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angelique5

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angelique5 Membre 69 messages
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Opposés

et

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ChapitreVI

Yannme trouva dans la cuisine au petit déjeuné.

-Tu viens, nous nous entraînons sur le quai ce matin.

-D’accord.

Jemettais mon bol dans le bac d’eau et traversais la cuisine vers sasortie lac. Dehors, je remarquais le pot avec le romarin de Victordans un petit jardin aromatique. Il devait préparer des plansmatures pour être repiqués dans le jardin et prêt à l’emploipour la cuisine.

Cesderniers jours s’étaient principalement passés en entraînementavec Yann. Il faut dire ce qui était : Merlin m’évitait.

Surle quai, le groupe de garçons que Yann entraînait pendant l’absencede son père, nous attendait : Simon, Léo et Matthieu.

Monpremier entraînement en groupe allait commencer. Léo m’accueillitavec un sourire, Simon m’observa avec interrogation et Matthieu metoisa.

Évidemmentpas une seule fille dans ce groupe pour aider mon intégration.

Yannm’introduisit parmi ces garçons sans cérémonie, ce qui ne plutpas trop au futur chevalier « Matthieu le hautain ».

-Pourquoi y a-t-il une fille pour notre entraînement? AttaquaMatthieu.

Lejeune homme cherchait visiblement la confrontation.

-Ce n’est pas ton affaire! Le fait qu’il y ait une fille nechangera rien. Les différents exercices seront les mêmes, imposaYann.

-Bien sûr! Cingla sèchement Matthieu.

-Et si cela te pose un problème, synchronise tes absences régulièresà la présence d’une fille, défia Yann.

Matse renfrogna, Yann devait être dans le vrai.

Yanncommença son cours :

-Aujourd’hui, traversée du lac jusqu’à l’île et retour.

-Mais l’eau est glaciale à cette saison! Se plaignit Léo.

-Tu feras avec, clarifia Yann.

-Fillette, ajouta Mat à l’attention de Léo.

-Je ne sais pas nager, précisa Simon gêné.

Simonétait un brun chétif. Le fait de ne pas savoir nager le mis àl'abri d'une congélation certaine. Sa petite structure osseuse, sapeau trop blanche, ses tremblements de chien apeuré au simple froidprintanier le présentait comme un enfant craintif. Sa présence dansce groupe était curieuse.

-Je t’apprendrais après l’entraînement, quelqu’un d’autre nesait pas nager? Demanda Yann. Nell, Matthieu? Léo ce sera bon?

-Oui, pas de problème, dit Léo déjà frigorifié.

Matopina de la tête.

-Alors je vous regarde.

L’eauportait moins que celle de la mer où Macha m’avait apprise ànager mais je repris rapidement mes repères. Mat avait une techniquesouple et élancée. Léo était parti sur le dos, doucement maissûrement.

Matétait presque sur l’île, je le suivais tranquillement, Léoprenait son temps.

-Léo, Nell, c’est un exercice physique pas une promenade, lançaYann.

-Ça on avait compris, l’eau serait plus chaude si c’était lecas, grogna Léo.

Lafraîcheur du printemps nous crispait les muscles et Mat commençaitdéjà le retour.

-Nell! Appela Léo. Mat m’a dit que tu avais le pouvoir du feu. Tunous réchaufferais pas un petit peu l’eau?

-Heu…

Lesnouvelles allaient vite.

-Mat est déjà proche du bord, vas-y, ce sera plus agréable, s’ilte plait, supplia-t-il.

-Entendu, mais sur le retour.

Jem’étais peut-être un peu avancer, arriverais-je à réchaufferl’eau?

-Alors vite! Dit-il en allongeant un mouvement sur le ventre.

Enquelques secondes nous atteignîmes l’île, puis le retour.

Jepensais à Matthieu. Après tout, les sentiments d’agacement et decolère qu’il avait éveillés en moi étaient à la base del’apparition des premières flammes. Cela fonctionna mais dansl’eau l’effet fut différent. Sur les derniers mètres nousreliant au quai, une onde de chaleur rayonna de mon corps et unelégère vapeur d’eau s’éleva de la surface du lac.

-Ouh, ouh, trop bien! C’est comme en été! S’extasia Léo.

Luiet Marguerite devaient se connaître. Ils avaient cette mêmeexpression particulière « trop bien »!

-Les deux rigolos vous sortez! Dit Yann contrarié.

