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Dix choses que vous ignorez (sans doute) sur la Corée du Nord


Invité David Web

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Dix choses que vous ignorez (sans doute) sur la Corée du Nord

Kim Jong-un, troisième du nom à la tête du régime communiste dynastique nord-coréen, affole la planète avec ses menaces de frappes nucléaires contre les Etats-Unis et leurs alliés en Asie. Ces menaces ne sont pas totalement prises au sérieux, même si chacun se méfie des engrenages fatals ou du caractère irrationnel du régime de Pyongyang.

De la Corée du Nord, on connaît à la fois beaucoup et peu de choses. Voici dix éléments que vous ignorez peut-être, et qui permettent de mieux cerner ce point chaud planétaire qui inquiète jusqu’à Fidel Castro, sorti de sa retraite pour conseiller la prudence à son jeune camarade de Pyongyang, un peu trop impulsif aux yeux du barbu de La Havane qui a lui-même frôlé la guerre nucléaire en 1962.

1/

Une victime collatérale de Yalta

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Churchill, Roosevelt et Staline à Yalta en février 1945 (SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA)

Février 1945 à Yalta, station balnéaire sur la mer de Crimée. Il y a un parfum de victoire dans l’air à ce sommet réunissant le Britannique Winston Churchill, l’Américain Franklin D. Roosevelt et le Soviétique Joseph Staline. Même s’ils ne se sont pas partagé le monde comme le veut la légende, il y a eu des décisions lors de ce sommet destiné à préparer le monde de l’après-guerre.

L’une d’elle, à laquelle ils n’ont pas consacré beaucoup de temps, a été de diviser la péninsule coréenne entre deux zones d’influence à la défaite japonaise, l’une américaine au sud du 38e parallèle, l’autre soviétique et chinoise au Nord.

Même si, à Yalta, Winston Churchill aurait déclaré qu’il n’avait « jamais entendu parler de ce foutu endroit » (« never heard of the bloody place », cité par Jasper Becker dans « Rogue Regime »). Cette division devait être provisoire, mais 68 ans plus tard, les Coréens en paient toujours le prix.

C’est Staline et son service secret, le NKVD, qui prennent les choses en main à partir de 1945 pour bâtir de toutes pièces un régime communiste au Nord, comme ils le feront ailleurs.

Leur choix se porte sur Kim Il-sung, un obscur militant communiste coréen ayant grandi en Chine où il était arrivé à l’age de sept ans, parlant mal le coréen, inconnu dans son pays, mais dont ils feront, par un subtil mélange de force et de propagande, un dieu vivant.

« Nous l’avons fait à partir de zéro »

« Nous l’avons fait à partir de zéro », se vante même Leonid Vassin, agent du NKVD, cité par Jasper Becker, qui a écrit une histoire du régime des Kim :

« Quand Kim est arrivé, nous avons remarqué qu’il ne parlait pas couramment coréen », se souvient Vassin. Le 23 août [1945], Vassin explique qu’il a reçu l’ordre de lui donner un costume civil, et lui a donné trois jours pour apprendre un discours qui avait été écrit pour lui.

Ce discours a été prononcé devant le premier congrès du parti organisé par des vétérans communistes, qui avaient été libérés à la suite de la défaite japonaise. Comme Kim n’avait aucune légitimité ni soutien, le NKVD a préféré lui créer son propre parti, le Parti des travailleurs. Très vite, ils ont contraint les autres partis à fusionner avec lui et brouillé les pistes sur son origine. »

Jasper Becker raconte comment, « dès 1949, la République démocratique et populaire de Corée était devenue une dictature stalinienne à part entière, avec ses camps de travail, ses purges, ses détentions arbitraires, et son culte de la personnalité. Kim a érigé la première statue à son effigie alors qu’il n’avait pas 40 ans, et commença à se faire appeler “le Grand Leader”, ou Suryong en coréen ».

2/

Le fils de Mao est mort pendant la guerre de Corée

La guerre de Corée (1950-1953) est le premier conflit de la guerre froide Est-Ouest.

Selon les archives soviétiques découvertes à Moscou après la fin de l’URSS, c’est Kim Il-sung qui a lancé l’idée d’attaquer le Sud, et a réussi à en convaincre Staline. Le leader soviétique, alors au faîte de sa gloire et de sa puissance, a poussé la Chine de Mao, alors dans son orbite, à aider la Corée du Nord.

