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Les poèmes à se pendre

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Elfière

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Membre, nyctalope, 39ans Posté(e)
Criterium Membre 2 852 messages
39ans‚ nyctalope,
Posté(e)

La lettre qui fait peur vient d'arriver

Pour ce jour de fête bien-nommé;

De longues lignes calligraphiées

Pour décrire tes insanités,

Des mots lourds et trop longs,

Des mots-coups de couteaux;

Des mots habillés de haillons;

Tes phrases, puissant nocebo.

Si tu aimes tant la peau,

Je t'enverrai un trésor :

Maintes rocailles et maints boyaux,

Je t'enverrai des animaux morts.

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Invités, Posté(e)
Invité Isadora.
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Posté(e)

Il m'appelait ma chère

En dévorant ma chair

Mais entre deux sourires

Il s'en allait vomir,

Lui l'amant hypocrite

Qui chaque nuit imite

L'amour, la volupté

Sans voir nulle beauté.

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  • 3 ans après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)


...Extrait

...........
Dans ma bouche les mots crèvent de froid
Dans les grandes chambres inhabitées de ma voix
Le blond friable des collines
Personne ne sait
Le destin des couleurs en l’absence des yeux.

Tout s’arrête
décembre désert
les bras lourds.
La lumière se cherche sur nos mains
Et soudain tout est plume
On s’envole comme une neige à l’envers.

............
LORAND GASPAR
 

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Gymnopédie

 

Songe aquarelle

Des jours péris

Déplie son aile

Sertie de pluie

Qu'Avril épelle

En art maudit

Violet rebelle

Du rose épris

Peint l'éternel

Au lilas gris

 

 

 

 

 

 

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  • 3 semaines après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Pelure d'orage :

 

Je crois qu'en ces temps de galère, il devient encore plus difficile d'apprécier "LE" petit moment de paisibilité parfaite!
Déjà que les grognons pathologiques n'ont pas besoin de prétexte pour éructer des grincements pour tout et pour rien (souvent d'ailleurs pour rien!), les contraintes du temps présent fournissent des aubaines sur lesquelles leurs postillons acides font s'épanouir les pires florilèges de conneries à longueur de journées confinées!

Moi, j'dis ça... En fait, quand j'allume la télé, je ne mets pas le son. Les seuls bandeaux déroulants en bas de l'écran me suffisent. J'essaie de "choper" l'info quotidienne officielle dans le merdier puis je me barre profiter des pâquerettes jolies de l'ailleurs gazouillant et zonzonnant de ce printemps magnifique!

Et j'en profite! Mes semailles prospèrent et mes fleurettes explosent leurs couleurs parfumées aux quatre coins de mon jardinet sous le soleil très présent depuis le début de l'emprisonnement forcé. Je sais que je suis privilégiée mais je me connais assez pour savoir que même dans des conditions moins heureuses, je chercherais la petite lumière sous les cendres pour éclairer mon chemin et regarder au loin sans avoir besoin de faire chier le monde.

Breeeeeeeeeef !!! :)

Hier, même douce chaleur dès le début de la matinée et après avoir "bouiné" dans ma cuisine et au jardin, j'ai chaussé mes baskets et me suis lancée dans ma campagne embaumée pour mon heure quotidienne d'exercice trottineur. C'est la noria des "crac-pneus" dans les champs alentours et le monde paysan me salue (de loin) à grands renforts de sourires déjà bronzés et de gestes de main sympatoches.

Il est déjà début d'après-midi quand je rentre et L. est déjà installée sous le parasol pour bosser sur son ordi et j'installe mon transat pour replonger dans des bouquins oubliés que je redécouvre avec un plaisir répété depuis le début du "restez chez vous". Un livre de poche tous les deux jours en moyenne, faut que ma bibliothèque assume...

L. me prévient que nous avons un risque de 90% de pluie dans l'heure et qu'il serait sage de déjà rapatrier sa table près de l'igloo préventivement monté pour ces risques d'ondée intempestive. Le ciel lui donne raison en s'habillant de gris plombé dans la demie-heure qui suit et les premiers jurons de Jupiter viennent semer une cacophonie jubilatoire chez les gazouilleux de tous ramages qui lui retournent leur façon de penser sur ses écarts de lang(or)age : "espèce de malpoliche"

Ça a encore demandé une demie heure pour que les premières grosses gouttes ne s'affalent sur le gazon et les plates-bandes reconnaissantes. L. est rentrée au sec et moi, j'ai rentré le transat dans la tente, enfilé une doudoune sur le short et débardeur et j'ai ... res-pi-ré...!!!
Quel grand bonheur! Depuis toute petite, j'adore la pluie sous toutes ses formes. Bon, j'habite en Anjou, je n'ai jamais eu à affronter les excès climatiques ni dans un sens ni dans un autre. La douceur angevine chantée par Joachim est une réalité. Alors, de la pluie, je n'ai connu que les chansons bluettes, les douces percussions des giboulées printanières et les caprices orageux d'étés trop chauds.
Oui, en gros, à quelques exceptions près, je n'ai vécu la pluie que comme une caresse vitale, musicale et profondément apaisante.

