Aidez-moi SVP

Parce que dans cette vie sans couleurs

J'aurais pu calmer tes ardeurs

Si t'avais pu juste attendre ton heure

Si tu me vois en pleurs

C'est peut-être le bonheur.

Qui sait ce qu'il y a dans mon coeur.

Génial !

Vos petites phrases finissent toutes par le même son !

Vous avez inventé la rime !

Vous avez aussi :

Glissant ?

-- Du beurre !

Besogneux ,

--Le labeur,travailleur !

Déçu ?

--Boudeur

Athlétique ?

--Marcheur

Agricole ?

--Tracteur !

Belliqueux ?

--Batailleur !

Usurier ? endormi ?

--Bailleur !

Inconscient ?

--Cascadeur

Exposant ?

--Encadreur

Artiste ?

--Acteur

Bavard ?

--Hâbleur, baratineur !

Gigolo ?

--Séducteur !

Garagiste ?

--Vidangeur

Désespéré ?

--Je me meurs !

De profundis ?

--Fossoyeur !

Désabusé ?

J'en passe et des meilleures...

J'ai l'impression que je vous ai coupé le sifflet et je culpabilise !

Parce que c'est bien (à mon avis) de vouloir dire quelque chose, de vouloir écrire.

Une poésie.

Tout le monde sait que c'est une expression de son émotion.

Mais il y a la forme aussi.

Et pour la poésie, la forme c'est aussi le fond.

Au premier rang, de la forme, il y a les rimes.

(Les sons.)

La musique. Sans sa musique, la poésie n'existerait pas.

Donc, oui : la rime.

C'est le "b, a" "ba" de la musique.

Parce que la répétition du même son amène un rythme et une couleur.

"Ou", "eu", "i", "a", c'est pas pareil.

"Ou, Ou !" c'est pas "i, i !" J'allais dire c'est même le contraire ! Mais non : c'est différent !

Mais le rôle le plus important de la rime en plus de la musique, du son, c'est de créer du sens.

C'est créer ici qui est important. Faire, inventer ce qui n'existait pas avant.

Faire rimer deux mots, c'est mettre aussi leurs sens en relation.

Mêmes sons, mais sens différents, qu'il faut relier, unifier. La rime crée une synthèse inattendue, imprévue de ces sens différents.

Si on fait rimer "coeur" avec "bonheur", ou "peur" avec "malheur", on n'invente rien qui ne l'a déjà été. On reste dans le cliché.

On peut aussi faire rimer :

"Une tartine de beurre

pour mon quatre heures !"

ça n'a aucun intérêt. Ou alors comique, pourquoi pas.

Mais c'est pas de la poésie.

Je cherche un exemple de véritable création de sens grâce à la rime...

...et je pense à Apollinaire dans "Le pont Mirabeau" :

L'amour s'en va comme cette eau courante<br style="font-family: 'Times New Roman';">L'amour s'en va, comme la vie est lente<br style="font-family: 'Times New Roman';">Et comme l'Espérance est violente<br style="font-family: 'Times New Roman';"> Vienne la nuit sonne l'heure<br style="font-family: 'Times New Roman';"> Les jours s'en vont je demeure

Il fait rimer "lente" avec "courante" : on comprend tout de suite que malgré la rime semblable, le sens entre "courante" et "lente" s'oppose.

C'est de cette opposition que naît un sens.

On dit de l'eau de la rivière qu'elle est courante, qu'elle court, et pourtant, regarder une rivière qui coule est une "activité" qui implique la lenteur, l'immobilité, l'inaction !

L'eau court, matériellement, c'est vrai que l'eau d'une rivière se déplace rapidement. Et pourtant c'est une action permanente. Toujours la même, sans changement et comme immobile. Lente. Constater un mouvement requiert une certaine immobilité.

Comme l'amour qui s'en va lentement. Et donc à la fois lentement et vite.

Troisième rime en "ente" :

"Violente" !

(On y était déjà arrivé...)

L'espérance est violente.

Ce n'est plus une rime (espérance-violente) juste une assonance.

Mais ça suffit.

Comment une espérance peut-elle être violente ?

C'est un choc. Le sens naît du manque de sens, de l'étonnement. Il faut comprendre.

Et tout de suite, on pressent que l'espérance peut être violente de tas de façons.

Parce qu'elle peut être déçue? Parce qu'elle demande tellement d'énergie ?

Je ne sais.

Ou plutôt oui : parce qu'elle s'insurge !

D'être trahie

Cette superposition ou cette suite :

"Courante

Lente,

Espérance,

Violente"

Fait jaillir du sens, ou plutôt de l'émotion dans tous les... sens !

Pour "heure" et "demeure", c'est encore une opposition.

L'heure s'écoule (puisqu'elle sonne), progressivement...

Aussi comme un glas.

La mort de l'amour.

Et pourtant moi (le poète, lui) je demeure. Je vis.

Ne change pas.

Celui qui n'aime plus peut-il être le même que celui qui aimait.

Suite à un changement lent, rapide, refusé violemment, et qui comme les coups de l'heure est inexorable.

Il y a comme un flou de la réalité...

Le sentiment qu'on court à la surface de l'eau sans pouvoir se raccrocher, ni s'arrêter...

Qu'on ne maîtrise rien... etc.

(A mon avis) C'est ce que suggèrent ces rimes en quelques secondes.

En restant seulement à la première surface des mots.

Rimons donc !