La journée des bilans

Dix-neuf ans, et déjà un bilan : je n'ai rien fait. Certes, j'ai été déçu, vécu, bougé, évolué, appris, me suis dépensé, ai menti et rougi. J'ai rêvé, réfléchi, désespéré, compris en partie. Mais, de toutes ces choses, laquelle a eu du sens? Nous savons tous que les mots ne sont pas des actions, que la connaissance ne fait pas la réflexion, que les sentiments et les émotions ne font pas l'amour et la dévotion. La seule certitude qui m'habite, c'est ce tiraillement entre deux réalités : l'une, pleine d'argent et de potentiel bonheur, d'estime et de proximité, et l'autre, lieu de compétition, d'hypocrisie et de hiérarchisation.

Le problème de notre monde n'est pas l'argent et le capitalisme. Comment serait-ce possible, de toute façon, qu'un outil soit la cause d'une déchéance profonde? Non, le problème se situe bien en nous, nous êtres humains, acceptant ce qui nous plaît et ne nous plaît, préférant la honte de l'ignorance consentie au réveil difficile et uni. Mais oui, cela n'est que mots, encore, toujours. Un seul homme ne se laisse déjà pas facilement convaincre. Imaginez devoir le faire avec une pléiade. Le dernier de ces mots n'est pas mal choisi : il est pertinent là où il est. Il y a toute sa place. J'en suis personnellement persuadé.

L'école m'a apprise à me plaindre. La vie m'a donné de quoi me plaindre. Ma bêtise me fait me plaindre. Alors que je suis là, blême et inutile, écrivant doucement le fil de mes pensées confuses, il existe des hommes, des femmes, des enfants, même, qui se battent pour les autres, qui se tuent à changer ce qui devraient déjà l'être. Il existe, oui, tout un groupe éparse de personnes tentant à la sueur de leurs vies d'allumer le feu de notre conscience. Ces personnes-là, je les admire et les envie : je n'ai pas cette force qui les animent. Ce sont ces gens-là qui rappellent que l'humanité, ce n'est pas des hommes, mais un.

Exister. Une question qui taraude les esprits. Nous cherchons tant de choses, jour après jour. Parfois, nous le demandons, et d'autres fois, nous le saisissons, le souhaitons, le regrettons. Nous ne voulons pas être heureux, être aimé, être riche, être n'importe quoi. Nous voulons simplement être. Mais nous ne le pouvons seuls. De même qu'un monde se construit ensemble, un individu se construit ensemble. Je suis toi, tu es moi, nous sommes vous, vous êtes nous. L'individu n'a de sens qu'au milieu d'autres individus. Isolé, il n'est rien. Négligé, il n'est pas. Adoré, il ne devrait pas.

Oubliez qui vous êtes, comme j'oublie qui je suis, car nous ne sommes que ce que notre vie a voulu que nous soyons. Vous n'êtes ni bons, ni mauvais, et cela n'a aucune importance en soi. Ce qui compte, ce n'est pas votre souvenir après votre mort, le nombre de vos amis, de vos réussites, de votre compte en banque. Non. Oubliez cela. Vous n'êtes hommes que si vous êtes humains, et être humain, ce n'est rien de plus, ni de moins, que d'échanger, partager, sublimer et être sublimé, dévoué, presque donné, à l'autre, l'autre qui vous aime, vous déteste, vous méprise, vous plaît, vous dégoûte. Je ne parle pas d'hypocrisie : je parle de vie. Nous avons tous à apprendre. Nous avons tous à comprendre. Je n'ai rien fait, et vous non plus. Si vous le croyez, commencez à en douter, car nous sommes tous dépravés et corrompus, rongés et mangés par une abstraction, une très simple et banale abstraction : celle de votre coeur. L'idolâtrie de notre cerveau, de l'intelligence, de la science, de cette rationalité répugnante, a fait de nous ce que nous sommes. Ne les reniez pas : apprivoisez-les. Il est anormal de constater notre soumission face à nos propres créations.

Dix-neuf ans, seulement, oui. Un temps si court à l'échelle d'une vie. Un temps si bref à l'échelle d'un Tout. Une petite lettre déposée non loin du Verbe. Et pourtant, une mince conviction : Sartre avait tort, car les autres ne sont pas l'enfer, mais le paradis, le seul qui soit à notre portée, le seul qui mérite de nous y attarder, et le seul qui puisse nous apporter.

Cela n'est jamais plus que mot.

Tout cela est très joliment exprimé, félicitations.

Tu as un coup de cafard ? Sans doute fait-il gris vers chez toi. Il pleut aussi peut-être. Demain sera meilleur.

Cela m'occupe.

Ceci n'est pas si différent de ce que j'écris en général.

Et tu m'excuseras de ne pas être rentré dans ton jeu que tu poursuis aujourd'hui. Mais peut-être le nieras-tu?

C'était sincère.

Eh bien alors, je m'en excuse, et t'en remercie

Y'a pas d'mal.

On a parfois les nerfs à vif, sans trop savoir pourquoi.

Je suis pas d'accord.

Que tout le monde le soit m'aurait étonné, mais, pourquoi?

tu mélanges tout, ce que tu dis est bourré de contradictions, sur un ton péremptoire qui n'engage que toi. Alors si aligner des phrases bien tournées était le seul but, là par contre, j'approuve.

Ah bah oui, j'aime beaucoup me mélanger et me contredire (sans rire, hein).

Mais, d'accord!

mais ceci dit, c'est intéressant comme réflexion, si les gens suivent, ça peut faire une belle brochette de posts. Moi je passe, c'est bien trop personnel.

Oh mais je serais ravi de lire une quelconque réponse. Cela dit, mis à part Mad, je n'ai que rarement vu quelqu'un le faire, donc... :D

Faut savoir se livrer en même temps, et être un peu impudique.

En effet. C'est dommage.

Oh mais je serais ravi de lire une quelconque réponse. Cela dit, mis à part Mad, je n'ai que rarement vu quelqu'un le faire, donc... :D

Il aurait répondu, certainement, par un silence en se grattant le menton.

Il aurait répondu, certainement, par un silence en se grattant le menton.

Je n'y crois point