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  1. Nous avons donc une remise en forme 2.0 d'un combat d'arrière garde qui chéri la diversité pour mieux nous faire oublier l'égalité (économique dans un monde fini). Un conseil si je puis, avant de vous lancer dans une lecture pro féministe ou pro mgtow, demandez-vous toujours si cela se rapporte à la lutte des classes car jusqu'à la mort certaine du capitalisme, c'est la seule (lutte) qui "compte" vraiment. Tous les ouvrages de Marx sont de nos jours facilement trouvables sinon d'être accessibles ... Le Manifeste est un bon départ. Bonsoir
  2. Donc résumons-nous : Mais bon, même si le sujet est important il ne doit pas cacher la forêt ... Un peu de lecture sur la forêt Critique du livre de Walter Benn Michaels - « La diversité contre l'égalité » par Gille d'Elia. Comment nous avons appris à chérir l'identité pour ignorer l'égalité « Nous appelons à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales. » Lorsque, en 2004, les vétérans de la Résistance ont lancé leur fameux appel, ils insistaient sur cette idée simple : toutes les injustices se nourrissent d'une injustice première, l'inégalité économique ; le racisme, l'intolérance et les discriminations ne sont pas des causes mais des conséquences. Et l'une des manœuvres les plus subtiles du néolibéralisme est de promouvoir une multitude de causes diverses pour mieux défaire ce qui était le fondement de toutes les luttes sociales. C'est ce danger qu'analyse l'auteur américain Walter Benn Michaels dans son essai : « La diversité contre l'égalité. » Ce n'est pas parce que certains pensaient que les Noirs africains étaient « inférieurs » qu'ils furent réduits en esclavage, mais bien parce qu'il fallait trouver des esclaves pour servir de main d'œuvre à bon marché que l'on a ensuite essayé de justifier cette injustice sociale en théorisant sur les « races » et leurs hiérarchies. Ce n'est pas, comme Aimé Césaire y avait insisté dans son « Discours sur le colonialisme », parce qu'il fallait « civiliser » tel ou tel peuple que s'étendit la colonisation, c'est parce qu'il fallait l'exploiter. Inutile de multiplier les exemples ; rappeler tout cela revient à jongler avec des évidences. Pourtant, rien n'est parfois plus difficile à prouver que les évidences, et c'est pourquoi le livre de Walter Benn Michaels est avant tout un livre de logique. Déterminer la priorité entre la lutte contre les injustices sociales et la lutte contre, par exemple, le racisme ou les discriminations de toutes sortes n'est pas forcément un problème d'engagement ou de choix dicté par la sensibilité personnelle, mais peut s'avérer être d'abord, comme nous allons le voir, une affaire de probité intellectuelle. Michaels commence par constater que « la volonté d'en finir avec le racisme et le sexisme s'est révélée tout à fait compatible avec le libéralisme économique, alors que la volonté de réduire ( a fortiori de combler ) le fossé entre les riches et les pauvres ne l'est pas. » Il est donc tout à fait possible de lutter contre le racisme sans pour autant lutter contre les injustices sociales ; tandis qu'il est impossible de lutter contre les injustices sociales sans lutter, du même coup, contre le racisme. Cette prémisse devrait logiquement entraîner un mouvement des luttes vers leur fondement, et cette convergence devrait rendre toujours plus forte et plus ample la revendication à l'égalité économique. Pourtant, c'est exactement le contraire qui se produit : plus les luttes se multiplient et se sectorisent, plus elles deviennent concurrentes. Et si ces luttes s'accommodent fort bien du libéralisme, et même ont besoin du libéralisme pour prospérer en tant que revendications autonomes c'est que leur « conception de la justice sociale repose elle-même sur une conception néo-libérale (...) Exprimer ses regrets pour l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, manifester son respect pour