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La conscience criminelle


Invité Myrrhe

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Invité Myrrhe
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Tu penses que nous n'avons pas à adopter des états de survie dans le quotidien, ne serait ce que pour obtenir un travail et pouvoir ainsi exister socialement ? Comme si vivre dans la civilisation était l'abri par lequel nous ne connaitrions pas la nécessité de survivre ?

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Membre, 30ans Posté(e)
maxime0805 Membre 767 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
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Non le travail ce n'est pas la survie, le travail c'est ce qui nous permet d'avoir plus de confort dans la vie.

Survivre c'est ce à quoi servent nos instincts animaux, d'ailleurs je ne vois pas beaucoup d'animaux travailler. Pourtant eux ne font que survivre...

Quant à "l'existence sociale", le travail est loin d'en être le seul accès. Et pas forcément le meilleur.

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Invité Capitan
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Invité Capitan
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Bonsoir,

"Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."

Albert Camus, extrait de l'Etranger

Je trouve ce passage tout particulièrement marquant.

Meursault, tétanisé par la chaleur, n'ayant pas contrôle de son corps, est amené à abattre un homme qu'il ne connait pas. Dire qu'il y est amené est ici presque un abus, car il ne l'a visiblement pas fait volontairement. "La gâchette a cédé" montre que notre héros n'est pas responsable de son acte. Nous comprenons ainsi qu'il existe à ce moment-là un véritable décalage entre ses actions et lui-même : Il ne s'en retrouve plus acteur, mais spectateur.

Fatalement, se rendant compte de l'irréversibilité de l'évènement, il décide de l'assumer entièrement et tire alors délibérément sur le corps de l'inconnu. Il sait que cela aura des conséquences terribles : Non pas une seule balle dans le cadavre, mais cinq en tout, comme si ce crime avait été prémédité.

Le Soleil ardent, c'est le fatum. Meursault est victime de son destin et ne peut pas y echapper.

J'y vois une scène kafkaïenne, montrant la petitesse de l'Homme face à son inexorable mort, l'impossibilité de se délivrer du sort qui l'attend. Mais ce qui fait l'originalité de ce passage, c'est que le personnage de Meursault reste stoïque. Là où "l'homme ordinaire" doit difficilement faire son choix, croyant qu'il en a un, Meursault accepte son destin et l'assume parfaitement. Cela le rend par là responsable de son acte, certes, mais d'un autre côté, il fait preuve de la plus grande des franchises. Cela le caractérise certainement, il hait l'hypocrisie.

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Invité Myrrhe
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Invité Myrrhe
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Mersault connait l'individu qu'il tue, il est le frère de la femme, compagne de l'ami violent de Mersault qui après une étape psychologique difficile de remise en question, peu après l'enterrement de sa mère, le rencontre et choisit volontairement de prendre partie dans le conflit du couple en témoignant en sa faveur au bureau de police jusqu'à en venir à tuer l'homme de lui même; ce qui est effectivement un excellent exemple pour comprendre la conscience criminelle, il faudrait alors peut être citer plus :)

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Invité Capitan
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Exister est le propre de l'Homme.

Lorsqu'on dit qu'il vit, on le met dans le même lot que les animaux, les plantes et tout organisme dit "vivant".

Mais l'Homme a ceci de particulier qu'il pense et qu'il a conscience de penser. On dit qu'il réfléchit (sa conscience se réfléchit littéralement sur elle-même) et donc qu'il est conscient de vivre. On dit alors qu'il existe, car il s'ancre de lui-même dans une temporalité, en tant qu'individu qui pense dans le temps.

@ Maxime :

Tu réduis le sens de la notion de "survie" à un acte minimal, ce qui permet à l'animal de subsister selon les règles de la sélection naturelle.

Alors "exister socialement", je l'interprète comme une sorte d'intelligence sociale. L'Homme sait utiliser les relations et les bâtit afin d'exister dans un groupe de personnes. Il s'agit en effet d'un réflexe de survie. L'Homme est un animal social et ne peut vivre par définition qu'en restant cohérent avec ses congénaires.

