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Architeutis dux


Invité chat_ooo

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Invité château
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Que fais-je là ?

Le dard des rayons solaires transperce le feuillage du bouleau.

La lame des nuages s'accroche au papier glacé du ciel.

Un oeil cyclopéen nous surplombe et nous marie de force,

Moi allongé auprès de cet arbre, les piaillements des passants sur le chemin,

Ainsi que l'herbe dont les multiples piques irritent mon dos et ma nuque.

Le cours du ruisseau émet des clapotis tels les cliquettements de chaînes

Du fantôme de quelque prisonnier guettant la venue de la nuit.

Nulle compassion dans les dégradés de verdure du feuillage,

Ni dans les anfractuosités du tronc de ce bouleau visible prés de moi.

Pas de rescousse à travers le chant de l'oisillon au loin,

Non plus dans la trace laissée par le passage, très haut, de l'avion.

Que fais-je là ?

Rien ne me parle ni ce livre ouvert prés de mon épaule,

Racontant une histoire nullement la mienne

Non plus l'idée initiale m'ayant conduit dans ce Bois isolé tel une île,

Un but non atteint en ce lieu aux limites très perceptibles,

Telles les mailles blessantes d'un gigantesque filet.

La position cadavérique me sied mal, je me redresse, m'approche du ruisseau

Et me laisse contempler avec cynisme par les cailloux, les brindilles,

Réalités plus consistantes que la mienne ; je pourrais être mort,

Mes mouvements tels le fantasme de quelque Démon tapi dans le sous-sol

De cette partie de la ville, dépourvus de toute utilité ou logique,

Me donnent l'impression de faire intrusion dans le rêve d'une créature inconnue.

Que fais-je là ?

Observant les mouettes à la dérobée, sous le vent, comptant les vagues,

Le coeur ne connaissant la liesse, l'esprit éternellement insatisfait,

Je voudrais devenir la mer, ou les rochers battus par le ressac,

Ne plus penser, demeurer statufié en hommage à la minéralité, à la liquidité,

Egailler le décor écumeux offert à la vision de quelque Dieu dissimulé

Derrière le ciel bleu, impitoyable prédateur.

La perfection de l'arrangement des bateaux, des vagues, des rochers, des mouettes,

Emporte mon âme aux confins de la réalité, l'incongruité des pavés, de la rambarde

Retenant mon corps à la manière d'un cercueil dans les entrailles de la Terre,

Que fais-je là ?

Nul ne le sait.

:rtfm:

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Invité guns
Invités, Posté(e)
Invité guns
Invité guns Invités 0 message
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magnifique!!

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 859 messages
40ans‚ nyctalope,
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Je trouve cela plutôt joli et bien écrit ; le fond est un portrait un peu champêtre et surtout statique, qui est très bien décrite par le mot minéralité. C'est un monde immobile dans lequel l'autre est résolument absent ¿ bref, un Dormeur du Val encore vif mais dépressif à la Tête d'Or. En revanche, il y a une chose que je n'aime pas du tout, ce sont les ¿Que fais-je là?¿ et l'inutile truisme ¿Nul ne le sait¿. Si ces vers étaient supprimés, j'aimerais mieux le poème ; et probablement avec un autre titre. Mais, ceci étant dit, je te souhaite une bonne continuation, car ce texte n'a absolument rien à voir avec les zozotements de la dernière fois.

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Invité Mad_World
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Invité Mad_World
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J'aime beaucoup l'espèce de mélange un peu incroyable entre le calme et la violence dans ce texte. Surtout dans les premiers vers. La descriptions me livre l'image dun paysage tout à fait calme, comme le Val que cite Criterium, mais les mots qui le décrivent sont parfois violents : "Dard", "Lame", "glacée", ...

