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Un abruti peut-il faire un bon artiste ?

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Savonarol

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Membre, 158ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 158ans‚
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Une oeuvre créée par une personne ne maîtrisant aucun code culturel (est-ce possible, d'ailleurs) ne peut pas être une oeuvre d'art. Parce qu'une oeuvre d'art, je le répète, est un signifiant qui nécessairement s'inscrit intentionnellement dans un ensemble de codes, de conventions issus d'un contexte culturel. Parce qu'une oeuvre d'art est un acte de communication, un acte social.

Pour moi la création d'une oeuvre d'art n'est en rien un acte de communication. Je crois au contraire que c'est quelque chose de très individuel, qu'a aucun moment l'artiste ne crée en fonction de qui recevra l'oeuvre.

Pour communiquer, pour signifier, il y a d'autres supports...

Quant a dire que l'art s'inscrit dans un ensemble de codes, c'est aussi très ambigu. Sans doute que la page n'est pas blanche, il n'empêche que là encore, c'est difficile de parler de code - comme tout à l'heure de signifiant - quand il est question de sensible. Le sensible s'inscrit peut-être dans un ensemble de code, pas le créatif. Si on réduit la création a une signifiance, il y a les mots pour ça. Le sens que porte l'art doit être sensation, émotion... c'est cela le support de l'art.

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Pour moi la création d'une oeuvre d'art n'est en rien un acte de communication. Je crois au contraire que c'est quelque chose de très individuel, qu'a aucun moment l'artiste ne crée en fonction de qui recevra l'oeuvre.

Pour communiquer, pour signifier, il y a d'autres supports...

Quant a dire que l'art s'inscrit dans un ensemble de codes, c'est aussi très ambigu. Sans doute que la page n'est pas blanche, il n'empêche que là encore, c'est difficile de parler de code - comme tout à l'heure de signifiant - quand il est question de sensible. Le sensible s'inscrit peut-être dans un ensemble de code, pas le créatif. Si on réduit la création a une signifiance, il y a les mots pour ça. Le sens que porte l'art doit être sensation, émotion... c'est cela le support de l'art.

Et l'émotion est provoquée par un signifiant et peut devenir un signifiant . Nos émotions sont aussi façonnées par la culture (au sens large) et sont autant collectives qu'individuelles.

On n'est un sujet que par rapport à autrui, si loin et si proche. Communiquer c'est pas faire comme tout le monde c'est se représenter ce "tout le monde" et essayer de partager cette représentation et la place que l'on s'y donne mais aussi ce que l'on a de plus intime dans notre relation individuelle au monde sensible.

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Invité O)))
Invités, Posté(e)
Invité O)))
Invité O))) Invités 0 message
Posté(e)

L'art brut est apparu dans des sociétés déjà codifiées. Et si on s'efforce de donner du sens à ces oeuvres, on se doit d'essayer de connaître ces sociétés.

On tourne en rond. Tu ne fais qu'affirmer des poncifs et tu n'arrive toujours pas à démontrer qu'une oeuvre ne peut être qu'en maitrisant des codes culturels et/ou s'inscrivant dans une démarche de communication.

Pour moi la création d'une oeuvre d'art n'est en rien un acte de communication.

Pour moi ça peut être ou pas un acte de communication.

L'expression, la représentation de quelque chose n'induit pas forcément la communication.

On peut effectivement créer pour soi, garder ça pour soi à jamais..et on peut aussi créer pour partager et vouloir le partager avec d'autres le plus possible.

Bref, tout est possible.

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

On tourne en rond. Tu ne fais qu'affirmer des poncifs et tu n'arrive toujours pas à démontrer qu'une oeuvre ne peut être qu'en maitrisant des codes culturels et/ou s'inscrivant dans une démarche de communication.

Pour moi ça peut être ou pas un acte de communication.

L'expression, la représentation de quelque chose n'induit pas forcément la communication.

On peut effectivement créer pour soi, garder ça pour soi à jamais..et on peut aussi créer pour partager et vouloir le partager avec d'autres le plus possible.

Bref, tout est possible.

Rien à voir avec des poncifs. J'ai proposé mon analyse sur ce que pourrait être un bon artiste. Tu as cité l'art brut comme mettant à mal cette analyse. Et j'ai argumenté pour montrer que l'existence de l'art brut ne contredisait pas mon analyse.