Matsortit de l’eau, agacé.

-Voilà pourquoi les filles ne doivent pas s’entraîner avec nous.Elles sont indisciplinées et détournent les objectifs.

-C’est bizarre, j’ai l’impression d’entendre parlerde...laisse moi réfléchir, ha oui : de toi.

-Reste avec la fille, moi, j’attends le retour de ton père pourreprendre les entraînements.

-Sûrement pas! Tu t’y feras.

-C’est ce que nous verrons. Tu es un piètre remplaçant, ton pèreest un bien meilleur instructeur, je n’ai pas de temps à perdreavec toi, conclut Matthieu.

-Ce soir, entraînement. Nous verrons qui est piètre.

-J’ai hâte.

Matrentra au château l‘allure sombre. Yann se tourna vers nous. Noscorps étaient tout vaporeux de chaleur mais le mien étaitétrangement froid.

-Vous deux! Vous me refaites le parcours avec un rythme soutenu etsans bain de vapeur. Léo, je ne veux pas de problème avec notrepère, je ne veux pas qu’il pense qu’il ne peut pas me faireconfiance. Compris?

-Compris, acquiesça Léo.

-Nell, ce n’est pas très malin…

Merlin,d’un pas décidé, arriva sur le quai.

-Nell, je souhaite te parler, intervînt Merlin.

-Ça c’est de la chance! Sauvée des eaux par Merlin, constata Léoenvieux sur le bout du quai.

-Léo à l’eau, Nell tu peux quitter l’entraînement, permit Yann.

OOOO

Merlinparaissait confus. Il me conduisit vers le château.

Dansles escaliers de la tour ouest, il s’expliqua :

-Noah n’est pas toujours très clair dans sa manière de s’exprimer,il a peut-être été trop persuadé de certaines choses. J’aimeraisque tu essaies de ne pas tenir compte de ce qu’il t’a dit avantque je vérifie la véracité de ses propos.

-Je le trouve pourtant plus clair que vous.

-Nell! Dit Merlin d’un ton autoritaire.

-Excusez moi.

Moninsolence avait débordé de ma bouche.

Nousentrâmes dans son laboratoire.

-Malgré tout, j’ai permis à Noah de te présenter les différentstypes de pouvoirs pour que tu n'aies pas de surprises permanentes.Dès qu'il sera libre, il t'enseignera son savoir à la bibliothèque.

Questionssurprises j’étais servie! Chaque jour était plus inattendu que leprécédant.

-Léo l’assistera et rendra son discours plus explicite.

-Merci.

J’étaissurprise de la confiance que Merlin porta à Noah.

-Noah vit dans ce château depuis beaucoup plus longtemps que moi, jesais qu’il peut connaître des choses que j’ignore et je souhaiteque…

-Merlin? Interrompit une femme à la porte.

Elleétait spectrale. Comme le petit Léo, elle portait des lunettes. Lessiennes étaient noires comme ses cheveux, ses vêtements et tropgrosses pour un visage trop long. Sa peau était pâle, presquetransparente. Trop grande et trop maigre elle avait une allure deroseau fouetté par le vent.

-Oui Lyse.

-J’ai des petits soucis avec Marguerite. Elle a échangé lescontenus d’un livre de cuisine et d’anatomie moderne… Lerésultat est très subjectif.

-Et bien, c’est un nouvel aspect de son pouvoir, en convenu Merlin.

-Oui Merlin mais elle prévoit de s’entraîner sur toute labibliothèque, c’est gênant, précisa Lyse « la sentinellede la bibliothèque ».

-Cette petite…dit Merlin en serrant des dents. Ces jeunes enfantsmagiques m’épuisent. Si seulement les éréals pouvaienttous avoir leur pouvoir à l’âge adulte.

Ils’adressa à Lyse.

-Dites lui de réparer ses bêtises et emmenez la voir Louise pour unpeu d’épluchage! Cela l’occupera.

-Elle dit que « non ». Elle ne veut pas rétablir lescontenus des livres.

-Une enfant qui n’a pas encore six ans vous dit « non »et c’est « non », Lyse? S’inquiéta Merlin.

-Heu oui, crut bien dire Lyse.

-Non, Lyse, non! Expliqua le Mage. Bon, je vous retrouve là bas.Nell, tu peux retourner en entraînement et après ton cours, tureviendras me voir.

