Nous sommes des moutons...

Pour le code de la route, je me dis que c'est une religion dont il faut être fanatique... obéïr textuellement, sans poser de question...

C'est une chose que je m'amuse à respecter. Et j'avoue apprécier mettre mon clignotant quand il n'y a personne (même dans le garage) etc... simplement pour jouer le rôle de quelqu'un qui se conforme de manière obscurantiste à un texte.

C'est un jeu en quelque sorte.

Pour la question que tu pose au tout début, ça me fait penser à plusieurs choses.

L'idée, si je ne me trompe, c'est comment devenir "adulte" avec un état "nounou".

• Je pense qu'une partie de réponse arrive quand on n'obéït plus aux règles parce qu'ils faut obéïr aux règles qui seraient absolues, mais quand on choisi de respecter des règles de société pour vivre avec les autres. C'est, je crois, devenir adulte quelque part. (pas d'accepter les règles ! attention ! Mais de les respecter par le choix qu'on fait de vivre avec les autres. C'est à dire, prendre la responsabilité de les respecter par notre propre choix, et pas parce que qui que ce soit nous les imposes.)

Je vois ça un peu comme de respecter des règles de conduite d'une société étrangère quand on fait du tourisme. Rien ne t'oblige à le faire, mais ça peut être intéressant de respecter ce mode de vie pour le découvrir. De "jouer le rôle" pour mieux sentir ce que ça fait d'appartenir à cette société.

Même si ça reste simplement un "rôle" et qu'on ne le saura jamais vraiment. (enfin, je m'avance un peu là... moi, je ne me sentirai jamais vraiment appartenir à une société. En plus, ça me déplairait.)

• Une autre idée à laquelle je pense, c'est que ce monde, et ces règles, on n'est pas obligé de les respecter.

C'est un peu issu de la pensée sataniste, mais il n'y a aucune règle qui n'existe. Il n'y a que des Humains qui interagissent avec d'autres Humains, chacun avec des pouvoirs plus ou moins important sur les autres.

Le "flic" n'est pas un "flic", c'est un humain, qui a une matraque (et un flingue), et qui a le pouvoir d'appeler d'autre types pour le soutenir (ses collègues), et d'autres types encore qui le défendent. (des juges qui t'emprisonneront si tu tape dessus) etc...

C'est pas parce qu'il est flic qu'il faut le respecter, c'est parce qu'il a ce pouvoir. Ne pas reconnaître le pouvoir de ceux qui en ont, c'est être con. Ne pas s'y plier quand on est dominé c'est aussi être très con.

ça fait partit de la philosophie sataniste : prendre conscience de notre pouvoir, et du pouvoir des autres, prendre conscience de nos besoins, oser regarder tout ça en face et le jauger, et agir en conséquence et utiliser nos pouvoir pour atteindre ce qu'on veux.

(Par exemple, finir en taule ne m'intéresse pas. Et je sais que certains ont ce pouvoir. Ils ne l'ont pas par "statut", ça n'existe pas, ni à cause de "règle"... ils l'ont, tout simplement)

C'est une philosophie intéressante, parce qu'elle te rapproche du monde réel. On se sent beaucoup plus vivre dans la réalité, et on comprend aussi plein de choses.

Mais c'est assez perturbant, la plupart des gens ne supportent pas de regarder en face leur propre pouvoir.

Ils préfèrent obéir aveuglément aux règles par peur de l'étendue de leurs propres possibilités. (C'est la liberté qui fait peur.)

C'est aussi parce que ça serait accepter l'idée que les autres autours de sois ont les mêmes pouvoir, ont la même liberté d'action. Qu'ils ne sont "tenu" par rien, en réalité. C'est vrai, mais on préfère l'ignorer. Et se dire qu'on abdique notre propre liberté nous fait nous imaginer que les autres font de même. (ce qui est totalement faux... mais on préfère vivre dans le mensonge)

C'est aussi exactement ça qui fait qu'on préfère les gens qui obéïssent aux règles idiotes de la société.

S'ils obéïssent aux règles idiotes, comme de s'habiller convenablement, comme de dire bonjour quand on les croise, de parler de la pluie et du beau temps dans l'ascenseur. (avec des phrases toutes faites, en demandant des nouvelles du petit dernier etc...) c'est qu'ils ne sont pas libre...

ce qui nous arrange et nous rassure. ça nous permet d'oublier qu'ils ont potentiellement le pouvoir de nous sauter à la gorge.

Sauf que c'est faux.

Je fais un pavé, mais si tu comprend ça, tu comprendra pourquoi on a besoin de voir les autres se comporter en mouton pour les fréquenter, et pourquoi on a besoin de se comporter comme des moutons pour approcher les autres.

Au moins jusqu'à ce qu'ils nous fassent assez confiance pour petit à petit montrer qu'on est plus libre.

(Et encore, même dans les couples, on s'impose tout un tas de règles idiotes à respecter pour nous rassurer.)

• Une troisième chose à laquelle je pense pour devenir adulte dans ces sociétés "nounou".

C'est que ces règles, c'est nous qui les faisons.

Peut être pas directement, par l'illusion du vote, ou du pouvoir des "réglementateur" bien organisé.

Mais ceux qui sont "visuellement" au pouvoir sont nos esclaves les plus complets. (Même dans les monarchies)

Même le pire des dictateurs doit passer la quasi totalité de son temps à se préoccuper de son peuple, lui offrir ce qu'il juge important (que ça soit lui faire plaisir ou lui faire peur... ça reste se préoccuper de son peuple et se conformer à chaque instant à lui, et non le contraire. Un dictateur qui l'oubli est très vite renversé.)

Croire que les dictateurs font ce qu'ils veulent est une erreur, il ne font qu'obéïr au peuple.

(Encore faut il accepter de regarder en face le côté noir de chaque humain, qui provoque parfois des choses qui semblent invraisemblable à ceux qui s'imaginent que tout le monde est un bizounours pur et courageux.)

Je ne sais plus qui a dit que les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent.

Si tout le monde considère qu'une règle, ou une "chose" est essentielle, cette règle deviendra la réalité des choses. Et tôt ou tard, un législateur l'écrira dans le papier.

Les écrivains, les artistes, les philosophes, les vulgarisateurs ont beaucoup plus de pouvoir que n'importe quel homme politique.

Dans le monde, c'est eux et uniquement eux qui ont le vrai pouvoir.

Même s'il ne l'appliquent pas directement, et que ça peut mettre parfois des siècles avant de se retrouver inscrit dans le marbre.

L'homme politique qui les inscrit n'est qu'un instrument.

C'est celui qui a créé l'âme du texte, ses idées et valeurs derrières, et celui qui l'a répandu dans la foule et fait que c'est devenu des idées et valeurs fortes qui détient le réel pouvoir. La politique ne fait que suivre le mouvement.

Ben moi je préfèrerais être un mouton qu'un chien qui doit toujours gueuler après les bergers parce qu'ils dorment.

C'est personnel, j'aime bien vivre en paix et sans trouille.