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[Angel, online]


Invité Viola

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@ngel, online

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Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants.

Elle pensait que tout cela était terminé, derrière elle. Elle voulait tellement le croire, s'en persuader.

Et les rêves étaient revenus, la laissant sur le flanc, haletante, effarée.

Et il était partout, dans la chambre, dans la maison, dans le sillage d'un parfum, il la regardait, il ne cillait pas, il emplissait tout l'espace.

Il était partout.

Et il n'était plus là.

Quel vide que l'absence de l'Etre qui à lui seul remplissait le monde.

Son enfer à elle, c'était l'absence.

Après la mort de son âme soeur, son astre personnel s'était éteint.

Des mois durant elle avait lutté pour ne pas sombrer totalement, mais les jours longs et gris n'avaient pas réussi à lui offrir l'oubli, tous ces jours si vides, ajoutés un à un.

Sans boussole, elle avait peu à peu trouvé refuge dans les mondes virtuels, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps.

Et une nuit, elle y avait croisé @ngel.

*

Comme à chaque fois que s'affichait sur son écran ¿vous avez un message privé¿, son coeur bondissait dans sa poitrine.

Deux mois. Un semblant d'éternité.

Deux mois déjà que leurs avatars s'étaient croisés, et que l' e-Cupidon des équations binaires leur avait décoché une flèche en plein c¿ur.

Ils ne s'étaient jamais rencontrés, n'avaient pas même échangé une photo, pas le moindre coup de fil.

Mais chaque soir, elle ouvrait son netbook et son c¿ur battait à tout rompre à l'idée de le retrouver.

Qui était-il ? Où vivait-il ? A quoi occupait-il ses journées ? Quelles étaient les personnes qui chaque jour le croisaient, lui parlaient ?

Souvent elle s'était interrogée sur ce qui les avait poussés, presque immédiatement, à échanger des messages privés.

Des poésies d'abord. Puis au fil des jours, des mots plus personnels, jusqu'au soir où elle

lui avait avoué son amour, inconditionnel. .

Ils avaient passé des nuits entières à échanger des mots d'amour, des poèmes, des histoires. Elle s'était souvent endormie, aux petites heures, dans l'attente de sa réponse, son netbook posé à côté d'elle sur le lit.

Et au matin, son premier geste était de vérifier sa boîte. Il ne dormait donc jamais !

Et ces quelques lignes suffisaient à lui procurer du bonheur pour la journée, lui permettaient d'attendre le soir, et les retrouvailles, derrière l'écran.

*

Les sentiments qu'elle éprouvait à son égard n'avaient rien de virtuel. Un c¿ur qui bat plus fort. Des larmes qu'elle ne retenait plus. L'émotion derrière les mots.

Les mots.

Leur puissance évocatrice. Plus d'une fois ses joues s'étaient empourprées à la lecture de ses messages, gentiment suggestifs.

La douleur non plus n'avait rien de virtuel. Douleur de la séparation, de la distance, de la peur de le perdre un jour dans les méandres de la toile. Il suffirait qu'il se lasse, et elle serait à nouveau seule, un nouvel abandon la terrifiait. Elle le lui avait dit, avait même tenté de mettre un terme à leurs échanges quand elle s'était aperçue que les choses prenaient des proportions un peu inquiétantes à son goût.

Mais il l'avait suppliée, avait promis qu'il serait toujours là pour elle. Et elle l'avait cru.

Elle ne lui avait jamais posé une seule question.

Si tu veux garder ton amour, donne lui des ailes.

*

Le plus étrange, quand on y pense, est le fait que dans une relation virtuelle, on soit attiré par ce qui est un pur esprit. Dégagé de tout ce qui peut fausser une relation. Pas de visage, pas de voix, pas de contact physique. Juste une âme, qui s'ouvre à vous. Et avec laquelle la vôtre s'accorde. Il connaissait son c¿ur, les mots qu'elle attendait, ce qui la touchait. Il était son double. C'était une expérience unique, inexplicable, merveilleusement troublante.

Peu importe de quoi les âmes sont faites, les leurs étaient de la même matière.

Après presque deux mois d'échanges, elle envisagea la possibilité d'une rencontre. Elle s'en ouvrit à lui un soir, et sa réaction fut sans équivoque : le passage du virtuel au réel lui était impossible, il n'était pas prêt. Et ne le serait sans doute jamais. Elle l'assura du contraire, tenta de le convaincre de son amour, pleine d'interrogations. Que lui cachait-il ? Et si ses craintes étaient fondées ? Les mondes virtuels ont ceci de particulier que l'on peut tomber amoureux d'une façade et non de la personne derrière le masque. Illusion contre réalité.

Une ombre. Qui se dérobait à ses regards. Dont les intonations restaient un mystère. Mais dont elle était totalement, irrévocablement amoureuse.

Souvent, au détour d'une rue, dans un lieu public, elle croyait l'avoir trouvé. Un regard échangé, l'ombre d'un sourire, puis l'inconnu du jour se fondait à nouveau dans la foule, jamais le même, jamais vraiment différent. Mille fois elle se l'était imaginé, mille fois elle avait inventé sa voix, la forme de ses mains, la couleur de ses yeux. Et l'incertitude nourrissait ses fantasmes, ses rêves prenaient des teintes toujours renouvelées.