S'il est vrai que je suis d'accord concernant le dernier vers "Nul ne le sait" qui est de trop, je trouve par contre que le questionnement récurent apporte quelque chose au texte : la lecture tourne en rond, et quand on se pose ces questions, c'est réaliste, on a la sensation que ça pourrait durer éternellement, là encore, c'est réaliste... Et on sent même parfois que cette question est de "trop", mais n'est-ce pas dans la nature Humaine de se poser une question existentielle à laquelle il ne saurait pas répondre alors même que le paradis s'ouvrirait à lui ?

De sorte qu'à la fin, on ne peut pas être sûr que le personnage est lui même convaincu par ses pensées... J'aime cette idée qui colle bien avec le caractère dépressif qui ressort ici.

Du point de vue de la forme, j'ai beaucoup apprécié, no comment :o°

:rtfm:

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Invité château
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Invité château
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Eh bais merci les amis, surtout venant de vous je suis ému sérieux

en plus pour une fois que Crit n'est pas trop sévère

ouais bon, le "nul ne le sait" je savais pas quoi faire comme "chute" et donc voila voila

c'est pas la Tête d'Or, c'est toujours et encore ce fichu Bois des Trinitaires à Valence

un de ces quatre faudra que vous le visitiez c'est quand même mon troisième petit poème là dessus n'empêche

vais le rendre célèbre ce petit Bois, et du coup je pourrai plus y faire la sieste tranquille mais bon enfin :rtfm:

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Invité Karbomine
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Invité Karbomine
Invité Karbomine Invités 0 message
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Je me joins aux autres pour saluer ce poème. Ce que je reproche souvent aux poètes de forum, c'est de manquer de fond - et souvent, aussi, de forme. Là, les deux y sont. Je vais commencer par la forme.

Un peu futile, peut-être, j'apprécie la richesse lexicale de ce texte. Les termes sont précis, l'ensemble cohérent au niveau des significations, certaines tournures me semblent même particulièrement grâcieuses. Ainsi, en lisant : «Le cours du ruisseau émet des clapotis tels les cliquettements de chaînes / Du fantôme de quelque prisonnier guettant la venue de la nuit.», je ne peux m'empêcher de penser que ce prisonnier a dû être fichtrement difficile à introduire au sein du poème, et pourtant il pointe du nez on ne peut plus naturellement au milieu de cette scène bucolique ! Cet exercice d'introduction de motifs tout à fait étrangers à la situation narrée me cause beaucoup de tracas dans mes propres exercices, aussi j'admire le naturel qui ressort de ce vers.

Quelques reproches formels malgré tout, disons les points qui à mes yeux doivent être travaillés encore (il y en aura toujours pour chacun...). é de rares occasions, j'ai la sensation que tu pourrais aller plus loin dans le développement d'une image, qui manque de clarté. Par exemple : «La lame des nuages s'accroche au papier glacé du ciel.» : à quel type de lame faut-il se rattacher ? Les nuages me rappellent la mer, donc je pense à des vagues, mais le «papier glacé» m'oriente plutôt vers un coupe-papier. Ces deux images me plaisent, je n'arrive pas à me décider - à trancher, justement... En même temps, ça s'accroche, donc je suis en plein échec de l'imagination. Je ne sais pas ce que les autres en pensent, d'autres avis sur ce point seraient intéressants - non, nécessaires.

Une tournure un peu lourde au deuxième paragraphe : «Non plus l'idée initiale m'ayant conduit dans ce Bois isolé tel une île, ».

Trop de compléments du noms : «Ni dans les anfractuosités du tronc de ce bouleau visible prés de moi.»

Bref, quelques reproches de détail.

J'en arrive au point le plus important : ça veut dire quelque chose ! Ouf, enfin un poème qui exprime vraiment une impression, qui l'exprime avec un degré de précision et une justesse plus que satisfaisants, sans donner dans le cliché à chaque vers. Bon, tu n'y es pour rien, la médiocrité des autres te met en valeur sur ce coup et c'est un peu triste que ce soit exceptionnel alors que ça devrait être le strict minimum, mais vraiment, c'est salutaire.

