Aller au contenu

10 avril 1954. Création de la TVA


Invité David Web

Messages recommandés

Invité David Web
Invités, Posté(e)
Invité David Web
Invité David Web Invités 0 message
Posté(e)

10 avril 1954. Création de la TVA

Le 10 avril 1954, l’Assemblée nationale vote la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Cet impôt sur la consommation va très vite s’imposer en France et aussi dans le reste du monde, à l’exception notable des États-Unis.

La TVA vient en remplacement des anciens impôts indirects sur la consommation avec une différence proprement révolutionnaire qui fait le génie de son concepteur :

- l'entrepreneur ne se contente plus de déclarer et payer une taxe sur son chiffre d'affaire (ses ventes),

- il déclare aussi le montant de ses achats et se fait rembourser par le service des impôts les taxes qui pèsent sur ceux-ci.

Ses taxes ne pèsent en définitive que sur la différence entre ses ventes et ses achats (la «valeur ajoutée»).

Michel Psellos

Un chef d’œuvre de l’esprit

LaureMaurice.jpg

Jusque dans les années 1950, les marchandises étaient affectées d’une taxe à la consommation dont le taux était calculé sur le prix de vente total.

Par ailleurs, à toutes les étapes du circuit de production, les entreprises qui venaient à les manipuler payaient un impôt sur leur chiffre d’affaires.

Il s’ensuivait une imposition «en cascade» nuisible à la fluidité des circuits économiques.

Sous-traitant, façonnier, ensemblier, grossiste, détaillant, consommateur… Chacun devait payer une taxe sur la totalité de ses achats comme sur la totalité de sa valeur ajoutée (la valeur ajoutée est la création de richesse d’une entreprise ; c'est le fruit de son activité, autrement dit la différence entre la valeur de ce qu’elle achète et la valeur de ce qu’elle revend).

Le concept de la TVA est dû à un inspecteur des finances, Maurice Lauré (37 ans), qui eut le génie de mettre en musique et fédérer des réflexions qui circulaient çà et là sur le besoin de simplifier et uniformiser les différents impôts sectoriels sur la consommation.

Elle s’applique à toutes les entreprises qui achètent et vendent des produits et des services. Tous les mois ou tous les trois mois, ces entreprises déclarent à l’administration des impôts d’une part le montant de leurs ventes, d’autre part le montant de leurs achats.

Elles paient la TVA sur leurs ventes, ce qui est normal. Mais par ailleurs, de façon plus surprenante, l’administration des impôts leur rembourse la TVA payée sur leurs achats par leurs fournisseurs. La différence correspond à une imposition sur la différence entre les ventes et les achats, autrement dit la «valeur ajoutée».

Ainsi, l’imposition globale d’une marchandise ne varie pas quel que soit le nombre d’entreprises qui l’ont manipulée et c’est le consommateur final qui la paie toute entière. Simple et cohérent.

Raymond Aron sera tellement impressionné par l’inventivité de Maurice Lauré qu’il le qualifiera un jour de «prince de l’esprit», en ajoutant qu’il était «l’un des hommes les plus intelligents de France».

Fait inédit, la TVA est votée par les députés malgré le peu d’enthousiasme d’Edgar Faure, ministre des Finances dans le gouvernement de Joseph Laniel. C’est qu’elle bénéficie en contrepartie de l’appui déterminé du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Pierre Mendès France. Après le désastre de Dien Bien Phu, en juin 1954, celui-ci succèdera à Joseph Laniel à la présidence du Conseil.

La «TVA sociale», un mythe vieux de quarante ans

Facile à collecter, difficile à frauder, la TVA présente une grande simplicité de gestion. Elle est d’autre part neutre vis-à-vis des exportations, l’acheteur étranger n’ayant pas à la payer (il n’en paie pas moins des taxes dans son propre pays). La TVA sur les importations est quant à elle payée par l’importateur.

Dès la fin des années 60, les gouvernants français songèrent à manipuler la TVA pour remédier à une crise du commerce extérieur et des finances publiques en évitant d’avoir à dévaluer la monnaie. C’était la «TVA sociale» avant l’heure.

