. Je sentis que ne tiendrais pas longtemps si je devais rester encore dehors jusqu'au retour de Solaria.

Dans le lointain, j'entendis claquer un tambourinement sur ma gauche .N'ayant que

ce point de repère auditif, je bifurquai donc sur la gauche en me dirigeant à l'oreille et au jugé.Parfois s'éloignant, parfois se rapprochant du but,me pas finirent par me conduire là où le bruit devenait intense.Et ce ne fut que le nez à trois mètres de sur l'entrée de la grotte que je vis surgir du brouillard,ma femme et mes enfants en train de taper sur le portail de la grotte, en se relayant...

-Papa!crièrent Crystal et Solar en se jetant dans me bras.

Ah, leur joie lorsqu'ils me revirent;Je les cueillis les fis tourner et dis:

-Victoire mes enfants, ce vilain ravageur ne nous embêtera plus!Papa l'a fait exploser.

Et je rentrai vite me mettre  au chaud.on me servit un peu de gréosia chaud et je me réchauffai doucement.

Zoltan avait repris des couleurs.Il me questionna:

-Alors on va pouvoir remonter à l'habitation troglodyte?

- Oui, certainement.

-Qu'est ce que tu as fait?D 'ici on a entendu une explosion!

-J'ai fait exploser le poste de commande du ravageur.

-Il n'est donc pas entièrement détruit? Dit Kallista.

-Non mais il marche beaucoup moins bien! dis-je en ricanant.

Kallista, Toundra et Nephtys se regardèrent avec inquiétude.

Toundra prit la parole la première:

-Cela ne me plaît pas que cet engin de mort soit dans les parages, près de notre abri; L'énergie qu'il contient va certainement être encore source de convoitises.

-Et malheureusement, nous ne pouvons pas sortir d'ici avant la fin de l'éclipse et c'est le seul abri sûr à des centaines de kilomètres à la ronde...Finit Nephtys.

-Je pense qu'il faudrait se replier avec armes et bagages dans l'habitation troglodyte du haut avec les petits et surveiller l'entrée de la grotte! Repris-je. Pour ma part,j'ai averti les vaisseaux croiseurs de la mise hors d'usage du ravageur avant d'endommager les commandes de l'engin...

Nous nous mîmes immédiatement au travail et réintégrâmes l'habitation.

Nous eûmes à  faire un deuxième trajet et nous descendîmes à la grotte tous ensemble , moi légèrement en arrière pour aller rechercher le restant de nos affaires.Nous nous en chargions en bavardant:

-J'espère seulement que les nôtres  seront les premiers à le récupérer cette horreur, et le plus tôt sera le mieux dit sombrement Kallista.

-Il est sur notre terre ,tout peut se négocier! reprit Zoltan.

et soudain:

-J'espère simplement qu'on te laissera négocier quelque chose, à commencer par le prix de ta vie, et decelle de tes compagnons car en ce moment crois-moi, elles ne valent pas bien cher nous  surprit une voix profonde et forte amplifiée par les échos de la caverne.Que personne ne bouge!

Nous sursautâmes!Les enfants hurlèrent et allèrent se réfugier dans les bras des femmes.

Une silhouette noire et massive accompagnée de cinq autres moins imposantes se discernèrent dans la pénombre.Elles étaient armées et casquées. à ce moment là, je le vis Lui: le Réprouvé, l'Exilé,le Bandit, le Pirate des planètes,l'Affreux, l'Horrible, le Sanguinaire, l'Abominable....Dakairost , oui, Dakairost en personne, était là !Le loup était dan la bergerie!

-Jolie petit famille, tonna t-il en s'approchant.Et il eut un grand rire sauvage et sardonique.

J'étais de côté, invisible à ses yeux; je m'éclipsai derrière l'une de jambes piliers du colosse de pierre.

-Emmenez-les, dit-il à trois ses soldats.

