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13 novembre 1985. Omayra se retrouve coincée jusqu'au cou dans l'eau et les débris de sa maison pendant près de soixante heures.


Invité David Web

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13 novembre 1985. Omayra se retrouve coincée jusqu'au cou dans l'eau et les débris de sa maison pendant près de soixante heures.

Le 13 novembre 1985, le volcan Nevado del Ruiz entre en éruption. Les nuées ardentes, émises au niveau du cratère et retombant partiellement sur la calotte glaciaire de la montagne, font fondre la glace qui se mélange aux cendres pour former des lahars. Les pluies très intenses ayant précédé l'éruption ont diminué la cohésion et la stabilité des dépôts de pente et des produits pyroclastiques. De plus, la neige ainsi que 40 à 65 millions de m3 de glace, soit 8 à 10 % du volume total de la calotte glaciaire, fondent rapidement. Ce sont autant de facteurs expliquant en partie la puissance dévastatrice des lahars.

Ces coulées de boue volcaniques dévalent les flancs du volcan vers les vallées fluviales situées en contrebas. Un lahar, en trois vagues successives, est responsable de la majeure partie des dommages. En effet, la première coulée, avec une vitesse conséquente de six mètres par seconde, ensevelit la majeure partie de la petite ville d'Armero-Guayabal, tuant jusqu'à 20 000 de ses habitants. Deux coulées supplémentaires affaiblissent la structure des bâtiments et un autre lahar entraîne la mort de 1 800 personnes dans la municipalité voisine de Chinchiná. Au total, ces coulées de boue tuent environ 23 000 personnes et détruisent quatorze villages et villes. Quelque 5 200 blessés, 200 000 sinistrés et 4 400 maisons détruites sont également dénombrés pour un montant de 200 à 300 millions de dollars de dommages directs.

L'absence d'un calendrier précis sur l'éruption et la réticence des autorités locales à prendre des mesures préventives coûteuses sans signes clairs de danger imminent sont autant de facteurs qui vont aggraver le nombre de pertes humaines. La dernière éruption majeure s'étant produite 140 ans plus tôt, en 1845, il est donc difficile pour beaucoup d'accepter le danger présenté par le volcan, la population locale le surnommant même « Le lion endormi ». Par ailleurs, les cartes des zones à risques, montrant qu'Armero serait complètement inondée après une éruption, sont émises plus d'un mois avant la catastrophe. Cependant, le congrès colombien critique les agences scientifiques et de défense civile, estimant qu’elles se montrent trop alarmistes. L'éruption se produit alors que le gouvernement et l'armée ont d'autres préoccupations, étant en conflit avec la guérilla des FARC, à Bogotá, la capitale de la Colombie.

Omayra Sánchez, qui a pour parents Álvaro Enrique Sánchezet María Aleyda Garzón, naît le 28 août 1972. Elle a 13 ans lorsque le volcan entre en éruption. Étudiante au Colegio Sagrada Familia d'Armero, elle suit les cours de première année de l'enseignement secondaire de premier cycle (educación básica secundaria ou bachillerato) et s'apprête à passer les examens de fin d'année. Elle vit avec ses parents, son frère et une de ses tantes, Yineth Sofia, dans les environs de Santander.

Avant la tragédie, sa mère voyage à Bogotá pour affaires. La nuit de la catastrophe, elle et sa famille sont brusquement réveillées par une coulée de cendres dévalant le volcan. Durant leur fuite, la grand-mère d'Omayra tombe dans la cavité d'un aqueduc. Omayra tente de la sauver, avant d'être emportée par la coulée. La fillette se retrouve coincée, les jambes bloquées par un enchevêtrement de poutrelles et de briques, et ne peut s'en libérer.

Lorsque les équipes de secours essayent de l'aider, elles s'aperçoivent que ses jambes sont coincées. Les secouristes estiment qu'il est nécessaire d'amputer la jeune fille mais ne disposent pas d'équipements chirurgicaux. Une autre option est de faire venir une motopompe destinée à aspirer l'eau et la boue qui bloquent la jeune fille, mais la seule de disponible à ce moment-là est loin, de sorte qu'ils se résignent à la laisser mourir.

Décès

Omayra se retrouve coincée jusqu'au cou dans l'eau et les débris de sa maison pendant près de soixante heures. L'adolescente, effrayée, prie et pleure souvent. Elle chante également pour le journaliste Germán Santamaría et accepte qu'il l'interviewe. La troisième nuit, Omayra commence à avoir des hallucinations, disant qu'elle ne veut pas être en retard pour l'école. Un moment, elle demande aux personnes qui l'entourent de la laisser afin qu'elles puissent se reposer. Omayra endure ainsi près de trois nuits d'agonie avant de connaître une fin tragique, décédant probablement de la gangrène ou d'hypothermie.