À l’issue des événements de Mai-68 et des accords de Grenelle entre le gouvernement et les syndicats, la France se trouva quasiment acculée à l’automne 1968 à une dévaluation que le Général de Gaulle refusa, notamment sur le conseil d’un commissaire européen nommé Raymond Barre qui fut l’un des seuls à la déconseiller.

On se souvient moins qu’à la place de cette dévaluation, le gouvernement de Maurice Couve de Murville décida une hausse de 2,5 points de la TVA compensée par la suppression de la taxe sur les salaires.

Seules les banques, qui avaient obtenu en 1965 de ne pas être assujetties à la TVA, conservèrent en bonne logique la taxe sur les salaires. Elles n’ont de cesse désormais de la dénoncer et d’en réclamer la suppression, oubliant que celle-ci ne devrait que compenser un assujettissement des intérêts bancaires à la TVA.

Les produits importés, qui supportent la TVA, devaient ainsi voir leur prix augmenter. Les produits fabriqués en France devaient quant à eux rester au même prix en France, la hausse de la TVA étant compensée par la baisse des coûts salariaux. Par contre, ils devaient être moins chers à l’exportation du fait de cette baisse des coûts salariaux.

Le gouvernement inventait ainsi la «TVA sociale», un substitut à la dévaluation de la monnaie... L’effet fut pour le moins insuffisant puisqu’une dévaluation dut quand même être consentie en août 1969 par le nouveau président Georges Pompidou.

Au début des années 1980, le patronat français plaida à nouveau pour une augmentation de la TVA associée en contrepartie à une baisse des charges.

À la demande du gouvernement, l’inspecteur des finances Henri de Castries fit une simulation d’où il ressortit que les avantages à en attendre étaient minimes au regard des inconvénients et des risques : gain minime sur les coûts de production ; prix à la hausse sur les produits et services non soumis à la concurrence étrangère ; report des consommateurs vers les importations à bas prix ; prime aux banques, aux fraudeurs et aux petits entrepreneurs qui ne paient pas de TVA… Cette «fausse-bonne idée» tomba dès lors aux oubliettes...

Impôt indolore, impôt menaçant

Rappelons pour finir que les États-Unis sont l’un des rares pays à ne jamais s’être laissé séduire par la TVA. Les taxes locales à la consommation y sont toujours en vigueur et varient selon les États. Les prix sont pour cette raison affichés hors taxe, la taxe étant ajoutée à la caisse.

La raison n’est pas à chercher dans le caractère forcément diabolique d’une invention française, mais dans les avantages trop manifestes de cet impôt d’apparence indolore. Le Sénat américain n’a jamais voulu consentir à l’État fédéral un impôt aussi facile à collecter et à augmenter.

Une raison analogue motivait à la fin des années 1980 l’opposition du ministre des finances Pierre Bérégovoy à l’instauration par le Premier ministre Michel Rocard de la Cotisation sociale généralisée (CSG). Ce nouvel impôt se distingue de l’impôt sur le revenu par ce qu’il est prélevé à la source sur tous les revenus ; son taux est fixe et non progressif ; il est surtout épargné par les niches fiscales de toutes sortes qui n’en finissent pas de plomber la progressivité de l’impôt sur le revenu.

Mais aux yeux de Pierre Bérégovoy, il apparaissait trop facile à collecter et à augmenter, et risquait ainsi de supprimer toute incitation à la maîtrise des dépenses sociales. Tel a bien été le cas puisque le taux de la CSG, d’abord à 1,1%, atteint désormais 13,5% avec ses compléments de la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), du prélèvement social et des contributions additionnelles destinées notamment à financer le RSA (Revenu de Solidarité Active).

La «TVA sociale» en 2012

Le président de la République française a repris à la veille des élections présidentielles de 2012 l'idée de «TVA sociale». Elle consiste à augmenter d’un à deux points les taux de TVA et à redistribuer le surplus de recettes fiscales en diminuant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires. En théorie, cela doit aboutir à augmenter le coût des importations et diminuer celui des exportations, soit à réduire le déficit commercial du pays.