les gens, pour leur culture, leur histoire, leur sexualité, leurs goûts vestimentaires, et ainsi de suite , tout cela revient bien moins cher que de leur verser un salaire décent. » Comment les luttes pour la diversité et les identités des dominés collaborent avec le néolibéralisme ? D'abord en proliférant dans son cadre idéologique, ensuite en se détachant de la revendication égalitaire, enfin en allant jusqu'à escamoter cette aspiration première. C'est parce qu'il n'en fut pas toujours ainsi, et que ces luttes, qui étaient à l'origine sociales, ont évoluées peu à peu dans la dénégation de leur fondement commun que Walter Benn Michaels rappelle qu'un militantcivique comme Bobby Seale, cofondateur du Black Panther Party, pouvait encore déclarer, à la fin des années 1960 : « Ceux qui espèrent obscurcir notre combat en insistant sur les différences ethniques aident au maintien de l'exploitation des masses, c'est-à-dire des Blancs pauvres, des Noirs pauvres, des Hispaniques, Indiens, Chinois et Japonais pauvres, bref, de l'ensemble des travailleurs. » Pour Seale, les choses étaient claires : « Nous ne combattrons pas l'exploitation capitaliste par un capitalisme noir. Nous combattrons le capitalisme par le socialisme. » Des adversaires politiques : voilà ce qu'étaient, pour Bobby Seale, les militants qui séparaient la lutte des Noirs de la lutte pour le socialisme ; adversaires politiques, ils l'étaient aussi pour Angela Davis, qui écrivait en 1975 que « la lutte de libération des Noirs doit s'insérer dans le mouvement révolutionnaire dont le socialisme constitue l'horizon » [1]. Pourtant, les militants de la cause noire qui ne se souciaient pas de socialisme auraient pu au moins apparaître à Bobby Seale ou à Angela Davis comme des alliés objectifs. Mais c'est encore par une raison logique qu'ils sont accusés d'« obscurcir le combat ». Si les discriminations sont d'abord le produit de l'injustice sociale, toute conquête contre les discriminations qui se fait aux dépens de la lutte contre l'inégalité économique est une conquête précaire et contre-productive : car en contribuant à accroître les inégalités, elle se soldera inévitablement par un nouveau racisme et un accroissement de l'intolérance. Admettons cependant que, dans un contexte social encore relativement calme, il puisse exister une forme de « racisme positif », qui se traduise par une revendication des identités : le caractère de ce racisme est qu'à défaut de s'appliquer à « l'autre », il se trouve désormais appliqué fièrement à soi- même. Il est pourtant hasardeux de croire en un racisme véritablement positif, et il y a de grands risques pour que cette valorisation systématique des différences ne finisse par reprendre, en période plus agitée, la forme brutale du racisme habituel. Pour Walter Benn Michaels, ce nouveau racisme, loin de n'être aujourd'hui qu'une menace, est précisément à l'oeuvre dans les différentes luttes pour la diversité, et se nourrit d'une dénégation de la question sociale : « on n'a délaissé la race comme entité biologique que pour la réinventer comme entité sociale ou culturelle. Et la notion même d'identité c'est-à-dire ce dont la diversité fait la diversité découle précisément de cette réinvention. Or, si les races n'existent pas et si, comme nous le montrerons par la suite, les cultures par lesquelles nous avons tenté de les remplacer n'existent pas vraiment non plus, pourquoi nous accrochons-nous avec tant de détermination à la conviction qu'elles existent ? Parce que nous préférons l'idée d'égalité culturelle à celle d'égalité économique. Et que nous préférons de beaucoup l'idée de « guerre des cultures » à celle de « luttes de classes ». C'est pourquoi nombre de militants politiques luttent aujourd'hui à contre-sens en sur-affirmant des identités qui non seulement seront, au premier véritable malaise social, le prétexte de discriminations accrues mais précipitent, de surcroît, ce futur