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Membre, Posté(e)
angelique5 Membre 69 messages
Baby Forumeur‚
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ChapitreX

Ma chambre, mon refuge, moins douze heures avant la double punition, un jeu en deux manches : une manche pour Thomas et une pour Merlin.

Un livre était posé sur mon lit : registre des pouvoirs. Il y avait un marque page au chapitre des pouvoirs sensitifs. Noah l’avait sûrement subtilisé à la bibliothèque pour me faire lire ce passage.

Introduction:

Les pouvoirs sensitifs sont les pouvoirs en lien aux sens : vue, odorat,goût, touché, ouïe.

Ces pouvoirs peuvent annihiler les sens ou les tromper. L’imitation et la création de sensations sont là les deux façons de les tromper.

Remarque:les pouvoirs mimétiques sont apparentés aux pouvoirs sensitifs,leurs atouts supplémentaires est la combinaison de plusieurspouvoirs sensitifs.

Listes des pouvoirs sensitifs :

Les Hallus :

Ce pouvoir s’attache au sens de la vue.

Ils peuvent créer des illusions …

-Nell.

Je levai les yeux du livre. Un visage contrarié me regardait.

-Merlin ? Qu’est-ce que…

-Au laboratoire, tout de suite !

Par chance, il ne prêta pas attention au livre.

Je quittai mon lit rapidement pour le suivre jusqu’au laboratoire.

-Ferme la porte, dit-il froidement.

-Comment pouvez-vous déjà être là ?

La porte close, il commença son interrogatoire :

-Est-ce que tu as lu le livre je suis?

-Je…

-Non ?

-Non.

-Est-ce que tu as profité de mon départ pour chercher une conteuse ?

-Je…

-Oui ?

-Oui.

-Est-ce que tu as traversé la forêt aux pourquoi avec Yann, Léo et Matthieu, au risque de vous tuer ?

-Mais je…

-Réfléchit bien à ce que tu vas me répondre Nell.

Son regard déterminé me poussa à ne pas tergiverser.

-Oui.

-Es-tu inconsciente ? Te rends-tu compte des dangers que tu as pris pour toi et surtout pour les autres ? Tu n’as pas risqué qu’une punition, tu as risqué la vie de tes camarades !

-Je n’aurais pas pris de risques si vous m’aviez dit ce que vous savez, ripostai-je.

Il ne prit pas en compte ma remarque.

-Nell, je vais devoir prendre des mesures.

-Vous me renvoyez ?

-Non, mais ton pouvoir ne sera plus.Ce sera là ta punition.

Merlin leva les bras à mi-hauteur comme pour accueillir mon pouvoir entre ses mains.

-Merlin ?

-Que ce pouvoir dorme pour le bien de son porteur, que ce pouvoir dorme pour le bien de son porteur

Plus de pouvoir. L’angoisse monta.

Thomas entra :

-Merlin arrêtez, vous ne pouvez pas faire ça.

Merlin stoppa son sort.

-Thomas, nous en avons déjà parlé, c’est mieux ainsi ! De toute façon, il est trop tard.

Ils se tournèrent vers moi.

-Alors Nell, comment trouves-tu mes mots ?

Ce sort aurait dû me rendre incompréhensive la phrase de Merlin, mais il n’en fut rien.

-Cela n’a pas marché, cela n’a pas marché ! dis-je soulagée en réalisant son échec.

Le stress de ne plus avoir mon pouvoir redescendit.

-Votre sort n’a rien fait, j‘ai tout compris, paradai-je.

-Maudite chalderesse! grommelaMerlin.

-Quoi ?

Comme moi, Thomas se figea. Merlin fut satisfait.

-Cela a marché ! se satisfit Merlin. Parle-moi plus, dit le mage en m’examinant du regard comme si mon aspect allait lui aussi changer.

-Je n’ai pas compris chalderesse.

-C’est là le seul mot que tu n’as pas compris ? demanda-t-il déçu de son sort. Chalderesse signifie sorcière en français médiéval, expliqua-t-il. J’ai trouvé ta langue de base ! C’est un français, mais j’ai un doute sur sa déclinaison. Il faudrait que tu parles plus et que mon sort soit plus efficace pour avoir des réponses. Mon sort n’a que peu crypté ton pouvoir. Seuls, quelques mots sont perçus dans leur langue originelle.

-Comment je vais faire ?