Stricto sensu, tout ce qui lui permet d'exister et a fortiori de vivre (voir l'emboîtement des deux termes remis dans leur contexte anthropologique) est un réflexe de survie. Travailler lui sert à survivre, car s'il ne le faisait pas, il réduirait considérablement ses chances de survie, tout simplement.

Mersault connait l'individu qu'il tue, il est le frère de la femme, compagne de l'ami violent de Mersault qui après une étape psychologique difficile de remise en question, peu après l'enterrement de sa mère, le rencontre et choisit volontairement de prendre partie dans le conflit du couple en témoignant en sa faveur au bureau de police jusqu'à en venir à tuer l'homme de lui même; ce qui est effectivement un excellent exemple pour comprendre la conscience criminelle, il faudrait alors peut être citer plus :)

L'homme qu'il tue est nommé "l'Arabe". Il s'agit d'un membre du groupe qui a croisé Meursault, mais celui-ci ne le connait pas a priori.

S'il choisit de prendre part dans le conflit, il s'agit avant tout d'un acte de solidarité envers son ami, rien de plus rien de moins.

Si tu as bien écouté, Meursault décide de prendre l'arme de son ami car le connaissant violent, il craint que ce dernier risque de s'en servir.

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Invité Leopardi
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Posté(e)

Nous pourrions distinguer deux "sortes" de responsabilités pour réfléchir aux problèmes posés par Myrrhe.

Un présupposé qui régit le mode sur lequel nous nous définissons les uns par rapport aux autres, dans nos sociétés, est la responsabilité individuelle pour une histoire individuelle (histoire individuelle qui est la fin supposée de nos actes). C'est à dire que, même si je n'ai jamais eu la sensation de réellement choisir ou d'avoir seulement pu choisir mon destin, lorsque je rencontre quelqu'un je sais en être à ses yeux seul et unique responsable. L'effet de ce présupposé est d'engendrer des "non-choix" rétrospectivement, là où il n'y a jamais eu de choix en réalité. (D'ailleurs ce "paradoxe" engendre toutes sortes de "pathologies" mentales (pathologie dans le sens où les individus eux-mêmes ne se sentent pas bien et se trouvent "malades")).

Cet état de choses favorise des rapports particuliers à soi, la responsabilité et l'autorité.

Caricaturons:

un certain nombre d'entre nous connaissent les affres d'une responsabilité individuelle par défaut, qui ne renvoie à aucune volonté proprement individualisée, qui fait seulement peser sur l'individu une charge absurde en regard des faits.

De l'autre côté, ceux qui, à un moment de leur vie, ont pu/su formuler et mettre en œuvre une volonté individuelle, ceux-là connaissent les "vertus" de la responsabilité individuelle. Ils entrent en résonance avec le "tissu" social et se réalisent sur le mode de l'individu.

Le rapport de ces derniers à l'autorité est particulier : faisant eux-mêmes l'expérience de leur autorité propre, de la domination d'eux-même par eux-même, ils deviennent également mieux capables de discipline et plus enclins à reconnaître l'autorité extérieure. (Ca se voit surtout à l'adolescence :) ). Parce qu'ils sont devenus capables d'évaluer la légitimité d'une autorité. Ils peuvent ainsi juger, selon sa compatibilité avec leurs aspirations individuelles, la légitimité d'une autorité et de la discipline qu'elle leur impose. En ce sens, ils sont aussi capables de rébellion.

Mais quel rapport à l'autorité est engendré dans la continuité d'une responsabilité individuelle par défaut ?