malaise social en veillant à la dénégation de la lutte des classes. Pour comprendre leurs motivations, peut-être faut-il faire un détour par la psychologie. Et poser une question délicate : doit-on élaborer la théorie de son combat avec sa rancur de dominé, ou bien avec des moyens critiques plus appropriés ? Michaels, sans l'écrire explicitement, connaît la réalité de ce dilemme et l'évoque en s'appuyant sur un roman de Leslie Marmon Silko intitulé Almanac of the Dead. Dans ce récit, un communiste cubain finit par être exécuté par les Indiens d'Amérique à cause de son indifférence à leur histoire : « le Cubain passe son temps à leur expliquer qu'ils sont exploités et qu'ils devraient entrer en lutte contre le capitalisme ; les Indiens passent leur temps à lui expliquer que ce contre quoi ils veulent lutter, c'est le peuple blanc. Quand le marxiste se lance une fois de trop dans une diatribe sur les méfaits de la propriété privée, refusant de se taire pour les écouter lui parler de leur héritage (les massacres, les spoliations, l'assimilation forcée), ils le pendent pour « crimes contre leur histoire ». Ce qui définit le marxiste, ce sont ses convictions ; ce qui définit les Indiens, c'est leur identité. » On pourrait ajouter que ce qui définit le comportement du Cubain, c'est de placer une réflexion critique au cur de son action, tandis que ses bourreaux veulent d'abord lutter avec leur colère, et, plutôt que d'avancer vers leur émancipation, préfèrent la sacrifier pour prendre une revanche éphémère etlocale sur l'Histoire. Dans le N°8 du journal « L'Indigène », édité par le Mouvement des Indigènes de la République, un article raille un dessin publié par le journal de critique sociale « Le Plan B ». Sur ce dessin, qui aurait pu être une illustration de l'essai de Michaels, on pouvait voir une petite barque avec, d'un côté, deux prolétaires, un Noir et un Blanc, et de l'autre, deux bourgeois, également un Noir et un Blanc. Les deux bourgeois ordonnant de concert aux deux prolétaires : « Bon, les gars ! Trêve de blabla sur le racisme... faudrait peut-être penser à ramer un peu !! ». Le journal « L'Indigène », commentant ce dessin écrivait : « Il n'y aurait donc qu'un seul rapport de domination, celui opposant les bourgeois aux prolos. Ce que ne montre pas en effet ce dessin, c'est que si les deux bourgeois ont besoin de jeter à l'eau l'un des passagers, ils choisiront d'abord le prolo noir ». Il est très maladroit d'affirmer cela, puisqu'il est à peu près certain qu'obéissant à la logique économique qui fait leur fortune, nos deux bourgeois jetteront d'abord à l'eau celui des deux prolos qui est le moins rentable, sans trop se soucier de sa couleur. Dans la même nébuleuse, seul contre toutes les innombrables études qui constatent un creusement accéléré des inégalités au sein de toute la population, Sadri Khiari, l'un des fondateurs du Mouvement des Indigènes, écrivait récemment que « le développement de rapports d'égalité à l'intérieur de la communauté blanche a favorisé la cristallisation de rapports sociaux spécifiquement raciaux. » [2] Pourtant, ces conclusions, fussent-elles délirantes, ne sont pas forcément de mauvaise foi, mais naissent probablement d'une légitime colère qui paralyse le raisonnement de leurs auteurs. Il n'est guère nécessaire de commenter l'assertion surréaliste selon laquelle nous habiterions un monde dans lequel les Blancs entretiendraient des rapports d'égalité. Quant au dessin publié dans « Le Plan B », il était justement inséré dans un dossier consacré à replacer la question sociale au cur des actions militantes [3]. Cependant, un peu comme les Indiens d'Amérique du roman évoqué par Michaels, certains se cabrent contre ce discours et faute de pouvoir pendre le dessinateur du Plan B pour « crime contre l'histoire indigène », on guillotine au moins la rigueur intellectuelle qui devrait pourtant être à la base des stratégies de luttes. Ces exemples