Près d’un million de Chinois, membres d’une armée de « volontaires », s’engageront dans cette guerre de trois ans, pensant remporter une victoire facile sur une Corée du Sud à laquelle les Etats-Unis semblaient alors attacher peu d’importance.

Ce fut une erreur de calcul, et l’armée chinoise subit de très lourdes pertes. Parmi les victimes, le propre fils de Mao Zedong, Mao Anying, qui s’était engagé parmi les « volontaires ».

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La tombe de Mao Anying en Corée du Nord (KCNA)

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Mao et son fils Anying en 1949 (DR)

Ce prix du sang crée un lien particulier entre les Chinois et la Corée du Nord. En 2003, pour le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre, une grande exposition au musée militaire de Pékin avait attiré une foule immense, souvent des familles guidées par des anciens combattants.

Le clou de cette expo était un planisphère géant de la Corée en relief et en bronze, sur lequel on pouvait marcher, et qui indiquait les lieux des grandes batailles. J’ai observé des hommes âgés qui y passaient des heures, visiblement en repensant à des événements vécus sur ces reliefs, aux amis perdus. Le sujet reste très sensible en Chine. Les historiens qui tentent de raconter une histoire différente de l’épopée officielle sont réprimés.

Et c’est de son exil aux Etats-Unis qu’un écrivain chinois, Ha Jin, a raconté pour la première fois, en s’inspirant de l’histoire de son père, le sort de ces milliers de prisonniers de guerre chinois tombés aux mains des Américains, et que Mao ne voulait plus revoir vivants puisqu’ils avaient été capturés au lieu de se sacrifier au combat.

Ha Jin raconte dans son magnifique roman, « War trash » (« Les rebuts de la guerre » en traduction française, Le Seuil, 2006), comment ces prisonniers, dans des camps sud-coréens, se voyaient offrir le choix entre rejoindre Tchang Kaï-chek, l’anticommuniste de Taïwan, ou retourner en Chine vers un sort incertain. Ou comment certains étaient tatoués de force par des agents de Tchang Kai-chek avec des slogans hostiles à Mao, pour empêcher tout retour en Chine où ils seraient exécutés pour ce crime...

3/

La Corée du Nord a assassiné la mère de la présidente sud-coréenne

La Corée du Sud vient d’élire démocratiquement une nouvelle présidente, Park Geun-hye, une vieille connaissance de la Corée du Nord, à plus d’un titre. Mme Park est la fille d’un ancien dictateur militaire de la Corée du Sud, Park Chung-hee, qui a régné sur le pays d’une main de fer de 1961 jusqu’à son assassinat en 1979. Ce ne sont pas les Nord-Coréens qui l’ont tué, bien qu’ils aient tenté de le faire, mais son propre chef des services de renseignement.

En revanche, au cours d’une de leurs tentatives d’assassinat de Park Chung-hee, en 1974, des agents commandités par la Corée du Nord ont tué son épouse, la mère de l’actuelle présidente sud-coréenne, d’une balle destinée à son mari.

Malgré ce passé tragique, Park Geun-hye a fait le voyage de Pyongyang, en 2002, lors d’une brève période de rapprochement et d’espoir de paix entre les deux Corées. Il en reste cette étrange photo en compagnie de Kim Jong-il, avec en arrière-plan cette fresque de nature déchaînée, un couple qui ne semble pas avoir grand-chose à se dire, fixant l’objectif pour meubler leur silence...

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Park Geun-hye, l’actuelle présidente sud-coréenne, s’était rendue à Pyongyang en 2002 (Kim Jong-il, par Michael Breen, éd. John Wiley & Sons)

Depuis son élection en février, la présidente Park Chung-hee n’est pas épargnée par la propagande du Nord, qui la traite de « prostituée ». Depuis, les menaces d’annihilation nucléaire font passer ces insultes pour de banales querelles de voisinage...

Cette connaissance intime, quoique tragique, entre la nouvelle présidente sud-coréenne et son voisin du Nord, pourrait, le cas échéant, devenir le meilleur atout pour la paix dans la péninsule.

Lire la suite (Rue 89)

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Membre, 47ans Posté(e)
g_pu_rien Membre 5 344 messages
Baby Forumeur‚ 47ans‚
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J'ai adoré... Très intéressant et extrêmement instructif.

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