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Citation J. Elllul


Invité Leopardi

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"Voici donc ma première question : Comment socialement, politiquement, moralement, humainement pourra-t-on en arriver là [au Tout technique] ? Comment résoudra-t-on les prodigieux problèmes de chômage, les prodigieux problèmes économiques engendrés par exemple par l’automation si on veut vraiment l’appliquer ? Comment fera-t-on accepter à l’ensemble de l’humanité de ne plus procréer d’enfants par la voie naturelle ? Comment fera-t-on accepter à l’humanité de se soumettre à des contrôles hygiéniques constants et rigoureux ? Comment l’homme acceptera-t-il de transformer radicalement sa nourriture traditionnelle ? Comment évacuera-t-on les un milliard cinq cents millions d’individus qui vivent de l’agriculture et qui deviennent totalement inutiles et vers quoi ? (et cette conversion devra être ultra rapide…) Comment répartira-t-on cette population DE FACON EGALE sur toute la surface de la terre puisque c’est la première condition pour que la terre compte quatre fois plus d’habitants ? Comment établira-t-on un modus vivendi stable entre les nations pour le partage des voies aériennes, des satellites, etc., ou alors comment arrivera-t-on à faire disparaître les structures nationales ? (L’une ou l’autre de ces hypothèses est indispensable.) Il y a bien d’autres « comment ». Mais personne n’en parle. Or quand on pense que le charbon et le pétrole ont provoqué quelques problèmes économiques et sociaux très minces d’ailleurs : et que, au bout d’un siècle et demi nous n’avons pas encore su les résoudre vraiment, y’a-t-il quelque chance pour que l’on sache répondre à ces « Comment », dix mille fois plus compliqués, dans le demi-siècle qui vient ? A la vérité il y a une voie, mais une seule : la dictature mondiale la plus totalitaire qui puisse exister. C’est exactement le seul moyen pour permettre à la Technique son plein essor et pour résoudre les prodigieuses difficultés qu’elle accumule. Mais l’on comprend sans peine que les scientifiques et les technolâtres préfèrent ne pas y penser, et sautant allégrement par-dessus cette période intermédiaire sombre et sans intérêt, retombent à pieds joints dans l’âge d’or.

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Octavius Membre 2 messages
Baby Forumeur‚
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Vous parlez du docteur en droit J. Ellul ? Ce n'est pas du tout son style d'écriture. D'où tenez-vous cette citation ?

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Oh si ! son style, tout emprunt de rage face à notre aveuglement sur l'emprise du système technicien, a la particularité d'être reconnaissable entre mille. Le hasard fait que je viens de lire seulement quelques extraits de Exégèse des nouveaux lieux communs, où Ellul démonte toutes sortes de clichés empêchant l'homme moderne de voir les vrais problèmes qui le guette, de poser correctement l'énoncé et de chercher des solutions, par exemple la fausseté de ce lieu commun selon lequel "la machine est un objet neutre dont l'homme est le maître".

Un moteur de recherche permet de retrouver la source, ce texte du topic étant extrait de Le système technicien par J. Ellul, 1977 (Le sous-titre du topic indiquait "quelques questions posées en 1977...").

Du coup, je suis tombé sur un article intéressant "Une machine infernale nommée Occident", par Serge Latouche http://www.revue-ter...le8_p24-p27.pdf

Comme première réponse au "comment" et au pourquoi "on en parle pas", je dirai :

- d'abord commencer par se débarrasser des lieux communs. La machine, objet neutre ? Certes, l'homme est capable de maîtriser une machine, ou un ensemble limité de machines, mais peut-il être maître de la combinaison de plus en plus complexe de l'ensemble technique dont chaque machine est une pièce ? Qui en est le maître à l'échelle mondiale ? Personne. Les comportements de l'homme sont modifiés par la machine, dans ses rapports sociaux, dans sa vie affective, dans ses jugements et préjugés, dans ses besoins et sa pensée. L'homme, modifié lui-même par la machine soi-disant neutre, ne peut plus s'abstraire d'un système technicien et, plus grave, de la morale insidieuse qui l'accompagne.

- S'interroger sur les lieux communs entretenus par une certaine propagande médiatique. La publicité Areva, lancée juste avant la catastrophe de Fukushima, est l'exemple-type, particulièrement abject, de publicité-propagande.

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Invité Leopardi
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Posté(e)
La machine, objet neutre ? Certes, l'homme est capable de maîtriser une machine, ou un ensemble limité de machines, mais peut-il être maître de la combinaison de plus en plus complexe de l'ensemble technique dont chaque machine est une pièce ?

quelques penseurs pourraient nous aider à y voir plus clair ?

La machine ac Hegel (Realphilosophie, I, p.237) :

C’est de l’homme que l’outil tient comme tel son pouvoir de négation partielle, mais cela reste son activité. Avec la Machine, l’homme dépasse lui-même cette activité formelle qui est la sienne et il la fait travailler pour lui. Mais il devient à son tour victime de cette tromperie à laquelle il soumet la nature : ce qu’il arrache, plus il se l’asservit, plus il se rabaisse lui-même. En faisant travailler la nature par toutes sortes de machines, il ne supprime pas la nécessité de son propre travail : il se contente d’en retarder l’échéance, il l’éloigne de la nature et ne se règle plus sur elle comme un vivant sur une nature qui est vivante ; cette vitalité négative disparaît et le type de travail qui lui reste est de plus en plus machinal.

