Connaissez vous Cioran ?

Et regretter d'être né, c'est se mêler d'une quelconque réalité des faits ? Ou c'est interpréter un fait auquel nul ne peut rien ?

Il ne regrette pas d'ètre né , il suggère juste que c'est un INCONVENIENT que l'on ne peut que subir .

A moins d'ètre mort né , mais là ça compte pas :smile2:

D'ailleurs tout à la fin de son dernier livre , il l'avoue , je cite de mémoire :

" je me serais bien trémoussé comme tout un chacun , dans ce monde absurde " Cioran , faut le savoir est un sacré farceur .

Suffit de l'entendre et de le voir sur Youtube ( son accent fait que l'enregistrement n'est pas top , mais ça vaut le coup quand mème )

C'est un des points dans lesquels je me reconnais en lui .

Comme je le dis souvent à certains : Si tu crois tout ce que j'écris mieux vaut ne pas me lire !

C. : " Nous sommes tous des farceurs , nous survivons à nos malheurs "

" Il faut toujours ètre du coté des opprimés , mais se rappeler que les opprimés d'aujourd'hui seront les oppresseurs de demain "

Il a pas beaucoup écrit , mais ses livres étaient édités en Angleterre , Allemagne , USA etc .

Il n'aimait pas la publicité , recevait parfois mais à contre coeur des étudiants qui souhaitaient lui parler , comme cette étudiante japonaise , mais ça le fatiguait , trouvant que tout ce qu'il aurait à leur dire se trouvait dans ses livres et qu'ils avaient qu'à les lire .

Tout le contraire de ce fantoche de Sartre qu'il fréquenta à une époque !

J'aime d'ailleurs cette sentence de C., ou sans le citer , mais reconnaissable par tout bon germanopratin qui se respecte il écrit :

" Méfiez vous des maitres à penser , méfiez vous de ceux qui flattent les jeunes ! "

Annah Arendt , pour prendre un exemple , tirait à pas plus de 10000 exemplaires , mais comme la plupart vivait de ses cours dans de grandes universités , américaines notamment .

Cioran était sollicité par certaines universités françaises , mais c'était contraire à son type d'existence et refusait toute proposition .

Se faire " entretenir" par Simone Boué lui suffisait amplement :smile2:

L'était très lié à Sam Beckett , lui aussi un bon farceur , plein d'humour et que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans un café bd Raspail , sans savoir qui c'était car à l'époque , début sixties , les écrivains , sauf quelues gloires comme Mauriac , n'étaient pas médiatiées .

En fait on a parlé rugby dont il était grand amateur, le lendemain du mémorable France Galles 1965 .

Hein ?

Oui , vous vous en foutez , ça je me'en doute , mais vous aviez qu'à sauter ce passage !

.

Cela ne risque pas d'arriver. D'ailleurs, j'arrête de te lire.

T'as encore bien mieux : tu peux me blacklister !

Que l'homme perde sa faculté d'indifférence : il devient assassin virtuel

Je relève ça ...

On s'arrête pas de nous bassiner avec l'enthousiasme, là il semblerait qu'on ait autre chose !...

L'enthousiasme, il est vrai a son pesant de ridicule.

Mais où mène l'indifférence ?

Au retrait ?

Ne vivre au mieux qu'en spectateur... ébahi ?

Pas de révolte ?

(La révolte est en un sens l'opposé de l'indifférence.)

Ou alors tout resituer dans un monde intérieur de soi, pour soi, entre soi ?

La seule légitimité serait l'usage privé.

(Et le militantisme sera évité.)

"Garder sa faculté d'indifférence", donc...

Un peu comme un mot d'ordre ou plutôt une devise.

Je relève ça ...

On s'arrête pas de nous bassiner avec l'enthousiasme, là il semblerait qu'on ait autre chose !...

L'enthousiasme, il est vrai a son pesant de ridicule.

Mais où mène l'indifférence ?

Au retrait ?

Ne vivre au mieux qu'en spectateur... ébahi ?

Pas de révolte ?

(La révolte est en un sens l'opposé de l'indifférence.)

Ou alors tout resituer dans un monde intérieur de soi, pour soi, entre soi ?

La seule légitimité serait l'usage privé.

(Et le militantisme sera évité.)

"Garder sa faculté d'indifférence", donc...