montrent bien quelle est l'alternative : soit le problème que les dominés ont à résoudre est un problème politique, auquel cas toute leur honnêteté intellectuelle est requise pour pouvoir penser ce problème politique avec lucidité et efficacité. Soit c'est un problème psychologique : il s'agit avant tout de prendre une revanche sur les dominants et tous les coups sont permis. Ce phénomène, loin de se limiter à des mouvements communautaires, irrigue une immense partie des théories qui se veulent progressistes. L'une des figures majeures du féminisme, la sociologue Christine Delphy, a récemment publié un livre, « Classer, dominer » [4], dans lequel elle écrit : « Trente ans après la renaissance du mouvement féministe dans le monde entier, alors qu'il existait déjà dans toutes les langues ou presque, une somme impressionnante d'ouvrages et d'articles féministes analysant l'oppression des femmes, Pierre Bourdieu, dans La domination masculine, prétendait que les femmes étaient si aliénées, justement par leur situation de dominées, qu'elles ne pouvaient pas la penser. Lui en revanche pouvait la penser. Pourquoi ? Parce qu'il était, ou se voyait comme, impartial, neutre en somme. Pas partie prenante de l'oppression des femmes, qu'il appelait pourtant « domination masculine ». N'aurait-il pas dû comprendre que faisant partie du groupe des hommes, il ne pouvait être impartial ? » Cette argumentation, très convaincante à première vue, souffre pourtant de quelques défauts : d'abord, elle trahit le texte évoqué [5], et elle ignore les bases mêmes de la recherche scientifique en sociologie, ce qui, émanant d'une directrice de recherche émérite au CNRS, est pour le moins embarrassant. En effet, ce que Pierre Bourdieu n'a cessé de dire, et c'est la base de son travail de sociologue, c'est qu'il est possible à toute personne de penser son aliénation à condition de l'objectiver, pour travailler en ayant conscience de cette double représentation : la subjective et l'objective. Il s'agit donc d'abord de prendre conscience de la position que l'on occupe dans l'espace social (et qui peut êtreune représentation de dominant ou de dominé), et de garder à l'esprit cette représentation pour s'en distancier et la penser objectivement. C'est d'une dialectique entre ces deux représentations que peut se former une analyse scientifique qui, sans nier la condition aliénée de celui qui la pense, lui accorde aussi la possibilité d'une compréhension objective de ce qui fait son aliénation. Dans cette double perspective, l'agent socialement déterminé a une chance de devenir un sujet libre de forger des représentations qui l'émancipent à la fois du point de vue que son dominant a sur lui et du propre point de vue qu'il a sur lui-même en tant que dominé. [6] C'est dans cette optique que Pierre Bourdieu a pu écrire que « le meilleur des mouvements politiques est voué à faire de la mauvaise science et, à terme, de la mauvaise politique, s'il ne parvient pas à convertir ses dispositions subversives en inspiration critique et d'abord de lui- même. » [7] On voit bien, dès lors, pourquoi l'attaque de Christine Delphy est de mauvaise foi. Là où Pierre Bourdieu disait que les femmes ne pouvaient penser leur domination uniquement depuis leur point de vue subjectif de dominées et qu'elles devaient y ajouter une représentation objective, Delphy feint de comprendre que Bourdieu aurait dénié aux femmes la possibilité même de penser leur aliénation. Mais ces propos de Christine Delphy méritent d'être relevés car ils sont symptomatiques d'un vice méthodologique qui consiste à amalgamer la théorie de l'auto- émancipation avec la ghettoïsation du travail critique [8]. Ce problème, qui se pose à tout savant, se pose également à tout militant de toute cause : lutter contre la domination qu'il subit en élaborant des outils critiques adéquats et rationnels, ou bien perpétuer cette domination malgré lui en construisant un