Mais l'affaire ne va pas de soi et l’expérience mitigée de Couve de Murville (1968) a montré que la «TVA sociale» n’avait pas d’effet probant sur le déficit commercial.

À défaut de résorber le déficit commercial, l'augmentation de la TVA s'imposera sans doute après les élections pour remplir les caisses de l'État, à moins que l'administration ne privilégie une augmentation de la CSG, un impôt tout aussi aisé à manipuler.

Cette pression fiscale s'imposera en complément des baisses de dépenses pour combler le déficit structurel du budget (au-delà de la part du déficit conjoncturel lié à la crise économique). Ce ne serait que justice car ce déficit est dû au moins autant à la baisse de la pression fiscale dans les dernières décennies qu'à l'augmentation des dépenses publiques.

Hérodote.net.

Note : en 2014 la TVA principale passera de 19.6 à 20 %

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 426 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Il est incontestable que la TVA est une idée fiscale de génie.

Elle permet d’éviter l ‘application d’un cumul de taxe aux taxes sur le prix de vente d’un produit ou d’un service.

Tout produit transformé nécessite de la part du transformateur,l'achat d'articles de base avant leur transformation.

Imposer l'application d'une taxe sur le produit fabriqué et vendu s'impose d'autant plus facilement, que le transformateur doit remettre au fisc le produit de la taxe perçue au cours de la vente,mais récupère et déduit de ces sommes dues, les taxes préalablement payées par lui lorsqu'il a réglé sa facture des produits avant transformation.

Ce qui revient à appliquer la taxe exclusivement à la valeur ajoutée.

Ce même principe devrait être étendu et appliqué de la même façon avec une TVA sociale, permettant à l’employeur européens de déduire les charges salariales des sommes perçues à ce titre.

Nous aurions en ce cas un seul taux de taxe sociale au niveau européen, uniformisant le taux de compétitivité au sein de la zone Euro,évitant ainsi une façon spéculative de faire fabriquer à l’extérieur hors zone euro.

Exemple : Si la TVA (20%) + Taxe sociale(5%) = Taxe finale de 25% appliquée à tous les produits ou services.

Tout produit fabriqué en zone euro verrait le producteur européen déduire les sommes dues, non seulement sur la taxe des produits achetés avant transformation,mais déduire également les sommes versés au titre des charges sociales applicables aux salaires de ses employés.

Il va de soi que tout produit acheté hors de la zone euro n’autoriserait aucune déduction fiscale de la part du transformateur.

Cela éviterait le dumping des monnaies différentes de l’euro au sein de l’Europe, sans créer un hiatus insurmontable au regard des règles du commerce international.

Je ne comprends pas que ce système ne soit pas en application depuis des lustres déjà, alors que les États Européens de la zone euro devraient manifester leur solidarité et une protection plus grande envers leurs ressortissants.

Les tergiversations infinies sur le sujet font que les Européens ont cette perception très vive et vraie, d’être en concurrence inégale et injuste avec leurs voisins hors zone euro.

Et l’on s’étonne en ce cas que les Européens de la zone euro, accuse l’Europe de tous les maux ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 300 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

On devrait supprimer la tva sur tous les produits agro-alimentaires fabriqués en France, ça aiderait nos paysans, et ça aiderait nos consommateurs. Les entreprises étrangères qui souhaiteraient bénéficier de cette suppression de tva sur leurs produits n'auraient plus qu'à installer leur fabriques en France et à embaucher des Français. En plus, ça nous apporterait du boulot.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 118ans Posté(e)
nerelucia Membre 12 886 messages
Baby Forumeur‚ 118ans‚
Posté(e)

De 17,6 % en 1954, le taux normal de TVA est passé à 18,6 % en 1982, puis à 20,6 et maintenant à 19.6.