Démontrer sera difficile. On argumente autour d'une question non scientifique. Alors que chacun argumente et défende son point de vue, sans le mépris que tu démontres ici avec l'expression "affirmer des poncifs".

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
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Or pour moi c'est exactement là où se situe la force de l'art : non pas dans la compréhension du monde, mais dans notre rapport au monde. L'art est l'expression de ce rapport individuel au monde, il dit quelque chose de l'ordre de la relation. Et c'est dans cette relation qu'il y a un langage ; c'est à cet endroit que l'artiste communique malgré lui avec son public. L'objet final, lui, n'est que le résultat visible de ce rapport au monde.

Mais l’artiste ne crée rarement que d’une manière purement arbitraire. Le plus souvent, il emprunte des formes à la culture et y exerce une distorsion telle qu’elles deviennent siennes. Je prends un exemple de manière tout à fait aléatoire : mettons un sculpteur qui s’attelle à faire un rendu de la figure mythique de Sisyphe. Cet artiste-là ne doit-il pas alors nécessairement s’être fait une certaine compréhension de ce mythe ? Ne doit-il pas acquérir la connaissance du contexte de la création du mythe, des aspects de l’existence auquel il renvoie, etc. Un abruti pourra difficilement effectuer un tel rendu de la figure de Sisyphe qui ait une réelle valeur artistique. Peut-être sculptera-t-il un Sisyphe qui certes représente bien un homme qui pousse un rocher sur une colline, mais qui en revanche n'exprime pas le fonds spirituel du mythe – parce que sa sculpture ne manifestera pas cette étincelle, ce jaillissement d'indicible qui donne sa vie à l'oeuvre.

Si maintenant on se place du côté du spectateur, nous pourrions dire que l’œuvre d'art ouvre, initie l'esprit à la compréhension d'une réalité quelconque.

D'ailleurs, la compréhension n'est pas un processus de découpage ou de pure abstraction comme le laissait entendre Simplicius. C'est plutôt quelque chose qui est fait de va-et-vient entre l'intellect et le sensible, dans des proportions qui varient selon les sujets (le processus de compréhension d'une équation mathématique n'est évidemment pas le même que celui de la compréhension du contenu d'un mythe).

Bref, une sculpture bien faite de la figure de Sisyphe peut certainement stimuler, initier l'esprit

à la compréhension profonde du paradoxe existentiel qui est exprimé dans ce mythe, entendu qu'une telle compréhension implique nécessairement le concours du sensible, de l'expérience, de l'émotion.

L'idée de l'art pour l'art, de l'art « comme ça », de l'art pour le plaisir est une idée bien postmoderne. Même à l'époque de l'art abstrait moderne, il y avait un questionnement, une démarche, un processus de compréhension qui se tissait entre l'artiste et le spectateur, visant à explorer, au-delà du figuratif, les relations que nous avons avec les couleurs, à éprouver les limites de l'art et de l'image.

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Invité Lowy
Invités, Posté(e)
Invité Lowy
Invité Lowy Invités 0 message
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L'art est d'abord une démarche individuelle , bien que l'artiste est influencé par son environnement-son époque- sa société qui agissent sur son mental donc sur sa création.

La création de l'œuvre ne se fait pas pour les autres mais pour soi même d'abord , un besoin d'exprimer ses sentiments- émotions-colères ou joies et que l'artiste arrive à faire ressentir tout cela aux autres est ce qu'il recherche : faire parler son art et s'exprimer à travers lui...

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Membre, 158ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 158ans‚
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Et l'émotion est provoquée par un signifiant et peut devenir un signifiant .

Non, l'émotion est anterieure à la signifiance. C'est après, éventuellement en comprenant quelque chose, qu'une signification peut émerger.

Ce que je te reproche (mais peut-être que je me trompe), c'est que tu sembles réduire l'art à une signification... et là je dis qu'il y a la pensée, les mots pour ça. Une oeuvre d'art ne veut pas dire quelque chose, fut-ce à travers l'émotion... ce qui ne veut pas dire qu'elle n'ait pas de sens, mais que le sens n'est pas dicible, ou en tous cas ne se réduit pas au dicible... si transmission il y a (et il y a), elle ne peut que passer par le sensible, et transmettre donc du sensible. Sinon mieux vaut philosopher.