pastiche de théorie dont le fondement revanchard déprave toutes les conclusions. Il nous semble que la réponse par la diversité sociale au problème de l'égalité sociale procède justement de cette méthode de réflexion dégradée. Ainsi, si la même Christine Delphy a raison de rappeler que « les violences masculines dans le cadre du mariage, ou du concubinage, ou de folles passions, sont la première cause de mortalité des femmes entre 18 et 44 ans avant le cancer et les accidents de la route au plan mondial » [9], elle a tort d'éluder cette donnée justement rapportée par Walter Benn Michaels dans son ouvrage : les femmes appartenant aux ménages à plus faibles revenus sont statistiquement sept fois plus souvent victimes de violences conjugales que les femmes des ménages à plus hauts revenus. « Dès lors, l'insistance à présenter la violence conjugale comme un phénomène touchant toutes les classes sociales sans distinction ne fait que masquer la réalité, qui est que la grande majorité des victimes sont pauvres et que la violence conjugale est avant tout un crime de pauvreté. » Et, ajoute Michaels, « en déconnectant la question de violence conjugale de celle des classes sociales, nous perdons de vue que le problème a partie liée avec l'inégalité économique. Et que dans une société qui aurait réduit la pauvreté, la violence conjugale diminuerait elle aussi. Résultat : nous faisons d'un problème dans lequel le statut économique des personnes joue un rôle prépondérant une question exclusive de relation entre les sexes. » Enfin, dernier détail qui a son importance : le choix de l'attaque. Il n'est sans doute pas innocent que ce soit justement Pierre Bourdieu que Christine Delphy choisisse de calomnier, et qu'elle soit prête pour cela à sacrifier l'intégrité intellectuelle qu'exige son statut de savante appointée par l'État. Car Pierre Bourdieu, qui voyait dans un grand mouvement social européen le moyen de lutter notamment contre les discriminations racistes ou sexistes est la victime toute désignée de ces pleutres attaques, et il ne faudra guère s'étonner si, dans un avenir proche, le tir ouvert à l'extrême- gauche contre Bourdieu par Christine Delphy devenait un exercice obligé pour la plupart des discours qui visent à remplacer la lutte des classes par la lutte des « races ». Et l'on ne s'étonnera pas plus qu'avec un sésame idéologique aussi efficace que cette lutte des « races », le néolibéralisme puisse compter sur des armées de militants pseudo-progressistes pour y modéliser toutes leurs revendications, au point de faire éclater la lutte des classes jusqu'à la dissoudre. C'est qu'accomplir le tour de force de conserver la singularité de chaque lutte tout en la faisant converger dans un combat contre les inégalités suppose un projet politique fort. Tellement fort et radical qu'ilnécessiterait peut-être une intégration de toutes les revendications et une assimilation de tous à un seul projet de société. « Assimilation », « intégration » : les mots qui fâchent sont lâchés. L'auteur de ces lignes, ne souhaitait pas, en bon libertaire, que ses enfants soient scolarisés, afin de leur donner une éducation libre. Or Ségolène Royal avait annoncée, si elle était élue, qu'il serait impossible d'éduquer nos enfants à la maison, et que leur présence dans les établissements scolaires deviendrait obligatoire. Le même auteur de ces lignes, qui vit assez humblement des revenus de travaux de secrétariat, devait auparavant passer par une société de portage salarial qui lui permettait de facturer ses prestations à ses clients, laquelle société lui prélevait, pour ce service, la moitié de ses revenus. Mais depuis que le gouvernement de droite a voté la loi sur le statut d'auto- entrepreneur, les fins de mois sont moins difficiles. Il n'ignore pas que ce statut d'auto-entrepreneur est l'une des tactiques par lesquelles on détruit le code du travail, que cette loi ne fera, finalement, que précariser la