-Tu vas apprendre. Enfin ! s’exclama Merlin.

-Et si je ne comprends plus rien ?

-En cas de grandes difficultés, ce que j’espère, ajouta le mage.Tu te feras aider par Yann, il a étudié les langues latines. Si tu as de réelles périodes cryptées, tu l’interrogeras pour comprendre et apprendre par la même occasion, conclut-il sèchement.

Ce sort médiocre à ses yeux le rendait désagréable.

-Retourne dans ta chambre maintenant.

-Quand me rendrez-vous mon pouvoir ? protestai-je.

-Je m’en tiens à ma punition ! De toute façon, ce sort s’ôtera de lui-même.

-Comment ?

-Quand ton pouvoir sera plus puissant que ce sort.

-Bientôt alors ? provoquai-je.

-Petite peste…hors de ma vue ! s’emporta Merlin.

Bien vite je sortais avant qu’il ne retente un nouveau sort.

Derrière la porte refermée, j’écoutai Merlin et Thomas se disputer : « …donnez-moi une bonne raison de ne pas lui ôter son pouvoir…vous ne pouvez pas comprendre… moi…faites-moi confiance…je ne suis pas convaincu…c’est dangereux de la laisser sortir…bien sûr…il faut les surveillez sérieusement…il faut lui retirer ce pouvoir…non…ce serait mieux… ».

Thomas s’approcha de la porte pour sortir. Je me précipitai dans ma chambre. Les pas pressés de Thomas résonnèrent en s’éloignant dans les escaliers de la tour.

Est-ce que Merlin allait revenir ?

Je m’assis sur mon lit, en pensant à cette possibilité. Sur la couverture, le livre n’était plus là. Je fouillai ma chambre,mais rien. Quelqu’un était venu le reprendre.

OOOO

-Debout ! Nous vous attendons à l’enclot à vache. Les garçons sont déjà levés, il ne reste plus que toi petite Nell. Merlin m’a laissé le plaisir de choisir votre punition.

-L’enclot à vache ? demandai-je encore endormie.

C’était le matin et Thomas nous avait tous réveillés les uns après les autres. Direction : l’extérieur du château devant la ferme.

Ils étaient là, les adultes, prêts à nous punir. Léo, Yann et Mat étaient assis sur la clôture, je me joignais à eux. Lyse, Louise,Mathilde, la mère d’Isabel, accompagnée d’ Isabel et de Marguerite, Clément, le paysan responsable de la ferme, Baptiste, le prêtre et Thomas nous observaient avec sévérité.

Margot passait son temps à bailler son furet peluche pelotonné autour du cou.

Thomas prit la parole :

-Je vous ai demandés de venir ce matin…

-Très tôt ! pesta la mère d'Isabel.

-Merci Mathilde !

Mathilde était une femme élancée, blonde comme sa fille, et apparemment aussi aimable qu'une porte de prison. Si la neige avait été noire,elle serait née de son regard, mais derrière ses yeux obscurs,remords, regrets et peurs tentaient de se cacher.

Thomas reprit :

- Je vous ai réuni pour statuer sur le sort et la punition qui doit être mise en place pour ces quatre enfants, sortis des limites des terres du château sans adulte et sans permission ! Alors, qui a une idée ?

Ce simulacre de jugement ne m’intéressait pas. Que pouvait-il être pire que de ne rien savoir sur sa famille, personnellement : sûrement rien ! Je souhaitais qu‘ils fassent vite.

Les adultes ne s‘accordaient pas et l‘attente devenait ennui. Je regardais mes comparses se frotter les mains pour se protéger du froid matinal quand, une question restée sans réponse me revint en mémoire.

Je chuchotai :

-Mat ?

-Quoi ?

-Qu’est-ce que tu as entendu dans la forêt aux pourquoi ?

Tous,nous avions révélé ce que les arbres nous chuchotaient sauf Matthieu.

-Rien, tu m’ennuies avec tes questions. À cause de toi, je vais avoir des problèmes avec Victor et mon père.

-Je ne t’ai pas obligé à venir.

-Petite sotte ! La prochaine fois…tu…

Les paroles de Mathilde nous interrompirent :

-Regarde ces enfants sans la présence d’une mère. C’est une catastrophe ! dit la mère à sa fille qu’elle ne savait pas complice.

-Mathilde ! N’exagérez pas, ils n’ont pendu personne ! remarquaThomas.