Nos émotions sont aussi façonnées par la culture (au sens large) et sont autant collectives qu'individuelles.

Je ne dis pas le contraire...

Communiquer c'est pas faire comme tout le monde c'est se représenter ce "tout le monde" et essayer de partager cette représentation et la place que l'on s'y donne mais aussi ce que l'on a de plus intime dans notre relation individuelle au monde sensible.

Pas de communication dans l'acte de créer : on peut pas faire deux choses à la fois : écouter le sensible en même temps que le modeler pour atteindre l'autre. Ou alors c'est pas de l'art, c'est une intention conceptuelle.

Et se représenter ce "tout le monde" est encore pour moi une réduction de la création (artistique) : on est certes en droit de faire ça (pourquoi pas) mais ça ne caractérise en rien la création artistique (la représentation de "tout le monde", ça serait plutôt de l'ordre de la philo, enfin si l'on veut).

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Invité O)))
Invités, Posté(e)
Invité O)))
Invité O))) Invités 0 message
Posté(e)

Rien à voir avec des poncifs. J'ai proposé mon analyse sur ce que pourrait être un bon artiste. Tu as cité l'art brut comme mettant à mal cette analyse. Et j'ai argumenté pour montrer que l'existence de l'art brut ne contredisait pas mon analyse.

Démontrer sera difficile. On argumente autour d'une question non scientifique. Alors que chacun argumente et défende son point de vue, sans le mépris que tu démontres ici avec l'expression "affirmer des poncifs".

Sauf que je cherche encore et toujours les arguments dans ton point de vue.

L'existence même de l'art brut contredit ton point de vue puisqu'il désigne précisément l'art réalisé par des individus sans background artistique, élément que tu considère pourtant comme nécessaire pour que l'oeuvre d'art puisse exister en tant que telle.

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Invité Simplicius
Invités, Posté(e)
Invité Simplicius
Invité Simplicius Invités 0 message
Posté(e)

Mais l’artiste ne crée rarement que d’une manière purement arbitraire. Le plus souvent, il emprunte des formes à la culture et y exerce une distorsion telle qu’elles deviennent siennes. Je prends un exemple de manière tout à fait aléatoire : mettons un sculpteur qui s’attelle à faire un rendu de la figure mythique de Sisyphe. Cet artiste-là ne doit-il pas alors nécessairement s’être fait une certaine compréhension de ce mythe ? Ne doit-il pas acquérir la connaissance du contexte de la création du mythe, des aspects de l’existence auquel il renvoie, etc. Un abruti pourra difficilement effectuer un tel rendu de la figure de Sisyphe qui ait une réelle valeur artistique. Peut-être sculptera-t-il un Sisyphe qui certes représente bien un homme qui pousse un rocher sur une colline, mais qui en revanche n'exprime pas le fonds spirituel du mythe – parce que sa sculpture ne manifestera pas cette étincelle, ce jaillissement d'indicible qui donne sa vie à l'oeuvre.

Si maintenant on se place du côté du spectateur, nous pourrions dire que l’œuvre d'art ouvre, initie l'esprit à la compréhension d'une réalité quelconque.

D'ailleurs, la compréhension n'est pas un processus de découpage ou de pure abstraction comme le laissait entendre Simplicius. C'est plutôt quelque chose qui est fait de va-et-vient entre l'intellect et le sensible, dans des proportions qui varient selon les sujets (le processus de compréhension d'une équation mathématique n'est évidemment pas le même que celui de la compréhension du contenu d'un mythe).

Bref, une sculpture bien faite de la figure de Sisyphe peut certainement stimuler, initier l'esprit

à la compréhension profonde du paradoxe existentiel qui est exprimé dans ce mythe, entendu qu'une telle compréhension implique nécessairement le concours du sensible, de l'expérience, de l'émotion.

L'idée de l'art pour l'art, de l'art « comme ça », de l'art pour le plaisir est une idée bien postmoderne. Même à l'époque de l'art abstrait moderne, il y avait un questionnement, une démarche, un processus de compréhension qui se tissait entre l'artiste et le spectateur, visant à explorer, au-delà du figuratif, les relations que nous avons avec les couleurs, à éprouver les limites de l'art et de l'image.