classe populaire à laquelle il appartient, et il condamne cette initiative. Mais, en attendant, il en profite. Ce n'est pourtant guère avec ces quelques revenus supplémentaires qu'il aurait pu s'occuper lui-même de créer "l'école à la maison" dont il avait rêvé pour ses enfants. Alors il a cherché une école alternative. Et là, heureusement que la droite avait assouplie la carte scolaire, car cette école se trouvait loin de chez lui. Ce qui ne l'empêche pas, en bon gauchiste, de déplorer l'assouplissement de la carte scolaire, et plus généralement, de redouter que Nicolas Sarkozy soit réélu en 2012. Ces dilemmes lui ont en tout cas permis de former peu à peu une hypothèse sur ce que signifiait vraiment l'élection de Nicolas Sarkozy. Comme beaucoup, il avait d'abord pensé que cette élection relevait de quelque vieux réflexe "pétainiste" ; et tous les discours de gauche ne faisaient que conforter ce sentiment, tellement évident qu'il avait permis à un réfléchisseur douteux comme Alain Badiou d'en faire un best-seller. Mais cette interprétation, pour séduisante qu'elle fut, s'avérait finalement bien faite pour à la fois rassurer la « droite de droite » et tromper la « gauche de gauche ». Car ce dont Sarkozy est vraiment le nom, c'est de la stérilisation de tout projet commun de société. Et sans projet commun, pas de combat possible contre les inégalités économiques. C'est qu'un projet commun ne va pas sans quelques sacrifices, qui sont justement le prix à payer pour une société plus juste. Mais quel intérêt avons-nous à faire ces sacrifices s'ils ne sont plus motivés par la perspective d'une société plus juste ? Aucun. Nicolas Sarkozy est bien plus le soldeur de la république qu'une graine de dictateur ; c'est l'homme qui a dit en substance aux français : comparez ce que vous coûte l'idéal républicain, et ce qu'il vous rapporte. Qu'avez-vous à faire d'un idéal qui vous demande de sacrifier à sa lubie égalitaire et fraternelle vos libertés de croyances, de religions, vos cultures, vos murs, vos identités ? Ne voyez- vous pas que ce projet de République a échoué ? Dès lors, pourquoi devrions-nous faire tant de concessions à un projet avorté ? Ne gardons de la République que le folklore (et c'est là que la création d'un « Ministère de l'identité nationale » prend tout son sens) et que chacun fasse ce que bon lui semble sans s'encombrer de ces vieilles chimères, en échange de quoi l'idéal républicain ne viendra plus vous demander des comptes. Dans un discours prononcé en décembre dernier [10], Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République déclarait : « Nous allons construire un parti pour résister à l'intégration par l'oubli, un parti pour maintenir vivantes nos cultures et nos croyances, ce sera ça ou notre disparition morale et collective, ce sera ça ou la perte de nos histoires et de nos identités (...) Notre parti refusera toutes ces injonctions contradictoires par lesquelles on nous piège. Nous refuserons d'avoir à choisir entre cette vie moderne et nos cultures, entre cette vie moderne et la foi. » Nicolas Sarkozy est l'homme qui lui répond : D'accord ! Tout le monde y gagne, et c'est bon pour les affaires. C'est cette alliance sourde et ambigüe que Walter Benn Michaels a parfaitement saisie : « En fait, à mesure que la question de l'identité nationale affermit son emprise sur la vie intellectuelle française qu'on la promeuve (le président de la République) ou qu'on la combatte (les Indigènes de la République) , on s'aperçoit que sa fonction principale consiste à faciliter, en le masquant, l'accroissement des inégalités qui caractérise le néolibéralisme à travers lemonde », avant d'ajouter : « Dès lors, les Indigènes ont besoin de leurs Finkielkrauts et les Finkielkrauts de leurs Indigènes, et le néolibéralisme a besoin des deux à la fois pour qu'en France, comme aux Etats-Unis, les riches puissent continuer à s'enrichir et les pauvres à s'appauvrir. » Le