-Mais c’est la prochaine étape si cette punition n’est pasconséquente, dit le gros prêtre.

Baptiste était la voix de la sagesse, le guide du troupeau, mais la lumière spirituelle qu'il représentait n'était pas toujours très éclairée.

-Vous avez raison Baptiste ! Il ne faut pas laissez ces enfantsdevenir des criminels, s’enflamma Lyse.

-Je propose cinq nuits de prières, un jeûne ainsi qu’une matinée de rangement à la bibliothèque de l’église, dit Baptiste.

-Pour les trois quarts ils ne sont pas catholiques ! remarquaThomas.

-Oui, puisqu’il n’y a que moi qui ira au paradis, nous chuchotaMat.

-Si le paradis accepte des gens comme toi, je préfère l’enfer,répondis-je par messes basses.

-Ma bibliothèque a bien besoin de rangement, affirma Baptiste.

-Je veux bien vous aider à la ranger moi, dit Lyse. Les livres c’est mon rayon !

-Fayotte, grommela Léo.

-Merci ma fille. Je vois là, une nouvelle fois, votre grande bonté d’âme.

-C’est bien trop d’honneur Baptiste, répondit Lyse comblée de congratulations.

-Ils iront vous ranger cette bibliothèque. Une idée complémentaire? relançaThomas.

-J’ai déjà Marguerite à chacune de ses bêtises, mais je peux les prendre pour faire les confitures au début de l‘été, proposa Louise.

-Très bien ! Qui a une nouvelle idée ?

Je me tournai pour parler à l'oreille de Yann :

-Combien d’idées complémentaires il va falloir ?

-Beaucoup, je connais mon père.

-Il est pas drôle papa en ce moment. Il manque de souplesse, grogna Léo, la marque de l'oreiller encore bien présente sur la joue.

-C’est une femme qui lui manque, dit Mat.

-Hé ! C’est de mon père que tu parles ! dit Yann.

-Hé ! C’est un homme ! se justifia Mat.

-C’est vrai que si on lui trouvait une bonne amie, il serait moins sur notre dos, accorda Léo.

-Il serait moins sur notre dos, si nous nous faisions un peu oublier !

-Mathilde, qu’est-ce que tu en penses Yann ? proposa Léo.

-N’y pense même pas !

-De toute façon, c’est de ma faute tout ça, dis-je désolée.

-Oui, dit sévèrement Mat.

-Mais pas que, ouvrit Yann.

-Comment ça ? l’interrogeai-je.

-Léo a fait exploser la chambre de la forge, c’est pour cela qu’il dort au château avec moi en ce moment !

-Hé ! C’était un accident, protesta Léo.

-Toi aussi tu as des choses à te reprocher ? demandai-j eà l’attention de Yann.

-Oui, avoua-t-il. J’ai voulu tester les limites de mon pouvoir, je suis un métallique comme mon père. Résultat, tous les métaux autour de moi ont fondu : la moitié des épées de mon père pour la commande de ce mois, une partie des éléments de construction de l aforge, quelques outils, son enclume et son alliance !

-Je comprends mieux pourquoi il s‘acharne ! Et Matthieu ?

-Il se braque, il se braque tout le temps, mon père en a marre… Et pour couronner le tout, toi, tu nous as emmenés en dehors des terres du château. Voilà pourquoi nous sommes tous les quatre en jugement.

-C’est déjà plus logique ! C’est grâce à vous trois que nous avons droit à des punitions complémentaires.

-Il n’était pas prévu que nous soyons punis avant que nous sortions des limites du château, rétorqua Matthieu.

-Tôt ou tard, vous auriez dépassé les limites ! Vous n’avez pas besoin de moi pour cela.

-Moi, je n’ai rien fait ! dit Mat.

-C’est ça ! dit Yann.

Thomasnous tança :

-Silence ! Si ces punitions ne vous font pas garder un peu de calme,les geôles vous seront peut-être plus appropriées !

Clémentintervînt :

-Moi, je veux bien les prendre à la ferme jusqu’à la fin de l’été.

-Jusqu’à la fin de l’été ! sebraqua Mat.

-Le travail de la terre n’a jamais fait de mal à personne, répliqua Thomas satisfait par cette proposition. C’est une bonne idée.

-Je suis fils de seigneur, je ne vais certainement pas garder lesmoutons ! ripostaMatthieu.

