[Exo Perso] Au mauvais endroit, au mauvais moment

Bonjour,

Voilà je me lance sans grande conviction , mon domaine de prédilection étant plus généralement l'Asile .

J'ai donc choisi parmi les personnages proposés pas Anna Kronisme, Matt qui sera le fil conducteur de mon histoire, ses parents Ann et John et Jenny le médecin, l'action se passe aux abords et dans un hôpital .

Soyez indulgents, c'est mon premier essai ^^

Mais n'hésitez pas à me corriger .

Orlando 12 juin 2016

Tôt le matin …

Les sirènes des ambulances fendent la moiteur de cette nuit qui se voulait belle et festive.

Un ballet incessant de médecins, infirmiers et ambulanciers s'active devant l'hôpital « St James ». Il règne une ambiance pesante, les gestes sont précis, les mots pesés, directs …

La tension est palpable mais maîtrisée…. 

L'impensable vient de se produire ... Combien de morts, combien de blessés se dit Jenny en s'approchant des portes automatiques . Du haut de son mètre soixante, la quarantaine, une paire de lunettes rondes maladroitement posée sur son nez, Jenny presse le pas .Son visage porte les tracas de longues nuits de garde, le regard sombre de ce petit bout de femme énergique est attiré par la présence d'un jeune homme seul , oublié dans toute cette agitation . Il est avachi sur le trottoir, les yeux hagards.Jenny s'approche de lui.

Matt, magnifique Matt, la vingtaine , grand, fin, un visage émacié laissant apparaître de grands yeux d'un bleu céruléen ,des cheveux mi-longs bruns, légèrement ondulés avec une petite mèche rebelle délicatement abandonnée sur son front en sueur .Matt a les épaules larges,quelques heures de natation intensive à son actif, un corps d'athlète , des bras musclés se terminant par de belles mains aux doigts longs et effilés.

Matt, l'éphèbe dans sa chemise blanche ouverte sur un torse imberbe laissant apparaître un tatouage tribal, souffre. Sur sa poitrine un trou, un minuscule trou ….

De sa bouche bien dessinée et sensuelle s’échappe un petit filet rouge .

Son souffle irrégulier intrigue Jenny.

Leurs regards se croisent, leurs mains s'effleurent, Matt ne parlera pas … Jenny le sait, Jenny le sent.

Le corps meurtri de Matt est délicatement posé sur un brancard.

Jenny lui parle, le rassure, ne pas sombrer, rester éveillé …

En traversant l'interminable couloir blanc défraîchi par le temps mais éclairé par des néons flambants neufs, le regard de Jenny est absorbé par la vision d'un couple étroitement enlacé, en pleurs et terrifié .Quelle étrange ressemblance entre cet homme et ce jeune homme qu'elle accompagne,se dit elle .

Ann et John, la cinquantaine, mariés depuis bientôt 21 ans. Ann est douceur, grande ,svelte, le regard vert, une crinière brune couvrant ses menues épaules .Vêtue d'une petite robe à fleurs et perchée sur de hauts talons, elle ressemble à une femme sortie tout droit d'une revue de mode. Ann travaille à la Citigroup, un poste à hautes responsabilités, un job qui laisse peu de place à l'oisiveté.

John, copie conforme de Matt, impose dans son costume trois pièces bien trop chaud pour la saison.

John est trader pour la compagnie d'assurances Marsh & McLennan Companies, un travail très prenant , très excitant, qui lui procure l'adrénaline dont il a besoin pour s'affirmer.

Le regard de Jenny rencontre celui de John. Pas besoin de mots, le langage des yeux suffit, regard intense qui en dit long . John a compris. Laissant Ann en retrait, il s'approche d'un pas lent et chancelant vers le brancard . Ses yeux bleus de posent sur le corps abîmé : il reconnaît Matt, son fils, sa chair , son sang.

« Ann, c'est Matt, il est là, il est vivant ! »

Ann,les yeux embués de larmes s'approche de son fils. D'une main hésitante ,elle caresse son visage et dépose un baiser sur son front.

Matt son fils, cet enfant tant désiré, sa fierté, son amour, ce fils qu'elle a nourri de son sein, qu'elle a chéri, gît là.

Elle se remémore cette nuit de novembre 2014 . Elle se rendait à un Gala de bienfaisance accompagnée de son époux, une soirée ennuyeuse qu'ils quittèrent plus tôt prétextant une migraine .

Trop tôt …

En entrant dans le hall, ils avaient perçu des gémissements émanant du salon. Inquiets, ils s'étaient précipités . Là, allongés à même le sol, deux corps nus, enlacés , s'aimaient….

Deux jeunes hommes, Matt et l'autre.

Vision apocalyptique pour ces parents pieux et très croyants.

Un espoir anéanti, une malédiction venait de frapper cette famille.

Pas de cris, pas de scène , le silence, juste le silence, oublier coûte que coûte, cacher .

Deux ans se sont écoulés depuis cette fameuse nuit, deux ans de mutisme, de non- dits ...

Le corps meurtri de leur fils était là devant eux,en ce soir de juin, s'accrochant à la vie. Matt payait le prix fort de « sa différence ».

