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l'affaire Alan Gross


carnifex

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carnifex Membre 5 710 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
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8 avril 2011

Washington, La Havane et l'affaire Alan Gross

Salim LAMRANI

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Qui est Alan Gross ?

Alan Gross est un citoyen étasunien originaire de Potomac au Maryland, de confession juive, âgée de 61 ans, qui travaille pour le gouvernement des Etats-Unis. Il est employé par la Development Alternative, Inc (DAI), un sous-traitant de l'Agence étasunienne pour le développement Internationale (USAID), qui dépend elle-même du Département d'Etat. En décembre 2009, alors qu'il s'apprêtait à quitter le pays avec un simple visa touristique ¿ lors de ce qui constituait alors son cinquième voyage de l'année ¿, il a été arrêté à l'aéroport international de La Havane par les services de sécurité. Une enquête menée à son sujet avait permis d'établir des liens étroits entre lui et l'opposition interne au gouvernement cubain, à laquelle il distribuait des ordinateurs portables et des téléphones satellitaires, dans le cadre d'un programme du Département d'Etat de « promotion de la démocratie à Cuba (2) ».

Expert en technologie de communication de longue distance, Gross dispose d'une solide expérience dans ce domaine. Il a ainsi travaillé dans plus de cinquante nations et a ainsi mis en place des systèmes satellitaires de communication durant les interventions militaires étasuniennes en Irak et en Afghanistan pour échapper aux canaux contrôlés par les autorités locales (3).

La possession de téléphone satellitaire est rigoureusement interdite à Cuba pour des raisons de sécurité nationale. En effet, en plus d'échapper à tout contrôle des autorités locales, cet appareil électronique, dont le prix oscille entre 1 500¿ et 5 000¿ l'unité, permet également de transmettre les données pour coordonner une attaque aérienne, dans un pays victime de nombreux attentats terroristes ¿ près de 6 000 au total, les derniers remontant à 1997 ¿ et bombardements aériens depuis 1959. Par ailleurs, le secteur de la téléphonie étant un monopole d'Etat à Cuba, toute concurrence y est interdite (4).

Aide à la communauté juive de Cuba ?

Le Département d'Etat étasunien, qui exige la libération du détenu, affirme que « Gross ¿uvre au développement international et s'est rendu à Cuba pour aider les membres de la communauté juive de La Havane à se connecter avec d'autres communautés juives à travers le monde ». Selon Washington, les activités de Gross étaient légitimes et n'ont pas violé la législation cubaine (5).

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Néanmoins, la version officielle des Etats-Unis et de la famille Gross est contredite par la communauté juive de La Havane elle-même. Celle-ci affirme en effet ne pas connaître Alan Gross et ne l'avoir jamais rencontré en dépit de ses cinq séjours à Cuba en 2010.

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Arturo López-Levy, secrétaire de Bnai Brith au sein de la Communauté juive cubaine entre 1999 et 2001 et actuellement professeur à l'Université de Denver, est également sceptique au sujet de la version étasunienne concernant Gross. A ce sujet, il tient les propos suivants :

« Gross n'a pas été arrêté parce qu'il est juif, ni en raison de ses prétendues activités d'aide technologique à la communauté juive cubaine, qui disposait déjà d'un laboratoire informatique, de courriers électroniques et d'accès à Internet avant son arrivée à La Havane.

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De son côté, Wayne S. Smith, ambassadeur étasunien à Cuba entre 1979 et 1982 et directeur du Programme « Cuba » du Centre de Politique internationale de Washington, note que « Gross, en d'autres termes, était impliqué dans un programme dont les intentions sont clairement hostiles à Cuba puisque l'objectif n'est rien de moins qu'un changement de régime (17) ».

Le caractère clandestin des activités de Gross a également intrigué les autorités cubaines qui se sont interrogées à propos de l'aide reçue par l'employé étasunien pour introduire le matériel satellitaire. En effet, tous les bagages passent par les rayons X des douanes cubaines et une telle marchandise aurait été immédiatement détectée et confisquée. Cela laisse supposer que Gross a bénéficié de l'aide de la Section d'Intérêts Nord-Américains (SINA) de La Havane, représentation diplomatique étasunienne à Cuba, laquelle s'est probablement chargée d'introduire les divers équipements par le biais de valises diplomatiques.

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l'Article 11 de la Loi 88 cubaine stipule que « quiconque participe à la distribution de ressources financières, matérielles ou autre en provenance du gouvernement des Etats-Unis, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou entités privées est passible d'une sanction allant de trois à huit ans de privation de liberté (20) ».

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La législation française sanctionne également ce type d'agissement. Selon l'Article 411-8 du Code pénal, « le fait d'exercer, pour le compte d'une puissance étrangère, d'une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou de leurs agents, une activité ayant pour but l'obtention ou la livraison de dispositifs, renseignements, procédés, objets, documents, données informatisées ou fichiers dont l'exploitation, la divulgation ou la réunion est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation est puni de dix ans d'emprisonnement et de 150000 euros d'amende (22) »

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Le 4 février 2011, le procureur de la République de Cuba a formellement accusé Alan Gross d'« actes contre l'intégrité et l'indépendance de la nation », et a requis une peine de vingt ans de prison. Le 12 mars 2011, Gross a finalement été condamné à une peine de quinze ans de prison, suite de son procès (23).

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Salim Lamrani

Le Monde Diplomatique (édition en espagnol), avril 2011

http://www.legrandsoir.info/Washington-La-...Alan-Gross.html

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