Les articles de luxe ont connu le taux de 33%.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 426 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

On devrait supprimer la tva sur tous les produits agro-alimentaires fabriqués en France, ça aiderait nos paysans, et ça aiderait nos consommateurs. Les entreprises étrangères qui souhaiteraient bénéficier de cette suppression de tva sur leurs produits n'auraient plus qu'à installer leur fabriques en France et à embaucher des Français. En plus, ça nous apporterait du boulot.

Loargan,

Vous devriez aller en Afrique, certains états ne prélèvent aucuns impôts.

En théorie cela devrait signifier le bonheur économique absolu ?

Mais en réalité rien ne fonctionne correctement dans ces pays là, ceux qui représente l’administration racket pour eux mêmes justement à cause de l’absence d’administration minimum qu’il faut bien avoir, pour décider de la construction des routes, des voies de chemin de fer, des lois et réglementation diverses, dans l’intérêt collectif.

Supprimer la TVA c’est une fausse bonne idée.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 300 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Loargan,

Vous devriez aller en Afrique, certains états ne prélèvent aucuns impôts.

En théorie cela devrait signifier le bonheur économique absolu ?

Mais en réalité rien ne fonctionne correctement dans ces pays là, ceux qui représente l’administration racket pour eux mêmes justement à cause de l’absence d’administration minimum qu’il faut bien avoir, pour décider de la construction des routes, des voies de chemin de fer, des lois et réglementation diverses, dans l’intérêt collectif.

Supprimer la TVA c’est une fausse bonne idée.

Attention, comparaison n'est pas raison ! Je n'ai pas écrit qu'il faudrait supprimer la tva totalement, mais seulement pour les produits agro-alimentaires (comme nous sommes bons en agriculture et en élevage) produits en France, le pays du pétrole vert. Cela permettrait aux agriculteurs et éleveurs français de vendre davantage, de moins souffrir de la concurrence d'autres pays comme l'Espagne, l'Italie, la Hollande... dont les fruits et légumes envahissent nos étalages. Cela permettrait encore aux consommateurs de payer moins cher leur alimentation, et de bénéficier d'un meilleur accès aux produits locaux ou, du moins, nationaux, donc ayant moins voyagé, donc plus frais. Cela donnerait un coup de pouce à nos restaurateurs. Cela inciterait des producteurs étrangers à installer des fabriques de produits alimentaires (pâtes, biscuits, etc.) sur notre sol, et à embaucher des personnes du pays donc. Je ne peux m'empêcher de penser également aux terres d'outre-mer, qui ne parviennent plus à exporter leurs fruits et légumes : bananes, etc., alors qu'elles ont été à l'origine d'importants vergers et potagers : toute leur économie était basée là-dessus autrefois.

Maintenant, tu me parles, Enchantant, de la situation africaine déplorable, de sa corruption, de ses difficultés économiques... Mais cela n'a rien à voir avec notre pays je pense, qui pourrait très bien perpétrer un contrôle sur des produits alimentaires sans tva pour éviter toute fraude ou corruption, sans compter que la France n'est pas une terre souffrant d'un climat propice aux sécheresses telles qu'il peut y en avoir en Afrique. Nous n'avons pas ces problèmes liés à des traditions rétrogrades ou à des frictions inter-ethniques et autres, donc pourquoi comparer l'Afrique et la France qui plus est ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre, 79ans Posté(e)
Talon Membre 1 722 messages
Baby Forumeur‚ 79ans‚
Posté(e)

Définition de l'imposteur, au XVIII ème siècle : celui qui crée un nouvel impôt. Bof, la TVA est une taxe et pas un impôt. L'impôt est dû par tous, selon les ressources; la taxe n'est exigée que pour l'usager. Celui qui n'achète rien ne paie pas la TVA.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 67ans Posté(e)
Esperluette Membre 1 333 messages
Baby Forumeur‚ 67ans‚
Posté(e)

Hausse du taux de TVA sur certains services à la personne le 1er juillet :

http://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/actualites/00919.html

Création d'une éco-taxe sur le mobilier le 1er mai :

http://www.enviro2b.com/2013/01/24/eco-mobilier-la-priorite-est-laffichage-en-magasins-generalise-le-1er-mai-2013/

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×