Margueriteavait son pouvoir. À y repenser, il est vrai que c’était la seuleque j’avais vu l’utiliser. Quels étaient,quels seraient ceux deYann, de Matthieu, d’Isabel…?

Jedescendais les marches de la tour ouest, par les minces ouvertures jevis Yann apprendre à nager à Simon.

Enbas des marches, Léo m’interpella :

-Nell! L’entraînement est terminé. J’ai fait mon secondaller-retour à l’île et Yann apprend à nager à Simon. Je suislibre pour ton cours sur les pouvoirs. Merlin t'a prévenu?

-Oui, hier!

- Il ne me reste plus qu’à trouver Noah. Monte à la bibliothèqueavec moi, il est sûrement là haut.

Ilengagea la montée des escaliers du donjon principal menant à labibliothèque.

Unchahut venant de la bibliothèque se laissa entendre jusque dans lesescaliers. C’était Lyse qui tentait de raisonner Marguerite avantl’arrivée de Merlin.

-Bourrique, tu vas tout remettre en place et vite!

-Non, Affirmait l’enfant.

-Marguerite!

Lapetite se concentra. La peau blanche de lyse devint noire comme sesvêtements et ses vêtements devinrent blancs comme sa peaud’albâtre. Marguerite n’échangeait pas que les âmes!

-Petite saloperie! S’emporta Lyse en regardant ses mains noires. Tufais exprès de ne pas m’obéir pour ne pas aller éplucher lespommes de terre de Louise.

-Non, répondit la petite en hochant la tête en signe de « oui ».

Àl’entrée, Léo et moi observâmes Noah, perché en haut d’uneétagère de livres en pleine délectation de la scène de disputejuste en dessous.

-Tu…tu …tu es insupportable. Range mes couleurs! Imposa Lyse aubord de l‘hystérie.

-Non!

Noahdescendit de son étagère et s’adressa à la petiote sous lastupéfaction de Lyse qui s’interrogea de sa provenance.

-Margot?

-Oui Noah.

-Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, exposa lefou.

-Mais…

-Je te nomme responsable de chaque livre, de la place de chaque livreet des contenus de ces livres.

-D’accord! Acquiesça facilement Marguerite.

-Mais c’est moi la responsable de la bibliothèque, s’offusquaLyse.

Noahregarda Lyse un instant.

-C’est un détail, précisa le fou.

Ilregarda ensuite Marguerite en attendant une confirmation.

-D’accord, redit la petite enthousiaste.

-Très bien, sert moi la main pour sceller ton engagement.

Margueriteserra la main de Noah, prit les deux livres mélangés et remit tousles contenus en place. Elle vérifia les articles des livres etrepositionna ces derniers à leur place dans la bibliothèque.

Lyse,toujours noire et blanche plutôt que blanche et noire, se froissa durésultat.

-On ne donne pas de responsabilité à un enfant turbulent et revêche.

-Au contraire! Affirma Noah.

-C’est bien des idées de fous! Marguerite, suis moi, je t’emmèneaux cuisines, déclara Lyse.

-Au revoir Noah, dit la petite.

-À bientôt Marguerite et n’oublie pas Lyse.

Lyses’observa. On aurait pu imaginer de la vapeur sortant de sesoreilles. Marguerite replaça ses couleurs et la vieille bique laconduisit aux cuisines.

Léoentra.

-Noah, je vous cherchais.

-Je suis là physiquement, répondit le fou.

Léoavait visiblement du mal à comprendre les délires de Noah.

-Nell et moi sommes libres pour un cours sur les pouvoirs.

-Très bien! Je vais me chercher et nous pourrons commencer.

Lepetit blond reprit son air dubitatif.

Noahprit quelques ouvrages un peu partout dans la bibliothèque, les posasur la grande table, tira un banc et apposa ses mains sur la table.Il baissa la tête et parut absent. Il « reprit ses esprits ».

-C’est bon, je me suis retrouvé! Installez vous, nous allonscommencer.

Noahouvra plusieurs livres par la pensée et s’assit. L’index sur labouche, il prit la parole de manière désordonnée, à croire que« se retrouver » ne faisait pas tout.

-Alors, bon, comment… par quoi commencer… les architectes, non,trop abstrait! La génétique? Non, non, non….

Léointervint dans la confusion de Noah.

