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22 mai 1271. La grande vadrouille des ossements de saint Louis à travers l'Europe.


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22 mai 1271. La grande vadrouille des ossements de saint Louis à travers l'Europe.

Le corps du roi est désossé devant Tunis, ses ossements rapportés à Paris, puis distribués sous forme de reliques.

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Jamais dans l'histoire le corps d'un roi de France n'a été autant déchiqueté, éparpillé, disséminé que celui de saint Louis. Le coeur est à un endroit, les entrailles à un autre, tandis que les os de son squelette, devenus des reliques, sont conservés dans des dizaines de cathédrales, de monastères et de musées en Europe, et même en Amérique du Nord. Ici un humérus, là une dent, et encore là une côte. Si, aujourd'hui, Louis IX voulait ressusciter avec un corps présentable, il lui faudrait accomplir un marathon de plusieurs milliers de kilomètres pour reconstituer intégralement son squelette, et réclamer un coup de main à Annick Oriol, championne de puzzle.

Le 22 mai 1271, les restes de Louis IX, mort devant Carthage, arrivent en grande pompe à la basilique de Saint-Denis pour y être inhumés. Le cercueil est porté par le nouveau roi de France, Philippe III le Hardi, et ses frères. Tous les plus hauts dignitaires civils et religieux sont présents dans le cortège, tous les corps de métier sont représentés. L'émotion est énorme et la foule, immense. C'est alors que se produit un contretemps incroyable : le cortège se heurte à la porte close de l'abbaye.

L'abbé de Saint-Denis refuse d'ouvrir tant que l'archevêque de Sens et l'évêque de Paris portent leurs ornements sacerdotaux, ce qu'il interprète comme une atteinte à ses privilèges ! Ici, il est chez lui, et ces curés n'ont pas à arborer leurs vêtements liturgiques. On parlemente de part et d'autre, Philippe III le Hardi ne moufte pas mot, laissant les hommes d'Église s'étriper entre eux. Finalement, les deux prêtres acceptent d'abandonner leurs chasubles pour que la cérémonie puisse se dérouler. Mais l'autre ne l'emportera pas au paradis... Après une longue et émouvante cérémonie, la dépouille de Louis IX est finalement inhumée sous une simple dalle de pierre.

Pot-au-feu

La dépouille ? C'est un bien grand mot. En réalité, c'est un sac d'os qui a été rapporté d'Afrique du Nord. En effet, à la mort du roi, le 25 août 1270, personne dans son entourage ne connaît les secrets de la momification. Or, avec la chaleur d'enfer qu'il fait, il ne peut être question de la glisser telle quelle dans un cercueil. L'enterrer en terre musulmane ? Hors de question ! Charles d'Anjou, frère de Louis IX, n'a pas vraiment le choix : faire un pot-au-feu avec le corps pour en récupérer le squelette.

Les chirurgiens entrent en cuisine : ils commencent par prélever le coeur et les entrailles pour les serrer dans deux pots séparés. Ils jettent ensuite le reste du corps dans un grand chaudron contenant du vin et de l'eau salée. Pas d'oignons ni de carottes, apparemment... Après plusieurs heures de cuisson, la chair se détache toute seule des os comme sur un gigot de sept heures. Les ossements sont mis à sécher au soleil avant d'être pieusement enfermés dans un sac en cuir. Quant à la chair, elle est déposée dans une urne close. Voilà Louis IX paré pour un long voyage vers la basilique de Saint-Denis.

Malheureusement il n'y arrivera pas en entier, car on se dispute déjà ses bons morceaux. Les chairs sont inhumées à proximité de Palerme, dans la cathédrale de Monreale consacrée quatre ans plus tôt. Seuls les ossements et le coeur prennent donc la route de Paris, atteint le 21 mai 1271 après plusieurs mois de trajet. Le lendemain, c'est donc l'inhumation à l'abbaye de Saint-Denis, mais le repos éternel n'est pas encore promis à celui qui sera canonisé en 1297.

Distribution

Car, en devenant saint, Louis IX acquiert une valeur "marchande". Au Moyen Âge, le trafic des reliques est un commerce en plein extension. Philippe le Bel fait exhumer les ossement de son grand-père le 25 août 1298 afin de les déposer dans une superbe châsse digne de sa promotion papale. La grande distribution des reliques peut alors commencer. Mais, avant cela, Philippe le Bel désire rapatrier saint Louis dans son palais de la Cité qu'il a agrandi et embelli. Le pape donne son accord à la condition qu'un bras ou un tibia soit laissé à l'abbaye de Saint-Denis.

Mais l'abbé refuse le deal. Pas question de se laisser dépouiller. En 1305, le roi de France revient à la charge auprès du nouveau pape, Clément V. Celui-ci coupe la poire en deux : il lui accorde le crâne, mais demande que le menton, la mâchoire inférieure et les dents restent à Saint-Denis. Le transfert a lieu le 17 mai 1306. On en profite pour abandonner une côte à l'évêque de Paris pour l'exposer à Notre-Dame. Il se dit que coeur royal aurait également fait partie du transfert vers la Sainte-Chapelle.

Au cours du siècle qui suit, c'est la grande distribution : des phalanges pour le roi de Norvège, des fragments de côte pour les dominicains de Paris et de Reims, les abbayes de Pontoise et de Royaumont. Des fragments divers sont remis à la reine Blanche de Suède et à l'empereur Charles IV, lors de leur passage à Paris. Lorsqu'en 1392 les ossements restant à Saint-Denis sont déposés dans une nouvelle châsse, on en profite pour distribuer trois côtes : une pour le pape, une pour le duc de Berry, et la dernière pour le duc de Bourgogne.

Les prélats présents à la cérémonie reçoivent pour leur peine un morceau d'os, à charge de se le partager entre eux. Plus tard encore, des éclats sont remis à Louis VII de Bavière. Quelques mois après l'assassinat d'Henri IV, son épouse, Marie de Médicis, reçoit à son tour un os, mais le restitue lors du sacre de son fils Louis XIII. Six ans plus tard, sa belle-fille, Anne d'Autriche, 15 ans, est furieuse de ne recevoir qu'un morceau de côte, aussi l'année d'après a-t-elle droit à sa côte entière. Et elle fait obtenir à ses amis jésuites encore une côte et même un os du bras.

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Membre+, Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre, 41ans Posté(e)
Noisettes Membre+ 10 576 messages
41ans‚ Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre,
Posté(e)

A Saint-Denis, il ne reste plus que l'os du poignet de Louis IX.

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Membre, Posté(e)
baillousque Membre 2 246 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Saint Louis

priez pour nous le Seigneur

priez pour les descendants de vos sujets

protègez votre chère France

qu'elle cesse d'offenser Dieu par son impiété

spécialement avec les pèchés d'impureté et de mépris de la vie des plus faibles

Que vos reliques disséminés en France fassent lever des enfants de lumière

que la France redeviennent belle

rebuvant à la Source pure

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