Mort d'Elie Wiesel

Né en 1928 à Sighet, petite ville des montagnes carpates de Roumanie, Elie Wiesel est déporté à quinze ans à Auschwitz-Birkenau, où sa mère et sa plus jeune soeur périssent dans les chambres à gaz.

http://www.liberation.fr/planete/2016/07/03/elie-wiesel-la-mort-d-une-memoire_1463660

Déporté à 15 ans en 1944, il restera jusqu'en 1945 avec son père qu'il verra mourir à Buchenwald.

Je l'aimais, il ne voulait pas raconter sa propre histoire et dans ses romans, il tournait autour mais ne se dévoilait pas.

Aujourd'hui, je lis dans Libération qu'il l'avait fait. Voici ce récit :

Mourant sur son lit de camp, son père le supplie de venir à ses côtés. «C’était son dernier voeu - m’avoir auprès de lui au moment de l’agonie, lorsque l’âme allait s’arracher à son corps meurtri - mais je ne l’ai pas exaucé. J’avais peur. Peur des coups». Tétanisé, il voit les coups de gourdin mortels d’un SS s’abattre sur son père. «J’ai laissé mon vieux père seul agoniser. Sa voix me parvenait de si loin, de si près. Mais je n’ai pas bougé. Je ne me le pardonnerai jamais. Jamais je ne pardonnerai au monde de m’y avoir acculé, d’avoir fait de moi un autre homme, d’avoir réveillé en moi le diable, l’esprit le plus bas, l’instinct le plus sauvage», écrit-il dans la version originale de La Nuit.

La Nuit, je l'avais lu, y a t-il un extrait omis mais ajouté dans la version en yiddish ?

Il disait qu'il n'y avait pas de mots pour ça, ça, c'est cette chose innommable, comment oublier les bébés jetés dans la fournaise comme lors de son arrivée à Auschwitz ?

Cette vision cauchemardesque, je l'avais eue un jour dans un documentaire filmé, j'avais été tétanisé, le mot n'est pas exact, il avait raison, il n'y a pas de mots pour décrire ça.

Devenu romancier grâce à François Mauriac, expatrié aux USA, il a inlassablement écrit sur le sujet de la Shoah.

On perd une mémoire, le devoir de mémoire, ces mots que j'aime tant, j'ai pris le flambeau comme des millions dans le monde, "afin que nul ne meure".

Sa petite soeur morte dans le camp d'Auswitch

Elie Wiesel et sa femme Marion en 2012

Oui, c'est affreux de se ronger en se rendant coupable de la barbarie des autres, comment peut on vivre ensuite après toutes ces horreurs !

Avoir souffert au point de se faire souffrir!

Un grand homme.

énorme malgré ce regard si lourd, de plus en plus avec le grand âge, il a fait l'objet d'un déni des négationnistes, il aurait usurpé l'identité d'un Wiesel mort dans un camps. Pénible.

Il a un fils.

Quelques choses à savoir sur lui :

Après la guerre, il sera élevé en France avec ses sœurs Béatrice et Hilda.

La nuit : c'est bien ce que je pensais, l'ouvrage initial faisait 800 pages et était écrit en yiddish.

De faible tirage au départ aux USA, il a atteint au fil du temps 2 millions de ventes.

En 1958 paraît la version française.

Il écrit surtout en français sinon en yiddish, hébreux, sa femme Marion polyglotte traduit ses ouvrages.

Il a créé la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité pour combattre l'intolérance et de l'injustice. Elle a perdu plus de 15 millions de dollars lors du scandale Madoff.

Il a aussi perdu toutes ses économies évaluées à 1 million de dollars.

En 2003, le gouvernement roumain lui a demandé d'étudier en Commission le cas des juifs roumains déportés en octobre 1941.

Il a reconnu l'entière culpabilité de l'Etat.

Depuis, le 9 octobre, on commémore la Shoah en Roumanie.

En 2012, il refuse la Grande Croix du Prix du Mérite décernée par la Hongrie pour «blanchiment des épisodes tragiques et criminels qui ont eu lieu dans ce pays au cours de l'Holocauste.."

Merci Mr Wiesel.

https://translate.google.com/translate?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=en&u=http://www.haaretz.com/israel-news/1.575072

Entretien dans le Philosophoire" en 2005 avec deux philosophes français :

((en visite, envoyé par Clinton)

- A Birkenau même – qui est un lieu maudit, maudit par les hommes – au nom de l’humanité, qui était celle aussi des tueurs, j’ai dit :

« Seigneur, Dieu de charité, n’aie pas de charité pour ceux qui ont tué les enfants, Dieu de compassion, n’aie pas de compassion, je t’en supplie, pour eux »

Et je n’ai pas de compassion. Je ne pardonne pas à ces tueurs. Il n’y a rien à faire, je ne pardonne pas. Autrement dit, qu’ils brûlent en enfer. Je suis contre le pardon justement pour ça, quand il s’agit de ces tueurs, qui ont parfois tué des centaines d’enfants juifs, un après-midi, et qui le soir allaient retrouver leur famille et jouer du Bach et citer Schiller, et s’émerveiller en lisant un vers de Goethe ! Non, je ne marche pas, je ne veux pas.

- souvent on m’arrête quelque part en me demandant si je pardonne au peuple allemand. J’ai toujours une réponse facile : ils ne me l’ont jamais demandé. Et même s’ils me le demandaient, qui suis-je moi pour pardonner au nom des morts ?

Vous avez raison, les passeurs de relais, ne pas oublier.

https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2005-1-page-5.htm

Il a un fils Shlomo Elisha Wiesel, une belle-fille Jennifer et deux petits-enfants