Alors, là, dans mon jardinet fleuri, emmitouflée dans mon abri, au milieu des éclairs sous le gris, des plics gentils et des plocs polis... j'ai benoitement souri!
Quelle paix, quelle plénitude, quelle simple... vérité?
En fait, je ne suis pas à la hauteur pour la description de la magie de ce présent présent. Alors, je l'ai respiré. Profondément consciente, délicieusement absente, hors du temps des autres, ancrée dans le murmure soyeux d'un espace différent.


 

P1560891.JPG

P1560900.JPG

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  • 2 semaines après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Woody.

 

T'étais tellement là

Comme il fallait

Toujours

Solide, égal, chaleureux.

 

T'étais tellement là

Simplement vrai

Tous les jours

Présent, loyal, heureux.

 

T'étais tellement là

Si doux, si fort, si discret

Ancré dans ton amour

Inconditionnel et joyeux

 

J'apprends le vide au cœur de moi

Quand je te cherche sans y penser

D'une caresse sans détour

Sur l'évidence de nous deux

 

Parce qu'encore, je ne sais pas

Tracer le trait

Sur l'absence sans recours

Je suis bancale et je m'en veux

 

 

Bonne route où que tu bondisses désormais. Je t'aime.

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Pelure d'orage (suite)

 

Le bitume
Est un lac
De flaques
Posthumes

Que réveille
Allegretto
Le soleil
D'une roue de vélo.

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)
 

Pelure d'orage (suite)

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Photos contées - Page 2 P1510310


Ricochet cristallin
Musicalise
La flûte de pin
Photos contées - Page 2 P1510312


Soupirs et silences
Défilent en aiguille
Courtisant l'eau qui danse



Photos contées - Page 2 P1510311

La brise des reflets
Aux cimes qui balancent
Pointille le ballet
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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 864 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Le 11/05/2020 à 11:54, Elfière a dit :
 

Pelure d'orage (suite)

Message

Photos contées - Page 2 P1510310


Ricochet cristallin
Musicalise
La flûte de pin
Photos contées - Page 2 P1510312


Soupirs et silences
Défilent en aiguille
Courtisant l'eau qui danse



Photos contées - Page 2 P1510311

La brise des reflets
Aux cimes qui balancent
Pointille le ballet

Je ne connais personne d'autre qui soit à ce point

capable d'écrire de la musique avec des mots...

Tu es pour moi un grand mystère...

L'exemple absolu...

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

J'ai toujours beaucoup de mal avec le "trop" de la gentillesse, tu sais bien...

Mais merci, Manu.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 864 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 22 minutes, Elfière a dit :

J'ai toujours beaucoup de mal avec le "trop" de la gentillesse, tu sais bien...

Mais merci, Manu.

Pas besoin de s'exagérer l'enthousiasme : il suffit de te lire...

Bise.

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

 PAULETTE ET CYRANO

 

Elle avait un prénom de soubrette
Lui, celui d'un héros.

Ils vécurent une vie
Sans chichis
Ensemble, cinquante ans
Ensemble, sept enfants,
Papa, Maman.

Pour leur paradis
J'ai loué pour un bail infini
La guinguette au bord de l'eau,
La limonade et les oiseaux.

Les bouteilles dans le cuvier
Sous la fontaine à l'eau glacée
Pétillent une conversation lutine
Avec les pétales d'églantine   

Cyrano, épi brillantiné
Paulette, aux lèvres rouge-baiser
Feutrant, légers sur le parquet
L'accordéon, tango glissé.

Paulette fredonne Tino Rossi
Cyrano siffle Mouloudji
Infatigables et sans soucis
Rythmant le bonheur et la vie

Talons aiguille, souliers serrés
Dans le fossé abandonnés
Par ces danseurs va-nu-pieds
Bras de chemise et bas filé.

Ils danseront jusqu'à la nuit
Complicité sans qu'il soit dit
Tissant les mailles d'un trésor
Pour une fillette qui s'endort.
                                                                                                       
Les étoiles sont des violettes blanches
La lune un cœur de bouton d'or
Témoins d'amour qui se penchent
Pour les voir voleter encor.