A l'aide de leurs désintégrateurs les soldats poussèrent mes amis en direction de l'escalier taillé à même la roche. Quant à moi, je me fis aussi invisible que je le pus et retins ma respiration. Dakairost et le reste de la troupe sortirent; je les suivis peu après en me dissimulant du mieux que je pouvais, tirant partie de chaque anfractuosité de la grotte et me fondant dans la paroi pour rester le plus discret possible. Je les espionnai de loin et les vis  s'affairer autour de malles qu'ils avaient déchargées de leur vaisseau. Ils les transportèrent tant bien que mal auprès du ravageur endommagé.Ces diables d'hommes avaient ramené des pièces de rechange!

Je les vis bricoler et à mon avis, étant donné la quantité d'explosif qui avait éclaté dans le poste de commande, ils en auraient pour un certain temps avant de réparer l'engin de malheur: de ce côté-là, j'étais tranquille car de plus,le froid gênait aussi leurs manoeuvres..

Les hommes avaient attaché les femmes et Zoltan et s'étaient contentés d'entraver les enfants avec une corde aux pieds du lit. Je disposais pour ma part des tiges d'acier qui avaient permis de consolider les galeries.

Je réfléchis. Il fallait attendre le moment propice pour attaquer en les séparant de préférence car seul contre trois, je ne pourrai rien faire car ils étaient trop nombreux. Mais je finis par élaborer un plan.

Chacun des trois hommes finirait bien par avoir une envie pressante c'était physiologique.

Je me dirigeai donc vers les toilettes. Je les y cueillis l'un après l'autre. Je leur assénai un franc coup de barre d'acier sur la nuque et ils perdirent connaissance à tour de rôle, je les désarmai les enfermai dans les toilettes en les baîllonnant avec des bandelettes prélevées sur mon accoutrement.Puis je les enfermai après leur avoir lié mains et chevilles avec d'autres bandelettes de tissu, dans les WC!Puis j'allai délivrer mes compagnons d'infortune.

Nous envoyâmes Toundra et les enfants se mettre à l'abri dans la galerie la plus étroite et la plus reculée de la grotte. Kallista récupéra l'un de nos désintégrateurs et je donnai les armes de mes prisonniers à ma femme et à Zoltan. A la hâte, le coeur rongé d'angoisse,ils  se couvrirent chaudement tandis que je montai la garde.Dakairost avait eu tort de s'attaquer à nous et n'avait plus qu'à compter ses abattis car désormais, nous étions bien déterminés à défendre notre nid et rien ni personne ne nous arrêterait, quel qu'en soit le prix.les deux mères attaquées dans leur tanière avec leurs petit n'étaient pales moins féroces.Il fallait les voir nos deux furies, nos deux guerrières fulminant de colère et d'indignation!Oui, Dakairost avait sacrément à se faire du souci!

Nous discutâmes d'un plan d'action.

Il semblait logique, à nous les hommes, d'attaquer pendant que nos femmes défendraient l'accès de la grotte et nous couvriraient car il nous semblait urgent  de supprimer Dakairost.

Mais Nephtys et Kallista étaient plutôt d'avis de laisser le deuxième groupe de nos ennemis revenir vers la grotte où ils reviendraient nécessairement récupérer  les membres du premier groupe de garde et de tendre une embuscade, car il était hors de question de mettre nos vies en danger.

Nous défendions âprement notre point de vue,lorsque le sol se mit à trembler.

Ces diables de pillards d'énergie avaient réussi à réparer le commandes du ravageur.L'un d'eux était installé dans la cabine de pilotage et effectuait des essais d'usage.

Lorsqu'il eut jugé que le moteur répondait favorablement à ses sollicitations il effectua un vol  au dessus de mon domaine non sans tester sur les arbres dégarnis si le convertisseur d'énergie fonctionnait encore.

Devant le spectacle de mes arbres de nouveau calcinés je vis rouge! Coupant court à toute discussion, je m'emparai d'un fusil désintégrateur en disant:

-Je ne peux plus les laisser encore faire ça!Et me lançai à l'assaut.Mû par une rage froide j'avançai silencieusement en marchant rapidement vers les infâmes vandales et, dès qu'il furent à portée de mon arme, je tirai avec une précision remarquable sur eux.