Deux heures avant la mort de la jeune fille, une pompe défectueuse parvient sur les lieux du drame alors que quatre heures après, une ville de la région en reçoit dix-huit en bon état. Le frère d'Omayra, Alvaro Enrique, et sa mère, María Aleyda, survivent aux lahars, mais pas son père. Par la suite, la mère d'Omayra déclare : « je vivrai pour mon fils, qui n'a perdu qu'un doigt », ajoutant que la mort de sa fille « est horrible, mais [qu'ils doivent] penser à la vie ».

Alors que le public a connaissance de la situation d'Omayra grâce aux médias, sa mort vient symboliser la nature tragique de la catastrophe d'Armero et accentue l'incapacité des responsables de tenir compte des victimes qui auraient pu être sauvées. Lorsque les autorités indiquent qu'elles ont utilisé leur meilleur matériel alors que des témoignages décrivent le manque de moyens, la polémique éclate. Les secouristes bénévoles déclarent même que les fournitures et matériels de base viennent à manquer, tels que des pelles, des outils de coupe et des civières, s'accordant à dire qu'il n'y avait pas assez de ressources sur les lieux. Ils s'étendent également sur le fait que les opérations de sauvetage ont été difficiles à effectuer en raison des mouvements de foule et d'une focalisation insensée sur l'organisation des opérations.

Un officier de police donne même son avis, jugeant que le gouvernement aurait dû privilégier les ressources humaines pour remédier aux problèmes alors que le plan de secours a été désorganisé. Le ministre colombien de la Défense, Miguel Uribe, admet avoir « compris la critique quant aux secours », mais leur rappelle que la Colombie est « un pays peu développé » qui "n'a pas ce genre d'équipement".

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Membre, 118ans Posté(e)
nerelucia Membre 12 886 messages
Baby Forumeur‚ 118ans‚
Posté(e)

Autrement dit, une sorte d'emmurement vivant, la pire des choses.

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 713 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Ce qui me surprend toujours dans ce type d'article relatant une tragédie humaine collective, c'est cette croyance imbécile que nous-mêmes, confrontés à ce type de catastrophe, nous aurions fait mieux que ces pauvres gens.

Sous prétexte d’une connaissance scientiste plus élaborée de nos sociétés occidentales, sensées planifier un instant imprévisible, d’un phénomène prédictible. Cette même arrogance collective idiote aboutit au procès absurde de la justice italienne récente,condamnant des scientifiques au prétexte qu'ils n'avaient pas suffisamment mis en garde les autorités politiques de leur pays, dans le domaine de la protection des populations.

Lorsque la sécheresse de l'été 1976 fit ses ravages de catastrophe naturelle en France, notamment dans l'absence de fourrage pour les animaux d'élevage, la multiplication des incendies, je m'étais déjà interrogé sur notre arrogance au regard des émissions télévisuelles,notamment dans l'Afrique sub-saharienne dans le domaine du manque d'eau, ou la solution nous semblait absolument évidente, c'est-à-dire l'installation de station de pompage dans la nappe phréatique permettant de répondre technologiquement à la situation. Puis de constater qu’un simple épiphénomène de sécheresse, chez nous, annihilait complètement nos raisonnements et nos capacités de réaction.

Lorsque la tempête de décembre 1999 survint, alors que la météo nationale avait fait son travail de prévention envers la population, de reconnaître que, lorsque des phénomènes naturels surviennent, l'homme est bien peu de chose au regard des forces en présence.

Ne devrions nous pas être un peu plus modeste, lorsqu'une catastrophe naturelle survient quelque part dans le monde ?

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
Posté(e)

Je n'arrive pas à croire qu'il n'y avait aucun moyen de la tirer d'affaire, même sans pompe !

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Membre, 118ans Posté(e)
nerelucia Membre 12 886 messages
Baby Forumeur‚ 118ans‚
Posté(e)

Vous souvenez-vous du même problème en Italie ? Tout le monde avait trouvé scandaleux que les télévisions filment en direct la mort d'une petite fille.

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Membre+, "Asilienne" de service, 61ans Posté(e)
virgule.6 Membre+ 72 753 messages
61ans‚ "Asilienne" de service,
Posté(e)

L'agonie de cette petite fillette ,à l'époque, m'avait profondément choquée....je revoie encore ces images, et me demande si c'était bien nécessaire de montrer tout cela , sachant la petite était condamnée.

Nous nous sentions coupables de ne rien pouvoir faire.....

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