Aller au contenu

Messages recommandés

Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 398 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Bonjour :hi:

Au XVII° siècle, dans le Dauphiné, un riche paysan -Jacques Aymar-Vernay- est connu pour ses dons de sourcier depuis qu'il est adolescent.

Un jour, en cherchant une source, une brusque secousse de sa baguette de coudrier lui indique un endroit où creuser. Horreur : on y découvre, enfermé dans un tonneau, le cadavre d'une femme étranglée, laquelle avait disparu depuis quatre mois.

Aymar se laisse conduire par sa baguette jusqu'à l'assassin, un homme qui signe son crime en prenant la fuite.

Le bon paysan vient par la même occasion de découvrir une extension inattendue de son don : il est donc capable de "sentir" les lieux où des crimes ont été commis, et de remonter la piste des meurtriers, sur de grandes distances.

Sa réputation se fait et se répand.

En 1962, un couple d'hôteliers est assassiné dans sa cave, à Lyon. La police se révèle impuissante, et le procureur du Roi décide de faire appel au fameux rabdomancien dauphinois.

On le conduit sur les lieux du crime, où il commence par "prendre son impression" selon son habitude, et alors -lui qui n'était jamais venu à Lyon- voilà qu'il se laisse guider par sa baguette jusqu'à la prison de Beaucaire, où l'on découvre le coupable.

L'affaire fait grand bruit et parvient jusqu'au prince de Condé, qui fait monter le sourcier à Paris.

Les ennuis d'Aymar commencent à partir de là : Condé est un mondain de son temps, un esprit frivole qui cherche moins à s'instruire qu'à distraire sa cour, et son ironie donne le ton.

Les gens de son entourage s'efforcent d'égarer le paysan, de lui tendre des pièges, et font échouer toutes ses expériences.

Ce qui ne l'empêche pas de réussir les essais menés avec le respect du témoin par un théologien de l'Oratoire, l'abbé de Vallemont, et par d'autres savants.

Cependant, un oratorien, le père Le Brun, qui prend au sérieux les phénomènes produits par Aymar, à la différence de Condé, s'en prend à la baguette divinatoire. Car tout en admettant la réalité de ses pouvoirs, il les attribue sans concession au prince des ténèbres, en assimile l'usage à une pratique satanique.

Une polémique qui fait tache d'huile, mettant en marche le dispositif de l'Eglise.

Le 26 octobre 1701, l'Inquisition condamne par décret l'ouvrage de l'abbé de Vallemont -Physique occulte, ou traité de la baguette divinatoire-, ainsi que celui d'un autre ecclésiastique, l'abbé de Lagarde, lequel n'a pourtant rien fait de plus que de donner des explications purement physiques des faits.

La même année, en décembre, l'Académie des sciences charge de ses membres éminents d'examiner l'ouvrage du père Le Brun.

Tout cela pour aboutir à la conclusion que les phénomènes analogues à ceux produits par Aymar "sont de pures impostures des hommes, ou doivent avoir des causes qui ne peuvent être rapportés à la physique, supposée la vérité des faits, dont on n'a pas entrepris la discussion".

Un verdict conciliant par conséquent au mieux la théologie chrétienne et le scepticisme montant.

N'empêche, Aymar a du avoir chaud !

(D'après 100 mots pour comprendre la voyance, de Bertrand Méheust).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×