Aller au contenu

Messages recommandés

Membre, 34ans Posté(e)
Maitre Corbeau Membre 52 messages
Baby Forumeur‚ 34ans‚
Posté(e)

Paris, fin du mois de juillet de l'an de Grâce 1830. Charles X de Bourbon, roi de France, régnait encore. Natif du dix-huitième siècle, le vieux souverain, frère des deux précédents rois de France, était sur la fin de sa vie. Alors que moi, à cette époque, j'étais un jeune adulte. Que dis-je : un enfant ! J'étais encore un être immature, insouciant et inconscient des dangers de la vie. Mon nom est François Lenoir, et voici ce qui m'est arrivé, dans les derniers jours du mois de Juillet 1830, à Paris.

A la caserne de la quatrième garnison royale de Paris, on craignait ce qui finit par arriver. Mon père, le général Louis Lenoir, né en 1774, vétéran de la Révolution Française et des Guerres Napoléoniennes, devenu père par ma naissance en 1804, commandait cette garnison. Il a combattu pour nos couleurs en Egypte, en Italie, en Autriche, en Prusse, en Russie et aux Pays-Bas, sur la morne plaine de Waterloo. Il passe en revue ses troupes :

- Soldats, la situation est grave : le peuple gronde, à cause de la politique de notre roi bien-aimé. il faut l'empêcher d'infliger à notre roi ce qu'ils ont infligé à Louis XVI, ou au duc de Berry voici dix ans. Les Orléans veulent emmener nos ennemis au pouvoir. Cela, il ne faut pas. Alors, à mon commandement, présentez armes ! Et en avant, marche !

Les fières troupes commandées par mon père avancèrent dans les rues de Paris, centre nerveux de la contestation du pouvoir en Europe, et donc de l'Ordre viennois voulu par le prince Metternich 15 ans plus tôt.

Pour ma part, je faisais partie des mécontents, et pour cette raison j'ai coupé les ponts avec mon père. Me voici partisan d'un ordre nouveau, voulu par les Orléans, et leur chef Louis-Philippe. Avec mon groupe de contestataires, je marchais en direction du palais royal, depuis lequel Charles X surveillait la situation parisienne. Nous nous retrouvâmes place de la Concorde, et la bataille, lancée par mon propre père, débuta.

Les combats furent sanglants. Et ce n'était que le premier jour. Le deuxième jour, des rangs décimés mais encore debout de chaque côté lançaient l'acte II de ce qu'on appellera plus tard les Trois Glorieuses. Et le lendemain de ce lendemain, ce fut l'acte final. Durant toute cette révolution contre la branche aînée des Bourbons, le même spectacle se répéta. Plus tard, un peintre connu sous le nom d'Eugène Delacroix en fera son plus célèbre tableau. Mais pour moi, le moment le plus épique de cette révolution, et même de ma vie, fut le duel que je menai, épée contre épée, face à mon plus grand ennemi : mon père. La légitimité contre la révolution, l'expérience contre la jeunesse, l'idéal contre la réalité.

- Ainsi te revoilà, François. Je suis surpris de te voir encore vivant, pour le troisième jour de cette mascarade.

- Ce n'est pas une mascarade ! Un ordre nouveau va être instauré. Et ce sera sans toi.

- Je prends cette offense comme une provocation pour un duel à mort. Si tu me tues, ce sera un parricide, et tu seras considéré comme l'un des pires criminels de cette ville.

- Durant une Révolution, tous les partisans commettent des crimes, apprends-le !

Puis plus un mot. Le duel commença. Les deux lames en fer se croisèrent. Le duel dura un quart d'heure sans la moindre blessure. Puis, mon père m'atteignit à la cuisse droite. Je tombai au sol, incapable de me relever. Il pointa son épée sur moi. Je me sentais à sa merci, mais mon coeur ne l'admit pas. Et d'un coup irréfléchi, je pris mon épée et lui trancha la tête si vite qu'il n'eût pas le temps de réagir.

Un compagnon révolutionnaire m'emmena immédiatement à l'Hôtel-Dieu. Ce n'est que le lendemain, après une nuit de sommeil, des pansements et quelques soupes bien chaudes que j'appris que Charles X était fini. Louis-Philippe avait pris le pouvoir. Il sera couronné plus tard comme étant Louis-Philippe Ier, roi des Français.

En ce qui me concerne, je me sentis mûrir après avoir tué mon père, que je considérais comme mon pire ennemi. Craignant le châtiment de la société pour ce parricide, je me confessai dès ma sortie de l'Hôtel-Dieu, et le responsable ecclésiastique consentit à m'absoudre de mes pêchés. Je me suis rapidement inséré dans la société parisienne de cette Monarchie de Juillet. Je n'étais plus un enfant, j'étais devenu un homme.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Intéressant. Bien écrit et inscrit en plus dans un contexte historique. J'aime beaucoup!

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×