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Aborder l'Histoire


Anksunamun

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Invité Danaos
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un mille-feuilles car pour moi l'Histoire qui se veut universelle ne peut s'envisager (si tant est que cela soit possible) qu'en superposant des histoires de civilisations : on ne peut décemment envisager l'Histoire de l'Europe sans comprendre ce qu'il se passe en Asie et celle de l'Asie sans envisager celle de l'Afrique (la plus complexe car peu de traces écrites directes)...et comme dans un mille-feuilles quand tu commences à vouloir l'engloutir, la crème coule d'une feuille à l'autre montrant les liens.

Donc pour moi l'Histoire est une superposition de civilisation qui peuvent entrer en contact à un instant T mais il faut les obliger à se dévoiler. Ce n'est en rien cyclique ou linéaire...

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  • 4 semaines après...
Membre, 71ans Posté(e)
bichounette du 56 Membre 328 messages
Baby Forumeur‚ 71ans‚
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un mille-feuilles car pour moi l'Histoire qui se veut universelle ne peut s'envisager (si tant est que cela soit possible) qu'en superposant des histoires de civilisations : on ne peut décemment envisager l'Histoire de l'Europe sans comprendre ce qu'il se passe en Asie et celle de l'Asie sans envisager celle de l'Afrique (la plus complexe car peu de traces écrites directes)...et comme dans un mille-feuilles quand tu commences à vouloir l'engloutir, la crème coule d'une feuille à l'autre montrant les liens.

Donc pour moi l'Histoire est une superposition de civilisation qui peuvent entrer en contact à un instant T mais il faut les obliger à se dévoiler. Ce n'est en rien cyclique ou linéaire...

exact. L'idée du millefeuille me plait assez. J'ai enseigné l'histoire il y a quelques années (à un public adulte très fâché avec l'histoire "scolaire") et j'appelais ce cours "art et humanité" : je liais toujours les événements historiques français, à ce qui se passait ailleurs, aux sciences et découvertes, à la littérature et aux courants philosophiques et artistiques du moment... je crois ma foi, que ça a réconcilié plus d'un(e) de mes élèves âgés de 20 à 55 ans avec l'histoire.

donner du sens aux mots et aux événements, c'est ce qui compte à mes yeux.

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Membre, 45ans Posté(e)
Anksunamun Membre 1 572 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

En définitive il ne faut pas trop écouter les historiens pour ce qui regarde les manuels scolaires; ils revendiquent un monopole en se targuant d'une objectivité parfaite, assez risible quand on voit d'ailleurs les radicales oppositions idéologiques et lectures politisées des divers courants de pensée historiques.

Autant je signerais des deux mains la liberté totale de recherche et je cautionnerais sans réserve un droit de regard obligatoire des historiens sur les programmes (faut pas raconter n'importe nawak non plus), autant je dénie ce postulat selon lequel le politique n'a pas son mot à dire dans les programmes scolaires. Depuis quand? L'Etat a une lecture nationale de l'histoire (et évidemment surtout de l'Histoire nationale) à mettre en avant, dans l'intérêt même du corps social qui doit former une nation, une identité, une unité, un référent commun, et le perpétuer. Aucune lecture de l'Histoire n'est impartiale, parfaite et objective, et le devoir de la nation est de situer ses enfants dans le grand courant de l'Histoire, pour que puisse exister la notion même de communauté de destin et donc le vivre ensemble.

Je vois pas ce qu'il y a de mal à ce qu'un gosse, quand il lit l'histoire d'une guerre, ait une petite préférence pour les passages où la France a gagné une bataille, mais appremment, beaucoup de monde essaie de dire que c'est mal, que c'est crypto fachiste et tout le bastringue bien-pensant habituel.

