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Le pett prince et ses traductions


Grenouille Verte

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Membre, Tu n'auras d'autre batracien devant ma face, 109ans Posté(e)
Grenouille Verte Membre 32 822 messages
109ans‚ Tu n'auras d'autre batracien devant ma face,
Posté(e)
C'est sûr, quand il s'agit de consignes d'utilisation du mixer, traduire c'est très simple, mais quand il s'agit d'une oeuvre de l'esprit, c'est beaucoup plus compliqué.

Je dirais plutôt le contraire :

  • Quand c'est une oeuvre de l'esprit, c'est simple.
  • Quand c'est une oeuvre littéraire (donc qui court-circuite l'esprit, le cerveau, pour parler aux sentiments, à la moelle épinière) c'est beaucoup plus dur.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)
Il n'empêche que dans un texte, il y a souvent une partie qui a du sens, facilement traduisible.

Ce sens existe forcément, puisque c'est quand même le message principal du texte. Si je veut dire que l'homme est allé sur la Lune, il y a un sens, qui a un rapport avec le réel.

C'est ce que tu crois. Les définitions des choses sont soumises autant à la grammaire d'une langue qu'à ses références culturelles.

Prenons l'expression du temps ou les différences de numération, de quantification (TitoVaudoo t'expliquera le "duel" :blush: ).

Certaines langues ont de vraies divergences qui perturbent fortement la traduction du sens. Et il ne s'agit pas de "sous-entendus" ou de choses peu claires.

Ce qui est très bien défini dans une langue ne l'est pas forcément dans une autre.

Même les phrases Sujet-Verbe-Complément peuvent déjà être soumises à choix du traducteur et nécessiter une transcription "bricolée" avec les capacités de la langue-cible pour atteindre le sens le plus proche.

Mais la grammaire et la syntaxe sont beaucoup plus complexes, même avec un souci de clarté.

Exemple ultra-célèbre :

"Time flies like an arrow".

Expression anglaise signifiant : " Le temps passe (trop) vite" pouvant être équivalente à "le temps file comme une flèche".

Mais le dilemme ici n'est même pas le sens figuré mais la simple choix syntaxique :

  • "Mesurez la vitesse des mouches comme vous mesureriez celle d'une flèche." (Mode impérative. Time = en tant que verbe = chronométrer, flies = fly (mouche) au pluriel) - i.e.
  • "Mesurez la vitesse des mouches comme le ferait une flèche."
  • "Mesurez la vitesse des mouches qui sont comme une flèches."
  • "Toutes les "mouches du temps" aiment collectivement une flèche."
  • "Chaque "mouche du temps" aime individuellement une flèche.
  • Il me semble même en avoir lu d'autres.

J'ai pu traduire assez maladroitement et laborieusement. De plus, on perd par ces lourdeurs toute la spécificité phonétique ou esthétique de cette phrase.

Le contexte pourrait aider à trouver quelle est la bonne version de cette phrase dans un texte.

Seulement aucune de ces traductions littérales n'indiquent le sens figuré de cette phrase qui n'est pas spécialement obscur. Et des sens figurés, il y en a partout dans le langage, ne serait qu'en créant un néologisme -même scientifique- en associant deux concepts.

La traduction joue autant avec le littéral que le figuré. Les deux sens s'influencent, encore plus dans la construction d'un texte développant une idée ou une théorie.

Ce sens est fondamental. Il est utilisé tout le temps pour passer des messages, pour passer de l'information. Typiquement, au travail, on en a toujours besoin pour donner ou recevoir des informations de ses collègues, de ses clients, de ses supérieurs.

Il existe des faisceaux facilement traduisibles : le langage basique. Mais il s'agit de sens globaux, de grandes catégories.

Pour la nuance, la finesse, il n'existe pas de certitudes. Pour les références, encore des ajustements à faire pour atteindre le sens fin d'une phrase traduite.

Ne serait-ce que le mot "amour"...

La difficulté de traduction ne porte pas là dessus, mais sur les ambiguités, sur les passages qui n'ont pas de sens, et sur les éventuels sens secondaires que l'auteur voulait donner.

Non non non.

La difficulté de traduction est déjà la maîtrise de deux grammaires et syntaxes différentes, de deux catégorisations du monde induites, de conceptualisations différentes.

Ensuite, vient tout le bagage culturel : l'histoire de la langue, son usage, les sens figurés.

Les langues ne sont plus analogiques depuis longtemps : elles véhiculent des idées, des perceptions, des émotions pour lesquels on n'a aucun étalon fiable et objectif.

Ce "second sens" n'est, à priori, utile que dans un cadre "artistique". Il est aussi parfois utilisé pour faire ce que nos ami d'outre-manche appelle le "bullshit" (ce la permet par exemple de faire passer un message faux sans rien dire de faux, les gens sont bêtes parfois...)