-Mais notre seigneur est ton berger ! Être berger à ton tour est un grand honneur, dit Baptiste en lui donnant une canne de berger posée à côté de l’enclot.

-Oui Baptiste, accorda Matthieu, dents serrées.

Yann pouffa de rire !

-Et bien en route les enfants. Vous travaillerez tous les matins à la ferme de Clément. Les après-midi, vous rangerez la bibliothèque de l'église. Vous aiderez Louise pour la confection de ses délicieuses confitures et tous les soirs, vous viendrez suivre vos entraînements respectifs.

-Les entraînements aussi ? ditYann.

-Oui, les entraînements aussi. Sinon ce ne serait pas une punition.

Tous les adultes retournèrent à leurs activités.

-Merci Nell ! On s’en souviendra de cette petite ballade, dit Matthieu rancunier.

-La ferme, c’est pas si mal, se contenta Léo.

-Mais pourquoi avons-nous écouté une fille ! Eve était aussi une fille, rien de bon ne peuvent venir d’elles.

-Le catholique ! La fille elle te dit : « va au diable ».

-Pour t’y retrouver ? Sûrement pas !

Cléments'interposa :

-Daaz et,allez bosser bande de garnements ! À la ferme ! Le damelot, dit-il en s’adressant à Matthieu. Au lieu de daser, tu vas prendre la boroaite et avec le Yann, vous irez chercher de l’araine pour les carottes. Le avoi est dalé le caisme, attention à pas cheoir deans eave.

Il se tourna vers Léo et moi.

-Toi, le Léo et la chalderesse, je deestre de sel pour les belin, vous allez aller à la baherne, à côté du village. Vous suivez le arve puis la brueille entreci que vous voyez le bruec, vous le passez, et c’est à cinquante pas. Attention aux belues. Vous emmènerez le alan. MOOORICE, vient

Un énorme chien, aussi gros qu’un veau arriva à grandes enjambées.

-Lui aussi, il aurait bien besoin d’une bonne amie, dit Léo à Mat.

Mon air ahuri inquiéta Yann.

-Nell, ça va ?

-J’ai rien compris, dis-je abattue. Merlin a brouillé mon pouvoir et je n’ai rien compris. C’est pour quoi faire ce chien ? De quoi parle ce Clément ? Pourquoi je ne comprends plus rien. Merlin a réussi à m’enlever mon pouvoir, je ne vais plus rien comprendre,comment je vais faire ?

-Nell, calme-toi. Ce chien, c’est pour vous protéger des bêtes sauvages quand vous irez chercher du sel à la fabrique.

-Des bêtes sauvages ? Mais elle est où cette fabrique ?

-Plus loin dans la forêt après le champ et le ruisseau.

-Il a dit tout ça ?

-Oui.

Yann s’inquiéta plus encore.

-Merlin, t’a enlevé ton pouvoir ?

-Il a essayé, mais s’était léger comme effet jusqu’à maintenant, jusqu’à ce que Clément parle !

Clément s’approcha de moi.

Il était grand. Son physique sec, brûlé par le soleil et le vent, lui donnait un aspect noueux et vieillit, semblable à un olivier. Comme le fruit bien mûre de cet arbre, il avait la peau et les yeux très sombres. Sa voix profonde remontait du fond de sa gorge chargée d’une odeur de chanvre consumé.

-Agnel,ce n’ai pas caraude,c’est dealtique,dit Clément.

Je me tournai vers Yann. Il comprit.

-Il a dit : « agneau, ce n’ai pas un sortilège c’est de la magie ».

-Qu’est-ce qu’il veut dire ?

-Je suis un crypteur,révéla l’homme.

-C’est un crypteur, redit Yann.

-Et ? demandai-jeà l’attention des deux.

-Il perturbe les pouvoirs, dit Yann.

-Il perturbe mon pouvoir ?

-Oui, ce n’ai pas le sort de Merlin, c’est sa magie, expliqua Yann.

-Encoan, au travail.

-Maintenant au travail, répéta Yann.

Clément le regarda de travers. Yann se dirigea avec empressement vers la brouette pour aller chercher le sable avec Mat.

L’angoisse de perdre mon pouvoir ne faisait que me surprendre et les habitants de ce territoire eux, aussi, ne faisait que me surprendre.