Mais, les capitalistes ayant accumulé du capital de manière à articuler les instruments de travail entre eux en des ensembles toujours plus vastes, intégrés et productifs, nous passons de la machine à la machinerie. La machinerie avec Marx ( Gundrisse, p. 583-89) :

Intégré dans le processus de production du capital, l’instrument de travail subit cependant une série de métamorphoses dont la dernière est la machine ou plutôt un système automatique de la machinerie (…) La machine cesse de se présenter, sous quelque rapport que ce soit, comme l’instrument de travail du travailleur individuel. Sa differentia specifica ne consiste aucunement à transmettre l’activité de l’ouvrier sur l’objet, comme le fait l’instrument de travail ; mais cette activité est plutôt posée de manière à ne plus que transmettre le travail de la machine, son action sur la matière première – à ne plus que surveiller la machine et l’empêcher de tomber en panne…

En somme, ce sont les travailleurs qui deviennent pour la machine ses instruments. Cela dit, il ne faut pas considérer les machineries et le type de travail auquel elles donnent lieu, en dehors du contexte social car "Pour exister, l’entreprise capitaliste moderne a besoin d’une Justice et d’une administration dont le fonctionnement soit aussi prévisible que les performances d’une machine" (André Gorz, Métamorphose du travail...) (pour que l'investissement soit possible, il faut de la prévisibilité). Comment cela se manifeste-t-il ? C'est le lent et laborieux avènement de la bureaucratie. La bureaucratie avec Weber :

Une machine inanimée est de l’esprit coagulé. C’est de là que lui vient le pouvoir de forcer les humains à la servir et de façonner leur vie de travail quotidienne de façon aussi contraignante qu’à l’usine. Est également de l’esprit coagulé cette machine vivante que constitue l’organisation bureaucratique avec sa spécialisation des qualifications apprises, sa compartimentation des compétences, ses règlements et ses rapports de subordination hiérarchique
Et weber prophétise ( L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme p.233 :
Nul ne sait encore qui, à l’avenir, logera dans cette carapace ni si, au terme de ce développement démesuré, de nouvelles prophéties, voire une renaissance irrésistible d’anciennes idées et d’anciens idéaux, se feront jour, ou, au contraire – à défaut de l’un et de l’autre – une pétrification mécanisée, déguisée en une sorte de raidissement dans l’esprit de sérieux. Dans cette dernière éventualité, les « derniers hommes » de cette civilisation pourraient confirmer la formule : « spécialistes sans âme, jouisseurs sans cœur » : et ce néant s’imagine avoir hissé l’humanité à un niveau encore jamais atteint jusque-là

Mais Weber n'avait pas prévu la révolte de OS (années 60) et l'apparition subséquente de l'idéologie des ressources humaines qui est venu "assouplir" la carapace (mieux déterminer les attentes des travailleurs, leur besoin en considération, de nouvelles manières qu'ils trouvent de la satisfaction à travailler).

Revenons à Ellul, qui écrit un peu plus tard que ces messieurs ci -haut. D'abord, il y a la technique comme milieu :

Il n’y a plus d’autres rapports de l’homme à la nature, tout cet ensemble de liens complexe et fragile que l’homme avait patiemment tissé, poétique, magique, mythique, symbolique disparaît : il n’y a plus que la médiation technique qui s’impose et devient totale. La Technique forme alors un écran continu d’une part et d’autre part un mode généralisé d’intervention. Elle est en elle-même non seulement moyen, mais univers de moyens – au sens d’Universum : à la fois exclusive et totale – c’est ce qui paraît aussi dans les relations entre les individus, ou le rapport qui s’établit entre individu et groupe : là encore tout devient technique. Les relations humaines ne peuvent plus être laissées au hasard, elles ne sont plus l’objet de l’expérience, de la tradition, de codes culturels, de symbolique : tout doit à la fois être mis au jour (dynamique de groupe, psychanalyse, psychologie des profondeurs) élucidé, puis transformé en schémas techniques applicables

Ce milieu donne lieu au système technicien avec l'apparition de l'informatique et des nouvelles techniques de communication :

Nous ne sommes plus une société dominée par l’impératif de production mais par l’émission, la circulation, les réceptions, l’interprétation d’informations multiples […] Les ordinateurs sont les facteurs de corrélation du système. Jusqu’ici les grands ensembles techniques n’avaient que peu de relations entre eux : il y a vingt-cinq ans on ne pouvait pas parler du système technicien, parce que tout ce que l’on constatait c’était une croissance de la Technique dans tous les domaines de l’activité humaine, mais une croissance anarchique, ces domaines restant encore spécifiés par la division traditionnelle des opérations conduites par l’homme […] le processus informatique résout le problème : il y a eu grâce à l’ordinateur apparition d’une sorte de systématique interne de l’ensemble technicien

Le système, c'est l'information.

Bon, pour la suite ce sera plus tard, et ça fait déjà un peu de "matière"

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Membre, 35ans Posté(e)
Pasdepseudo Membre 711 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Beaucoup de monde en parle !

Faut pas se limiter au 20h00 qui nous conditionne à ce système stupide.

Exemple de solution :

-> revenu de base

-> la décroissance

-> modèle économique basé sur les ressources

-> économie basée sur les ressources

GO GO GO !

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
Invité Leopardi Invités 0 message
Posté(e)

-> modèle économique basé sur les ressources

-> économie basée sur les ressources

Que veut dire "basé sur les ressources" ?

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
Invité Leopardi Invités 0 message
Posté(e)

Mmmh c'est joli comme ça mais le scepticisme me rattrape assez vite, puis rebalance en faveur, et en défaveur... J'irai donc voir plus en détail ce dont il s'agit. Merci

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