La vie est douce au Paradis
De Paulette et de Cyrano
Qui filent mon rêve en harmonie
Pour une soubrette et son héros.


Bonne fête, Maman
Bonne fête, Papa.

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Merderie dans la mise en page, ça te tue la poésie en moins d'deux!!!
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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Rêve...

J'ai trouvé les traces... le rose de leur contour avait disparu.
Ne restait que la transparence de ton espoir désespéré, pas encore vaincu... Des deuils de musique flottaient encore dans l'espace désormais veuf de ta présence...
Tu m'avais cherchée là, sachant déjà que je n'y serais pas, pas encore... déjà plus... Plus loin, sans doute... Un autre ailleurs, un autre rêve...
Peut-être, à ce moment, contemplais-tu, doux-amer, mélancolique, l'empreinte que j'avais laissée dans une ruelle oubliée aux marches d'un palais . J'y avais vécu, t'y avais attendu en vain, pas assez, trop tôt, trop tard...
Un octobre d'automne dans mon avril, sous le même sourire d'une lune différente me racontait ta solitude et ton chant d'amour aux rimes affamées des justes réponses.
Pendant que tu marchais dans cet autre rêve, que tu dormais d'un autre sommeil, l'image de tes mains levées avait caressé les miens...
Juste assez pour m'éveiller à l'écho de ton appel, si proche, si lointain... renouvelant le désir de désir impatient et la certitude désespérée de la rencontre ultime déçue, encore une fois repoussée plus loin, plus loin encore...
Ton mirage disparait, j'y laisse les couleurs du mien, mon eau douce et mon pain, pour un autre hier, un autre à venir, une autre rencontre nomade ... Offrande offerte dans un décor que j'aurais oublié demain en respirant le sel d'un autre rivage, me rafraichissant et m'abreuvant aux sources que tu y auras laissées pour moi... écoutant au large, l'appel étonné d'un vaisseau diaphane prêt au voyage....

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  • 1 mois après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

Tourmente

 

Brisures de bleu trempé

D'embruns enroulés

Aux voiles mouchoirs de poche

Gros grain

De chagrin

Grêlé

Sur l'esquif choqué

Qui ricoche

Sur des nuées crachées

Du noir des précipices.

 

Au mât brisé des mots

Un glas glacé griffe une encoche,

Gémissement minuscule,

Accroc qui s'effiloche

Au froid fracas

De l'effroi

D'une coque ridicule

Éventrée par les dents

D'un orage outrageant

Qu'un éclair acidule.

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  • 2 semaines après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
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Réveil Marine

Noir marine en nuit que vient déchirer l'aube
Enlisant sans un bruit, lovés dans sa spirale
Les secrets enfouis qu'un lent silence enrobe,
Pointillant la mémoire de confettis d'étoiles...

Vert marine d'eau rebelle, prisonnière de rives
Qui veut débarbouiller le ciel en une gerbe vive
Lui planter dans son jais des morceaux d'émeraude,
Et nuancer le jaune de la lune qui rôde...

Bleu marine d'un œil croisé au coin d'un rêve,
L'ile de la pupille cerclé de récifs d'or
Dessinant le réel sur le blanc d'une grève
Où s'écrit le début d'une chasse au trésor...

Aigue-marine, larme d'eau sur un fragment de verre
Ourle d'écume mauve des flocons de sommeil
Arrondit ces couleurs en faisceaux de lumières,
En arc-en ciel traçant le chemin du réveil.

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 864 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 30 minutes, Elfière a dit :

Réveil Marine

Noir marine en nuit que vient déchirer l'aube
Enlisant sans un bruit, lovés dans sa spirale
Les secrets enfouis qu'un lent silence enrobe,
Pointillant la mémoire de confettis d'étoiles...

Vert marine d'eau rebelle, prisonnière de rives
Qui veut débarbouiller le ciel en une gerbe vive
Lui planter dans son jais des morceaux d'émeraude,
Et nuancer le jaune de la lune qui rôde...

Bleu marine d'un œil croisé au coin d'un rêve,
L'ile de la pupille cerclé de récifs d'or
Dessinant le réel sur le blanc d'une grève
Où s'écrit le début d'une chasse au trésor...

Aigue-marine, larme d'eau sur un fragment de verre
Ourle d'écume mauve des flocons de sommeil
Aiguise ces couleurs en faisceaux de lumières,
Tapissant de douceur le chemin du réveil.

 

 

J'ai l'impression d'une bruine rafraîchissante qui picole le visage....

Merci, c'est beau....

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Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
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picole? mince...

J'avais édité les deux derniers vers. J'suis pas très satisfaite.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 864 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 19 heures, Elfière a dit :

picole? mince...

