La vengeance de Jeanne Royannez

Bonjour

Jeanne Royannez est une célèbre inconnue de l'Histoire.

Née en 1855 à Paris, elle est la fille d'un publiciste républicain -Adolphe Royannez-, le directeur de l'Athée et de la Voix du peuple.

Elle rencontre son futur époux à Marseille, en 1871, pendant la brève commune qui enflamme cette ville. L'homme en question est Clovis Hugues*, et c'est à sa sortie de prison, six ans après les évènements de Marseille, qu'elle l'épouse à Paris. C'est un mariage civil, une véritable honte à l'époque. De cette union leur viendra deux filles.

La même année de ce mariage, un journaliste bonapartiste -Joseph Daime-, insulte la jeune épouse dans un article qu'il signe sous le pseudonyme de Désiré Mordant, et qui est publié dans le journal l'Aiglon des Bouches-du-Rhône.

L'époux outragé le provoque en duel et le tue. Il est par la suite acquitté pour cette mise à mort.

Malheureusement, les outrages ne vont pas s'arrêter là pour le couple mal-aimé : en 1882, la comtesse d'Osmond-Lenormand accuse bassement Jeanne d'avoir séduit son époux, et d'avoir trompé le sien avec lui. Elle pousse même jusqu'à soudoyer un détective véreux -Jean Morin- afin qu'il sème d'avantage le trouble dans cette affaire. Mais derrière ces tentatives de perdre la réputation de Jeanne, c'est évidemment la carrière de Clovis Hugues qui est directement visée.

Jean Morin est condamné à la prison l'année suivante pour ses calomnies, mais la comtesse joue de son influence pour l'en faire sortir. L'infâme détective libéré peut reprendre ses calomnies de plus belle.

Un second procès s'ouvre, qui doit aboutir en novembre 1884, mais il est repoussé et Morin poursuit ses persiflages sans honte et sans retenue.

Jeanne finira par être tellement excédée par tous ces mensonges, et la lenteur de la justice, qu'elle décide de se venger directement contre la personne de ce Morin qui a gâché sa vie et l'a salie autant que faire se peut : convoquée à une confrontation au palais de justice de Paris, elle s'y rend armée, et tire par trois fois sur lui. La presse s'enflamme.

Comme son mari des années auparavant, elle est arrêtée, emprisonnée, puis jugée.

La cour décide l'acquittement le 8 janvier 1885 . Le lendemain, on peut lire dans le Gaulois : « Très pale, cette jeune femme aux traits accentués, est coiffée d'un petit chapeau noir et vêtue d'un costume noir. Elle a relevé sa voilette de tulle blanc et promène ses regards d'un air assez calme sur tout l'auditoire. »

En 1886, Jeanne Royannez, qui est scultpeur (élève de Laure Coutant) expose dans les salons. Sa carrière est lancée.

Elle décèdera à Paris en 1932 à l'âge de 77 ans.

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* Clovis Hugues : poète, romancier et homme politique français (a été député).

Il avait vingt ans quand éclata la Commune insurrectionnelle de Marseille. Bras droit de l'avocat-poète Gaston Crémieux, ils proclamèrent tous deux, drapeau rouge à la main la République Sociale le 23 mars 1871. Elle dura jusqu'au 4 avril quand les versaillais de Notre-Dame de la Garde écrasèrent sous les boulets le bastion communaliste de la Préfecture.

Faits prisonniers par le général Henri Espivent de la Villeboisnet, les deux révolutionnaires furent déférés devant les tribunaux. Adolphe Thiers fit fusiller Crémieux au Pharo, le 30 novembre, et condamner Hugues à quatre ans de cellule et à une amende de 6 000 francs.

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Sources : Wikipédia

Merci pour cette découverte.