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Membre, Posté(e)
penpen Membre 2 104 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

j'ai pas lu toutes les reponses, deja le message de base fort bien construit a quand meme de la resistance hein, faut bien le macher =3

l'homme et la forumis ... ou l'abeille .

tu voudrais vraiment qu'on se base la dessus ?

effacer totalement l'ego de chacun , le respect de l'indivdus au profit de la collectivité ?

ou la bouche a nourir inutile est abandonné a son sort ( les infirme, les deficiant, les vieux )

tu peux memle l'etendre a l'homosexuel tiens, certes , tout a fait aptes a aider la colectivité... sauf qu'il va avoir du mal a lui ofrir une prochaine generation pour prendre la releve et quel mauvais exemple ca serait .

pour info , le japon essaye d'instaurer ca ... assez efrayant, je t'assure ( et se retrouve N°1 du aux de suicide au monde )

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Invité Myrrhe
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Invité Myrrhe
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Bonjour Leopardi,

Alors j'ai lu et relu ce que tu proposes pour aborder le problème, j'y vois une réflexion profonde, mais reflétant tellement ce que tu penses que tu oublies que tu seras lu ! Pourrais tu donc expliquer ce que tu entends par responsabilité individuelle, à te lire j'ai l'impression que tu supposes que cela est innée ? pour ma part je pense bien que la responsabilité résulte ou est la conséquence directe de l'éducation puisque c'est avant tout un attribut de conscience.

Également tu nommes un présupposé et un mode, lesquels ? ensuite tu expliques qu'au travers de ce mode nous nous définissons; comment ? et qu'entends tu par définir un individu, le caractère ou tu veux dire que l'on cherche à se situer par rapport aux autres ? je n'ai aussi pas compris le fait que l'histoire individuelle soit la fin supposée de nos actes; pourquoi ? Et enfin (je t'embête un peu) explique moi le lien entre ton argumentaire et les pathologies qui découleraient du "paradoxe".

Je pense que pour la suite je réagirai après que tu m’aies répondu

Nous pourrions distinguer deux "sortes" de responsabilités pour réfléchir aux problèmes posés par Myrrhe.

Un présupposé qui régit le mode sur lequel nous nous définissons les uns par rapport aux autres, dans nos sociétés, est la responsabilité individuelle pour une histoire individuelle (histoire individuelle qui est la fin supposée de nos actes). C'est à dire que, même si je n'ai jamais eu la sensation de réellement choisir ou d'avoir seulement pu choisir mon destin, lorsque je rencontre quelqu'un je sais en être à ses yeux seul et unique responsable. L'effet de ce présupposé est d'engendrer des "non-choix" rétrospectivement, là où il n'y a jamais eu de choix en réalité. (D'ailleurs ce "paradoxe" engendre toutes sortes de "pathologies" mentales (pathologie dans le sens où les individus eux-mêmes ne se sentent pas bien et se trouvent "malades")).

Cet état de choses favorise des rapports particuliers à soi, la responsabilité et l'autorité.

Caricaturons:

un certain nombre d'entre nous connaissent les affres d'une responsabilité individuelle par défaut, qui ne renvoie à aucune volonté proprement individualisée, qui fait seulement peser sur l'individu une charge absurde en regard des faits.

De l'autre côté, ceux qui, à un moment de leur vie, ont pu/su formuler et mettre en œuvre une volonté individuelle, ceux-là connaissent les "vertus" de la responsabilité individuelle. Ils entrent en résonance avec le "tissu" social et se réalisent sur le mode de l'individu.

Le rapport de ces derniers à l'autorité est particulier : faisant eux-mêmes l'expérience de leur autorité propre, de la domination d'eux-même par eux-même, ils deviennent également mieux capables de discipline et plus enclins à reconnaître l'autorité extérieure. (Ca se voit surtout à l'adolescence :) ). Parce qu'ils sont devenus capables d'évaluer la légitimité d'une autorité. Ils peuvent ainsi juger, selon sa compatibilité avec leurs aspirations individuelles, la légitimité d'une autorité et de la discipline qu'elle leur impose. En ce sens, ils sont aussi capables de rébellion.