Le problème serait de définir de manière claire la notion d'intelligence et de savoir si elle est synonyme de compréhension. Si l'on est en droit d'avancer que la compréhension relève de l'intelligibilité consciente, il n'en va pas forcément de même de l'intelligence même, qui peut davantage relever du ressenti que de l'analyse structurée. On perçoit, on ressent, on peut même se laisser guider par une intuition, cela ne relève pas forcément d'un dévoilement spectaculaire et d'une explication fine , cohérente et lucide de ce qui nous entoure. C'est là où la notion de sensation revient.

De même, l'imprégnation culturelle, évidente pour tout être qui ne se serait pas élevé seul au fond des bois (et encore ! il aurait en ce cas une "culture" sylvestre, peut-être digne de Mowgli et en lien avec la faune et la flore), n'est, là encore, pas synonyme de pleine intelligence, c'est à dire en ce cas du recours au Concept et à la Raison.

Pour reprendre le mythe de Sisyphe, que nous évoquions tous deux et que quelqu'un ici sculpte avec une grande sensibilité, est-il nécessaire d'être capable de le conceptualiser philosophiquement et d'en appeler à la meilleure érudition mythologique pour parvenir à ressentir au fond de soi la fragilité de la condition humaine et son caractère d'inachèvement ?

La sensibilité n'est pas consubstantielle à l'intelligence et, sans doute, vice versa.

Il est des mécaniques intellectuelles, incapables de la moindre émotion, de la moindre empathie et qui ont alors des choses une perception mécaniste, sachant les décortiquer en restant indifférents à leur valeur. Nous en avons parfois des exemples ici même. Feraient-ils des artistes ?

A l'inverse, l'artiste peut et même doit, assez souvent, se laisser guider par ce qui pourrait rappeler les petites perceptions inconscientes de Leibniz, qui ne relèvent pas de la puissance de la raison raisonnante mais de ce que les Anciens appelaient tout simplement l'inspiration, expérience presque mystique qui, pour eux, était un don des dieux.

Quelqu'un privé d'un intellect clair et lucide peut-il produire une œuvre d'art ? Cela me semble possible et pour tous les domaines. Même en littérature ! Après tout, Hésiode, Saint Jean ou Maupassant avaient-ils des esprits réglés comme une horloge ?

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Invité s
Invités, Posté(e)
Invité s
Invité s Invités 0 message
Posté(e)

Un peintre qui va reproduire un modèle, un visage par exemple, n’a-t-il pas une réalité plus juste vu qu’il va y percevoir et retranscrire plus de choses, le moindre trait, la moindre émotion…qui passera inaperçu pour une personne qui n’aura pas cette sensibilité ? Une œuvre réussit transmet quelque chose, nous parle donc même si l’artiste ne cherche pas toujours à communiquer avec l’autre, il me semble qu’il y a quand même une forme de communication puisqu’à travers son art, il nous transmet ce qu’il ressent ou ce que ressent son personnage.

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Membre, Esprit de contradiction, 47ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
47ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Oui, bien sur, il suffit de voir la quantité d'artistes abrutis pour s'en convaicre...Et encore, sans parler des intermittents du spectacle.laugh.gif

Tu trouves que les artistes abrutis retranscrivent le monde intelligemment ?

Est-ce que ce sont vraiment les seules fonctions de l'art ? L'artiste restitue-t-il nécessairement une compréhension du monde ? Je ne crois pas.

C'est un jeu. L'artiste ouvre un espace de jeu et invite les autres à venir jouer avec lui. Jouer à s'émerveiller, à rêver, à voyager, à réfléchir, jouer à se magnifier l'esprit par le jeu. L'art moderne met bien en évidence cet aspect de l'art. Et la particularité du jeu de l'art moderne, c'est qu'il se frotte justement souvent aux limites de cet espace de jeu: où on ne sait plus trop si l'oeuvre est une blague ou non, comme dans le carré blanc de Malevich, ou les boîtes de soupe de Wahrol, ou ces tableaux qui ressemblent à des taches accidentelles dont se moque l'image animée de Lucy. Un artiste doit surtout savoir pousser son jeu assez loin.