-Je propose de voir les grandes classes de pouvoirs avec différentsexemples. Puis, nous pourrions pointer notre attention sur des casparticuliers comme les pouvoirs contaminants, les pouvoirs uniques àce jour ou les très rares pouvoirs utilisables en érèbe.

-Oui Léo, très bonne perspective, je vois bien l’ensemble. Alors,les grandes classes de pouvoirs…mais par quelles classes commencer?S’interrompit le fou.

-Pourquoi pas celles qui intéressent Nell, celle des élémentaireset celle des pouvoirs de communication, suggéra Léo.

-Ha oui et ensuite nous pourrions voir tous les petits sorts quipeuvent servir au quotidien : coupe cheveux, oui-oui, non-non, froid,langue commune, celui là, il n‘y a que Merlin et Moi qui lemaîtrisons…la fabrication des poudres aussi, s’écarta Noah.

Léoprit les rênes de la conversation.

-Noah, vous vous dispersez, commencez par les élémentaires.

-Oui, les élémentaires! Donc les élémentaires possèdent despouvoirs liés à des éléments simples ou culturels : simples commele photon ou l’électron à la base de l’électricité, culturelscomme l’eau, l’air, le métal. Certains n’en possèdent qu’un,d’autres plusieurs, mais ce cas de figure ne se retrouve que chezles « esprits des quatre éléments », ils ont : l’eau,l’air, la terre et le feu.

-Esprit?

-Ils n’ont souvent pas de corps alors traditionnellement nous lesnommons « esprits », précisa Léo.

Noahavait délibérément pointé la conversation vers ces « esprits ».Il me regardait et espérait mes questions.

-Et c’est de l’un de ces « élémentaires » ou« esprits » que me viendraient mon pouvoir du feu?

L’excitationde Noah à parler était trop forte :

-Je dirais même qu’il te vient de Maël.

-Maël?

Léointervint, voyant bien que Noah détournait le but du cours.

-Noah, Merlin vous a dit de ne pas faire de nouvelles suppositions.

-Petit pantin, je fais ce que je veux avec mes suppositions, réprimale fou.

Noahayant fait mouche sur Léo, il revint à sa théorie laissant lepetit bouder à son bout de table.

-Maël était le dernier esprit des quatre éléments connus de Ten etil a disparu depuis l’an 12 37, il y a 11 ans. Voilà!Conclut-il simplement.

Léose rebella :

-Bon, maintenant que vous avez dit ce que vous vouliez, revenons ànos moutons.

-Très bien, accepta Noah. J’ai dit ce que j’avais à dire, jepeux poursuivre ce pourquoi nous sommes ici… petit pantin!

Léoscruta le fou.

-Et c’est tout? Interrogeais-je.

-Oui, c’est tout. Maël a disparu, il n’y a rien de plus.

-Nell, concentre toi sur ce cours s’il te plait, c‘est réellementutile, encouragea Léo.

-Les élémentaires, reprit Noah.

-Mais personne ne s’est inquiété?

-Si sûrement, sur le moment, mais aujourd’hui nous avons oublié.Tout ce qui est passé ou absent, un jour disparaît de nos mémoires,justifia Noah.

-Et personne n’a cherché?

-Maël ne se cherche ni ne se trouve, c’est un esprit. Il a disparuet c’est tout. Et si tu as l’un de ses pouvoirs, c’estpeut-être qu’il est mort, dit facilement Noah.

-Mort! Et cela n’inquiète personne?

-Ce ne sont que des suppositions et les miennes de surcroît. Personnene prend au sérieux les fous. Il crie au loup trop tôt, les autresréagissent trop tard. La communication entre nous est utopique,voilà, acheva-t-il tristement.

Noahse résigna à reprendre son exposé sur les élémentaires.J'écoutais un peu absente.

Léoréorientait souvent le fou qui s’évertuait à sortir d’uneligne conductrice claire mais le binôme était réussi. Les deuxmodes de pensée s’additionnaient bien. Ce que l’un compliquaitl’autre le clarifiait, ce que l’un simplifiait l’autre endonnait les détails.

-Alors récapitulons, dit Léo. Dans les élémentaires nous avons…

-Actuellement entendons nous bien, ajouta Noah.

Léosurjouait son rôle de professeur ce qui amusait grandement Noah. Sesattitudes sérieuses étaient sources d’imitations pour le fou.