Mais quel rapport à l'autorité est engendré dans la continuité d'une responsabilité individuelle par défaut ?

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Invité Myrrhe
Invités, Posté(e)
Invité Myrrhe
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Bonjour Penpen,

Merci de participer au débat :) et bien je voudrais comprendre les mécanismes de la conscience criminelle, pour cela on définie ce que c'est que le crime et la conscience, et de fait cela inclut l'individu en tant qu'être social et doué de raison. En prenant l'exemple de la fourmi c'est le caractère social que j'ai voulu souligner, montrant qu'une fourmi ne tue pas ses congénères de sa fourmilière, bien qu'elle tue pour se nourrir tout comme elle peut être amenée à "guerroyer"contre d'autres fourmis, cela sous-entend qu'elle se sait appartenir à une communauté et sait s'en différencier, j'avais affirmer qu'elle possède donc une conscience. Pourquoi donc nous nous tuons entre nous, au sein d'une même composante sociale, communauté, famille tout en sachant pertinemment que nous faisons un acte condamnable.

j'ai pas lu toutes les reponses, deja le message de base fort bien construit a quand meme de la resistance hein, faut bien le macher =3

l'homme et la forumis ... ou l'abeille .

tu voudrais vraiment qu'on se base la dessus ?

effacer totalement l'ego de chacun , le respect de l'indivdus au profit de la collectivité ?

ou la bouche a nourir inutile est abandonné a son sort ( les infirme, les deficiant, les vieux )

tu peux memle l'etendre a l'homosexuel tiens, certes , tout a fait aptes a aider la colectivité... sauf qu'il va avoir du mal a lui ofrir une prochaine generation pour prendre la releve et quel mauvais exemple ca serait .

pour info , le japon essaye d'instaurer ca ... assez efrayant, je t'assure ( et se retrouve N°1 du aux de suicide au monde )

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
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Myrrhe:

Inné ou acquis ?, c'est un peu plus métaphysique que ce que je proposais. En l'occurrence, on peut partir du principe qu'il s'agit de constructions sociales. -- Mais les êtres humains s'entretuent depuis toujours... !:

Il y aurait donc des causes plus structurelles. Sur ce plan, des choses intéressantes sont à lire chez Girard qui nous parle du "désir mimétique". Par le jeu du langage, les désirs des hommes ne sont pas prédéterminés mais se fixent sur des objets plus ou moins arbitraires autour desquels s'articulent des rivalités qui peuvent conduire à des degré de haine et de violence qui n'ont pas vraiment d'équivalents dans le monde animal. Il reste à élucider le rôle du langage dans cette "logique" ; dans quelle mesure peut-on lui attribuer celui de cause ? En tout cas, qu'il soit cause et/ou effet, le langage fait partie des éléments de réponse à tes questions. Tu peux aussi chercher du côté de la psychanalyse peut-être ? Je ne m'y connais pas assez.

Mes remarques plus haut se rapportent surtout à qq chose comme la "banalité du mal", aux processus qui conduisent l'individu à se laisser entraîner dans des entreprises qu'il sait criminelles et à commettre des crimes auxquels il n'est pourtant pas particulièrement disposé.

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Invité Myrrhe
Invités, Posté(e)
Invité Myrrhe
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Cela me fait penser à Chomsky et ses travaux plus qu'intéressant (d'ailleurs pourquoi est il si méconnu en France) sur le rôle du langage dans les mécanismes de manipulation des médias et la fabrication du pouvoir. Tu fais donc très bien de le souligner j'y avais pas du tout pensé, tellement évident, donc comment aborder cette problématique, à voir. On peut ajouter aussi l'action des technologies au niveau cognitif...

Par ailleurs, je partage ton avis au sujet du fait que la société des hommes et plus généralement la prépondérance culturelle qui en découle, façonne nos modes de penser.

Donc oui l'étude du langage doit être en prémices de cette réflexion. Je vais essayer d'y réfléchir :)

Bonne soirée

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