Dans ma colère, j'abattis sur le champ deux des gardes de Dakairost qui moururent les yeux écarquillés de surprise tant mon attaque les avait pris de court.

Dakairost, les ayant vus tomber, se mit à l'abri d'un tronc.Je le visai sans cependant l'atteindre.

J'entendis hurler Nephtys au loin , elle me faisait de grand gestes, mais le fracas des arbres torturés et le vrombissement des  moteurs m'indiquaient assez bien, eux aussi, que le ravageur revenait vers moi.

Dakairost commençait lui  aussi à me prendre pour cible, et de plus en plus précisément car les impacts de ses rayons s'approchaient dangereusement de moi .Mais le ravageur se posa entre la trajectoire des rayons et moi et j'en profitai pour prendre les jambes à mon cou, en courant en zig-zag, afin de me replier vers l'entrée de la grotte.

Dakairost et son garde jugèrent  préférable d 'arrimer solidement le ravageur à son vaisseau et sous les attaques de Zoltan, qui toucha à son tour le dernier garde , il parvint à embarquer dans son vaisseau.

L'engin  disparut dans un énorme rugissement emportant à la traîne l'engin de destruction que nous n'avions pas su ni pu neutraliser.

-Enfer et damnation, il s'en va jura Zoltan en hurlant...

-Bon débarras! murmura Kallista entre ses dents...

-Mais qu'est ce que c'est? s'exclama Nephtys en désignant un point gris et brillant dans le ciel?

-On dirait un vaisseau patrouilleur constatai-je...

Et en effet  un vaisseau patrouilleur fit un passage en rase-mottes devant nos yeux ébahis...je saurai beaucoup plus tard qu'il était piloté par un vieux colonel en retraite celui même que j'avais rencontré jadis...

Il prit en chasse Dakairost. Et dans un big-bang tonitruant, il le fit même à mach 2...

Il ne tarda pas à être en vue du ravageur.Désireux de conserver l'infernale machine de Dakairost pour lui en exploiter l'énergie le vieux colonel attaqua d'abord le vaisseau de Dakairost qui parvint habilement d'abord à l'esquiver malgré le poids qu'il remorquait.Le vaisseau était était lui assi armé  et le vieux colonel savait que le pirate n'avait de cesse de réduire en poussière son patrouilleur. Pour l'instant le patrouilleur était en mode instabilité aléatoire  c'est à dire qu'il attaquait mais en changeant fréquemment de trajectoire un peu comme les mouches.Ce qui avait pour objectif de déconcerter les ordinateurs de bord du puissant vaisseau ennemi.

Il arrivait à esquiver les attaques de Dakairost qui bouillait de rage dans son cockpit tout en essayant de se débarrasser de l'importun.Mais le patrouilleur du vieux briscard le harcelait sans cesse. Et le fait que les cinq lunes de Paradisia soient en conjonction empêchait le pirate  de le semer et de se cacher. Ce n'était pas tous les jours qu'on avait l'ennemi n°1 en ligne de mire et le vieux colonel qui refusait de vieillir,voulait rajouter la tête de Dakairost à ses trophées et redoublait de hargne pour le descendre.Quel duel!

Il se produisit un miracle qu'on ne s'explique guère, comme dans tout ce qui et surnaturel puisque cela n'a pas lieu d'exister.

La troisième lune de Paradisia sortait de sa conjonction lorsque le vieux réussit enfin à rompre l'amarre entre le vaisseau de Dakairost et le ravageur entra en collision avec la troisième lune.Enfin...pas tout à fait car...

Les commandes de l'engin avaient été secouées et en rentrant en orbite de la troisième lune: il se mit alors à répandre l'énergie vitale de Paradisia autour du satellite de notre  planète. lorsqu'il entra en collision avec la lune une énergie démentielle l' inonda et on la vit briller comme un soleil. Le reste est inexplicable:l'énergie miraculeuse émanant du ravageur ravagé fut transformée en vie et j'assistai au miracle.Les yeux levés vers le ciel je vis la troisième lune se couvrir de végétation et verdir!