-Nous avons donc : ceux de l’eau, de l’air, du feu, de la terre,du métal et encore non référencé celui du bois pour lesélémentaires culturels. Pour les élémentaires simples nous avonsles photons à la base de la lumière et les électrons à la base del’électricité. Ensuite, pour les pouvoirs de communication nousavons : les olfeusts quiutilisent toutes les langues, ceux qui parlent aux animaux, ceux quiparlent aux végétaux, les anges. Voilà, c’est déjà bien.

Noahparut contrarié.

-Et le pouvoir de pensée unique, c’est aussi un pouvoir decommunication, et les poudres et les…

-Pour un premier cours c’est très complet, insista Léo.

-Et…

-Et plus ce serait trop!

-Mais…

-Et Louise a préparé des frites pour ce midi alors ce cours est trèsbien comme il est, se trahit « Léo le gourmand ».

-J’ai compris! L’appel de ton estomac est plus fort que tout.Corrompu! Jugea Noah.

-À 12h01 oui! Louise est mon diable, je suis son serviteur. Nell, tuviens? Les frites nous attendent.

Léom’entraîna vers la cuisine.

-C’est quoi des frites? Demandais-je.

-Ce sont de succulents petits bâtons de pomme de terre fris.

-Qu’est-ce que c’est qu’une pomme de terre?

-Ce sont les racines de la plante pomme de terre qui sera ramenéed’Amérique latine par les conquistadors au XVIèmesiècle en Europe.

Houlà!Cela faisait trop de mots inconnus en une seule fois.

-C’est Milo, le voyageur du futur, qui nous les a vendus, ces plantsviennent du futur. Clément, le paysan, les a replantés et récoltéscet été. Elles se gardent tout l’hiver. Tu vas voir c’estdélicieux.

C’étaitsalé, chaud et croustillant. Le grand plat préparé par Louise futrapidement consommé. Accompagné de poulet, tous les enfants de latablée ne décrochèrent mot pour ne pas en perdre une bouchée.

Àla table de la cuisine, Yann et Mat s’étaient mis à l’opposél’un de l’autre. Marguerite s’était assise à coté de Louise.

Mêmesi c’était Louise qui était toujours déléguée pourl’application des punitions de Marguerite, la petite l’adorait etne lui en tenait jamais rigueur, au contraire, elle était souventgênée d’avoir à retourner à la cuisine pour une sanction.

Léone quittait pas son assiette des yeux et Simon picorait la tête enpleine réflexion sur « comment bien nager ».

Isabel,Merlin, Marion, les chevaliers et bien d’autres ne mangeaient pasavec nous. Ils étaient conviés à la table de Victor située dansla grande salle de réception. D’autres cuisiniers préparaient deplus grands menus pour ces plus hauts rangs.

Raphaëlaussi mangeait avec Victor mais pour rien au monde Margueriten’aurait mangé à cette table composée d’adultes et d’enfantsqui se prenaient pour des adultes.

OOOO

Aprèsce repas je rejoignais Merlin.

Jefrappais à la porte.

Ilouvrit. Dans l’entrebâillement de la porte de son laboratoire jevis Victor.

-Reviens plus tard, je n’ai pas le temps pour l’instant.

Ilreferma la porte et une après midi sans entraînement, ni cours, nilong discours se présenta.

Dansl’escalier, assise sur une marche, je vis Isabel rageuse.Apparemment elle cherchait quelqu’un sans y parvenir.

-J'abandonne, qu'il se cache, j'arrête de lui courir après, dit-ellesans me voir.

-Isabel?

-Nell! Dit la jeune fille un peu gênée de parler toute seule.

-Tu ne l'as pas vu aujourd'hui? Me demanda-t-elle sans plus de détail.

-Qui?

-Matthieu! Désolé, pour moi c'était évident. Tu l'as vu?

-Oui à l'entraînement ce matin et à midi à la cuisine. Il n'estpas très sympathique, commentais-je.

-Raconte, qu'a t-il encore fait celui là? Qu’il aille au diable detoute façon.

Elleétait bercée entre le besoin de le voir et l’agacement de devoirs’abaisser à le chercher.

-Il...

-Attend, viens avec moi.

Ellem’emmena en haut de la tour.

Delà, je pus voir tout le château et ses alentours : les trois autrestours, sud, est et la flanquante4 donnant la main à latour ouest par le pont-levis; au milieu de la cour, le donjonprincipal et secondaire. D’est en ouest, une forêt à perte devue, à l’ouest, de l’autre coté du lac une forge, au nord, lelong de la route montant au château une ferme…

Elleme fit assoir à coté d’elle.