Aelita Andre est une peintre professionnelle de 9 ans qui a créé des œuvres époustouflantes dès son plus jeune âge. Voici le catalogue de sa 3e année. À 3 ans, cette enfant n'avait pas, de toute évidence, une compréhension particulièrement avancée du monde (au sens traditionnel de ce mot du moins). Seulement, elle semble avoir une faculté hors du commun à prendre au sérieux le jeu qui consiste à bidouiller avec des couleurs.

C'est pas faux, je suis clairement subjectif sur ce topic qui ne devrait pas l'être.

Or pour moi c'est exactement là où se situe la force de l'art : non pas dans la compréhension du monde, mais dans notre rapport au monde. L'art est l'expression de ce rapport individuel au monde, il dit quelque chose de l'ordre de la relation. Et c'est dans cette relation qu'il y a un langage ; c'est à cet endroit que l'artiste communique malgré lui avec son public. L'objet final, lui, n'est que le résultat visible de ce rapport au monde.

Donc j'affine ma question , un artiste qui se trompe absolument dans sa manière de voir le monde peut il bien le retranscrire ?

J'aime à croire qu'un bon artiste tente de faire de son oeuvre une oeuvre de vérité, toute subjective soit-elle, une oeuvre qui montre quelque chose qui existe vraiment et qui en fait la critique.

A partir de là, quelqu'un qui ne comprend pas le monde, qui ne comprend pas son fonctionnement, ce qui le fait tourner, qui et comment il est dirigé, ses failles, ses faiblesses, peut il bien écrire / peindre / sculpter / composer / mettre en scène ce même monde puisqu'il ne le comprend pas ?

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Membre, Esprit de contradiction, 47ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
47ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Hello Savonarol,

La formulation de ta question m'embête un peu mais bon, on va faire avec.

Dans l'intitulé, tu pales d'un "abruti", j'en comprends quelqu'un qui manquerait d'intelligence. Puis, dans le topic, tu parles de comprendre le monde. Pour moi, ce sont déjà deux choses bien différentes, 'autant qu'il existe de bien nombreuses manières de comprendre le monde.

Pour moi, l'art dépend de deux choses ; une capacité à utiliser une technique d'une part et une capacité à attraper et à exprimer quelque chose qui soit à la fois subjectif et universel. En d'autres termes, je vois les artistes comme des êtres dotés d'une sorte d'antenne, qui leur permettrait de bien saisir l'air du temps, les préoccupations actuelles, les émois actuels, et qui, grâce à leur technique, parviendraient à les dire dans un langage donné (musique, peinture, cinéma, littérature, etc).

Prenons le cas de la danse. A priori, ça n'a rien d'intellectuel. Cependant, pour qu'un danseur nous touche, il faut quand même qu'il nous délivre une énergie, des mouvements qui parlent à quelque chose en nous que nous ne parvenons pas nous-mêmes à mettre hors de nous clairement mais que nous ressentons cependant.

Donc oui, je pense qu'un abruti peut être un bon artiste parce que l'artiste n'est pas d'essence intellectuelle mais émotionnelle. Un artiste peut travailler sur le monde autour de lui ou sur le monde intérieur. Dans le premier cas, il est probable qu'il parviendra tout de même à exprimer avec un discours articulé une pensée pertinente mais ce n'est même pas nécessaire, en fait. Dans le second cas, c'est encore moins nécessaire. Le seul point sur lequel il me semble important que l'artiste soit intelligent, c'est la compréhension de sa discipline dans un aspect technique. Là-dessus, je vois mal comment on pourrait transiger.

Je te conseillerais de voir le film Séraphine, avec Yolande Moreau. C'est un biopic sur Séraphine de Senlis, une femme peintre, assez mal dotée intellectuellement mais qui, par son utilisation de la couleur et le choix de ses sujets, a su s'élever au rang de peintre renommé.

Pour bien capter des émotions, l'intelligence n'est pas forcément un frein mais je doute que l'intelligence telle qu'on la mesure dans les tests de QI notamment soit un moteur. Il s'agirait plutôt d'une grande intelligence émotionnelle ou d'une grande intelligence intellectuelle.

