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Les naufragés de l'île de Tromelin


January

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 754 messages
107ans‚ ©,
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Dans la nuit du 31 Juillet au 1er Août 1761, L'Utile, frégate de la Compagnie française des Indes orientales affrétée par Jean-Joseph de Laborde et commandée par le capitaine Jean de Lafargue, fait naufrage sur les récifs coralliens de l'île de Tromelin.

Le bateau transporte plus de 100 hommes d'équipage et surtout, 160 hommes, femmes et enfants malgaches embarqués en fraude à Foulpointe (côte orientale de Madagascar), destinés à l’esclavage sur l'île Maurice malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur.

C’est une erreur de navigation qui fait échouer le navire sur les récifs de l'îleTromelin.

Cette île, c’est l’enfer sur terre. Battue par les vents et chahutée par les alizés, son point le plus élevé ne dépasse pas sept mètres d'altitude. Elle est ceinturée par une barrière de récifs, son accès très difficile. Très souvent, les lames déferlent sur les récifs, rendant tout abordage impossible. Il n’existe qu’une seule passe qui n’est utilisable que par des conditions météo optimales.

Un kilomètre carré de sable et d’arbustes épars sous un climat tropical, exposé aux cyclones et aux précipitations, c’est jusque-là que lors du naufrage, l'équipage et quatre-vingt Malgaches arrivent à nager. Les autres esclaves, enfermés dans les cales, périssent noyés.

tromelin.jpg

L'équipage et les esclaves récupèrent différents équipements, vivres, ainsi que du bois de l'épave. Ils creusent un puits, permettant d'obtenir de l'eau tout juste potable, et se nourrissent des vivres récupérés, de tortues et d'oiseaux de mer.

Le capitaine Jean de Lafargue perd la raison et est remplacé par son premier lieutenant, commandant en second, Barthélémy Castellan du Vernet. Celui-ci fait construire deux campements sommaires, l'un pour l'équipage et l'autre pour les esclaves, une forge et, avec les matériaux récupérés de l'épave, fait commencer la construction d'une embarcation. Deux mois plus tard, malgré une construction« collégiale », seuls les 122 hommes d'équipage restants prennent place dans la bicoque, laissant les Malgaches sur l'île avec quelques vivres.

Castellan promet à son équipage ainsi qu'aux soixante esclaves restés sur l'île de revenir les chercher. Les marins atteignent Madagascar en un peu plus de quatre jours et sont transférés sur l'île Bourbon (aujourd'hui la Réunion) puis sur l'île de France (aujourd'hui l'île Maurice).

Durant la traversée de Madagascar vers l'île Bourbon à bord du Silhouette, le capitaine Lafargue décède de maladie et Castellan demande par de nombreuses fois l'autorisation d'aller secourir les esclaves restés sur l'île. Cependant le gouverneur, furieux que Lafargue ait enfreint ses ordres de ne pas importer d'esclaves sur l'île de France, refuse catégoriquement. Castellan ne tiendra donc pas sa promesse de retourner chercher les esclaves qu'il a abandonné.

Castellan finit par quitter l'île de France pour rentrer en France métropolitaine fin août 1762. La nouvelle de cet abandon arrive à Paris et agite un temps le milieu intellectuel de la capitale mais bien vite, les naufragés sont oubliés…

En 1773, un navire passant à proximité de l'île Tromelin repère les Malgaches et les signale de nouveau aux autorités de l'île de France. Un bateau est envoyé mais ce premier sauvetage échoue, le navire n'arrivant pas à s'approcher de l'île. Un an plus tard, un second navire, La Sauterelle, ne connaît pas plus de réussite. Il réussit néanmoins à mettre une chaloupe à la mer et un marin parvient à rejoindre les naufragés à la nage mais il doit être lui aussi abandonné par ses camarades qui ne peuvent accoster à cause de l'état de la mer et le navire doit quitter les parages de l'île. Ce marin fait alors construire un radeau sur lequel il embarque avec les trois derniers hommes et trois femmes rescapées mais ce radeau disparaît en mer, sans doute en 1775.

Ce n'est que le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que le Chevalier de Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, récupère 8 esclaves survivants : 7 femmes et un bébé. En arrivant sur place, le chevalier de Tromelin découvre que les survivants sont vêtus d'habits en plumes tressées et qu'ils ont réussi, pendant toutes ces années, à maintenir un feu allumé. Les survivants sont recueillis par le gouverneur français de l'île de France qui les affranchit et décide de baptiser l'enfant Moïse. Le chevalier de Tromelin est le premier à décrire précisément l'île qui porte désormais son nom.

http://archeonavale.org/gran2012/index.php/2012-02-13-18-51-03/mission-2013

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_Tromelin

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Membre, ROCKNROLLA, 28ans Posté(e)
RogueThisParty Membre 1 808 messages
28ans‚ ROCKNROLLA,
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Impressionnant et tragique ! Quelle volonté de vivre, vraiment ! :sleep:

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Invité Julot
Invités, Posté(e)
Invité Julot
Invité Julot Invités 0 message
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Bonjour/soir,

C'est bien d'avoir parlé de cette île ...Bravo pour vos choix

Merci beaucoup

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 754 messages
107ans‚ ©,
Posté(e)

Plaisir ! :)

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  • 4 mois après...
Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 754 messages
107ans‚ ©,
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Une bande dessinée sur les oubliés de Tromelin

Le vendredi 24 janvier l'antenne parisienne des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) accueillait la remise en avant-première au préfet Pascal Bolot d'un pré-tirage (5 exemplaires) de la bande-dessinée Les esclaves oubliés de Tromelin (Editions Dupuis, collection Aire Libre), dont la sortie publique est prévue en 2015.

BD-sur-les-oubliés-de-Tromelin-300x225.jpg

http://mondephilatelique.blog.lemonde.fr/2014/01/26/une-bande-dessinee-sur-les-oublies-de-tromelin/

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Membre, 64ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

J'espère que des noirs ne vont pas lire ça ! Ils seraient capables de vouloir se venger; ses sous-hommes !!! (et après il y a des cons qui ne comprennent pas que les ex-colonisés soient parfois agités).

Autre histoire maritime joyeuse :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Batavia_%28bateau%29

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  • 2 semaines après...
Membre, 78ans Posté(e)
Talon Membre 1 722 messages
Baby Forumeur‚ 78ans‚
Posté(e)

Ces pauvres noirs ont été faits marrons. Marron : de cimarron en espagnol, qui signifie fourré, qui signifie retourné dans les fourrés, retourné à l'état sauvage. La civilisation n'était donc pas si bien que ça ? Bravo aux négs marrons. A La Réunion, ils étaient pourchassés, et il était payé une prime pour leur prise ou leur oreille en cas de mort. Civilisation je vous dis que ça s'appelait.

A notre que les esclaves d'origine malgache, qui avaient une idée de pouvoir retourner chez eux, les autres étant totalement perdus, devenaient marrons dans ce dessein.

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