Sonœil pétillait de plaisir à l'idée de tout savoir.

-Alors dis moi tout.

-Ce matin, Yann m’a intégré à l’entraînement des garçons etcela a déclenché une discorde entre Matthieu et lui.

-Il n’aime pas qu’on change ses habitudes, celui là!

-Il est désagréable, ajoutais-je.

-Ne t’inquiète pas, ce n’est pas spécifique à toi. Il n’intègrepas les nouveaux venus, il ne supporte pas les faibles, il est froid.En l’absence de Thomas, le père de Yann, c’est Yannl’instructeur. Pour se laisser commander par Yann il fait unvéritable effort. De toute façon, c’est un ours… mais c’estmon ours! Conclut-elle tendrement.

-Vous êtes fiancés?

-Non! Mais j’aimerais bien, dit-elle rêveuse. Et mise à part avecMatthieu, ton intégration se passe bien? Tu as fait de nouvellesrencontres?

-Oui! Marion, un instant.

-Marion! Je vois : « méchanceté bien maîtrisée s’utilise àpetites doses » cela la résume bien. Méfie toi d’elle,c’est une garce. Toutes les filles du château le savent, lesgarçons non évidemment, c’est tout un art d’être mauvaise pourelle. Sinon?

-Louise, la cuisinière, Marguerite et son père Raphaël, Noah.

-Louise, elle est adorable.

-Elle a des enfants au château?

-Non. Nous sommes tous ses enfants ici. Pour plusieurs d’entre nous,elle est la mère que nous n’avons jamais eue ou même une deuxièmemère pour ceux dont les mères sont absentes ou autoritaires commela mienne. Oups! Se corrigea Isabel. Ne lui dit jamais que j’ai ditcela.

-Ce sera notre premier secret, lui répondis-je en souriant.

-Merci, Nell.

Ellepoursuivit la discussion comme-ci de rien.

-Marguerite est une gentille chipie, son père fait parti deschevaliers de Victor, c’est un réparateur et Noah… Noah, c’esttout un monde à lui seul.

-Il est spécial!

-C’est le moins que l’on puisse dire.

Elledégageait une grande douceur flattée par une odeur de lilasprintanier.

-Tu vis ici depuis longtemps? Lui demandais-je.

-Oui, des années…dit-elle le regard lointain.

Ellese leva.

-Cela m’agace mais je repars à la recherche de Mat. À plus tard!Conclut-elle avec un sourire.

-A plus tard!

Ellesortit.

Décidément,elle avait vraiment besoin de le trouver ou alors elle fuyait mesquestions. Isabel adorait parler des autres mais peut-être pas tantd'elle.

Jerestais seule en haut de la tour, spectatrice d'un monde à part.

Nousnous retrouverons souvent dans cette tour pour ragoter ensemble.

Jem’étais assoupie. Il devait être tard, le soleil s'étaitrapproché de l'horizon.

Alorsque je somnolais, un bruit strident et familier attira mon attentionsur le terrain sud, près du quai. Une quinzaine d’hommescroisaient le fer. Victor les observait avec satisfaction quand l’und’eux fut mis à terre. Une épée se porta sur lui mais avantqu’elle ne put le toucher celle-ci se dissocia en poudre.

Victorintervînt.

-Qu’est-ce que j’ai dit! Tança le seigneur. Personne n’utiliseses pouvoirs, personne, insista-t-il. C’est bien compris. En Erèbe,il n’y a pas de pouvoir, alors je ne veux pas en voir un seul icise défendre avec son pouvoir.

-Nell?

Jesursautais. C’était Matthieu.

-Oui?

-Merlin te cherche, dit-il froidement.

-Oui, Isabel te cherche également.

Ileut un regard distant.

Jeregardais de nouveau ces hommes se battre.

-Que font-ils? Demandais-je.

-Ils s’entraînent, cela se voit non?

-Pourquoi s’entraînent-ils sans pouvoir? Précisais-je.

-Les chevaliers de Victor interviennent souvent en Erèbe etlà-bas, il n’y a pas de pouvoir sauf cas rare. L’entraînementsans pouvoir les prépare à se battre contre les hommes.

-Ils ont souvent à se battre contre les hommes?

-Tu ferais mieux de descendre, Merlin est dans son laboratoire.

Toujoursaussi coopératif celui là!