Un peu comme un mot d'ordre ou plutôt une devise.

Rude question que tu poses là Blaquière .

Mais c'est jamais innocent de tronquer une citation en l'écourtant .

Ainsi :

" Que l'homme perde sa faculté d'indifférence : il devient assassin virtuel ; qu'il transforme son idée en dieu : les conséquences en sont incalculables "

Quand il parle d'indifférence , c'est ètre indifférent à toute idéologie de quelque nature qu'elle soit , religieuse ou politique .

Et que celui qui s'éprend d'un dogme devient un assassin virtuel .

Il rejoint en cela le : " Ecrasons l'infâme " de Voltaire

Et non d'indifférence au monde qui nous entoure .

Ce qu'il exprime quand il écrit :

" Il faut toujours ètre du coté des opprimés , tout en sachant que les opprimés d'aujurd'hui seront les oppresseurs de demain "

Malheureusement ce qu'on vérifie tous les jours ....

Extrait dans Ecartèlement.

« Devant ces gueules si disparates […] la possibilité même d’une multitude si hétéroclite suggère que dans l’espace qu’elle occupe n’existait plus chez les autochtones le désir de sauvegarder ne fût-ce que l’ombre d’une identité. »

Cioran était-il raciste ?

On connaît ses accointances avec l'idéologie Nazi durant sa jeunesse. Que penser de sa prophétie sur Notre Dame de Paris.

Rude question que tu poses là Blaquière .

Mais c'est jamais innocent de tronquer une citation en l'écourtant .

Ainsi :

" Que l'homme perde sa faculté d'indifférence : il devient assassin virtuel ; qu'il transforme son idée en dieu : les conséquences en sont incalculables "

Quand il parle d'indifférence , c'est ètre indifférent à toute idéologie de quelque nature qu'elle soit , religieuse ou politique .

Et que celui qui s'éprend d'un dogme devient un assassin virtuel .

Il rejoint en cela le : " Ecrasons l'infâme " de Voltaire

Et non d'indifférence au monde qui nous entoure .

Ce qu'il exprime quand il écrit :

" Il faut toujours ètre du coté des opprimés , tout en sachant que les opprimés d'aujurd'hui seront les oppresseurs de demain "

Malheureusement ce qu'on vérifie tous les jours ....

Cioran semble affectionner tout particulièrement de s'exprimer sous forme d'aphorismes.

La formule concise a son charme et a le mérite d'interpeller notre esprit à coup sûr.

Reste la réflexion qu'elle initie.

Les deux termes de la citation en question sont (à mon avis) absolument différent et séparables. Il n'y a pas entre les deux de liaison logique de cause à effet ni autre.

Le fait de relever la première partie est donc de ma part tout-à-fait innocente !

Il ne s'agit que du principe cartésien de l'analyse : "diviser chacune des difficultés qui se présenterait à mon esprit en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux comprendre."

"Que l'homme perde sa faculté d'indifférence : il devient assassin virtuel "

soit !

Ne pas être indifférent, c'est prendre parti. Donc choisir un camp, et devenir peu ou prou l'ennemi du camp opposé.

Que le fait d'être ennemi vous transforme en tueur potentiel, cela peut se comprendre, mais il s'agit d'une conclusion excessive dont le but est d'interpeller le lecteur.

Tout ennemi ne souhaite pas forcément la mort de son ennemi : là est l'excès de la formulation !

Une progression/évolution importante est nécessaire pour passer de la simple non-indifférence (ou du choix de la préférence d'un parti) au "militantisme actif" du "soldat tueur potentiel/virtuel".

La meilleure preuve que les deux points ":" marquent une fausse déduction (que la perte d'indifférence n'équivaut systématiquement pas à devenir un assassin virtuel), c'est justement quand il dit qu'il faut "être toujours du côté des opprimés".

Puisque dans ce cas, la non-indifférence (qui fait prendre parti pour les opprimés) conduit à être justement un "anti-assassin virtuel".

Je crois donc que dans ce cas Cioran s'est laissé emporter par la jouissance de la formule.

Ce qui n'est pas illégitime.

Pour ce qui est de la seconde partie :

"qu'il transforme son idée en dieu : les conséquences en sont incalculables"

Il s'agit d'un nouveau problème et d'un nouveau débat qui n'est pas sans rapport avec le premier terme mais qui est tout autre chose.