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Le concept d'âme, au delà de l'opposition matérialisme/idéalisme..


jean ghislain

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Membre, 52ans Posté(e)
jean ghislain Membre 1 084 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Au delà de l'opposition matérialisme contre idéalisme, on peut se demander comment le concept d'âme est traité tout le long de l'histoire de la philosophie. Car si la science moderne considère les phénomènes de l'esprit comme des phénomènes neuro-biologiques complexes, la philosophie se veut moins tranchée, comme nous allons le voir.

Commençons donc par des questions toutes simples. L'âme existe-t-elle ? Est-elle matérielle ? Proprement humaine ?

Si l'on veut oublier un moment l'époque moderne qui n'a plus que faire de ce questionnement, alors pour répondre sous un angle pré-moderne, il faut s'en référer à la métaphysique.

Remontons donc au moment où le débat était encore de savoir comment la vie surgit de l'inerte, et bousculons un peu les paradigmes modernes qui ne doivent pas forcément avoir blanc seing pour tout décrire ou expliquer.

Pour le moyen-âge chrétien, l'âme existe, elle relie par-là l'homme (et non l'animal, et encore moins la matière inerte) au divin.

Alors, derrière l'idéalisme, chez un chrétien, on trouve une quête spirituelle qui appelle un dépassement vers le bien. Le matérialisme étant alors dévallé au rang de satisfactions primaires, qui ne sont qu'illusoires parce qu'éphémères et vaines.

Or dans l'Antiquité, le débat se plaçait autrement. C'était, avant tout, non une question spirituelle, mais plutôt un recherche scientifique. De quoi est composé le monde. De matière, d'atomes, d'énergie ? Comment tout se meut ? A partir de quoi un possible devient acte ?

Il est intéressant de croiser les deux attitudes, celle antique et celle médiévale, afin d'ouvrir de nouveaux horizons à la modernité.

Mais il faut en premier lieu comprendre la distinction entre essence et existence, si l'on veut continuer à me lire.

L'essence d'une chose, et par extension d'un être (tel que l'homme) est ce qui fait que la chose est telle quelle. De façon moderne, on parle en psychologie de caractères innés chez l'homme. Mais l'essence ne se réduit pas à cela. L'essence, pour en donner une définition, est tout ce qui constitue un être, dans l'idée. Ce qui ne veut pas forcément dire que toute essence se retrouve dans l'existence. Par exemple, un être peut très bien vivre sans réaliser toutes ses possibilités. Non seulement la vie est finie, mais en plus de cela, la vie n'est pas sans entraves. Voilà pour les précisions.

Revenons au débat. Suarez est un métaphysicien médiéval. Kant est postérieur. Pour Kant, l'homme se réalise grâce au savoir, pour résumer. Pour Suarez, l'homme se réalise par la création divine. Tous deux sont donc idéalistes, peut on dire. C'est donc la réponse à la réalisation de l'homme, mode "idéal", en gros.

Au regard de l'antiquité, on peut se référer au traité d'Aristote "de anima" (de l'âme). "psyche esti gar oion arche ton zoon" (l'âme est quelque chose comme la source d'être de l'étant qui vit) - De Anima I 1, 402 a 6 sq.

Aristote peut être interprété comme l'inventeur de l'âme en tant que substance matérielle (c'est Kant je crois qui le lui reprochera), et donc comme quelque chose comme un souffle intérieur qui anime l'homme.

Tandis que pour d'autres, c'est Dieu qui insuffle immatériellement la vie. La philosophie n'a pas résolu ce problème, et le mieux est de sortir de l'aporie si l'on veut continuer le raisonnement.

Replaçons donc cette citation d'Aristote dans le contexte antique. Il était alors question de savoir comment un être peut s'animer. C'est la question de l'énergie et de la puissance (energeia/dynamis) : "arche kineseos e metaboles e en etero e e eteron" ([la puissance est] le point de départ d'un mouvement, d'un changement en un autre que ce qui est mû ou bien dans la mesure où ce dernier est un autre). En clair, la puissance permet le changement, donc de passer de l'inerte à la vie.

Repris par les médiévaux, on y rajoute Dieu à la base. Ce qui donne alors Dieu comme élément fondamental de toute métaphysique. Il est donc la puissance créatrice de tout ce qui existe, ou pourra exister. Après coup, on comprend alors mieux les tenants métaphysiques de cette fameuse phrase "par Lui tout a été fait, et rien n'a été fait sans Lui". L'âme serait donc ce qui fait vivre l'homme, et elle est un don, une grâce de Dieu.

On ne retrouve cette théologie pourtant nulle part dans l'Antiquité qui, néanmoins, constituera pour les époques suivantes un terrain très propice, notamment par le biais des néoplatoniciens, pour développer tout un arsenal théologique, tant réprouvé par l'époque moderne.

Il n'en demeure pas moins que, avec ou sans forcément les réponses théologiques, le questionnement de savoir comment la vie se réalise, la question du mouvement pour la matière, ou encore chez l'homme comment il peut avancer vers lui-même et ses projets... que toutes ces questions restent ouvertes et dépassent de loin une simple opposition matérialisme/idéalisme

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Membre, 143ans Posté(e)
takamine Membre 800 messages
Baby Forumeur‚ 143ans‚
Posté(e)

au delà l idéalisme et du matérialisme il y a .. ces fous qui parcours tes mots

et découvrir le beau en apprenant à lire sur tes lèvres ..

« Âme qui part en voyage , j essaie de capter Ton cri au delà des distance

Bien que ta voix résonne comme l’écho

Étreinte .. et peut être éteinte par le bruit Déferlant en moi

.. où est ce toi

Qui orchestre cela a présent ..