Pour finir, une petite colle. Lovecraft, qui était monstrueusement intelligent, ne comprenait rien au monde concret qui l'entourait, par exemple. Il était calé en sciences mais pas trop en relations humaines, encore moins en gestion de la vie quotidienne. Était-ce un abruti ?

Tu mets avec ton post le doigt sur la graduation artistique. En effet, il y a pour moi des niveaux hiérarchiques dans l'art (ouh le sale mot, Savonarol, sache que la hiérarchie est nazie par essence) . Il y a l'art créatif et l'art interprétatif. Il y a Bach et Glenn Gould, le premier étant le Dieu du second qui n'a d'autre qualité que sa capacité technique à jouer la musique écrite par un autre.

C'est pourquoi , et j'aurais sans doute du le préciser, ce topic concerne en réalité les 7 arts majeurs dans ce qu'ils comportent de créatif.

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Invité Simplicius
Invités, Posté(e)
Invité Simplicius
Invité Simplicius Invités 0 message
Posté(e)

Donc j'affine ma question , un artiste qui se trompe absolument dans sa manière de voir le monde peut il bien le retranscrire ?

J'aime à croire qu'un bon artiste tente de faire de son oeuvre une oeuvre de vérité, toute subjective soit-elle, une oeuvre qui montre quelque chose qui existe vraiment et qui en fait la critique.

A partir de là, quelqu'un qui ne comprend pas le monde, qui ne comprend pas son fonctionnement, ce qui le fait tourner, qui et comment il est dirigé, ses failles, ses faiblesses, peut il bien écrire / peindre / sculpter / composer / mettre en scène ce même monde puisqu'il ne le comprend pas ?

Ton affirmation fait justement fi du mystère que constitue la vie, de l'enchantement du monde. Que comprenons-nous du monde ? Très peu de choses ! Quelques apparences, à la rigueur. Nous sommes dans la caverne de Platon. Toute notre cosmogonie n'est jamais que proposition d'explication et d'ordonnancement d'un Tout qui nous reste fondamentalement inexplicable. Le Big Bang ? Spéculation ! Les trous noirs ? Gouffres dans lesquels se perdent les informations ou trous de ver ? L'origine même de la vie ? Nous nous débattons dans l'obscurité absolue et ne comprenons rien.

Est-ce pour cela que nous ne proposons rien et que nous ne rêvons rien ? Là encore, il s'agit moins de compréhension que d'appréhension. La Mort, la Vie, l'Amour, voici les moteurs éternels de la création.

Jean d'Ormesson confiait un jour avoir beaucoup écrit sur des sujets politiques, du temps où il était Directeur du Figaro. Et savoir que ses seuls textes qu'il pouvait relire avec délectation concernaient l'intemporel, comme la beauté des îles grecques.

Catulle était-il un génie politique, comprenant mieux que tout autre les failles de la République agonisante ? Rien ne l'atteste de manière très probante. Des graves troubles, que ressortit-il de son œuvre ? Que sa Lesbia aime trop son frère (Claudia, sœur de Clodius). C'est sans doute court mais quelle merveille que ses élégies !

L'Art s'appréhende d'abord avec le cœur, avant que de se laisser enserrer par l'Esprit. C'est la raison pour laquelle la notion d'esthétisme est si importante dans toute l'Histoire artistique.

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Sauf que je cherche encore et toujours les arguments dans ton point de vue.

L'existence même de l'art brut contredit ton point de vue puisqu'il désigne précisément l'art réalisé par des individus sans background artistique, élément que tu considère pourtant comme nécessaire pour que l'oeuvre d'art puisse exister en tant que telle.

En toute honnêteté je confondais art brut et art primitif (ce que tu aurais du constater). Mais une partie de ceux qui font de l'art brut peuvent avoir de faibles connaissances de l'histoire de l'art, mais être imprégnés de la culture environnante, de ses codes et de ses conventions. Mais l'art brut n'est pas pour moi un art de qualité parce que l'intention communicante y est affaiblie (je le répète la question de départ concerne la qualité estimée de l'artiste). L'art brut me semble être un oxymore.

Pour ce qui est des arguments, va voir un peu ce que signifie arguments. Je ne vois pas en quoi, au travers de tes commentaires brefs et affirmatifs tu argumentes plus que moi.

