Aurélie Fillipetti enterre la Maison de l’Histoire de France

En fait, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'enseignement en histoire ressemble à ça.

Primaire: on apprend X

Secondaire: On apprend Y

Faculté: On apprend que tout ça est soit faux, soit mal expliqué, soit tronqué.

Et sincèrement, ça se voit. Les programmes scolaires sont vraiment, vraiment mauvais, et les préjugés continuent de pleuvoir. Quand j'ai appris à un de mes élèves (3ème) que les universités sont nées au moyen-âge, il est tombé des nues. Parce que ça n'est pas enseigné et que le moyen-âge est encore vachement montré comme... période obscurantiste.

Après, clairement, on ne doit pas apprendre à un élève de 6ème l'histoire comme à la fac, c'est une évidence.

Mais... je sais pas, pour faire un parallèle. En mathématique, tu apprends qu'il ne faut pas diviser par 0. En fac de math, tu le démontres. (master si je ne m'abuse). C'est une évolution, au début on admet, ensuite on approfondit. En histoire, on apprend qu'on peut diviser par 0 et ensuite qu'en fait on ne peut pas, ce qui est aberrant.

C'est exactement cela.

Je n'ai malheureusement pas le manuel scolaire devant les yeux, mais je vais faire ceci.

Je vais aller regarder le manuel scolaire de 6ème, noter les informations s'y trouvant, et je reviens te signaler la pertinence du truc. Surtout que la rome antique étant un des trucs que j'ai le plus étudié, je sens que je vais m'amuser. Encore une fois, quand on entre en faculté d'histoire, ce que nous disent nos profs c'est "oubliez ce qu'on vous a enseignez." (texto, premier cours d'histoire médiéval, la plus mal enseignée)

Vous aussi, ils vous l'ont dis?

Je conteste votre affirmation selon laquelle les Fatimides n'ont rien transmis

Et moi je conteste que nous ayons récupéré quelque chose des Fatimides.

Je m'appuie sur l'ouvrage de Gougenheim, Aristote au Mont Saint Michel. Je n'ai malheureusement pas encore pu le lire, mais je sais ce qu'il y a dedans: j'ai assisté à une conférence où un professeur nous en a parlé.

Dans cet ouvrage, Gougenheim montre que, contrairement à ce qui est professé aujourd'hui, nous ne devons pas les textes aux musulmans. Que, d'abord, ces textes n'avaient pas été complètement perdus en Occident (et particulièrement au Mont). Que, également, nous devions bien plus à Constantinople (ou Byzance). D'où les différentes croisades ramenèrent pas mal de textes. Puis, à sa chute, tous les grands savants de la ville partirent pour l'Occident.

Par ailleurs, Gougenheim affirme également que certains textes sont venus d'Orient. Mais pas des musulmans. Ceux-ci, en effet, ne s'intéressaient absolument pas à la philosophie grecque. Ils ne s'occupaient que de ce qui avait rapport avec l'Islam.

Ceux qui ont traduits ces textes étaient des orientaux, mais généralement chrétiens. Comme les Arméniens, ou les Syriaques. Qui ne sont pas musulmans. Et encore moins Fatimides.

Ensuite, je me sers de mes propres cours. En Sciences Politiques (Histoire des Relations Internationales), j'ai travaillé un peu sur les Fatimides. Leur seul objectif était de s'emparer des terres de Constantinople, par la guerre.

Les seules relations que l'Occident avait avec eux, c'était à travers la guerre.

Avec les Abassides de Bagdad, il y avait quelques relations commerciales et intellectuelles. Mais infimes.

Vous contestez? Mais sur quoi vous appuyez-vous? Simplicius et moi nous servons de travaux universitaires. Sur quoi reposent vos allégations?

et par voie de ricoché, la bibliothèque de Tolède n'aie pas transcrit ces textes de l'Arabe en hébreux puis en latin...

Tolède est une ville d'Espagne. Et elle ne fut jamais sous le contrôle des Fatimides. Ceux qui contrôlèrent la péninsule ibérique étaient les Omeyyades.

mais bref reprenons.Le fait d'avoir un musée de l'histoire de France ne garantira pas l'objectivité notamment sur la phase coloniale : comment imaginer que l'on parle du massacre de Sétif ou encore de la répression de Madagascar ?Des exemples je pourrais en trouver des centaines.

Et pourquoi devrait-on avoir honte des ces épisodes de notre passé?

Comment en parler? Tout simplement en racontant les évènements. La France n'a jamais été parfaite, elle a commis des fautes.

Ce qu'il ne faut pas faire, c'est culpabiliser et penser qu'il faut payer en retour.

Oui, Delenda, premier cours de ma première année.

En revanche, il ne faut pas trop s'occuper de Gougenheim malheureusement. De nombreux historiens, principalement Jacques Verger notamment (qui est d'une carrure un peu plus solide) ont pointé du doigt le manque d'étude des sources et une tendance à occulter certains faits, qui font que ce qu'il dit sur l'apport des arabes à la redécouverte des textes antiques est vraiment à prendre avec des pincettes. (je ne m'avancerai pas sur les fatimides, les connaissant peu)

En revanche, autant je suis d'accord qu'un musée de l'histoire de France pourrait être bien si chaque chose est vu avec les yeux d'un historien et non d'un politique, autant celui discuté dans le premier message était, au contraire, très mal vu par les historiens, parce que, justement, plus proche de la propagande politique et de l'exaltation nationaliste que d'un vrai travail de fond.