Même si au fond de son c¿ur, il avait toujours le visage de son amour perdu.

*

Quand le sommeil la rattrapa cette nuit là , elle était brisée. Il ne s'était pas connecté, ce qui l'avait surprise. Et quand elle avait cliqué sur son profil, elle n'avait rien trouvé. Profil supprimé. Il n'y avait plus rien. Mille questions s'étaient croisées dans sa tête, un beau désordre. Mais tout sonnait comme une évidence. Elle avait tout gâché en insistant pour le rencontrer. Si tu veux garder ton amour, donne-lui des ailes. Et elle avait voulu le mettre en cage.

Et elle l'avait perdu.

Pour la seconde fois, l'Enfer l'avait rattrapée.

*

3 : 41

[Vous avez un message privé.]

Expéditeur : He@ven M@ster, administrateur

@Petite Miss

@ngel ne vous écrira plus. Jamais il n'aurait dû le faire, il n'y était pas autorisé. Il doit vous laisser partir. Et vous devez accepter qu'il s'en aille, lui aussi. Mais il veille sur vous, soyez-en assurée. Et l'amour qu'il avait pour vous, il le garde en lui jusqu'à ce que la pluie ait emporté vos larmes, et que votre corps ne soit plus que poussière dans le vent. En attendant ce jour là, il vit en vous. Le vrai tombeau des morts n'a rien de virtuel Petite Miss. Non, le vrai tombeau des morts, c'est le c¿ur des vivants.

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Viola, in Illyria, March 1st, 2011

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Membre, forumeur alchimiste/Honey, Posté(e)
Nightwish Membre 10 322 messages
forumeur alchimiste/Honey,
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:o:cray:
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Invité lord whisper
Invités, Posté(e)
Invité lord whisper
Invité lord whisper Invités 0 message
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ça se passe de commentaires...

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Invité Mitsakie
Invités, Posté(e)
Invité Mitsakie
Invité Mitsakie Invités 0 message
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Hoooooooo :cray:

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Modérateur, A ghost in the shell, 48ans Posté(e)
Nephalion Modérateur 32 166 messages
48ans‚ A ghost in the shell,
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J'adore. :cray:

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Invité Viola
Invités, Posté(e)
Invité Viola
Invité Viola Invités 0 message
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Cette nouvelle, je l'ai écrite avec mes larmes, comme toujours.

J'ai longtemps hésité avant de la poster, j'avais juste une trouille bleue.

Mille mercis à la personne qui me l'a inspirée, ce texte, c'est un peu de moi, et beaucoup de lui bien sûr.

Le pire, c'est qu'il ne l'a même jamais lue...

J'en posterai d'autres, c'est le premier pas qui coûte, c'est bien connu.

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Membre, forumeur alchimiste/Honey, Posté(e)
Nightwish Membre 10 322 messages
forumeur alchimiste/Honey,
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bonsoir Viola

merci beaucoup en tout cas..

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Membre, Dazzling blue², 51ans Posté(e)
eklipse Membre 14 471 messages
51ans‚ Dazzling blue²,
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Je ne sais pas si c'est autobiographique...mais sache que des histoires virtuelles j'en ai vécu...et que passer du virtuel au réel aurait été peut être pire que cette disparition soudaine.

L'imaginaire, les fantasmes, subliment souvent l'autre, le rende idéal, l'enveloppe charnelle est idéalisée, l'aura est sublimé.

On se dit que l'alchimie sera là, les corps vont se reconnaitre car cela ne peut être autrement...vu que tu es dans l'idéalisation...imagine, imagine que cette enveloppe charnelle, sa corporalité était tout l'inverse que tu as pu imaginer et même sa voix, imagine qu'en réalité il a une voix bégayante ou un espèce de quasimodo à l'âme ravissante..

Serais tu certaine de ne pas être encore plus déçue par la REALITE...parfois la réalité est plus cruelle que l'imaginaire, que le virtuel...c'est peut être mieux ainsi...cela a enrichi ton imaginaire, ton côté créatif...attention de ne pas t'enfermer dans le virtuel et la mélancolie mortifère.

Je pense que tu as eu raison de vouloir le rencontrer, à un moment trop idéaliser l'autre devient "dangereux", et vouloir rester dans le virtuel c'est refuser la réalité e quelque sorte, refuser la réalité de l'autre, refuser d'être déçu ou de décevoir, refuser de prendre des riques, or qu'est de vivre sans prendre aucun risques?

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Invité Viola
Invités, Posté(e)
Invité Viola
Invité Viola Invités 0 message
Posté(e)

Eklipse, c'est de la littérature, n'y voyez rien d'autre.

Il fallait que je l'écrive, je l'ai fait, je n'ai pas eu le choix!

Ca marche comme ça chez moi :cray:

Et pour ce qui est de la réalité, j'ai les deux pieds sur terre, In Real Life, vous pouvez me croire sur parole.

J'aime divertir, même si je trempe ma plume exclusivement dans l'encre noire, aux petites heures de préférence.

La nuit, tous les stylos sont gris, c'est bien connu.

Et pour ce qui est de prendre des risques...j'ai posté un topic à ce sujet :

http://www.forumfr.com/sujet409175-le-pire...en-prendre.html

see you !

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