« Pourquoi ? » criait Ann désespérement, tandis que John, les yeux levés au ciel, implorait le pardon.

« Je dois m'occuper de votre fils à présent, le temps presse» dit Jenny

« Oui bien sur » répondit John

« Sauvez notre fils » suppliait Ann

Le brancard disparu dans l'immensité du couloir ….

Un trou , un minuscule trou................... en plein cœur .

The end

Je ne suis pas une experte, moi aussi je me suis lancée pour la première fois avec son exercice,mais je trouve ce que tu as fait vraiment pas mal!

"... Les parfums ne font pas frissonner sa narine;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit."

Arthur Rimbaud

Virgule , ton texte me touche à bien plus d'un titre ! Le massacre d'Orlando a touché le monde gay comme les actes terroristes marquent notre histoire commune à tous . Nous sommes tous des cibles potentielles de l'obscurantisme religieux ... gay ou pas !

Que ton personnage principal se nomme Matt... quoi de plus symbolique et émouvant pour moi !!!

Tu as choisi LE prénom qui me qui a marqué mon coeur depuis longtemps ! La loi Matthew Shepard proposée par Bill Clinton , président des Etats Unis, contre les violences homophobes, résonne douloureusement dans toute l'Amérique aujourd'hui . Matthew était un gosse au visage d'ange tué ,lui aussi, par un désaxé homo-refoulé comme le tireur d'Orlando . Là , la religion n'y était pour rien et ne servait pas d prétexte.

Ton texte est fort bien écrit, et quoique tu en dises, tu te sort très honorablement de ton ' Premier' exercice ! Sincèrement !

J'espère que tu n'en resteras pas à un seul ' essai' !!!!

Merci de nous l'avoir proposé !

"... Les parfums ne font pas frissonner sa narine;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit."

Arthur Rimbaud

J'ai de suite pensé aussi au dormeur du val...

Et d'accord aussi pour le reste. Premier essai, émouvant, plus que concluant.

Rimbaud et Baudelaire mes poètes préférés

Merci pour vos encouragements ^^

wahou quelle belle qualité dans ton récit ! j'adore la présentation des personnages.

j'aurais aimé une autre fin...:cray:il survit.... là ça fait mal! il meurt...

très bon essai Virgule.

Quelle performance ! J'en reste éberluée...

Pour l'exo en lui-même, bien sûr que tu as parfaitement réussi chaque contrainte. Les descriptions sont précises et sublimes voire sublimées de poésie et notamment pour un personnage précis, d'autres l'ont relevé avant moi, Matt renvoie effectivement au Dormeur du val de Rimbaud. Et puis j'ai appris le mot céruléen... :blush:

Mais, tu ne t'en es pas tenue à "ça".

Mêler ce fait d'actualité si tragique (La fusillade d'Orlando) aux contraintes d'un petit exo en forum... fallait oser !

Ton écriture ne se lit pas, elle se boit comme du petit lait.

Merci, Virgule, pour ce très beau partage.

PS : Je n'ose imaginer ce que cela aurait donné si tu y avais mis plus de conviction...

Non mais, sérieusement... Même la maîtrise du début à la fin du récit qui maintient et soutient le lecteur durant l'épreuve et la souffrance des parents... Bravo !

Quelle performance ! J'en reste éberluée...

Pour l'exo en lui-même, bien sûr que tu as parfaitement réussi chaque contrainte. Les descriptions sont précises et sublimes voire sublimées de poésie et notamment pour un personnage précis, d'autres l'ont relevé avant moi, Matt renvoie effectivement au Dormeur du val de Rimbaud. Et puis j'ai appris le mot céruléen... :blush:

Mais, tu ne t'en es pas tenue à "ça".

Mêler ce fait d'actualité si tragique (La fusillade d'Orlando) aux contraintes d'un petit exo en forum... fallait oser !

Ton écriture ne se lit pas, elle se boit comme du petit lait.

Merci, Virgule, pour ce très beau partage.

PS : Je n'ose imaginer ce que cela aurait donné si tu y avais mis plus de conviction...

Non mais, sérieusement... Même la maîtrise du début à la fin du récit qui maintient et soutient le lecteur durant l'épreuve et la souffrance des parents... Bravo !

Merci Anna, je suis très touchée par tes mots, sincèrement

Petite pensée pour Tom, avec qui j'avais beaucoup échangé lors de cette fusillade,il a été mon fil conducteur lorsque j'ai pensé le texte et le personnage de Matt ^^

Plus de conviction? Tu peux me donner plus de précisions?

M'en vais verser ma petite larme ^^

:blush: :blush: :blush:

Merci Virgule !! J'en rougie !

Le rouge te sied à merveille

Plus de conviction? Tu peux me donner plus de précisions?

Oui, je le peux :

Bonjour,

Voilà je me lance sans grande conviction

Je lis tout, même les notices et les avertissements, les précautions d'emploi, les effets secondaires et les commentaires.

Ton texte crée un cadre très rapidement. Je voyais la scène, les personnages, cette maman en robe... Matt agonisant... L'histoire de ses personnages dans laquelle on rentre vite et cette fin avec le personnage qui s'éloigne dans une chambre d'opération... Très agréable à lire  

Merci Fred