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Comme un allemand en France


January

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Mince ça a du lui faire un drôle d'effet ! huh7re.gif

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7 mars 1941

Une petite, toute petite ville de campagne, assez pittoresque, construite sur une colline, mais les habitations sont dans un piètre état.

[...] les gens sortaient de chez eux pour nous regarder. Dans l'ensemble, ils ne se distinguent pas des gens de chez nous ; les blonds ne sont pas rares. Les vieilles femmes et les enfants ont des costumes traditionnels qui sautent aux yeux. La plupart ont des sabots en bois, c'est un grand tintamarre quand les écoliers passent.

9 mars 1941

Il y a une autre famille avec deux enfants qui habite dans notre maison, et l'un d'eux est tout blond. Nous nous entendons assez bien avec les gens, mais il est difficile de se faire comprendre. Il faut dire que, dans l'ensemble, les habitants de cette ville ne sont pas seulement extrêmement polis mais aussi bienveillants et attentionnés ; d'eux-mêmes ,ils nous prêtent des choses quand ils voient qu'elles nous manquent.

Hans Peter E. - stationné à Campbon, près de Saint Nazaire

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Mars 1941

Cette lettre dont je rapporte l'extrait est une longue description de voyageurs dans le métro parisien. Felix Hartlaub rapporte ici la façon dont un caporal d'artillerie observe sans relâche une "orientale". La fin de la lettre est la conversation qu'il entend de la part de soldats, sur le quai :

- Il y a de sacrées femmes ici. Qu'est ce que c'était encore, une créature juive ?

- Non, celles-là sont plus petites. Plutôt vieille pouliche arabe. Couverte de boutons d'Alep.

[...]

- Mais, elle était pas si mal que ça. Tu sais quoi, Max, une petite souillure de la race comme il faut, je ne serais pas contre.

--------

9 mars 1941

Dans les "actualités", ils ont montré "Le Führer auprès de ses soldats.

[...] Après la guerre, il faudra nous ficher la paix. Tu n'as pas idée comme je hais l'uniforme, cette camisole.

21 avril 1941

La situation économique s'est malheureusement terriblement détériorée. Je viens d'avoir une sérieuse dispute dans une boutique pour 200 grammes de pain et du fromage ! On ne voulait rien nous donner avec nos tickets de rationnement de l'armée d'occupation.

Gottfried S

Suit une photographie où l'on voit parisiens et parisiennes pêcher sur les bords de la Seine, ils sont nombreux, côte à côte !

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27 juillet 1941

J'ai pris quartier maintenant chez un fermier qui met toujours son vélo à ma disposition. Les gens sont tous très gentils et aimables avec nous. On m'invite souvent à table [...] j'ai un excellent lit. [...] L'homme était prisonnier en Allemagne pendant la Grande Guerre et parle bien l'allemand.

Albert J. (depuis la Normandie)

Que pouvaient-il bien se dire...? Ca m'interroge ces situations.

3 Juillet 1941

Maintenant, on devient un peu plus familier avec les gens et le maire commence à parler politique. Il a toujours prôné le travail en commun avec l'Allemagne [...] il porte le surnom de "Fritz" dans son village. Il espère que Hitler va aussi sauver la France du communisme.

12 juillet 1941

j'envie aussi tout l'art de vivre des français. Ils travaillent plus lentement et moins. Ils ne triment pas. Ils aiment le loisir, l'idéal de la retraite et sont sûrement plus heureux que nous. Mais c'est nous qui avons gagné.

(Gottfried S. est renvoyé sur le front russe, il écrit dans le train)

Nous arrivons dans le Reich. [...] Il y a encore des champs de blé, que le français aurait sûrement laissés à l'abandon. Et puis, on retrouve les femmes et les jeunes filles debout sur les talus ou regardant par la fenêtre. Il faut quand même dire qu'elles sont en moyenne plus jolies, plus soignées, plus proprettes que les françaises.

Suite une description du maquillage (trop) prononcé selon l'expéditeur de la lettre, qui se termine ainsi : A première vue, on ne peut pas distinguer si on a affaire à "une jeune fille" ou juste à "une fille".

Gottfried S.

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14 juillet 1941

Jour de la Bastille. Les rues étaient très animées.