Le double-discours ?

Là, il s'agit de réthorique et de figures de style qui varient selon les langues et les possibilités. Là encore, pour un traducteur, cela nécessite des compétences et des choix.

Il ne s'agit pas encore de "choses obscures et individuelles" mais de différences culturelles et fondamentales dans la langue. L'humour, par exemple, est extrêmement dur à traduire.

==================

les déterminants tels que "la", "le", en anglais se traduisent "the"... on perd le féminin/masculin mais le "sens" qui consiste à indiquer l'existence de quelque chose, demeure.... non ?

Il s'agit de catégorisation différentes des choses.

Forcément, en anglais, les objets n'ont pas de genre. Ce qui implique une impossibilité de traduire certaines choses du français qui sont basées sur cette catégorisation "sexuée" des choses. Or, un objet est un objet pour nous aussi.

Le sens global, approximatif, général est là. Mais une traduction est bien plus qu'extraire des idées générales.

On parle ici d'oeuvre littéraire. Pas de notices ou de mode d'emploi. C'est sûr, quand il s'agit de consignes d'utilisation du mixer, traduire c'est très simple, mais quand il s'agit d'une oeuvre de l'esprit, c'est beaucoup plus compliqué.

C'est l'évidence même !

Mais même la littérature science est soumise à des erreurs et impossibilités de traduction.

C'est exactement ce que j'ai dit dans mon message précédent.

Dans le cas d'un sens clair, aucun problème de traduction. Ce qui pose problème n'est pas le sens principal, mais les sous-entendus, les passages flous, ambigus, etc...

Ce qui est clairement exprimé dans une langue ne l'est pas forcément dans une autre, ni dans la totalité.

Le sens est tributaire de son expression.

Si l'expression des maths est partagée par tous (mettons de côtés les bourdes de transcription km/miles) et dotée de termes se voulant objectifs (par vérification) et dénué de double-sens, il n'en est rien d'une langue.

Même des robots communiqueraient mal.

Je dirais plutôt le contraire :

  • Quand c'est une oeuvre de l'esprit, c'est simple.

Oui, bien sûr. Une idée est quantifiable, claire et objectivement exprimable. C'est même pour ça qu'il faut des bouquins et des bouquins. Que dire d'une traduction selon un système différents, limité sur certains points et plus riches sur d'autres ?

Avec des concepts ayant évolués différemment, aussi.

  • Quand c'est une oeuvre littéraire (donc qui court-circuite l'esprit, le cerveau, pour parler aux sentiments, à la moelle épinière) c'est beaucoup plus dur.

Par esprit, tu entends esprit scientifique ?

Tu vois que tu concèdes sans l'avouer l'expression des sentiments -déjà difficile dans sa propre langue. Or, on peut les traduire en grande catégorie (haine, amour, tendresse). C'est la finesse qui posera toujours problème.

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Membre+, , Posté(e)
TitoVaudoo Membre+ 5 355 messages
,
Posté(e)
C'est exactement ce que j'ai dit dans mon message précédent.

Dans le cas d'un sens clair, aucun problème d etraduction. Ce qui pose problème n'est pas le sens principal, mais les sous-entendus, les passages flous, ambigus, etc...

C'est là que tu fais fausse route. Ce que tu dis est vrai, mais ce dont tu ne te rends pas compte, c'est que tous les énoncés, absolument tous, portent du flou et de l'ambigu.

L'homme est allé sur la lune, dis-tu? Bon.

Tout d'abord je t'indique que les hommes ne sont pas des automates, ils ne s'expriment pas simplement. J'ai effectué une recherche google pour "homme lune 1969", tu pourras vérifier que tu obtiens les occurrences suivantes:

20 juillet 1969 : on a marché sur la Lune

Le 20 juillet 1969, Armstrong et Aldrin deviennent les premiers hommes à marcher sur la Lune

Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong devenait le premier homme à poser le pied sur la Lune.

,Les premiers pas de l'homme sur la Lune, 1969.

Il ya 40 ans, l'Homme posait le pied sur la Lune.

21 juillet 1969, premier pas de l'homme sur la Lune.

Le 21 juillet 1969 à 3h56, le commandant Neil Armstrong pose le premier pas sur la Lune.

Le 20 juillet 1969, l'homme a pour la première fois marché sur la lune

Ils sont tous en première page, sans cliquer de liens, tu peux vérifier.

Le contenu informatif à faire passer est "homme" "aller" "lune". Selon toi il est simple de le dire, si c'était le cas toutes les occurrences auraient été les mêmes. Or nous en trouvons plusieurs, voici des analyses possibles:

Dans la première on a utilisé le mot "on", l'auteur a impliqué l'humanité, voulant dire que ce n'était pas un exploit individuel, ni même national, mais humain.