sarkozysme n'est donc certainement pas un « pétainisme transcendantal » mais bien plutôt un renoncement à un projet politique commun, renoncement qui, dans un sens, arrange aujourd'hui tout le monde. C'est sans doute pourquoi sa victoire la plus originale est d'avoir contribué à forger une extrême-gauche néolibérale. En voici l'une des manifestations : une publication assez connue sur Internet, « Les mots sont importants », et plutôt classée très à gauche, publiait, il y a un an, un article de Nellie Dupont et Sylvie Tissot [11] dans lequel on pouvait lire : « Ah, qu'est-ce qu'on est bien en France quand on est une femme ! Ressentir le plaisir divin de nager dans le bonheur de la communauté d'intérêts, de plaisirs et de goûts d'une foule de citoyens et citoyennes, consciente et soucieuse qu'à chaque brasse, on nage dans la plénitude de l'égalité et de la fraternité républicaines (...) Quels que soient votre âge, votre condition, votre orientation sexuelle, la complexité du rapport à votre corps et bien sûr vos croyances ou valeurs, si vous voulez nager en France, à Sarcelles, Garges, Verpillière ou Mons-en-Baroeul : il va falloir vous jeter dans le bain républicain ou rester dans votre baignoire. Car, de gré ou de force vous serez toutes traitées à égalité avec les mecs, ce qui veut dire avec les mecs. Et soyez-en assurées : ils surveillent. Vous n'êtes pas séduites par ces manières de faire ? Alors faites un tour à Londres et plus précisément à Hampstead Heath, un parc immense avec plusieurs lacs où vous serez loin des polémiques et des mâles défenseurs de vos libertés. Il y a là un lac pour les hommes, un pour les femmes, un autre mixte et un autre pour les chiens, et enfin un pour les grands et moins grands qui veulent jouer avec leur bateau à moteur modèle réduit. » Ce n'est évidemment pas un hasard si cette nouvelle gauche intransigeante est allée chercher le bonheur au paradis européen du libéralisme économique : en Angleterre. Nellie Dupont et Sylvie Tissot ne sont sans doute pas naïves au point d'ignorer qu'il y a un lien fondamental entre l'idéologie libérale du « chacun pour soi » et le fait d'ouvrir des piscines avec « chacun son bassin », que tout se tient et que ce qu'elles présentent ici comme un progrès social particulier n'est en réalité qu'un des effets secondaires d'une régression sociale généralisée. La piscine municipale : le nouveau lieu où convergent désormais toutes les grandes questions politiques françaises. Le même site, « Les mots sont importants », a publié quantité d'articles prenant fait et cause pour le droit au port du voile islamique, au point que certains sites gauchistes relativement connus, ont fini par « craquer » et publier des réponses, comme celle récemment signée par C S P et virilement intitulée « Contre le voile. Parce que ça suffit, les conneries » [12] qui a été reprise par des dizaines de sites [13]. Commentant ce genre de débats, Walter Benn Michaels note l'immense atout qu'ils représentent pour le néolibéralisme, puisqu'ils sont une formidable diversion pour faire oublier les questions sociales : « chaque camp a pu s'en donner à cur joie, l'un accusant l'autre de racisme pendant que le second instruisait contre le premier un procès en sexisme « Vous n'êtes contre le port du voile que parce que vous méprisez les droits des musulmans ! » « Vous n'y êtes favorables que parce que vous méprisez les droits des femmes musulmanes ! » Tout comme la polémique autour de la discrimination positive aux Etats-Unis, ce débat était l'archétype de la tempête dans un verre d'eau libéral : il ne sortait à aucun moment de la question de l'identité. » Michaels en conclut que la droite, plutôt que d'être ingrate, devrait au contraire remercier cette gauche qui préfère combattre pour le respect des différences plutôt que pour l'égalité économique, puisque le capitalisme a tout à gagner dans la guerre des cultures et tout à perdre dans la lutte