Toi qui rirais à l' Idée

de me faire chanter de l'intérieure

et de m imposer tes doux Diktats … »

( Denise Riley , A part of Song)

un jolie voyage a travers la pensée Jean .. merci pour la lecture

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Pour en revenir à l'évolution de l'idée de l'âme ou sans parler d'évolution, des différents points de vue selon l'histoire de la philosophie;

Le premier qui aurait dit de l'âme qu'elle était immortelle serait Thalès.

Certains pouvaient le penser bien avant ou en avoir l'intuition.

Le culte des morts, le fait de leur donner une sépulture sous entend dès la préhistoire la plus reculée, une certaine intuition de la pérennité de l'âme.

Freud relie directement cette confrontation du primitif à la mort (celle du père de la horde primitive) et pour mieux dire le refus de cette mort, via la culpabilité d'un meurtre hypothétique à l'invention de Dieu.

Et de fait, l'âme de chacun serait suivant la plupart des idéologies religieuses sensée retournée vers (le) Dieu.

Le "par Lui tout a été fait, et rien n'a été fait sans Lui" vient (je crois me souvenir de l'évangile selon St Jean.

Il faudrait bien sûr définir ce que l'on entend par "âme".

Est-ce l'esprit, la pensée, cette faculté d'abstraction que nous savons tous posséder ?

Ou est-ce encore autre chose ?

C'est de cette opposition concernant l'origine de l'esprit (ou de l'âme) que vient l'opposition entre idéalisme et matérialisme.

Les idéalistes pensent souvent que les matérialistes nie l'idée ou l'idéal.

Pour un matérialiste, c'est simplement la distribution des rôles qui est différente.

L'idéaliste (ou le religieux) dit que l'esprit est premier essentiellement, mais surtout chronologiquement.

("Sans l'esprit (Lui, Dieu, l'Esprit) rien n'arrive ni n'existerait." Ou encore "au commencement l'Esprit de Dieu planait sur les eaux".)

C'est une affirmation grave (de conséquences)!

Dès lors, le matériel, la matière est presque de trop, inutile. C'est une dégradation de l'esprit qui nous reviendrait presque d'abréger.

Vivement que notre esprit -notre âme- se détache enfin de notre corps pour rejoindre son origine (Dieu) qu'elle n'aurait jamais dû quitter !

Et c'est bien vers quoi tendent les écrits religieux d'un St Paul par exemple. Abrégeons la vie ne procréons plus et la mort sera vaincue. Plus de vivants donc plus de mort, plus que Dieu !

En revanche, le matérialiste ne nie absolument pas l'idée (= l'esprit) et sa suprématie objective sur le corps, sur le matériel.

Pour lui, l'esprit l'idéal est l'aboutissement du matériel.

La chronologie est différente.

Et l'âme (ou l'esprit) est un aboutissement, un sommet.

Elle n'est pas au début mais à l'arrivée. Elle n'a rien organisé ni rien dirigé sous forme d'un quelconque souffle vital. Tout cela s'est construit de soi même par hasard et nécessité.

Sa présence son existence, (de l'âme ou de l'esprit) est le résultat d'une stratification, d'une complexification, HISTORIQUE.

Au début le minéral, puis, le vivant, puis enfin, l'esprit, le spirituel, l'âme.

Aucun mépris du matériel n'est envisageable depuis l'âme (et ses hauteurs !) puisque il est la base indispensable sur laquelle elle se construit.

Mais une fois advenue (dans le cas de l'humanité), c'est bien l'idée, l'a pensée, l'esprit. et même l'idéologie (!!!) qui commande.

Pour le matérialiste, l'âme (=l'esprit) est le prolongement du corps vivant, lui même prolongement du matériel minéral, lui même prolongement de...

De quoi ? On ne sait pas trop mais on cherche !

En tout cas un atome ne pense pas, un cristal, non plus, un protozoaire non plus, un lézard, très très peu, un chat ou un chien, guère, un singe déjà un peu plus et nous oui.

Le matérialisme n'est pas un délire, pas une hypothèse ni une invention : Il décrit simplement le réel qui nous entoure.

Et il essaie d'en rendre compte le plus simplement possible.

(Je suis un idéaliste matérialiste !)

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  • 4 semaines après...
Membre, Posté(e)
anruadebobdny Membre 567 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Tout concept est réel pour l'esprit qui conceptualise.

Si l'on retrouve ce qu'il y avait avant tout concept,

le concept de l'âme importerait-il toujours?

Un esprit qui est pure qui est saint. N'y a pas d'égo. Il n'y a pas d'image de soi.

Alors l'âme elle même serait un concept dissous.

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Membre, 57ans Posté(e)
ping Membre 6 305 messages
Baby Forumeur‚ 57ans‚
Posté(e)

La définition de l’âme prend ses sources dans la philosophie, la théologie, la psychologie. L’âme représente la partie invisible de l’homme. L’âme ou psyché est à l’origine de tous les faits humains : de la civilisation comme de la guerre. "Tout est d’abord psychique et invisible".

Il est important de différencier âme et conscience. La conscience est à rapprocher du Logos (du verbe), de la capacité à dire le réel, tandis que l’âme humaine est « fantaisie créatrice ». La psyché crée chaque jour la réalité. La conscience observe et dit la réalité.

L’âme est mouvante, changeante. Elle s’oppose à la rigidité des doctrines, élaborées par la conscience : "La vie éternellement changeante de l’âme représente comme une réalité plus forte, mais aussi moins confortable que la sécurité rigide d’une doctrine.

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