J'aime cette expression de la non-signifiance de l'être, le mutisme du décor, le décalage entre le je et le monde, la nostalgie du cosmos, l'envie de puissance déçue, l'égarement... Là tu réussis, je trouve, à toucher quelque chose de vrai, de foncièrement vrai, quelque chose que la vie quotidienne tend à masquer, à amoindrir à grands coups d'impératifs factices, d'évènements soi-disant importants, d'ambitions et de préoccupation strictement sociales et autres fanfreluches divertissantes, au sens pascalien du terme. Bref, je vois dans ton texte la vision claire d'un quelque chose de caché et en ce sens, la fonction la plus noble de la poésie est mise en ¿uvre dans ton texte : rappeler aux Hommes ce qu'ils sont.

En continuant le travail stylistique et en persistant dans cette veine des impressions profondes, je ne doute pas que tes productions gagneront encore en puissance. Enfin, ça c'est la suite. Pour l'heure, ton texte est déjà très présentable, très consistant. Le deuxième paragraphe me semble être le plus puissant, malgré les broutilles syntaxiques évoquées plus haut. J'ai envie d'en lire davantage. :rtfm:

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Invité château
Invités, Posté(e)
Invité château
Invité château Invités 0 message
Posté(e)

eh ben mais dis donc.... lol sérieux je suis comblé compte tenu que décidément enfin quand même je vous admire tous, et surtout Karbomine, et pas parce que vous dites du bien de mon poème, mais parce que je vous ai lu.... alors évidemment surprise déjà.... émerveillement un peu narcissique pour le coup (j'ai tendance à m'auto-satisfaire d'une manière générale donc bon c'est mon travers.... faut beaucoup de temps après avoir reçu des compliments pour que je puisse à nouveau pondre quelque chose de valable.... quand m'énerve, ça donne des trucs sur le coin des suicidés, bon voila quoi... lol enfin bon entre deux trucs pas folichons apparemment j'arrive aussi à faire des choses bien donc)

Bon, tu n'y es pour rien, la médiocrité des autres te met en valeur sur ce coup et c'est un peu triste que ce soit exceptionnel alors que ça devrait être le strict minimum, mais vraiment, c'est salutaire.

ah ben dis donc :rtfm:

tain sérieux j'ai intérêt à m'énerver sévère avant de reprendre la plume, parce que là on dirait que j'ai moi-même mis la barre assez haut pour moi-même

sinon, ouais enfin ça s'est imposé quoi, les images tout ça, le truc du papier glacé du ciel et de la lame des nuages c'est parce que j'arrivais pas à décrire ce fichu ciel, il ne m'inspirait absolument rien, en fait quand c'est comme ça, allez avouons-le au départ j'avais intitulé mon truc : "égocentrisme".... et ouais ça m'arrive souvent, le "piaillement" des passants à pas savoir de quoi ça parle, ces gens, alors qu'ils vous regardent tandis que vous êtes allongés pour essayer (en vain) de vous détendre....

et donc voila voila, et j'avais très peur que tout ça fasse très cliché en fait, prête le flanc à une critique perso sévère.... je pensais même pas, si je devais penser à un poète disparu, à Rimbaud, mais plutôt à Victor Hugo.... même pas les mots, juste la bouille du personnage...... pour me laisser aller, c'est à dire abattre la barrière mentale des inhibitions et préjugements avant d'écrire.... enfin bon

voila voila, Karbomine ça me touche dans la mesure où à une époque tu m'avais "encouragé" alors que je disais ouvertement que j'estimais n'avoir aucun talent.... ce qui est d'ailleurs le cas presque, enfin ce que je veux dire c'est que faire des poèmes, c'est vraiment parce qu'il y a des poètes sur le fofo et que ça me titille.... parce que sinon j'ai plus tendance à broyer du noir qu'essayer même de faire des choses un peu jolies

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