[...] J'éprouve de la joie surtout à voir les amoureux marcher, étroitement enlacés ; de temps en temps, ils se penchent l'un vers l'autre pour un baiser.

8 octobre 1941

A midi, avec Speidel, chez l'ambassadeur de Brinon, au coin de la rue Rude et de l'avenue Foch.

[...] J'ai fait la connaissance, là, de Sacha Guitry, que j'ai trouvé agréable, bien que, chez lui, l'acteur excède de beaucoup le poète.

[...] Assis à table, à côté de l'actrice Arletty, que l'on peut justement voir en ce moment dans le film "Madame Sans-Gêne". Pour la faire rire, il suffit du mot "cocu" ; aussi ne cesse-t-elle guère, ici, d'être gaie.

Ernst Jünger

9 novembre 1941

D'abord, ce lieutenant-colonel qui a été abattu de deux balles dans le dos à Nantes, par des inconnus ; comme riposte allemande, on a fusillé cent otages.

[...] On dirait qu'une conspiration cherche à troubler par la violence les relations entre Allemands et Français, qui, telles que je les avais observées jusqu'ici, étaient très bonnes, en forçant le pouvoir allemand à prendre des mesures sévères, qui provoquent de l'amertume parmi les opprimés.

Hans Peter E.

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Chapitre 3 - La confiance ébranlée

1942

1er janvier 1942

Imagine-toi un dimanche après-midi dans une ville française, vers midi, après notre premier repas chaud depuis trois jours, nous errons dans la ville, lentement et sans but.

[...] Quelque part sur une petite place se dresse la statue d'un général français élégant [...] au pied du monument se tient un vieux vétéran qui, étonnamment, nous salue ; nous le saluons en retour, et il vient vers nous [...] ses yeux sont si infiniment tristes que je pourrais pleurer ; il nous dit d'une voix tremblante : "Vous avez la victoire dans vos genoux et vos yeux, la France est morte"...

Heinrich Böll (futur prix nobel de littérature - en 1972), il se trouve au Mans.

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January Modérateur 59 753 messages
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8 mars 1942

La "mort nationale" de la France est ici, en montagne, particulièrement visible.

En principe, on a mis en place "Ostland" en France, pour faire marcher les entreprises abandonnées par les Français.

[...] Il n'y a que deux entreprises qui fonctionnent entièrement sous la direction d'Ostland, et celles-ci sont, après une année, en dessous de tout.

21 mars 1942

A la fin du mois, on prévoit une réquisition de chevaux. [...] Vu l'abondance de chevaux, on peut vraiment choisir les meilleurs. Mais il y a parfois des scènes terribles et de durs combats avec les paysans, que le maire doit mener, d'autant que moi, je ne comprends parfois absolument pas leur français.

[...] Il est par exemple impossible d'examiner leurs pattes, parce qu'on n'arrive pas à sentir quoi que ce soit à travers la croûte de fumier. Et du coup, ces bêtes puent horriblement, de même que les paysans et leur logements, tous les villages et moi avec...

25 mai 1942

Pour commencer, j'ai apporté deux bons balais. Dans une ferme aussi mal tenue, il convient d'abord de leur mettre en main un balai pour qu'ils apprennent la propreté prussienne.

[...] on y emploie également trente prisonniers noirs, sous la surveillance d'un sous-officier et de six hommes. On ne sait pas très bien comment les employer, ces noirs, ils ne savent même pas manier les chevaux. [...] Ce qui frappe, c'est qu'ils sont très propres, beaucoup plus propres que les français.

Herbert F.

Fermier en Allemagne de son métier, il est envoyé en Haute Marne pour y améliorer l'efficacité des exploitations agricoles.

NB : La Ostdeutsche Land-bewirtschaft-ungsgesellschaft (tout ça ;) ) = Ostland.

C'est une société créée par le ministère du Reich à l'alimentation et à l'agriculture qui a pour but d'exploiter un maximum de terres en Europe Est et Ouest. 170 000 hectares français sont mis sous séquestre au motif que les français les négligent.

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January Modérateur 59 753 messages
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3 mai 1942

Parfois nous rencontrons des fermiers. L'un nous dit, en s'inclinant : "Bonjur, Musjösh !" tandis que l'autre se détourne en crachant parterre.

