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La seconde de l'ange


Arkon

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Membre, 44ans Posté(e)
Arkon Membre 202 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

La toute première nouvelle que j'ai écrite. On m'avait imposé le titre et j'ai du m'occuper du reste. :rtfm:

Bonne lecture!

L'ange se sentait vidé de toute son énergie. Il commençait à en avoir marre de ce qu'il avait choisi de faire lorsqu'on lui demanda : « tu préfères rester sur terre pour aider les humains ou alors, tu désires accéder au paradis suprême ? ». Ayant vécu tout sa vie en aidant les autres, il n'hésita pas. Depuis, il avait perdu son enveloppe charnelle et parcourait la Terre. Il était un esprit libre, pouvant se téléporter d'un lieu à l'autre, sans contrainte spatiale et pouvant défier les lois temporelles. Il ne pouvait pas faire changer directement les actes des humains mais pouvait agir sur les pensées des gens. Ses pouvoirs lui permettaient de faire passer des moments agréables à un homme ou une femme qu'il aura choisi mais seulement une personne à la fois.

Il décida de s'arrêter. D'observer pendant une seconde le monde qui se dévoilait tout autour de lui. Une seconde était peu pour un humain mais pour un ange, cela pouvait représenter l'éternité. Grâce à ses pouvoirs, il pouvait observer la terre entière endroit par endroit. Alors, il observa les êtres humains.

Il vit tout d'abord, un homme et une femme, prêts à en venir aux poings car la femme avait manqué la priorité et que l'homme sortait pour la première fois sa nouvelle voiture décapotable flambant neuve. Les deux personnes s'énervaient tandis qu'un gendarme essayait en vain de les calmer avant qu'ils ne se frappent.

Les regards de l'ange se tournèrent vers un jeune adolescent qui aidait à faire traverser la route une personne âgée. Peut-être allait il lui dérober son sac à main une fois arrivé de l'autre coté mais pour le moment, la scène ralentie était attendrissante. Et puis, il vit cet homme assis dans une BMW, les lunettes de soleil, de la musique techno à fond, le bras ballant par la vitre de la portière. Il allait à plus de 90 km/h en ville et n'aurait sans doute pas le temps de ralentir lorsqu'il verrait une vieille dame en train de traverser au bras d'un jeune homme au détour d'une rue.

Ensuite, il quitta la ville, partit pour la campagne. Il y vit une jeune mère en train de promener son enfant dans une poussette. Le bébé était en train de dormir. Sa mère, avait un léger sourire aux lèvres. Quelques kilomètres plus loin, un père de famille était affalé dans un canapé une bière à la main, tandis que son fils pleurait dans un coin avec les joues rougies par une récente punition. L'ange fut horrifié quand il comprit les pensées haineuses de cet humain de moins de 8 ans.

Plus loin, il vit sortir des enfants, en courant d'un bureau-tabac avec les mains pleines de friandises, poursuivis par un commerçant colérique. En pénétrant dans une maison, il vit deux amants enlacés. Les deux corps nus étaient serrés l'un contre l'autre. Les cheveux emmêlés, ils s'embrassaient. La seconde de l'ange représentait une infinité de plaisir.

Grâce à sa vue perçante, il vit, à quelques milliers de kilomètres de là, un cadre dirigeant d'une quarantaine d'années qui marchait jusqu'à sa voiture. Il portait dans les mains un fusil d'assaut AK47. Son visage était profondément marqué par de précoces rides. Des cernes bleutés entouraient des yeux dans lesquels seule une envie de vengeance étaient visible.

L'ange se demanda alors pourquoi il avait perdu tout ce temps a essayer de sauver l'espèce humaine alors qu'en l'observant, on pouvait facilement croire qu'elle ne cherchait qu'à s'autodétruire. La pire menace pour les hommes sont les hommes. Le mal semble présent, plus ou moins caché, dans chacun d'entre eux.

Les humains naissent, grandissent pour aller s'entasser dans des villes où leur vie sera rythmée par les horaires métro et du cinéma. Le stress deviendra pour eux pratiquement une drogue et rares seront ceux qui sauront prendre le temps d'apprécier la vie, ne serait-ce que pour une seule seconde.

Il reposa les yeux sur la Terre.

Un jeune homme d'une vingtaine d'années parcourait le couloir de son immeuble. Ses voisins avaient une bonne opinion de lui, il était gentil, bien éduqué, et aimait parler, bien qu'il soit un peu mythomane. Cependant à l'instant présent où l'ange étudiait ses pensées, il vit que l'homme n'avait plus qu'une idée en tête : bloquer les issues du bâtiment et mettre le feu afin, de venger son honneur dans le sang de ses voisins. Tout ceci à cause du fait qu'il se soit mis dans l'idée que tout le monde faisait circuler des fausses rumeurs sur lui. Chacun d'entre eux méritait de mourir dans la souffrance.

Le chérubin vit deux jeunes personnes se donnant la main en se promenant doucement dans un parc. La fille posait doucement la tête sur l'épaule de son compagnon, les yeux dans le vague. Elle élaborait des projets pour l'année prochaine, lorsqu'elle deviendra étudiante et que son petit ami serait encore lycéen. Lui, pensait plus à la soirée qui l'attendait et se demandait par quel moyen il pourrait passer la nuit avec elle. Cela faisait déjà deux fois qu'elle se dérobait à lui. Il n'arrivait plus à se contenir.

