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Chercheurs pris en fraude 1/5. Alerte dans le monde biomédical !


eklipse

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Membre, Dazzling blue², 53ans Posté(e)
eklipse Membre 14 471 messages
53ans‚ Dazzling blue²,
Posté(e)
07 AOÛT 2013 | PAR NICOLAS CHEVASSUS-AU-LOUIS

Entorses à la rigueur scientifique, retouche de clichés d'observation, lissage d'une courbe... Autant de falsifications de données qui conduisent à retirer un article d'une revue scientifique. Mais, depuis 1975, le taux de rétractation pour fraude a été multiplié par dix ! Pourquoi ? Premier volet d'une série d'enquêtes sur la junk science.

Experts en proie à des conflits d'intérêts, dissimulation de résultats, dépendance à l'égard des données fournies par l'industrie... L'affaire du Mediator a mis au jour nombre de dysfonctionnements, aux conséquences potentiellement dramatiques, dans l'évaluation des médicaments. Mais le plus inquiétant est peut-être ailleurs, en amont : dans la recherche biomédicale, menée pour l'essentiel par des laboratoires publics. Tandis qu'explose le nombre de publications scientifiques en sciences de la vie, les indices s'accumulent tendant à démontrer qu'elles sont de moins en moins fiables.

Parmi les millions d'articles que publient chaque année les milliers de revues spécialisées dans les différents domaines de la biomédecine, une fraction croissante décrit des résultats erronés ou arrangés. Des expériences bâclées impossibles à reproduire. Voire des données frauduleuses. Comme le secteur financier miné par ses créances irrécupérables, la littérature scientifique en biologie et en médecine s'avère de plus en plus gangrénée par ces articles toxiques.

Une étude américaine publiée l'an passé dans les Proceedings of the National Academy of Science (consultable ici) l'a illustré de manière spectaculaire. Ses chercheurs ont examiné dans la base de données Pubmed, qui recense et indexe la quasi-totalité des articles scientifiques publiés en science de la vie et en médecine dans le monde entier, les articles ayant été retirés, après publication, par leurs auteurs. Cette procédure, dite de rétractation, permet à des scientifiques se rendant compte d'une erreur majeure commise dans leurs travaux de signaler à leurs collègues que cet article ne doit plus être cité. Telle est, du moins, la conception vertueuse que l'on s'en faisait. En fait, ont calculé les chercheurs américains, seul 21 % des 2 047 articles rétractés de la littérature scientifique depuis 1973 l'ont été pour ce motif. La première cause, de loin, est la fraude, avérée ou présumée : elle représente 43 % des rétractations. Les autres motifs en sont la duplication de publication pour 14 % des cas (l'usage étant que le résultat d'une expérience n'est publiée qu'une et une seule fois), le plagiat d'autres articles pour 9 %, le restant provenant des conflits entre auteurs. Surtout, souligne cette étude, ce taux de rétractation pour fraude ne cesse de progresser : il a été multiplié par dix depuis 1975 !

Explosion_du_nombre_de_retractactations.jpg
Explosition du nombre de rétractations© : R.G Steen et al, « Why has the number of scientific retractions increased » PLOS One, 8 juillet 2013

Cette épidémie est particulièrement intense parmi les revues les plus prestigieuses, celles dont les articles sont les plus cités. Parmi les dix revues qui ont retiré le plus d'articles pour fraude, on trouve Science (32 articles), Nature (19 articles) ou encore Cell(13 articles) dans lesquelles tout biologiste rêve de publier. Il existe même une corrélation entre le « facteur d'impact » d'une revue (c'est-à-dire la moyenne du nombre de citations des articles de la revue par d'autres articles dans les deux années suivant leur parution) et son taux de rétractation pour fraude ou erreur.

Les_fraudes_par_origines_geographiques_-_copie_2.jpg

Les fraudes par origine géographique© F.C Fang et al., « Misconduct accounts for the majority of retracted scientific publications », PNAS, 15 janvier 2013

Autre signe que c'est le cœur du système scientifique mondial qui est gangréné : les chercheurs travaillant aux États-Unis, en Allemagne ou au Japon, trois nations à la réputation scientifique ancienne, ont signé deux tiers des articles scientifiques reconnus frauduleux... Et la France ? Elle n'apparaît même pas dans l'étude ! De même, le blog retractionwatch, tenu scrupuleusement par un journaliste médical américain, ne recense que trois études françaises publiées dans des revues internationales ayant été rétractées depuis 2010. Contactés, leurs auteurs nous ont expliqué avoir demandé eux-mêmes le retrait de ces articles du fait de conflits entre auteurs dans lesquels la fraude n'entrait pas en jeu. Est-ce à dire que la science française est plus vertueuse ? Ou, plus probable, que la France, qui continue à briller en physique, est devenue une nation de second rang dans le domaine de sciences de la vie... Ce qui conduit les chercheurs du domaine à moins publier ?