14 mai 1942

Si seulement tous les gens sur terre parlaient la même langue et pouvaient se parler !

[...] Il y en a un qui essaie de me parler - mais c'est impossible, même en agitant les mains ou en faisant des grimaces. Je voudrais lui poser tant de questions, et lui sans doute de même.

16 mai 1942

J'ai donné un morceau de chocolat à un enfant. La mère arrache le chocolat des mains de son enfant et le jette loin d'elle avec un cri de dégoût.

22 mai 1942

L'alsacien m'apporta un apéritif et dit : "Pour nos adieux, mon garçon !" [...] Il sourit seulement, leva son verre et dit : "Salut - j'espère que tout ira bien pour toi, là-bas, à l'Est."

29 mai 1942

Adieu la France !

(Suit une longue ode à la France)

[...] Je n'oublierai jamais cette mélodie, et quand je l'entendrai, elle me ramènera en France. Adieu, la France !

Adolf Görtz

(Ayant pourtant adhéré à l'idéologie fasciste, il est empreint d'une fraternité universelle et ne comprend pas l'hostilité de la population à son égard)

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
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Ces trois extraits sont issus de la correspondance de Michael Herzog, jeune soldat qui participera avec enthousiasme à la campagne de France.

merci January

Ce serait bien si on avait le lieu où ces lettres ont été écrites ?

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 753 messages
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merci January

Ce serait bien si on avait le lieu où ces lettres ont été écrites ?

Bonjour Rasibus :)

Oui je vais essayer de le préciser chaque fois. Pour le tout premier extrait Michael Herzog traverse les Ardennes, il participe à la percée de la ligne de défense à Sedan puis se retrouve positionné à Laon.

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
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04 juillet 1940... peut être qu'on pourra trouver quelque chose en Angleterre.

Les soldats allemands croyaient qu'ils allaient envahir l'Angleterre comme la France...
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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
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... Sa description des abords de Paris est terrible. Je me demande si c'était vraiment comme ça où s'il y a une très grosse exagération ? Il ne décrit ni plus ni moins que le pire des bidonvilles. Quelqu'un pour confirmer ou infirmer ?

Oui ! C'était la banlieue plus ou moins proche;. On l'appelait "la zone". Là où a été construite La Défense par exemple

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 753 messages
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Merci pour ta réponse Rasibus. J'ai trouvé une photo (Ivry) :

ParisPortedIvryZone1940.jpg

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January Modérateur 59 753 messages
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31 mai 1942

Ma chère petite maman,

Nous ne sommes pas débordées, cela me laisse la possibilité d'écrire.

[...] J'ai bien reçu l'argent. Si seulement il pouvait me permettre d'acheter quelque chose de bien pour toi. Il faudrait peut-être que je m'adresse à Bruxelles, il semblerait qu'on puisse y trouver encore plus de choses qu'ici.

[...] Maintenant, j'ai un ticket de rationnement pour une jupe, mais les prix sont tellement exorbitants qu'avec mon salaire, je n'y arriverai pas.

[...] Dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que nous n'en avions plus eu depuis un certain temps, nous avons eu une nouvelle alerte aérienne.

[...] Et notre beau pré Catelan au bois de Boulogne a malheureusement été touché ! Six avions anglais ont été abattus. [...] Nos vaillants soldats se battent en Russie, mais pour quelle cause ?

Ta petite Traute

Gertrud M. (en formation d'aide-soignante à la Croix-Rouge).

Il y a peu de lettres de femmes. Dans celle-ci, Gertrud M. raconte à sa mère qu'elle est allée faire les magasins, que tout était trop cher, mais que depuis elle ne pense qu'à tel ou tel vêtement. Elle explique qu'elle a rencontré une vendeuse très sympathique qui lui a dit de la demander si jamais elle revenait finalement acheter.

On se rend compte que finalement, en dehors des faits militaires, les hommes et les femmes pensaient tous à la même chose : faire les magasins (non pas comme pour un shopping agréable), mais aussi et surtout pour envoyer à leur famille en Allemagne tout ce qui leur manquait.

Dans une des lettres, un soldat explique qu'il a acheté un petit poêle qu'il a démonté et envoyé en plusieurs colis !