Il y a l'Histoire de France et l'Histoire science, et si elles ne sont pas étrangères et doivent ne jamais trop s'éloigner, elles restent distinctes et fondées chacune sur 2 fictions différentes: l'Histoire en tant que science repose sur la fiction qu'il existe une vérité absolue, unique et universelle (qu'elle ne trouvera jamais bien entendu, mais que les historiens honnêtes s'efforceront toujours de trouver), l'Histoire comme discipline enseignée dans les écoles, collèges et lycées est une connaissane du passé vu sous l'angle national de la vérité française qui, si on n'en fait pas une fiction complète, est une vérité qui vaut bien les autres et qui nous identifie et nous différencie comme communauté. C'est une transmission de la mémoire commune (donc une vision déliérément partiale, mais modérément), passée sous un contrôle scientifique certain pour éviter son instrumentalisation et son dévoiement.

La confusion des genres qu'on opère entre les deux est dangereuse car elle est destructrice du référentiel et de l'imaginaire commun, du savoir, du point de vue et du sentiment créé. L'Histoire science, c'est pour après le Bac, c'est un métier et/ou un loisir.

Et on a tellement vidé l'histoire de france comme discipline et creuset d'unité et d'identité que ce vide est maintenant rempli uniquement des mémoires partiales et très partielles des communautés de toutes sortes, qui elles sont nettement plus excluantes (ethniques, culturelles, religieuses, géographiques) et sans le moindre contrôle scientifique, la moindre exigence de consensus ou le moindre objectif de rassemblement. Par opposition à l'Histoire de France qui est une mémoire nationale, et non communautaire, donc composite, résultant de compromis et de conflictualités pour l'essentiel résolues.

Le grand dommage est d'opposer directement l'Histoire science à la mémoire, en écrasant cet échelon essentiel de l'histoire de France qui est autant une authentique histoire obéissant à des règles scientifiques (en grande partie: on n'invente pas des faits) qu'une transmission mémorielle avec sa partialité et son pouvoir d'identification et de création d'appartenance. Résultat, quand cet échelon est supprimé, l'Histoire science reste aux scientfiques, comme toujours, et la mémoire est reprise par les communautés, et il s'agit là de la mémoire au sens le plus restrictif et excluant du terme, sans souci de compatibilité avec les autres (voire volontairement antagoniste), sans même une mesure d'impartialité et de scientificité.

Un autre échelon a beaucoup souffert depuis une soixantaine d'années, c'est celui entre la mémoire et le souvenir, depuis toujours le fait de la transmission familiale et/ou locale; c'est partial, c'est personnel, mais ça faisait partie de ces facteurs identifiants forts et nullement incompatibles avec la mémoire nationale (c'était son pendant naturel), créant des solidarités et identités locales.

Et on voit les communautarismes fleurir sur l'affaiblissement de ces deux échelons essentiels, lui-même du à 2 grands snobismes qui ont créé un vide énorme: le snobisme de l'histoire science dont quelques abrutis ont décrété qu'elle pouvait et devait être enseignée comme la seule vérité (ce qui laisse la place à de grandes idéologies dans les manuels, pas du tout impartiales, mais aussi à une Histoire emmerdante et pas créatrice de référents communs) alors qu'il s'agira toujours d'une discipline pour une minorité, et le snobisme du "il ne faut pas couper les immigrés de leurs origines" (à un moment, on a même eu des dispenses de cours d'histoire pour les immigrés et leurs enfants, avec à la place des cours d'histoire de leurs pays d'origine! Mais plus globalement, à part ce moment extrême, il y a eu le refus de l'Histoire-mémoire de France, considérée comme "exculante", voire "raciste" par les pédagogistes).

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  • 1 mois après...
Invité Magus
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Invité Magus
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Sur l'épistémologie historique je conseille un blog (que tous les candidats au CAPES connaissent et ont parcouru la bave aux lèvres ^^) :

http://lethiboniste.blogspot.com

On y trouvera une bibliographie assez complète, des articles intégrants cette bibliographie, des thèmes abordés dans ce topic, notamment sur les liens entre histoire et mémoire. Ce blog est très riche et actualisé.