Dakairost avait essayé de suivre le ravageur perdu.Il était ivre de colère dès qu'il vit l'énergie se répandre dans le vide entourant Lune III! Il s'élança contre le patrouilleur  résolu à le descendre.Il y eut des échanges vifs de rayons et de missiles.Une explosion déstabilisa le vaisseau de Dakairost et  c'est à ce moment là que le vieux colonel l'eut dans le collimateur et lui décocha son dernier missile  en vitupérant:<<crève, parasite!>>

Le vaisseau fut désintégré dans une pluie d'étincelles. Dakairost était éliminé.Il était mort.

Mais à quelques centaines de kilomètres de l'épave de son vaisseau un monde venait de naître.

Le vieux colonel victorieux revint vers Paradisia et y fait atterrir son patrouilleur. Nous fêtâmes sa victoire alors que l'un des  soleils recommençait à briller de mille feux. Nous avions attaché les soldats assommés. Il allait les amener aux autorités.

Le vieux colonel victorieux revint vers Paradisia et y fait atterrir son patrouilleur. Nous fêtâmes son éclatante victoire alors que l'un des  soleils recommençait à briller de mille feux. Nous avions attaché les soldats assommés. Il allait les amener aux autorités.

Pour fêter sa victoire nous l'invitâmes à dîner.La journée avait été riche en événements et savoir notre ennemi définitivement défait nous donnait foi en l'avenir. Chacun le monde participait à la fête, les enfants étaient excités comme des puces et jouaient à se  poursuivre en  poussant des cris aigus. Nos deux couples parlaient haut et discutaient âprement: enfin nous pourrions envisager de vivre au grand air en envisageant de reconstruire des habitations décentes. Ah, reconstruire Palais bulle...Un rêve qui était devenu inaccessible depuis que Dakairost avait envoyé son engin de mort, devenait avec sa défaite un rêve abordable! Nous pouvions envisager de remettre définitivement nos plantations en état, car enfin Toundra elle aussi était propriétaire de son domaine et elle n'attendait que ça! Il régnait une autre atmosphère, plus légère, plus libre, moins soucieuse du lendemain, ce soir là dans la grotte. Et Toundra n'était pas la dernière à en profiter. 

Ah,Toundra! Elle avançait ses pions avec une expérience consommée:   elle s'était mise  sur son trente et un et avait particulièrement soigné la préparation de la nourriture. Tout était délicieux et cuisiné avec soin. Le héros du jour faisait l'avantageux et le fier à bras et ce n'était pas pour déplaire à Toundra qui le couvait du regard, lui servant et lui resservant du broisy blue,trnquant avec lui, l'écoutant avec attention.La voilà qui  riait à ses plaisanteries tout en touchant l'avant bras du senior encore  bien vert!

-C'est moi ou ma mère et en train de draguer le vainqueur? vint me dire ma femme entre ses dents les désignant du pouce.

-Ah,il fait le coq devant elle, il me semble évident qu'ils se plaisent bien tous les deux.

-Oh, oh ajouta mon ami il y a de la romance dans l'air.

Et discrètement après le repas nous nous éloignâmes pour les laisser ensemble.Tout à eux,ils ne s'aperçurent même pas de notre  effacement.

Le lendemain, lorsqu'il partit, embarquant les prisonniers, Toundra l'invita à revenir quand il le voulait. En le regardant droit dans les yeux et en battant des cils.

Effectivement, nous le vîmes  revenir à fréquences exactes. Bientôt, ils se mirent même à faire des projets ensemble parlant de rebâtir une habitation sphérique sur le domaine d 'Agricola.Le printemps suivant , ce fut fait et les enfants eurent un nouveau grand papa, bien content de ne pas passer sa retraite tout seul et ravi de la passer sur un endroit aussi magique que Paradisia.