Nouveau scandale financier : le prix du pétrole aurait été manipulé

Par Marc-Henri Jobin. Mis à jour le 17.07.2012 9 Commentaires

Alors que l'enquête sur le scandale du taux Libor bat son plein, d'autres soupçons de manipulation font surface: comme les taux d'intérêt, le prix du pétrole pourrait être manipulé par quelques-uns.

Les agences qui agrègent les cours du brut le font dans des conditions opaques et sur la base de données potentiellement manipulables. Leurs données influencent toute la chaîne de production, jusqu'aux prix des carburants et de l'huile de chauffage.

Le scandale qui se fait jour n'est pas sans rappeler celui du taux d'intérêt interbancaire (Libor), manipulé par quelques grandes banques, comme apparu après une auto-dénonciation d'UBS. Comme dans le cas du Libor, l'agrégation de données par des agences spécialisées pose problème, dans la mesure où la procédure laisse beaucoup d'espace à la manipulation.On a longtemps cru, en payant son plein d'essence ou en faisant remplir sa citerne à mazout, que les prix des carburants découlaient directement du cours du pétrole brut sur le marché «spot» de Rotterdam. La vérité est différente et moins avouable: elle révèle des méthodes de calcul obscures et de possibles manipulations de cours par quelques acteurs-clés du marché.

Dans le collimateur du G20

Les agences mises en cause regroupent les prix de tous les marchés mondiaux pour définir celui de chaque type d'or noir (Brent, WTI, etc.). Les plus puissantes sont l'Américaine Platts, qui comme Standard & Poor's appartient au groupe McGraw-Hill, et la Britannique Argus Media.

Le but est louable. Mais la méthode est dénoncée par l'Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières (OICV/IOSCO), révèle mardi le Tages-Anzeiger. Sur mandat des pays du G20, celle-ci a publié un rapport qui dénonce de possibles manipulations par des banques et d'autres acteurs financiers du marché de l'or noir.

Pour établir leurs prix de référence, ces agences ne se contentent plus, comme par le passé, de synthétiser l'évolution des marchés. Elles ne considèrent plus que de courtes périodes d'échanges et y ajoutent des données et avis récoltés auprès des principaux acteurs: producteurs, courtiers et analystes, raffineries, grands distributeurs et grands clients comme les compagnies aériennes.

Données partielles et manipulables

L'OICV rapporte des cas extrêmes où les agences ont fixé leurs prix sur la base de cinq contrats uniquement. De telles situations laissent le champ

De crainte de se voir imposer un organe de contrôle, les agences concernées plaident aujourd'hui pour un renforcement de leur système d'autorégulation. Elles viennent de mettre en consultation un code de conduite devant améliorer la transparence et la crédibilité de leurs indices."