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Membre, 158ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 158ans‚
Posté(e)
Mais l'art brut n'est pas pour moi un art de qualité parce que l'intention communicante y est affaiblie

(voilà qui confirme donc ce que j'avais supputé)

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

(voilà qui confirme donc ce que j'avais supputé)

Parce que je n'envisage pas les oeuvres d'art comme totalement individuelles. Une oeuvre d'art ne peut être qu'un acte de communication qui fait la synthèse entre singularité et relation au groupe. Et l'originalité de cette synthèse est indispensable pour en faire une oeuvre d'art de qualité.

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Membre, 158ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 158ans‚
Posté(e)
Une oeuvre d'art ne peut être qu'un acte de communication qui fait la synthèse entre singularité et relation au groupe.

Je comprends pas cette phrase, tu peux faire plus clair ?

Et en admettant pour l'oeuvre, quel rapport avec son créateur, avec l'acte de créer ?

.

Modifié par chapati
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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Pour moi la création d'une oeuvre d'art n'est en rien un acte de communication. Je crois au contraire que c'est quelque chose de très individuel, qu'a aucun moment l'artiste ne crée en fonction de qui recevra l'oeuvre.

Pour communiquer, pour signifier, il y a d'autres supports...

"Ma raison d’écrire des histoires : me donner à moi-même la satisfaction de voir plus distinctement et avec plus de détail et de stabilité les impressions vagues, allusives et fragmentaires du merveilleux, du beau et de l’attente aventureuse qui me sont produites par certains aperçus (scéniques, architecturaux, atmosphériques, etc.), des idées, des occurrences et des images rencontrés dans l’art et la littérature. J’ai choisi les histoires surnaturelles (weird), parce qu’elles conviennent le mieux à mon inclination – un de mes vœux les plus forts et les plus persistants étant de réaliser, momentanément, l’illusion d’une étrange suspension ou violation des limitations exaspérantes du temps, de l’espace et des lois naturelles qui partout nous emprisonnent et frustrent notre curiosité des infinis espaces cosmiques hors de nos perceptions et analyses."

- H.P. Lovecraft - Notes sur l'écriture de la fiction surnaturelle

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Je poursuis l'étude du cas de Lovecraft:

"Quant à comment j’écris une histoire – il n’y a pas de manière unique. Chacune de mes fictions a une histoire différente. Une ou deux fois, je suis littéralement parti d’un rêve ; mais habituellement je pars d’une sensation, d’une idée ou d’une image que je souhaite rendre, et la résoudre mentalement jusqu’à ce que je puisse envisager un moyen cohérent de lui donner corps par une chaîne d’occurrences dramatiques capable d’être dite en termes concrets. J’ai tendance à m’engager dans une liste mentale des circonstances ou situations basiques le mieux adaptées à une telle sensation, idée ou image, puis commencer à spéculer sur les explications logiques ou naturellement fondées de cette première sensation, image ou idée, qui puissent justifier la circonstance ou situation évoquée."

"L’atmosphère, et non pas l’action, est le grand desideratum de la fiction surnaturelle. Bien sûr, tout ce à quoi peut atteindre la plus merveilleuse histoire, c’est une peinture vivante d’un certain type d’émotion humaine. Les moments où elle essaye d’être quoi que ce soit d’autre devient puéril, non convainquant, bas prix."

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je comprends pas cette phrase, tu peux faire plus clair ?

Et en admettant pour l'oeuvre, quel rapport avec son créateur, avec l'acte de créer ?

.

Cette phrase reprend ce que j'ai dit tout au long de ce sujet : l'artiste s'est imprégné d'une culture, mais qu'il s'est approprié parce qu'il est un individu unique (comme chaque être). Le bon artiste parviendra à faire la synthèse de la culture dont il est imprégné et de sa singularité propre (faite d'émotions, d'imagination, de fonctionnement psychique unique) pour apporter du nouveau à cette culture (nouveau parce que singulier).

C'est un acte de communication parce qu'il nait à la fois de l'intelligence collective et de ce qu'un individu a fait de cette intelligence collective. Et pour s'exprimer, donc pour communiquer.

Modifié par CAL22
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