J'avais édité les deux derniers vers. J'suis pas très satisfaite.

Picote ! Sorry !

Les ans venant ma vue baisse

 et tout s'a-fesse !

C'est un cas d'école ou plutôt "clinique" ! quand j'ai écrit ça, je buvais un whisky ! et le "t" sur le clavier est assez loin du "L" ! Comment expliquer ça ?

Quand je dis qu'il faut s'en amuser des sentiments et de l'inconscient....

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  • 3 semaines après...
Membre, à crocs? accroc?, Posté(e)
Elfière Membre 494 messages
Forumeur accro‚ à crocs? accroc?,
Posté(e)

 FABLE

 

La buse et le chapon

Le faible, bien souvent, vit son meilleur augure
A se fondre au giron de la foule qui rassure.
L’asile qu’il y convoite est pourtant bien fragile
S’il advient qu’un instant, le hasard s’y faufile !

Un troupeau de chapons, déjà dodus à souhait
D’une douce prairie, l’herbe tendre, grattait.
Une buse affamée, par un festin tenté
Au dessus des poulets se mit à tournoyer !

La panique rompit les rangs des emplumés,
Transforma l'air du pré en houle déchainée
Fuyant, en caquetant, le bec tant acéré
Qui sous un gros buisson, qui au creux d'un fossé !

Ne resta plus qu’un malheureux ventru
Empêtré de sa peur dans son gras superflu
S’essayant à voler, malhabile et têtu
Qui, gênant la ruée, se fit marcher dessus…

La buse, tout enchantée d’être ainsi à la fête
Fondit à cette proie, cul par-dessus sa tête,
Fit voler tant de plumes qu’on eût pu faire couette,
Décidée à goûter la chair jusqu’au squelette.

Mais la buse est ainsi, qu’elle semble réclamer
L’hommage d’un public avant de consommer.
Ainsi fit celle-ci, Horus, torse bombé,
Rêvant que sa victoire fût immortalisée !

Il n’en fallut pas plus au piteux volatile
Retrouvant un soupçon d’une audace subtile
Pour profiter soudain de la morgue futile
Et se carapater loin de la serre hostile !

Comment il réussit, claudiquant des ergots
A s'enfuir au retour du grand rapace idiot ?
La chance, sans doute, qui fait que cet oiseau
Si léger dans les airs, au sol, n’est qu’un lourdaud.

Lors, l’évadé parvint à l’abri convoité
Au sein d’une broussaille touffue dont l’accès
S’il permettait encore le passage du poulet
Laissait dehors, rageur, le chasseur dépouillé.

Immobile et tapie, la volaille attendit
Que la buse, lassée, ravalât son dépit.
Comme hier, le renard qu’une cigogne prit,
Elle dut, sans croquer, retourner à son nid !

L’histoire, ainsi troussée, pouvait s’arrêter là !
Le héros déplumé, survivant du combat,
Fêté par sa tribu s’en revenant des bois
Rebouffant son plumage au milieu des Hourras.

Boitillant, aile tombante et crête arrachée
La piètre créature fut bientôt entourée
D’un cercle silencieux de pilons alignés
Dont s’éleva, soudain, un murmure indigné !

Un regain de courage , il y a peu, oublié
Hérissa de dédain la nouvelle assemblée !
Un cochet, plus hargneux, s’approcha du blessé
Lança un coup de bec avant de reculer.

La curée qui suivit ne fut que frénésie
De gloussements furieux de justiciers hardis,
Déblayant les abords de leur beau paradis                                                                         D'un déchet dont l'aspect nuisait à l'harmonie

Ainsi fut-il dit. Faudrait-il que l’on pense
Qu’un tout autre motif motivait la sentence ? :
La bêtise d’une foule et sa vile jouissance
Dans l’opportunité de prouver sa puissance ?

                                                                                                                      

Il est d'autres endroits, d'autres vastes prairies                                                                     Où se rejouent les scènes d'un tel acabit :
Si l’échine est ployée au tyran qu’on subit
Malheur au diminué s'il en montre le prix !

Encore ne vit-on là, qu’un improbable héros
Victime hasardeuse, prise au milieu du lot
Au destin différent de celui du troupeau
Car privé de l'honneur de finir poule au pot.

Very Happy

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 864 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Merci, très belle fable !

 

Disons le sans détour, à cent lieu de nous plaire,

L'histoire n'est pas moins en tout point exemplaire :

La foule est une rage en chasse au franc-tireur

Son courage détruit, son courage est la peur....

 

Je voulais participer mais c'est assez mauvais ! Seule l'idée est juste, tant pis, je laisse ! :)

 

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