OOOO

Après l’entraînement, nous étions retournés une nouvelle fois à la ferme de Clément. Les caves du château étaient vides de provisions et notre main d’œuvre volontaire et non contrainte fut désignée d’office pour ramener les victuailles de la ferme aux caves. Lapins, poulets, un cygne des plus revêches, pigeons,oies, porcs, sacs de blé, de pois, tout était passé dans nos bras.Le printemps était bien installé mais les premières récoltes ne seraient là que dans une quinzaine de jours et en attendant, il fallait ouvrir les greniers de la ferme pour nourrir tout notre petit monde.

Le soleil frôlait l’horizon. La journée avait été bien chargée mais courte finalement.

Je me lavais les mains sur la margelle du puis des quais quand, Merlin sortit des cuisines une tisane fumante dans les mains.

-Alors Nell, la journée fut-elle sympathique ? demandaMerlin.

Deux jours de travail s’étaient passés. Les conversations difficiles avec Clément et Yann en traducteur s‘accumulaient, et les entraînements n‘en finissaient plus.

Un sourire satisfait arborait le visage du mage de manière inhabituelle, surtout depuis ces derniers jours.

-Laborieuse, répondis-je.

-Et que penses-tu de Clément ?

Merlin eut l’apparence d’un enfant de 7 ans, contenté et fier de sa farce. Il flottait dans ses vêtements tout jeunes qu’il était. Il souffla sur sa tisane en pouffant de rire. Ces changements d’âge me surprendraient toujours.

-Vous saviez que Clément crypte les pouvoirs ? dis-jeincrédule.

-Bien sûr ! Comment crois-tu qu’une personne qui ne vous connaîtmême pas serait venu au spectacle de votre punition.

-Et Baptiste ? Je ne le connaissais pas non plus. La mère d’Isabel,c’était la première fois que je la voyais.

-Baptiste c’était pour Matthieu, Mathilde c’était pour Isabel.Car ne croit pas que je ne sais pas qu’elle vous a accompagnés.Des témoins vous ont vu vous engager dans la forêt.

-Des témoins comme Lyse ?

-Je ne serais dire, dit insolemment l’enfant Merlin.

Il n’en dirait pas plus mais son abstention révélait ses sources.

Merlin soufflait de nouveau sur sa tisane, sa moue enfantine traduisait la contrariété qu’il avait à se brûler les lèvres. Alors que je remettais le sot dans le puits, je vis une vague de la hauteur d'un demi homme arriver sur la presqu’île juste derrière Merlin. La vague s’écrasa sur la berge et glissa son volume d’eau sur le jardin, les parcs à bêtes de Louise et Merlin. Sa tisane était pour-sûr froide.

L’eau s’étendit dans les sous-sols du château.

Léo, encore dans la cuisine, sortit trempé des pieds à la tête.

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

Merlin se retourna sur le lac.

-Maudit dragon, dit-il redevenu homme.

-Nell, Léo, vous me le faites tout de suite sortir de ce lac !

Le temps de prendre les bêtes affolées et de refermer les portes des cuisines et des caves, le dragon avait déjà remué trois nouvelles vagues.

-TARMAK !!! SORT DE L’EAU ! Tu fais des vagues, papa va pas être content, menaça Léo devant la bête.

Tarmak lui tourna le dos et se laissa tomber en arrière provoquant une nouvelle déferlante sur le château. Cette fois, La vague lécha le haut de la muraille inondant le chemin de ronde. Les gardes, trempés,passèrent des têtes mécontentes entre les créneaux.

L'un deux nous interpella :

-Hé en bas ! Bouger vous ! Virez le monstre.

-Oui, répondit Léo sans idée. Viens on va essayer de le ramener vers la berge.

Pas très convaincante comme action, mais elle méritait d’être tentée. Le dragon serait peut-être conciliant qui sait ? On avait le droit de rêver !

Alors que nous n'avions même plus pied, Léo essaya de tirer et moi de pousser la bête vers la rive, mais rien à faire, il gardait ses positions.

Une cavalière se posta sur la rive.

-Quel pitoyable spectacle. Un dragon qui ne vole pas, un troll sans la moindre force et une sorcière sans nom. Continuez comme cela les enfants, vous touchez presque le fond.

Marion forcément ! Qui avait autant qu’elle du temps à perdre en méchanceté, railleries et compagnies.

Elle quitta les lieux en riant.