suite

http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/300713/chercheurs-pris-en-fraude-15-alerte-dans-le-monde-biomedical

Conséquences médicales

YoshitakaFujii.jpg

Yoshitaka Fujii

Des exemples de fraudeurs ? Joachim Boldt, brillant anesthésiste allemand de l'hôpital universitaire de Ludwigshafen, dont 80 des articles publiés depuis 1999 ont été retirés après qu'il s'est avéré, suite à des alertes lancées par ses collègues, qu'il avait inventé nombre de patients qu'il décrivait. Naoki Mori, virologue japonais de l'université de Ryukyus, dont 36 articles sur un virus à l'origine de leucémie ont été rétractés du fait du trucage des images présentées par l'auteur. Ou encore Scott Reuben, médecin américain de la Tuft University spécialiste de la douleur, dont 18 articles ont été rétractés, l'auteur ayant reconnu avoir purement et simplement inventé les données. Le record, si l'on peut dire, est à ce jour détenu par le médecin japonais Yoshitaka Fujii, dont 172 articles consacrés à différents médicaments agissant contre les douleurs et les nausées post-opératoires, entièrement trafiqués, ont été rétractés.

Certes, ces fraudeurs en série ont été sanctionnés et bannis du monde scientifique. Joachim Boldt, poursuivi au pénal en Allemagne, a disparu. Scott Reuben a été condamné à six mois de prison et à une lourde amende... pour la fraude à l'assurance médicale qu'entraînaient ces publications fausses. Naoki Mori et Yoshitaka Fujii ont été licenciés par les institutions japonaises qui les employaient.

On peut également se rassurer en soulignant, que, s'il a décuplé en trois décennies, le taux de rétractation pour fraude reste minime : un pour 10 000 au pic observé pour les articles publiés en 2005.

Certes, mais, comme le fait observer le médecin et microbiologiste Arturo Casadevall, de l'Albert Einstein College of Medicine de New York, qui a dirigé l'étude parue dans lesProceedings of the National Academy of Science, « il est faux de croire que la fraude scientifique est un crime dont seul le criminel pâtit ». Précisément parce qu'elle touche à la santé, la fraude dans le domaine de la biomédecine est susceptible de conséquences gravissimes. Et Casadevall de prendre l'exemple de l'affaire Wakefield.

article_wakefield_retracte_-_copie.jpg

L'article de Wakefield rétracté

On a peu entendu parler, en France, de cette histoire très connue au Royaume-Uni. En 1998, le chirurgien Andrew Wakefield publie dans un journal médical réputé, The Lancet, la description de douze cas d'enfants autistes ayant été vaccinés par le vaccin “Rougeole Oreillons Rubéole” (ROR). Et suggère un lien de cause à effet. Wakefield, jouant les lanceurs d'alerte, s'exprime dans les médias. Panique. Le taux de vaccination chute rapidement au Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, aux États-Unis. Les cas de rubéole s'envolent, et des rougeoles mortelles réapparaissent. Il faut cependant attendre 2010 pour que l'article, cité plus de 700 fois dans la littérature spécialisée, soit rétracté parThe Lancet. Wakefield, dont il s'est avéré par la suite qu'il avait été financé par des groupes anti-vaccination, avait inclus dans son étude, portant déjà sur un très faible effectif, des cas sans rapport avec l'hypothèse qu'il entendait démontrer.

Plus insidieuse est la menace que fait peser l'existence dans la littérature spécialisée d'articles signés d'auteurs qui se sont révélés être des fraudeurs systématiques, mais qui n'ont pas été rétractés.

JoachimBoldt.jpg

Joachim Boldt

L'Allemand Joachim Boldt en offre un cas d'école. La commission d'enquête qui a demandé la rétractation de 90 de ses articles ne s'est penchée, pour des raisons inconnues, que sur ses travaux datant d'après 1999. Que penser de ceux publiés avant cette date ? N'y a-t-il pas des raisons de penser qu'ils étaient tout aussi frauduleux ? La question n'est pas que spéculation intellectuelle. Boldt a tant publié dans sa spécialité que le fait d'intégrer, ou non, ses travaux à des méta-analyses (c'est-à-dire des études statistiques reprenant ensemble les données de toutes les études publiées) en change les conclusions.