Jepris la porte de la tour, Mat resta.

-Et toi? Tu ne descends pas?

-Moi rien! Je cherchais du calme et c’est toi que j’ai trouvée.Descends, il t’attend.

Jene sus pas comment prendre cette phrase.

Cejeune homme blond foncé, la peau légèrement halée avait un regardbleu-vert. Sombre et glacial quand il s’enfonçait vers le vert,plus doux ou moqueur quand il s’échappait vers le bleu. Il nes’évertuait pas en conversation. Il répondait plus facilement parune attitude expressive que par des mots. Comme disait Isabel :c’était un ours.

-Nell, tu es là, dit Merlin à mon entrée. Alors, qu’ont donnéston cours de lecture et ton cours sur les pouvoirs? S’enquitMerlin.

-Et bien, le cours de lecture s’est trouvé inutile, je sais déjàlire.

-Bien, donc pas de nouvelles informations sur ta langue maternelle.

-Non.

-Et avec Noah et Léo?

-Bien.

-« Bien », rien de plus?

Melancerais-je à lui parler de Maël?

-Je… c’était intéressant.

-Mais?

Jeme jetais à l’eau.

-Merlin, vous connaissiez Maël?

-Je connais Maël, rectifia Merlin.

-J’ai cru pourtant comprendre qu’il n’était…

-Il a disparu, c’est tout. Cela ne prouve rien.

Merlinétait nerveux.

-Nous nous connaissons depuis longtemps et je sais qu’il n’estpas…

Merlinne voulait pas dire « ce mot ».

-Nous étions proche et l’incapacité de chercher un esprit me rend…

-Furieux? Proposais-je.

-Oui.

-Maël était le mage de Magimel, il s’occupait de l’enseignementde la magie avec Noah. Il y a… je ne sais plus combien de tempsmaintenant…

-11 ans.

Cedétail était important car c’était tout de même mon âge.

-11 ans oui, sûrement. C’était en 1237, je vivais en Erèbeà cette époque. Je suis rentré à Ten et j’ai exploréses quatre espaces en espérant ressentir sa présence. Au bout deplusieurs années de recherche avec mon ami Corneilius, nous avonspensé que Maël ne souhaitait pas être retrouvé. Pourquoi? Nousl’ignorions. Je suis venu ici en espérant qu’il reviendrait dansson château. Ensuite, Victor m’a proposé sa place de grand magede Magimel. Au début j’ai refusé et finalement je me suis dit quec’était la façon la plus intéressante de l’attendre. Luirevenu, nous pourrions travailler ensemble comme dans notre jeunetemps en Erèbe. Mais…

-Il n’est jamais revenu.

-Non, mais il reviendra.

-Merlin, que se passerait-il si un esprit comme celui de Maël perdaitses pouvoirs.

-Sachant qu’il n’est constitué que de ceux-ci, il…

Mêmesi la réponse était au conditionnel, le mot « mort»ne voulait toujours pas sortir.

-Qui t’a parlée de Maël?

-Je…

Anticipantsa colère future, j’hésitais à lui dire mais il devinal’évidence.

-C’est Noah, et dire que je lui ai laissé une chance de ne pas…

-Pourquoi me cacherait-il la vérité? Pourquoi me cacher vous lavérité?

-Parce que nous ne sommes sûr de rien. Maël a disparu, tu n’as quele pouvoir du feu, Noah est fou et mes visions restent floues,s’emporta Merlin.

-Vous avez des visions?

-Oui, enfin non, dit-il dans la confusion.

-Sur moi? Vous savez des choses sur moi? Sur ma famille? Sur mespouvoirs? Sur mes parents? Questionnais-je sans relâche.

-Nell, va te coucher, imposa Merlin.

-Mais, vous ne pouvez…

-je peux, va te coucher maintenant.

-Je vous…

Ilcoupa mes paroles.

-C’est pour ton bien, va te coucher maintenant.

-Je vous déteste.

Jeme dirigeai vers ma chambre.

Monvisage haineux ne semblait pas l’avoir atteint. Ce qu’il savaitétait suffisamment important pour qu’il fasse le choix de ne rienme dire.

Tellementde questions pour une réponse : moi. L'enfant que j'étais était laréponse à deux histoires, celle de mon père et celle de ma mère.

« C’estpour ton bien », ces mots résonnèrent dans ma tête sans finjusqu’à ce que vienne le sommeil.

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