-Elle m’insupporte, quelle peste. Qui est-elle pour se permettre d’être si désagréable ? lançai-je à Léo.

-En même temps, elle a raison, c'est peine perdue !

Nous retournâmes sur le bord.

Léo dit :

-C’est la fille de l’administrateur, le bras droit de Victor dansla gestion du château. Il lui laisse tout passer. Elle a toujours ce qu’elle veut, elle dit ce qu’elle veut, elle fait ce qu’elle veut.

-Et sa mère ?

-Sa mère est une suivante de Solanne,la femme du seigneur Victor. La fille est à l’image de la mère :une persifleuse, mi-vipère, mi-couleuvre.

-Alors les gosses ?? Vous le virez ce dragon ? jeta le garde.

-Bon, dans tout ça, nous n’avons toujours pas de solution pourTarmak, remarqua Léo.

-Alors, cria de nouveau le garde, il sort du lac le gros tas ?

Tarmak grogna. Le garde se cacha derrière un créneau.

-Une formule de taille pour le rendre tout petit ? Ça prendrait trop de temps. De rajeunissement ? Non, en plus j’ai pas de baguette. Tu n'as pas l'option langue de dragon avec ton pouvoir ?

-Non, désolé !

-Tant pis.

-Tu vas trouver Léo, l'encourageai-je… mais ce serait bien que ce soit vite.

Tarmak préparait une nouvelle vague.

-Je sais ! Nell ! dit-ililluminé.

-Oui ?

-Il faut que tu prennes la chaleur de l’eau.

-Je sais faire ça moi ?

-Ton pouvoir du feu doit te le permettre, enfin j’espère. Tarmak vatrouver l’eau froide et il sortira…si elle est suffisamment froide.

-Tu crois ?

-Oui ! Tu fais comme pendant l’entraînement quand tu as réchauffé l’eau mais à l’envers. Ça va marcher. Sinon…

-J’essaie.

Les mains en cuillères, je tentai de recevoir la chaleur de l’eau du lac. Les yeux fermés, je visualisai cette chaleur comme une onde flottante dans l’eau qui viendrait s’accumuler dans le creux de mes mains.

-Nell, tu es en bonne voie, l’herbe sous tes pieds est entrain de geler.

J’ouvrais les yeux et l’onde était là. Sa vue accéléra le processus. Tarmak entouré de glace rejoignit maladroitement la rive.

-NELL, ARRETE le lac se recouvre de glace ! ditLéo.

-Comment je fais pour arrêter ?

-Je sais pas ! ditLéo impuissant. Referme tes mains.

Je refermai mes mains. Une sensation de fièvre m’envahit. J’avais chaud, trop chaud, beaucoup trop chaud. Ma peau était rouge, mes cheveux et les poils sur ma peau commencèrent à sentir le grillé.

-Nell, je sais pas quoi faire, je sais pas quoi faire ! angoissaLéo.

Je sentis quelqu’un m’attraper par la chemise fumante et me jeter dans le lac. À la surface de l‘eau, la couche de glace fondit avant mon atterrissage. Je plongeais avec soulagement et restituais l’onde de chaleur à l’eau glaciale.

Les vêtements en partie brûlés, je revenais à la surface du lac.

-Petite damoiselle, vous allez bien ?

C’était Noah.

Léo était soulagé.

-Oui, dis-je machinalement.

-Sortez je vous couvre.

Alorsque je sortais de l’eau, Noah m’enveloppa dans une couverture de feuilles printanières.

-Tarmak est sorti ? demandai-je à Léo.

-Oui il est sorti, Nell, répondit un Léo compatissant et rassuré.

-Petite damoiselle, il faut que nous parlions ?

-À la bibliothèque ?

-À la bibliothèque.

-Alors, commença Léo en regardant un grand manuel. Principes dynamiques des pouvoirs et des énergies :

Deux principes de la thermodynamique :

1erprincipe :

L’ensembled’un système isolé et de son environnement universel présententune énergie totale constante.

-Tout apport d’énergie au milieu environnant suppose donc une diminution de l’énergie contenue dans le système. Ceci implique une équivalence entre les différentes formes d’énergies, ajouta Léo.

2èmeprincipe :

Lesphénomènes physiques ou chimiques évoluent dans le sens quiimplique une augmentation de l’entropie.