Le médecin allemand a par exemple travaillé sur l'utilisation des hydroxy-éthyl amidons, produits qui gonflent le volume sanguin permettant ainsi de compenser les effets des hémorragies, dans le traitement des états de choc. La toxicité de ces produits pour le rein est bien connue mais les travaux de Boldt soutenaient que le risque valait la peine d'être pris. Mais si l'on enlève les sept articles de Boldt publiés avant 1999 de la méta-analyse, la conclusion change : les hydroxy-éthyl amidons causent plus de décès qu'ils ne sauvent de patients. Pourtant, ils restent toujours fréquemment utilisés par les réanimateurs, même si l'on commence à s'en méfier. Leur emploi causerait, selon le médecin Ian Roberts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine qui a participé à la ré-analyse de la littérature scientifique sur les hydoxy-éthyls amidons, 200 à 300 morts par an dans le seul Royaume-Uni !

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  • 2 semaines après...
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Membre, Poisson rouge très très méchant, 40ans Posté(e)
Loopy Membre 3 109 messages
40ans‚ Poisson rouge très très méchant,
Posté(e)

Salut,

La "fraude", ou la falsification des résultats scientifiques est un problème aussi vieux que la science elle même. Certains l'ont fait par frustation de ne pas trouver le "bon" résultat, d'autres par conviction de ce que doit être ce "bon" résultats, d'autres encore par intérêt, bref, des raisons il y en a des millions.

Il faut dire que la tentation est grande. Le principe même de la recherche et de la publication scientifique est de fournir des résultats que personne n'a jamais obtenu, et donc, sur lesquels il peut être difficile d'être critique.

Dans l'article on peut voir qu'il une corrélation entre l'impact factor et le nombre de retrait. Ca me semble un peu évident : Nature, Science sont des revue qui ne touche même plus uniquement la communauté scientifique mais aussi le grand public. L'impact factor de ces revue est juste gigantesque, et à l'heure où on parle de noter les chercheurs sur leur propre impact factor (chose que comme grand nombre de mes collègues je réprouve...) la tentation est forte de changer quelques virgules pour que les résultats soient assez impressionnant pour être publiés par de grandes revues.

La première raison de l'augmentation est donc pour moi le système de notation des chercheurs et l'existence même de l'impact factor qui pousse les chercheur non pas à chercher et trouver, avec rigueur, mais à publier coute que coute dans les plus importantes revues possible pour que le labo aie du budget. C'est le résultat d'une volonté de rentabilité de la recherche, concept au combien destructeur...

La seconde raison pour moi la multiplication des revue sans comités de lecture. En général, quand on publie un papier il passe entre les mains de reviewer (d'autres chercheurs) qui doivent approuver ou pas la publication du papier, souvent en demandant des corrections (mineures ou majeures). Sans cette barrière de sécurité, tout et n'importe quoi peut être publié. Et même cette barrière tient mal au besoin vital de publier. Dans la communauté, les spécialiste d'un domaine en particulier se connaissent tous, et il peut arriver qu'on se fasse des petites fleurs. Tout ça pour publier publier publier...

Pour ce qui est de nation qui "fraudent" soit disant le plus, on retrouve US, Allemagne et Japon... Comme le dit à demi mot l'article, c'est avant tout que ces pays sont les plus gros publiant ! La France aussi est un gros publiant mais en effet plus dans les science exactes que sont la physique et les maths. Si on regarde le nombre de rétraction dans ces domaines, je suis sûr que nous avons une place de choix.

Enfin, je terminerai en disant que c'est bien d'en parler, mais qu'il ne faut pas non plus dramatiser. il n'y a pas non plus péril en la demeure. En effet on constate qu'au pic de fraude, il y a eu, selon la courbe, 80 papiers rétractés pour 800000 papiers publiés, soit 0,01% ... le poids des papiers rétractés est donc négligeable d'autant que parmi toutes les corrélations possibles, la plus simple et la plus évidente reste que le nombre de papiers rétractés est d'autant plus important que le nombre de papiers publiés l'est... Ce qui semble logique...

A noter que la chute de la courbe sur les années 2012-2013 n'est je pense pas signe d'une chute de la rétractation, mais simplement liée au fait que des papiers sont rétractés parfois 2 ou 3 ans après leur publication.

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonjour,

Enfin, je terminerai en disant que c'est bien d'en parler, mais qu'il ne faut pas non plus dramatiser. il n'y a pas non plus péril en la demeure. En effet on constate qu'au pic de fraude, il y a eu, selon la courbe, 80 papiers rétractés pour 800000 papiers publiés, soit 0,01% ... le poids des papiers rétractés est donc négligeable d'autant que parmi toutes les corrélations possibles, la plus simple et la plus évidente reste que le nombre de papiers rétractés est d'autant plus important que le nombre de papiers publiés l'est... Ce qui semble logique...

Ce n'est pas faux mais dans les sciences l'aspect qualitatif est aussi déterminant.

