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25 mai 1720 : la bourse ou la vie ?


Invité David Web

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25 mai 1720 : la bourse ou la vie ?

En provenance de Syrie, le navire "Le Grand-Saint-Antoine", contaminé par le bacille de la peste, accoste dans le port de Marseille. L'administration, bien que prévenue de la présence du "mal" sur le bateau, l'autorise à décharger sa cargaison. Le fléau emportera en quelques semaines 50 000 Marseillais, soit la moitié de la population de la ville, et se répandra jusqu'à Toulon et Aix.

Le Grand Saint Antoine est le navire qui apporta la peste à Marseille en 1720.

C'était une flûte, un trois-mâts carré, de fabrication hollandaise.

Il partit de Marseille le 22 juillet 1719 pour la Syrie. Or, à ce moment-là, la peste sévissait dans ce pays. La cargaison, d'une valeur de 100 000 écus (le salaire mensuel moyen d'un ouvrier était de 1 écu), se composait d'étoffes précieuses qui portaient en elles la bactérie de la peste, Yersinia pestis. Le 3 avril 1720, un passager turc embarqué à Tripoli meurt. Sur le chemin du retour, le voilier perd successivement sept matelots et le chirurgien de bord. Un huitième matelot tombe malade peu avant l'arrivée à Livourne, en Italie.

La négligence des médecins italiens, qui laissent repartir le navire, cumulée à la hâte du capitaine Jean-Baptiste Chataud pour livrer avant le début de la foire de Beaucaire, n'arrange rien à l'affaire : le capitaine amarre son voilier au Brusc, près de Marseille, et fait discrètement prévenir les armateurs du navire.

Les propriétaires font alors jouer leurs relations et font intervenir les échevins de Marseille pour éviter une quarantaine. Tout le monde considère que la peste est « une histoire du passé » et l'affaire est prise avec détachement : les autorités marseillaises demandent simplement au capitaine de repartir à Livourne chercher une « patente nette », certificat attestant que tout va bien à bord.

Les autorités de Livourne, qui n'ont pas envie de s'encombrer du navire, ne font pas de difficultés pour délivrer ledit certificat.

C'est ainsi que le Grand-Saint-Antoine parvint à Marseille le 25 mai. Il mouilla à Pomègues jusqu'au 4 juin ; et il fut alors autorisé à se rapprocher des infirmeries d'Arenc pour y débarquer passagers et marchandises en vue d'une petite quarantaine, puis il fut finalement placé en quarantaine à l'Île Jarre le 27 juin 1720.

Le Régent Philippe d'Orléans ordonna le 28 juillet de faire brûler le navire et sa cargaison, mais cet ordre ne fut exécuté que les 25 et 26 septembre 1720.

La peste eut le temps de s'étendre jusqu'en Provence : elle fut même signalée dans la région d'Apt en septembre de la même année. Elle ne fut totalement éradiquée qu'en janvier 1723.

L'épave calcinée du navire a été retrouvée en 1978 par une association de plongée sous-marine, l'A.R.H.A. Les vestiges archéologiques alors remontés sont aujourd'hui exposés au musée de l'Hôpital Caroline sur l'Île de Ratonneau.

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Membre, Artisan écriveur , 58ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
58ans‚ Artisan écriveur ,
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Marrant, j'ai eu l'occasion de participer au fêtes qui se déroulent tous les ans à la Ciotat et faisant référence à cet épisode.

Devinez : j'étais dans une troupe de pirates...:D

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Membre, 60ans Posté(e)
alcina Membre 5 752 messages
Baby Forumeur‚ 60ans‚
Posté(e)

En ce temps là les transports étaient beaucoup moins rapide que maintenant les épidémies déclarées sur les bateaux n'avaient pas la plus part du temps le temps de se propager ailleurs que sur le dit bateau.

Imaginez aujourd'hui avec la rapidité des transports et les millions de personnes transportées la vitesse avec lequel une épidémie pareille se propagerait et les ravages qu'elle ferait surtout si comme pour la peste à l'époque aucun remède n'est encore connu.

Parfois j'y pense quand j'entends parler qu'un cas de ......... à été détecté dans un aéroport ou un port.

Merci.

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  • 1 an après...
Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 426 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

L'émission l'Ombre d'un Doute en a parlé cette semaine. En fait, cette peste a résulté d'une magouille de trop : le premier des quatre grands échevins de Marseille à l'époque (tous quatre dans le négoce) -Jean-Baptiste Estelle- avait d'importants intérêts sur ce bateau -le Grand Saint-Antoine- et pour cette raison a joué secrètement de son pouvoir pour lui éviter la quarantaine. Il a rencontré à l'insu de tous le capitaine Chataud dans un lieu sans témoin du côté de Toulon, et c'est lui-même qui lui a ordonné d'aller chercher une patente à Livourne en Italie avant de revenir à Marseille où la quarantaine pourrait de ce coup être évitée.

Mais l'échevin Estelle est tombé de haut quand la peste est devenue une évidence. En proie aux remords, il s'est livré à un zèle extraordinaire pour sa ville, ce qui vaut d'avoir son nom sur la plaque d'une petite rue : la rue Estelle. Et pourtant, sans ses conneries, tous ces malheurs n'auraient pas eu lieu.

D'autres figures importantes de Marseille pendant la grande peste de 1720 :

* le chevalier Roze qui, à la tête de brigades de forçats, se chargea de faire enlever les cadavres amoncelés depuis plusieurs mois dans certains quartiers. Fallait du courage quand on sait que tous ces morts avaient traversé l'été !

* L'évêque Belsunce.

Ces deux personnages, vous retrouverez leurs noms un peu partout dans la ville.

Allez, quelques images :

peste-marseille-1720-z.jpg

Ci-dessus Monseigneur de Belsunce distribuant les hosties dans la bouche des malades et leur donnant l'extrème onction.

pesteMarseille.jpg

Ci-dessus, le chevalier Roze à l'action.

Le grand échevin Estelle, celui par qui le malheur arriva en réalité :

200px-Estelle-%C3%A9chevin.jpg

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Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 426 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Nostradamus l'aurait prévu dans un de ces quatrains célèbres :

Le grand Antoine du nom de faict sordide

De Phthyriase à son dernier rongé :

Un qui de plomb vouldra estre cupide,

Passant le port d'esleu sera plongé.

traduction :

Le Grand-(Saint)-Antoine, dont le nom (sera célèbre en raison) d'un fait sordide

De Peste Yersinia (jusqu')à son dernier (tissu) rongé :

(A cause d')un individu qui voudra estre cupide,

Passant le port de (Marseille, dirigé par un échevin) élu, sera (brûlé et) coulé.

Source

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