Gertrud M. nous parle du Pré Catelan de Boulogne et de bombardements, seraient-ce les bombardements sur les usines Renault à Boulogne Billancourt ?

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7 juin 1942

Dans la rue Royale, j'ai rencontré, pour la première fois de ma vie, l'étoile jaune, portée par trois jeunes filles qui sont passées près de moi, bras dessus bras dessous.

Ces insignes ont été distribués hier ; ceux qui les recevaient devaient donner en échange un point de leur carte de textile.

[...] c'est ainsi que je me suis senti immédiatement gêné de me trouver en uniforme.

18 juillet 1942

Hier, un grand nombre de Juifs ont été arrêtés ici pour être déportés - on a séparé d'abord les parents de leurs enfants, si bien qu'on a pu entendre leur cris dans les rues. Pas un seul instant je ne dois oublier que je suis entouré de malheureux, d'êtres souffrant au plus profond d'eux-mêmes. Si je l'oubliais, quel homme, quel soldat serais-je ?

28 juillet 1942

Il est effrayant de constater à quel point même des hommes jeunes restent aveugles aux souffrances de ceux qui sont sans défense. Ils sont devenus trop débiles [...] ils ont perdu jusqu'à cette simple décence qui interdit de rudoyer le faible.

A aucun moment je ne dois oublier que je suis entouré de malheureux.

Ernst Jünger

Il se trouve à Paris, il est évident qu'il parle de la rafle du Vél d'Hiv dans sa lettre du 18 juillet.

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6 mai 1942

Je ne veux plus de cette maudite guerre ! Si seulement elle pouvait prendre fin !

Cette Manche, toute cette eau, je ne peux plus les voir.

9 mai 1942

J'ai une véritable phobie de la Manche, des fantasmes de Spitfires. Je ne peux plus vraiment mener l'escadrille car je me sauve devant la moindre formation de chasseurs.

[...] Le pire, c'est l'eau. Les combats au-dessus de la terre m'impressionneraient sans doute moins, mais dès que je pense à l'eau, c'en est fini pour moi.

Siegfried B. (Officier dans l'aviation, il finira par demander sa mutation dans le sud de la France)

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30 août 1942

Très chère femme et chers enfants !

Les guerres ont depuis toujours détruit les moeurs et la morale. [...] Prie Dieu que nous ayons la force de tenir.

Moi, je ne sais plus prier depuis longtemps, à l'armée on oublie beaucoup de choses. Ce qui autrefois m'inspirait respect et étonnement, aujourd'hui ne me touche plus.

23 septembre 1942

Chère femme, chers enfants !

Cette guerre laisse une marque profonde sur la vie et le destin de peuples entiers, mais nous, individus, que ce soit au pays ou au front, nous somme aussi sous l'emprise des évènements.

[...] Ne nous laissons pas ébranler dans notre foi dans la victoire et dans un avenir meilleur.

04 octobre 1942

Chère femme, chers enfants !

Je n'ai pas de bonnes nouvelles à vous annoncer aujourd'hui. L'ordre pour moi est : la Russie à la place d'un congé.

[...] Ce sont les dernières lignes que je t'écris de Verdun, car demain matin le train partira à 6h15.

Alois Scheuer (De retour sur le front Russe, il sera tué un mois plus tard)

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15 octobre 1942

Nulle part je n'ai vu, comme en France, une telle sensualité sur les visages des paysans et de leurs femmes, c'est un masque étrange avec beaucoup de charme [...] quand le visage s'anime c'est vraiment formidable, surtout chez les vieilles femmes avec leurs cheveux blancs, on dirait de vieilles déesses, non dénuées de toute féminité comme on pourrait le croire.

[...] Quand on arrive inopinément au moment du souper dans une famille de paysans, [...] et que l'on aperçoit au mur les photos des prisonniers en uniforme, c'est vraiment émouvant ; tout est très ritualisé, même chez les paysans, et pourtant cela reste léger et détendu [...] et on se sent très gêné, quand on se tient debout dans leur pièce et qu'on vient réclamer du beurre et des oeufs pour la nième fois.