J'ai un rapport à l'histoire, pour ne pas seulement en lire mais aussi en faire dans le cadre de mes recherches universitaires, qui diffère de l'auteur du sujet à la réflexion tout de même très intéressante. Mes propres recherches m'invitent à l'humilité, et je ne peux pas laisser dire que les historiens sont des gens qui pensent détenir la vérité suprême sous le bras ^^ Je ne sais pas si j'ai besoin de l'expliquer, mais je ne pense pas que ce soit un sentiment répandu... A moins de voir les historiens comme des juges, ce qui serait se tromper sur la nature de la profession.

Je suis super ravi en revanche de lire une distinction entre histoire savante ou "scientifique" (j'aime pas ce qualificatif collé au nom histoire sans mettre des guillemets comme je l'ai expliqué ailleurs ^^) et l'histoire scolaire. Il est très juste de faire le distinguo : ce ne sont pas du tout les mêmes métiers. Je suis triste en revanche que le mot "pédagogue" soit péjorativement connoté sous certaines plumes. Et là où je ne suis pas d'accord, c'est sur une histoire scolaire qui devrait être nombriliste et figée sur des grands hommes et des grandes dates à la manière d'un panthéon, et de ce qu'a fait la IIIe République de l'enseignement de l'histoire-géo. La mémoire intègre l'émotion. Elle est partielle, elle peut oublier, et elle ne problématise pas. Elle ne doit pas, cependant, être exclue mais inféodée à l'histoire et à sa pratique. Ce que ne permet pas l'intrusion des impositions catégoriques du politique, même si les programmes scolaires sont le produit d'une réflexion où le politique est présent. Dans ce sens, je ne me sens pas investi, vis à vis des quelques élèves que j'ai encore à l'occasion, d'un devoir de mémoire, mais d'un devoir d'histoire.

Pour recoller au titre, à l'introduction du sujet, et au début de bibliographie proposé, j'ai lu ces quelques ouvrages qui font partie de ceux que l'on m'a sommé d'acheter en première année d'histoire sous peine de bonnet d'âne, qui m'ont suivi jusqu'aux concours et que je feuillette encore volontiers à l'occasion :

- Philippe Poirrier, Aborder l'histoire, Seuil, collection Mémo, Paris 2000. Un petit bouquin sympa, pas un pavé quoi ^^

- Antoine Prost, Douze leçons sur l'histoire, Seuil, Paris 1996. Je le cite un peu partout celui-là mais il est aussi intéressant et utile qu'abordable.

- Marie-Paule Caire-Jabinet, Introduction à l'historiographie, Fernand Nathan, Paris 1998. Alors là c'est juste à titre informatif, parce qu'il est d'un ennui profond celui-là lol

Après il existe plein d'histoires universelles en pavé de tomes à 1000 pages ^^ je ne m'en suis jamais tapé, alors je ne peux pas en conseiller. Moi, j'aborde l'histoire en fonction de mes goûts, de mes lacunes et de mes recherches. Il y a des périodes que j'aime moins : je ne suis pas un fan du XVIe et XVIIe européen par exemple... Mais je trouve souvent dans la biographie ou la monographie mon salut :blush:

J'ai beaucoup progressé dans ma réflexion quand j'ai franchi le pas en ne me contentant plus de lire mais en commençant à faire un travail d'historien guidé par mes maîtres.

Ainsi, il y a bien des manières d'aborder l'histoire dont un nouveau pan est par exemple l'histoire des mentalités qui me paraît de plus en plus à la mode. Pour ne prendre qu'un exemple de nouveau concept issu de cette discipline, passé récemment dans les manuels scolaires d'ailleurs et que j'ai trouvé super intéressant, je conseille la lecture de George L. Mösse, De la Grande Guerre au totalitarisme - La brutalisation des sociétés européennes, Oxford University Press, Oxford, 1990. A noter tout de même que le concept, qui propose une cause parmi d'autres, à la WW II est contesté par des historiens de Montpellier (si je ne dis pas de bêtises), mais aujourd'hui majoritairement admise et soutenue par exemple par le groupement d'historiens autour de l'historial de Péronne (dont je recommande la visite =) ).

Voila, bonne lecture ^^

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