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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 873 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Bonsoir.

ému par d'autres topics regroupant les poèmes d'autres forumeurs, aimant à vous lire, à écrire, et bien souvent à rêver, en cette Nuit de passage du 9 au 10 novembre je voulais créer le mien. Confier quelques textes, petit à petit, travaillés ou non, beaux ou laids, étranges ou terriblement banaux. — Mon cœur balançant pour la poésie en prose, c'est souvent de cette manière que des instantanés, des moments, des instants, des descriptions de lieux ou de sentiments seront ici peints, en quelques paragraphes ou en quelques lignes. Les photos ne sont pas de moi, tout du moins celles que je poste pour le moment. En voici déjà trois récents.

automne1.jpg

Feuille.

Sous une feuille, ton visage. Une large allée tapissée de l'automne : toutes ces feuilles, qui meurent. La pluie arrache les plus héroïques, dernières sur les lignes de leur branche — pour remettre tout le monde au niveau du sol. Et petit à petit, l'humus. Quelque rare passant, foulant les héroïnes de l'automne, de cette saison qui passe en trépassant, achève d'égaliser la végétale charogne. — Les yeux à demi-fermés, pestant, jurant contre les bruines incessantes. Quelle affreuse pluie!

Il était presque la tombée de la nuit. Je ne me souviens plus du chemin que j'avais parcouru pour arriver là, au milieu d'un chemin, au milieu de nulle part. Cet immense tapis ocre, brun, orange, jaune parfois ; l'herbe aux côtés du gravier, qui elle, restait verte, m'offrant un spectacle de mille variations de couleurs. — Peu importent la pluie et le froid! M'asseyant à même le sol humide, je jouai machinalement avec cette gouache végétale, et peu importe si je me salissais les mains. Je regardais sous les feuilles.

Et j'y vis, encore une fois, ton visage.

Peur.

L'une de ses fenêtres donne sur une cour intérieure minuscule, dont l'on pourrait presque, en tendant bien la main, toucher le vis-à-vis, c'est-à-dire quasiment taper à la vitre de la voisine d'en face. De jour comme de nuit, nulle lumière ne semble atteindre le fond de la cour ; sans doute n'y a-t-il que quelques minutes dans la journée pendant lesquelles, le soleil se plaçant dans l'axe adéquat, un peu de chaleur vient baigner les pavés poussiéreux et humides — la pluie tombait sans cesse. — C'est à cette fenêtre, tard dans la journée de bruine, qu'il se tenait, une fois encore.

Le vertige...

Personne ne regardait par la fenêtre de cette cour : il n'y avait rien à voir. Quelqu'un qui, par hasard ou par chance, l'eut fait ce soir-là, aurait vu un bien étrange spectacle... l'homme monta sur la rambarde, manqua presque glisser — il en tremblerait de peur, à l'idée d'être passé si près de la mort, tant de fois ultérieures — et, une fois debout, lança les bras en l'air pour se tenir sur le mur d'en face. Il s'allongea... et se plaça en équilibre entre le rebord de sa fenêtre, et le rebord de la fenêtre qui lui faisait face. Sous lui — 10 mètres de vide vers les pavés. L'équilibre...

Le regard fixé vers le sol lointain, les abdominaux qui commencent à tirer, les muscles qui crient — mais pas autant que le cerveau, qui, lui, envoie tous ses signaux de détresse les uns à la suite des autres : alerte rouge! Alerte rouge! Mais il restait immobile. Les yeux rivés vers les pavés. Vers le Visage de la Mort.

Le vertige...

Une heure après, il se leva, et réussit à se repositionner en équilibre sur sa fenêtre ; il rentra et fit chauffer du thé. Il était heureux.

2bs65c.jpg

L'homme qui compte.

Petit appartement ; la pâle lumière du lampadaire d'intérieur découpait contre le mur, trop vivement peut-être, les contours du visage du jeune homme qui, immobile, fixait ces ombres se jouant de lui. Deux gouttes de sueur sur son front. Devant lui, sur son bureau, un crayon reste désespérément seul, posé, déposé, ininspiré, comme inutile, sur le petit bloc de papier. On peut y lire quelques notes griffonnées ; on y découvrirait quelques secrètes pensées, quelques amours ; les récits de nuits trop longues, d'autres journées trop courtes ; on y découvrirait les saignées d'un cœur qui ne voulait plus saigner. Tout cela s'arrêtait au milieu d'une phrase, je crois — lui, regardant d'un œil glauque le mur, était plongé dans les (res)sentiments du passé.

Comme un décompte. Une... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Six... Sept... Huit...

Pourquoi chaque chiffre suit-il l'autre? Faut-il courir après et remonter l'ensemble des entiers? Est-ce alors une piste sur laquelle l'on concourrait contre les autres, contre ses camarades, contre même ses amis? Est-ce plutôt une abysse dans laquelle le plongeur intrépide ose — au mépris de ses tympans — toujours aller un petit peu plus loin, tremblant parfois pour sa vie, mais requinqué par l'hyperventilation et un immense sentiment de puissance? — Est-ce un tableau noir que l'on remplit, au risque de faire des ratures lorsqu'il n'y a plus d'éponge? — Re-comptons avec lui, comme pour l'encourager : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, et 8.

Il avait baisé huit femmes.

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 873 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Sans titre.

Eine schwarze Flamme brennt in mir

Wann ich tun dir weh; und du in Tränen zerflieét.

Vielleicht gibst du Leben oder Tod mir,

Ich weié nicht ¿ heirate mich, dulcis amor.

Blut.

Blut überall.

