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Je rêvais de...


Jedino

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 049 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Je rêvais d'écrire une histoire, d'écrire un truc pas trop con qui sonnerait plutôt bien. Seulement, la tâche s'avérait moins facile qu'elle ne pouvait le paraître. Maintenant, je ne suis pas certain de le désirer encore vraiment. En un sens, j'admire ceux qui, d'une manière ou d'une autre, parvienne à finir l'oeuvre d'un temps ou d'une vie. Les lire est un plaisir qui dépasse presque celui d'écrire à son tour. Je me sens minuscule à côté d'un Boris Viant à l'imagination cruellement géniale. Permettez-moi, néanmoins, de m'y risquer. N'allez pas penser que cela sera original ou intéressant. Vous partiriez d'un mauvais pied, déjà.

- Bonjour, je viens vendre mon âme.

- C'est par ici, suivez le couloir. Vous ne pouvez pas vous perdre.

J'étais venu en ce lieu parce qu'un ami me l'avait conseillé. Faut dire qu'il savait manier l'esprit des autres, un peu comme la pâte à modeler pour les enfants. Ca n'avait rien de bien compliqué quand on connaissait les ficelles à tirer chez l'autre. En fait, en marchant là, entre ces deux murs aux expressions étonnement neutres, je me demandais comment ça allait se passer. Ma curiosité me harcelait de questions auxquelles je ne pouvais répondre. Son principal défaut que d'être chiante, tout le monde le savait. Au fond, nous avions de la chance. "Nous" parce qu'un groupe m'accompagnait de sa présence, loin derrière. Probablement de bons amis à en entendre le boucan. De la chance, pour la simple raison que le voyage qui consistait à se promener bêtement en direction d'on ne sait pas quoi, se laissait bercer par une musique sympathique et lugubre.

J'arrivais, comme chacun y arrivera à la fin, et bien, à la fin. Enfin, moi j'ignorais si le chemin s'arrêtait, ou si perdre son temps ici menait à un ailleurs. Une sorte d'épreuve face à la patience, en quelque sorte. Les démotivés rebroussant la distance déjà faite seraient châtiés, et les autres récompensés d'une vie éternelle avant d'en mourir de vieillesse. Ne venez pas me dire que cela est paradoxal, puisque les paradoxes ne sont que des obstacles possibles à notre raison imparfaite. Néanmoins, n'y accordez aucune sorte d'importance : la mienne est déréglée.

J'avançais, donc, et je commençais, en fait, à trouver ça profondément chiant. Entre la platitude du tracée, le fond sonore pompant, et le concert abrutissant dans mon dos, je pouvais m'estimer gâté. J'aurais pu essayer de courir, pour voir. Les semer ne me dérangerait que peu. Puis, cela m'occuperait franchement l'esprit, m'évitant de ressasser ces conneries pour épuiser le sablier qui tardait à se terminer de tourner. Je tentais de me calmer. Cela était préférable, pour la bienséance de cette mascarade qui m'annihilait. Je ne vous parle même pas du moment où j'en voulais à ma panse de me torturer l'estomac. J'en fatiguais.

Mon souhait pointait maintenant vers la cessation de ce paysage qui en devenait morne. Je ferais presque n'importe quoi pour rencontrer le plus infime changement. Un galet me suffirait. Une mouche me donnerait le sourire. Un bavard lourdeau m'enjoliverait. Ma situation devait évoluer. Boum? Non. J'hallucinais. La lumière m'attirait. La voilà, j'étais satisfait. M'en sortirais-je heureux? A vrai dire, j'aurais préféré m'en éloigner, continuer tel que je m'y consacrais. J'aurais aimé ne jamais chuter dans ce nouveau couloir qui m'avalait pour un trajet continuel, un trajet qui m'aliénerait. Au moins jusqu'au prochain. Ma seule joie se résumait à en rencontrer un autre, de ces dédales évidents et rectilignes. Me voilà promeneur pour le restant de ma journée, une journée qui durerait, durerait... Jusqu'à quand? Nul ne le savait, et nul ne le saurait. J'étais piégé. Piégé par la banalité.

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Invité morphee_
Invités, Posté(e)
Invité morphee_
Invité morphee_ Invités 0 message
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ce n'est l'écume des jours à quoi je songe le + en lisant ceci, plutôt de la littérature appartenant au genre fantastique (la russe est bien) ; après j'ai réussi l'exploit de lire à deux reprises ton texte y a pas de chute ; on songe aux fils d'Ariane, au Minotaure, mais assez vague :8):

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 049 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Je lis l'attrape-coeur, là, en fait :D

Mais, le fait que ce soit vague est voulu. Pas de chute car ce serait poser une fin à ce qui n'en a pas.

Merci d'avoir lu :)

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  • 3 semaines après...
Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 049 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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- Je crois que je ne crois en rien.

- Et moi, je crois que je ne crois en tout.

- Nous sommes en désaccords, je le crains.

- Je vous l'accorde, mon cher ami.

- Comment en sommes-nous arrivés là?

- Je n'en sais rien, je le crains!

- Il n'empêche que vous avez tort.

- Il n'empêche que vous, vous avez tort, et qu'a fortiori, j'ai raison.

- Me voilà bien désarmé.

- Me voilà bien satisfait.

- Mais vous avez tort, et je peux le prouver.

- Faite donc, mon cher, faite! J'en ris déjà.

- Si je crois que le rien prévaut, je considère que c'est bien lui qui prévaut. De ce fait, le tout est nécessairement moins important.

- C'est ce que je disais : j'en ris!

- Pourquoi ça?

- Ne pensez-vous pas que votre démonstration peut être, également, ma démonstration?

- Hum... Je n'y avais pas songé. Possible, oui.

- Notre situation me parait bien difficile à dénouer. Appelons notre raison. Nous avons, tous les deux, raisons.

- Cela n'a pas de sens.

- Cela en a s'il peut nous éviter un différend.

- Considérer cela, c'est parfaitement absurde! Comment le tout pourrait être à la fois tout, et rien? Ou même inversement! Non, cela ne peut tenir. Vous me décevez, là.

- Comment? Usez de votre imagination, pardi! Je ne suis pas ici pour vous décrire les idées, mais simplement pour partager les miennes. Prenez le tout. Donnez-lui un ton de rien. Prenez le rien. Donnez-lui un ton de tout. Dès lors, tout est rien, et rien est tout. Le principe de l'accouplement, en somme!

- Foutaise! Voilà la théorie du n'importe quoi.

- Et pourtant! Plutôt que de croire chacun de notre côté, nous pourrions croire en la même chose. Nous le pourrions, mais nous le pouvons, pour une petite histoire de point de vue. N'est-ce pas navrant, au fond?

- Pourquoi voudriez-vous l'unité de la pensée? Il n'y a rien de pire. Il n'y a rien de plus freinant pour apprendre. Mais il existe mieux : la non-pensée. Le rien. Mon rien.

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