-Les mécanismes agissent toujours vers un plus grand hasard oudésordre, l’entropie est une expression quantitative de cedésordre.

-Léo, simplicité ! reprit Noah. Nell, l'eau et toi, vous pouvez vous nourrir l'une de l'autre, mais tu ne dois pas oublier que tu es une petite fille.

-C'est plus claire ? demandai-je en les regardant alternativement. Je suis sensée mieux comprendre ?

-Vous devez échanger vos énergies de façon viable pour ton corps,expliqua Léo.

-Tu n'es pas prête pour l'énergie, ajouta Noah. Tu ne peux pas encore garder ce que tu lui as pris, sinon, retînt le fou. Il aurait fallu qu etu donnes quelque chose à l'eau pour équilibrer !

-Qu'est-ce que j'aurais dû donner à l'eau ?

-Une partie de toi, lança Noah. Lui rendre sa chaleur était le plus sage, concéda-t-il. Ton corps allait être brûlé.

-C'est un pléonasme pour une sorcière, commenta Léo. C’est très en vogue en ce moment de brûler les sorcières, ajouta-t-il pris en étau entre mon regard et celui de Noah.

-Comment ça une partie de moi ? rengageai-je.

-Main, jambe, ce que tu voulais, mais ce n’est pas la question. Tu dois faire partie de l'environnement que représente l'eau, si tu veux garder l'énergie ou, éventuellement, devenir l'énergie elle-même en te transformant en feu.

-Pourquoi je n'y ai pas pensé ? dit Léo.

-On se le demande ! lui fis-je remarquer.

-En tout cas, si tu veux garder l'énergie de l'eau, il faudra que toiet l'eau vous constituiez la même énergie. Ce qui sera possible quand tu seras un élémentaire eau.

Nous pouvions visualiser ceci ainsi : l'eau était comme une grosse bulle; moi, j'étais une petite bulle flottante à l'intérieur. Si je voulais changer d'air, en prenant celui de la grosse bulle, il fallait que je lui donne ma part d'air, sinon, je risquais l'éclatement ! Ou, si j'étais élémentaire eau, je pouvais coller ma bulle à la grosse bulle et me mêlée à elle. Dès lors, la petite et la grosse bulle ne formeraient qu'une bulle : l'eau serait moi, je serais l'eau. Noah était persuadé que j'avais les pouvoirs de Maël, il savait qu'un jour je pourrais être eau.

-En gros, je peux donner un peu de la chaleur à l'eau, en prendre cen'est pas très conseiller, sauf si je veux bien lui donner un bras !

-Tu ne lui donnes pas plus que ce que ton corps peut supporter en température basse et tu ne lui prends pas plus que ce que tu peux supporter en température haute, sauf si tu te sens capable de te transformer en feu, rationalisa Léo. Tu crées une flamme source à partir de ta propre chaleur, comme tu fais déjà, et tu te mêles à elle pour devenir feu.

-Je ne crois pas que j'en serai capable, avouai-je.

-Tu le seras, déclara Noah. Mais pour l'instant, tiens-toi en à de légers échanges. Dans le temps, tu comprendras comment parvenir à cet état. Le temps est un bon livre, conclut-il.

-En parlant de livre, Noah, je peux avoir de nouveau le registre des pouvoirs.

Il était surpris.

-Ce volume ne s’emprunte pas ! Il reste ici.

-Mais pourtant vous l’avez déposé dans ma chambre ?

Il était outré !

-Je ne vole jamais les livres, Nell ! Un livre à une place, il ne faut pas le déplacer trop longtemps sinon, il oublie sa place, il perd la mémoire, il perd des mots, il devient vide.

-Il y avait un marque page au chapitre des pouvoirs sensitifs, j’aipensé que c’était un message de votre part.

-Il faudrait être fou pour retirer un livre si précieux de labibliothèque. Elle est chargée de veiller sur eux. De plus, je n’en sortirais jamais un de cette valeur. Ce manuscrit est unique, sa perte serais un grand malheur. D’ailleurs, il est le seul de s acollection à être dans la bibliothèque, tous les autres registre ssont dans les appartements de Victor.

-Quels autres ?

-Ceux qui portent les noms des possesseurs de chaque pouvoir.

-Pourquoi ne sont-ils pas accessibles comme le registre général.

-Des gens ne souhaitent pas que leur pouvoir soit connu de tous, voilàtout.

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