JoachimBoldt.jpg

Joachim BoldtL'Allemand Joachim Boldt en offre un cas d'école. La commission d'enquête qui a demandé la rétractation de 90 de ses articles ne s'est penchée, pour des raisons inconnues, que sur ses travaux datant d'après 1999. Que penser de ceux publiés avant cette date ? N'y a-t-il pas des raisons de penser qu'ils étaient tout aussi frauduleux ? La question n'est pas que spéculation intellectuelle. Boldt a tant publié dans sa spécialité que le fait d'intégrer, ou non, ses travaux à des méta-analyses (c'est-à-dire des études statistiques reprenant ensemble les données de toutes les études publiées) en change les conclusions.

Le médecin allemand a par exemple travaillé sur l'utilisation des hydroxy-éthyl amidons, produits qui gonflent le volume sanguin permettant ainsi de compenser les effets des hémorragies, dans le traitement des états de choc. La toxicité de ces produits pour le rein est bien connue mais les travaux de Boldt soutenaient que le risque valait la peine d'être pris. Mais si l'on enlève les sept articles de Boldt publiés avant 1999 de la méta-analyse, la conclusion change : les hydroxy-éthyl amidons causent plus de décès qu'ils ne sauvent de patients. Pourtant, ils restent toujours fréquemment utilisés par les réanimateurs, même si l'on commence à s'en méfier. Leur emploi causerait, selon le médecin Ian Roberts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine qui a participé à la ré-analyse de la littérature scientifique sur les hydoxy-éthyls amidons, 200 à 300 morts par an dans le seul Royaume-Uni !

Par exemple si il s'avère que ce qui est en rouge est vrai, même si quantitativement on peut supposer que les rétractations sont en nombre toujours très inférieur au volume total, les domaines dans lesquels ils interviennent peuvent impliquer des questions de vie/mort/santé.

Ce que l'auteur du Topic résume dans la phrase:

Plus insidieuse est la menace que fait peser l'existence dans la littérature spécialisée d'articles signés d'auteurs qui se sont révélés être des fraudeurs systématiques, mais qui n'ont pas été rétractés.

Cordialement.

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Membre, Poisson rouge très très méchant, 40ans Posté(e)
Loopy Membre 3 109 messages
40ans‚ Poisson rouge très très méchant,
Posté(e)

Ce n'est pas faux mais dans les sciences l'aspect qualitatif est aussi déterminant. Par exemple si il s'avère que ce qui est en rouge est vrai, même si quantitativement on peut supposer que les rétractations sont en nombre toujours très inférieur au volume total, les domaines dans lesquels ils interviennent peuvent impliquer des questions de vie/mort/santé.

C'est exact et inquiétant. Sauf que dans ce cas, ce n'est pas le papier en question qui a eu un effet néfaste, mais plus l'action dans la presse grand public de ce même monsieur, brandissant un papier auquel 99.9% de la population n'a pas accès et ne serait de toute façon pas capable d'avoir un avis critique. Ce genre de bonhomme sont aussi nocif que les personnes très médiatisées qui racontent des sottises, mais ce n'est pas le fait d'avoir publié qui a généré le problème, et s'il y a en effet eu des morts, c'est parce que certaines personnes refusaient de se faire vacciner non parce que les médecins refusaient de pratiquer le vaccin. Dans la presse scientifique il existe, au delà des retractation un certains ombres d'articles douteux. Souvent il s'agit d'article au protocole bancal, aux conclusion un peu tirée par les cheuveux, aux résultats clairement incomplet, bref, des articles publiés parce qu'il fallait publier pour ne pas se faire couper le budget, alors que la rigueur imposait encore 2 ou 3 mois de travail. L'impact de ces articles pourrait être dramatique s'ils n'étaient pas confinés à la presse scientifique, c'est à dire destinés à des lecteurs avertis et surtout critiques. Certains de ces articles, clairement incomplets, sont même publié dans le simple espoir que quelqu'un complète les travaux, c'est aussi le but de la publication. Qu'on parle de physique ou de médecine, c'est pareil. Si un gros problème est détecté, c'est d'abord la communauté et les autorités qu'il faut prévenir. Avoir un avis critique et confirmer les résultats. Pas se jeter sur le premier plateau télé. Sauf bien sûr sile but est précisément de créer la panique.

A mon sens l'influence de la publication en elle même est minime. Celle de l'intervention beaucoup moins. J'accuse finalement autant le scientifique qui a fraudé, ce qui est gravissime que les médias qui ont relayé l'information sans la vérifier, c'est à dire demander l'avis à d'autres spécialiste qui leur aurait certainement demandé d'être prudent pour éviter justement les débordement qui ont eu lieu.

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