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Invité ~&va~
Invités, Posté(e)
Invité ~&va~
Invité ~&va~ Invités 0 message
Posté(e)

J'aime beaucoup "Feuille", très coloré ....

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Membre, 29ans Posté(e)
Sheren Membre 82 messages
Baby Forumeur‚ 29ans‚
Posté(e)

Exil

O mon pays, tu me manque déja,

moi qui ai passer mon enfance dans tes villes,

toi qui m'a soutenu aux moments difficiles,

toi ma mère et mon père a la fois.

je n'ai jamais oublier les douces fleurs du printemps,

ni le parfum, si doux, dont tu te revetait chaque jour,

differant mais semblable pourtan,

dont les essence de l'ambre et de l'eau se melait.

o ma patrie ma france, chaque jour est suplice,

chaque loin de toi j'oubli de ton delice

mon coeur ne bat plus, mon ame est vide sans toi

pays cheri de tous, de mon corps tu est roi.

c'est de moi

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Membre, 37ans Posté(e)
Ozmaestro Membre 413 messages
Baby Forumeur‚ 37ans‚
Posté(e)

J'ai eu du mal à décoder l'allemand, puisque je n'en ai jamais fait, mais le simple fait d'avoir cherché comme un archéologue sa signification, j'ai cru lire un vieux parchemin, avec un ancien texte d'un culte étrange, du coup j'ai apprécié.

La prose est plaisante aussi, avec quelques photos, parfois.

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  • 2 semaines après...
Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 873 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

noir-rubis-1.jpg

Il te parla alors d'un bois en lisière de la ville, oublié par les colons, et planté de variétés étranges d'ormes et de saules. Certaines branches déformées par les courants souterrains semblent relier la vaste toile de sève, les veines d'une nymphe dendroïde. Elle mange ton esprit, tes attentes, tes espoirs ¿ comme le souffle du dernier rayon de soleil patagon. Rouge vif.

Les mots te font déjà sentir l'humus dense et humide des sous-bois, l'odeur des feuilles mortes volant dans l'atmosphère nostalgique de l'automne. Parfum de renouveau ; lorsque tout meurt, tu voudrais prendre dans les mains de larges quantités de terre, pleine d'insectes divers tribulants, porter à tes narines le sol et la décomposition. Y humer longuement la lavande des résolutions. ¿ Rouges comme ces feuilles de frêne.

Le temps passe, passe. Il continue à te parler. Et toi qui rêves. ¿ Le soleil se couche, et petit à petit te refait voir les froides terrasses des cafés, les mines pressées des gens, le tumulte de la grande rue, un peu plus loin. Comme lorsque l'obscurité transforme la vitre en miroir dans le train de nuit de nos pensées. Tu es assise. Les lumières artificielles recolorent la place et l'ancienne fontaine qui vous écoutait heureuse. Rouge néon.

Quelques mots encore. ¿ Bague au doigt.

¿ Comment en es-tu arrivé à cette conclusion? ¿ fit-elle d'une voix assurée.

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 873 messages
40ans‚ nyctalope,
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Further down. Alcools.

¿

Les pensées en kaléïdoscope, les sens en émois, les aguets bouillonnant d'un sang échaudé, Toi, te dirigeant vers l'escalier sombre que trop longtemps tu as préféré laisser de côté. Est-ce l'odeur de décomposition? Est-ce l'atmosphère lugubre, la lumière éteinte? Est-ce la profusion de taches de rouille du lieu? ¿ Jamais tu n'as voulu y retourner.

Il y a longtemps, déjà...

¿ Et puis, ce soir, la porte claque grande ouverte. L'esprit conquérant. Les jambes flageolantes. La volonté de puissance. Les pas mal assurés descendent, descendent... En spirale. C'est toujours une spirale de jeux ; un jeu de lumières blafardes, une pierre rouge qui tournoie, un Inconnu que l'on viole. ¿ Vers les tréfonds jadis explorés... Te retrouver.

Il y a un peu de Nous. Il y a un peu de Toi. De grandes toiles d'araignée ; des odeurs stagnantes évoquant la cuisine (tel vieux magret de canard) ou d'obscures glaires. ¿ Bientôt les yeux ne voient plus ; Tu tâtonnes. De-ci, de-là, des textures rugueuses ; parfois l'onctuosité de telle pourriture, maelström, blob, petite pousse malsaine qui parasita ton esprit. Le Noir intangible devient chaud, brûlant ; à chaque mouvement, Tu as peur de rencontrer le tuyau chauffé à blanc (à noir?) d'un radiateur qui alimentait tes flammes. ¿ é...

...Et puis, la Présence.

éa. ¿ Oh, Tu es là!

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 873 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Laps.

¿

Vanité des mots, vanité de tout ce qui n'est plus silence. ¿ Et pourtant. é l'orée de la mort, tous les mots que tu aurais voulu dire.

Il n'y a pas toujours de main froide à saisir ; existence... Devant un miroir déformant, en colère, hurle. Crie.

Puisque tout ce que tu aurais voulu dire, tu le taisais, enfant sage ; puisque maintenant, il est (presque) trop tard.

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Membre, 37ans Posté(e)
Ozmaestro Membre 413 messages
Baby Forumeur‚ 37ans‚
Posté(e)

Laps, première lecture, c'est laconique pour reprendre le terme des spartiates(ou disons plutôt les Lacédémoniens), à la fois concis et profond, le thème laissant paraitre une rare noirceur en si peu de mots (et puis tristesse, pour ma part). Et puis deuxième lecture, à voix haute, rendant sens à chaque mot, hurlant (les yeux humides de colère), ou intériorisais-je pour ne rien laisser d'émotion.

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