Dans la seconde, il y a le verbe "marcher". Pourquoi ce verbe? Pourquoi pas fouler, et pourquoi faudrait-il un verbe même?

Dans la troisième, l'auteur a insisté sur le fait que c'était la première fois.

Dans l'avant dernière, le fait de dire l'heure exacte, 3H56, me fait ressentir un certain lyrisme dans l'énoncé, que tu ne sentiras peut-être pas. Comment le traduire? Le fait de citer l'heure aussi solennellement n'aura pas les mêmes répercussions en portugais ou en italien.

Tu comprends donc que même les énoncés scientifiques simples peuvent poser problème. Il y aura toujours une interprétation et donc une reformulation différente, la forme, le contenu ne sont jamais perçus de manière identiques. Car il n'y a pas de phrases simples, tu crois en un mythe.

Ensuite, tu parles du travail et des collègues etc. Tu veux parler en général de la communication entre les humains. Déjà cette communication est rarement traduite, on parle des problèmes de traduction, et la traduction n'est pas vraiment concernée par tes réunions au boulot. Mais même si elle l'était, j'anticipe, c'est pareil; "passe-moi le sel", "c'est à quelle heure déjà?" "t'aurais pas une clope stp?" peuvent être traduits de multiples façons. Pourtant elles ont un contenu informatif supposé simple.

En fait tu me rappelles les premiers grammairiens, qui ont analysé la langue à partir d'énoncés fictifs comme: "Pierre aime Marie" et "Le soleil tourne autour de la terre". Personne ne parle comme ça. La langue est plus complexe, si tout le monde s'exprimait aussi sommairement la traduction serait une affaire simple oui, mais ce n'est pas le cas.

Je vais te donner quelques exemples de difficultés de traduction dans des énoncés où il n'y a aucune ambiguïté:

La syntaxe. A mon avis tu ne parles que le Français et l'Anglais qui ont des structures relativement proches. L'Arabe est une langue à structure différente et un énoncé aussi simple que "il te manque déjà?" pose problème (je pourrai te proposer au moins cinq traductions possibles). Le Mandarin n'est même pas une langue alphabétique.

D'autres exemples: le subjonctif n'existe pas dans toutes les langues, or la langue française a cet atout de faire véhiculer une connotation de doute, de peur, de joie ou un autre sentiment rien que par le fait d'utiliser ce mode. Impossibilité donc de traduire à 100%. "Je crains qu'il ne soit pas là", si tu le traduis en Anglais, tu vas y perdre. Tu me diras que le contenu informatif est passé, ouaip. Mais tu as perdu en route.

L'inversion interrogative. "Est-ce que tu es venu" n'est pas similaire à "es-tu venu", ne t'en déplaise (d'ailleurs je serais intéressé de voir comment tu me traduirais l'expression "ne t'en déplaise").

Le lexique. A moins de parler de campylobacter, d'ADN, d'atomes ou de termes très rigoureux, tous les mots de chaque langue auront une myriade d'équivalents, ou aucun. Ce qui te donne finalement raison, mais pour 0,0001% des énoncés.

Même les noms propres peuvent poser problème: Camus n'a pas choisi a nom au pif pour nommer Meursault (mer + soleil), Sartre a consciemment nommé Roquentin, et je ne te parlerai pas du jeu de mots, mais je te laisse voir la difficulté de traduire le nom de Voldemort dans Harry Potter, vu que son nom aura une anagramme. Il y a un tableau que tu peux consulter sur la page wiki de Voldemort sur les différentes traductions dans les langues.

En résumé, tu dis que c'est facile quand il n'y a pas de:

  • Difficulté syntaxique.
  • Spécificités propres à la langue source.
  • Des sentiments.
  • De l'humour.
  • Un jeu de mots.
  • Des sous entendus.
  • De la poésie.
  • De la littérature.
  • Une eidesis.
  • Des expressions de style (métaphore, litote etc.)
  • Des proverbes.
  • Des références culturelles.
  • Un jargon.
  • Un sens figuré.
  • Des registres autres que le registre courant.
  • De l'argot.
  • Une apocope, une épenthèse ou toute autre altération morpho-phonétique.
  • Les problèmes de diachronisme et de synchronisme quand l'on traduit des langues archaïques ou régionales.
  • Un apport non verbal dans l'énoncé.
  • Un double sens.
  • Un style.
  • Des expressions idiomatiques.
  • Des néologismes ou des barbarismes. (bravitude)
  • Etc.

Oui tu as raison, quand il n'y a rien de tout ça, c'est très facile, et des textes ou il n'y a rien de tout ça, il y en a énormément, la presse, les communiqués, les discours quels qu'ils soient, la littérature, les meetings, les films, les chansons, les déclarations.

Oui c'est très facile de traduire les livres de cuisine, et encore, je sais pas s'ils ont un terme pour désigner la crème fraîche au Japon. :blush:

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