Heinrich Böll (il se trouve dans l'Eure)

17 octobre 1942

Le contact avec les Français ; il y en a un qui m'a déjà bousculé, un gars assez âgé, brun, aux yeux étincelants. Il m'a réellement poussé en s'écriant : "A droite !" Il voulait donc que moi, je lui cède la place. Je lui ai répondu en français en l'appelant "pauvre ivrogne", ce qui l'a assez déconcerté.

28 octobre 1942

Conversation au bar avec Léon, le boucher de viande chevaline. Léon était un peu ivre. Il gueulait une chanson française sur l'Alsace.

[...] C'est facile d'avoir des discussions sur la guerre. J'ai parlé jusqu'ici avec le coiffeur, le coutelier et le vieux maroquinier. Ils débordent du désir de conciliation, ces braves français.

[...] A cette image, il faut ajouter aussi les nombreux soldats allemands, le plus souvent des vieux de la vieille, qui, arrivés de russie, se sont joint à notre division. On voit beaucoup de croix de fer et le ruban rouge de l'ordre de la Campagne d'Hiver.

Le soldat allemand se comporte de façon irréprochable : il ne fume ni ne mange dans la rue.

[...]

Visite au mess des officiers, dans l'appartement confisqué d'un avocat. [...] Champagne, cognac, vin, chocolat, ces soiffards bien nourris dans la cuisine sont fatigués de la guerre. La vie de bombance du soldat en pourrit plus d'un.

24 novembre 1942

Un gars me bouscule. On crache devant moi, on est visé et traité avec hostilité, en nous donnant par exemple de fausses informations, ou pas du tout, une attitude glaciale, le rejet partout. [...] Dans les rues, sur les murs "1918", "Vive la République", au front "1789", ciselé par dessus, de nouveau gratté, trois sortes de slogans, un miroir d'une déchirure politique. Lyon a toujours été très marquée par le communisme.

Hans Carl H. (Positionné à Besançon. Lyon pour le dernier extrait)

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23 novembre 1942

Chère maman,

Le port du casque va me coûter mes derniers cheveux. Je n'ai pas bonne réputation auprès des camarades de chambrée, d'abord parce que je suis porté par un tout autre esprit, ensuite parce que je leur dis, à ma manière rude, tout ce que je pense, troisièmement parce que je leur ai dit que j'aime être là et participer à cette guerre, quatrièmement enfin parce que je ne me fais jamais remarquer, sauf de façon agréable, par mon lit bien fait par exemple. Tout cela leur déplaît.

22 décembre 1942

Chère femme et enfants !

Il est possible que je sois envoyé à l'Est. Il vaut mieux l'accepter, non ?

[...]

J'espère que toi aussi tu comprends que je suis content d'être enfin intégré dans notre prestigieuse armée.Tu peux compter là-dessus, nous les aurons, ma foi dans notre victoire est inébranlable. [...] Il faut garder les yeux ouverts, le doigts sur la détente et le regard dirigé vers le but. Tu sais que je voulais devenir soldat, maintenant, je le suis, mais pas encore un guerrier avec une expérience du front, et c'est ce qu'il faut pour devenir un soldat véritable.

Georg Splettstösser (membre de la SA)

La première lettre n'est pas adressée à sa mère mais bien à sa femme qu'il appelle "maman".

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Chapitre 4 - Les désenchantements

1943

Mardi 12 janvier 1943

Notre vie est donc fichtrement agréable ici, mais pour combien de temps ? Je suis sûr qu'on va nous renvoyer quand même à l'Est, car c'est tout de même là-bas que se trouve notre véritable front. Il faut bien l'accepter.

Lundi 18 janvier 1943

Ce qui manque au peuple allemand, c'est la haine de l'ennemi et donc le courage de se battre. Les tire-au-flanc sont beaucoup trop nombreux parmi nous. [...] Que le Führer soit dur avec le peuple allemand !

21 février 1943

Nous nous sommes follement amusés, jusque tard le soir. Notre voisin, le fermier, est venu nous chercher pour qu'on l'aide à mettre au monde un petit veau.

22 février 1943

Je me suis aussi entretenu agréablement avec la fille du fermier, qui a 16 ans. elle n'est d'ailleurs pas une beauté. Serais-je amoureux ? Je ne le sais vraiment pas.

Günter S. (positionné près de St Brieuc)

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