L'être céleste découvrit dans une ruelle, une bande de skinheads en train de battre violemment un noir. Le pauvre homme était affalé par terre et essayait de se protéger le visage tandis que les jeunes gens lui savataient les côtes à grands coups de pied.

Toujours plus loin, il vit, insouciant de tous les dangers de la ville, un homme contemplait du haut d'une montagne, un coucher de soleil. Une larme se formait au coin de son ¿il gauche alors qu'il se remémorait son ancienne compagne, disparue à cause d'une méningite décelée trop tard, il y a de cela près d'un an.

De retour dans une agglomération, l'ange aperçut des bidonvilles. Comment des êtres intelligents pourraient tolérer que leurs semblables vivent dans des ordures en mourant de faim ? Il en avait déjà vu à la télé quand il était encore composé de chair mais qu'avait-il fait si ce n'est détourner son regard de l'écran pour pas que cela ne lui coupe l'appétit et qu'il ne puisse finir son magret de canard cuisiné avec amour par son épouse.

Dans un tout autre pays, il vit un foyer d'étudiants. Dedans, une fille était accoudée à sa fenêtre, le regard dans le vide. Elle était en train de désespérer car elle se posait de nombreuses questions sur son avenir et était tellement incertaine des réponses qu'elle venait à douter totalement d'elle. Un jeune homme était morose en train de travailler sur son ordinateur. Pourquoi avait il un air si triste, peut-être lui manquait il une petite amie ou alors une bande de copains pour discuter ? L'ange ne voulut pas savoir. Il préféra regarder une autre fille qui était allongée sur son lit les larmes aux yeux, avec dans les mains, une lettre de son ex-petit copain. Une bande d'amis était attablée à quelques mètres de celle-ci. Ils partageaient une bière et un pétard autour d'une table en se racontant des blagues.

En haut d'une falaise avoisinante, une femme, les yeux en larmes se demandait se qu'il y avait après la mort mais que, de toutes façons, ça ne pouvait pas être pire que ce qu'elle avait du vivre depuis sa naissance. L'ange vit au ralenti son pied avancer vers le vide. Pour elle, il était déjà trop tard.

Sous un soleil beaucoup plus intense, Il contempla un champ de bataille sur lequel se déplaçaient des chars et des fantassins. L'ange fut surpris que certains prennent du plaisir à fouler le sol déchiré par les explosions récentes. Certaines personnes ressentaient seulement une fierté de se battre pour leur pays ou leurs familles, ou avec l'idéologie d'une paix conquise par la violence. A quelques kilomètres, des femmes terrifiées étaient cloîtrées dans des maisons croulantes, frémissant à chaque détonation.

Et puis, il vit un enfant. Celui-ci avait la peau noire et était frappé de malnutrition. Ses os étaient saillants. Cependant, un éclat brillait dans ses yeux et un sourire illuminait son visage. De son taudis, il regardait un immense gratte-ciel qui s'élevait à quelques centaines de mètres de lui. L'ange lut dans ses pensées. L'enfant avait une vie remplie de souffrances mais il gardait secrètement l'immense espoir d'arriver à travailler dans le building et de pouvoir faire sortir sa famille de la misère. Il savait que ça serait dur mais il donnerait tout son possible pour y arriver. Toujours il garderait l'espoir d'y arriver. Le chérubin fut frappé de stupeur. Non, qu'il fut choqué par les pensées de l'enfant mais plutôt parce qu'il avait oublié qu'un jour il avait lui aussi eu des pensées similaires motivées par l'espoir et par la douleur. Il avait depuis longtemps oublié l'espoir de préserver l'espèce humaine de la souffrance et son « travail » d'ange était devenu routinier. L'ange reprit le dicton « tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir » et voulu le changer en « tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie » car c'est l'espoir qui fait apprécier la vie et qui donne envie de se battre pour son futur.

La seconde finit de s'écouler. L'ange se remit à ses activités. Maintenant, il savait que ça serait dur de faire évoluer la race humaine. Mais, il se devait de l'aider, ne serait-ce que pour ses rares "protégés" qui nourrissent un tel espoir. Ce sont eux qui ont vraiment le pouvoir de changer le monde, pas les anges.

A Trev, juin 2002

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Membre, 90°, 49ans Posté(e)
miq75 Membre 2 862 messages
49ans‚ 90°,
Posté(e)

pas mal du tout.

J'aime baucoup le style, la morale et la description froide et non impliquée des différentes scènes.

Un peu moins le premier paragraphe, trop direct, trop explicatif. (et la derniere phrase sur ses pouvoirs n'apporte rien.)

juste quelques petites corrections :

... Non, qu’il fut choqué par les pensées... , sans la virgule après le Non, elle casse la phrase et n'a rien à faire là.

... les yeux en larmes se demandait ce qu’il y avait après la mort ...

... tandis que les jeunes gens lui savataient les côtes à grands coups de pied. ... le groupe lexical "savataient les côtes" me choque, il est d'un registre trop vulgaire par rapport au reste.

sinon bravo !

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Membre, 44ans Posté(e)
Arkon Membre 202 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

Merci pour les remarques et les corrections!

Effectivement, "savataient les côtes" ça choque au milieu, je vais reformuler ça :rtfm:

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Membre, 114ans Posté(e)
kivala Membre 8 853 messages
Baby Forumeur‚ 114ans‚
Posté(e)

quel travail, pour les anges, de donner assez d'espoir pour transformer le monde...

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