des classes, et finalement « tant que les affrontements concernent l'identité plutôt que la richesse, peu importe à la droite qui les gagne. » Jusqu'à une époque récente, la lutte contre le racisme et les discriminations était fondée sur un dépassement des identités : la logique antiraciste consistait à soutenir que l'important n'était pas d'être noir ou blanc, homme ou femme, etc., mais était justement de ne pas accorder une importance déterminante à ces hasards culturels ou biologiques. Dans un magnifique texte intitulé « La fierté » [14], l'écrivain Jo Ann von Haff s'interroge : « Je me dis que je n'ai pas de raison d'être fière d'être celle qui est sur la carte d'identité. Métisse, africaine, européenne, grande... Dois-je être fière d'être une femme, alors que j'avais cinquante pour cent de chances d'être un homme ? Dois-je être fière de la couleur de ma peau alors que la génétique ne m'a pas demandé mon avis (et puisque je suis métisse, on aurait eu des milliers de résultats) ? Dois-je être fière d'une nationalité que je n'ai pas choisie (je suis née là où ma mère se trouvait) ? (...) Oui, la couleur de notre peau est la première chose que l'autre remarque en nous. Mais elle ne fait pas de nous ce que nous sommes réellement. » Contrairement à la fierté, qui est fondée sur un sentiment de différenciation, voire de domination si elle confine à l'orgueil, la dignité est une qualité liée à l'essence humaine de laquelle chacun peut indifféremment se réclamer. Tant que cette logique est vigoureuse, le mot « identitaires » est un terme quasiment péjoratif pour qualifier les idéologues de l'extrême-droite, toujours « fiers » (d'être français, Blancs, occidentaux, etc.) Mais dans un contexte politico-économique marqué par une régression globale de toutes les conquêtes sociales, il devient de plus en plus difficile à chacun de faire valoir sa dignité, qui finit par céder la place à la fierté, laquelle se revendique au nom de la différence. Ce ne sont certes pas les différences qui font défaut, qu'elles soient collectives (toutes les identités patriotiques, ethniques, religieuses, linguistiques ou culturelles) ou bien individuelles (que l'on soit homme, femme, blanc, noir, homosexuel ou hétérosexuel...) et comme la fierté s'accommode fort bien de reposer indifféremment sur une identité de dominant ou de dominé, les dominés ont fini par affirmer que leur identité était une arme de résistance contre leurs dominants. Par exemple, Houria Bouteldja, pourtant sincèrement engagée dans la lutte contre le racisme, répondait récemment à une interview en ces termes : Algérienne, africaine, musulmane, arabe, berbère d'Algérie, maghrébine, arabo-berbère... En fait, toutes ces identités sont ici associées, mélangées, probablement dans le but de produire une identité « romantique », dont la logique se fonde sur un seul critère : non-Blanc. Mais quelle est la réalité objective de cette identité ? N'est-elle pas surtout destinée à minimiser une véritable appartenance sociale : fille ou fils d'ouvrier, par exemple c'est-à-dire : prolétaire ? Ce montage radiophonique se termine par cette déclaration : « la revendication identitaire quand on est dans une situation de dominé, elle est salutaire ». Pourtant, quelques minutes après ce florilège de fierté identitaire, Houria Bouteldja finit par faire volte-face : Si l'on en croit cette confidence selon laquelle « toutes ces questions d'identité sont des questions d'ados », on voit subitement s'effriter la cohérence du discours tenu précédemment, et il devient difficile d'accorder du crédit à des déclarations auxquelles ne semblent déjà plus croire ceux-là même qui les énoncent. Mais alors, pourquoi s'obstinent-ils à tenir un discours qui les amène finalement à dire une chose et tout aussi bien son contraire dans le quart d'heure qui suit ? Un article publié en 2005 par Pierre Vidal-Naquet et Gilbert Meynier [15] corrobore sur ce point la thèse de Walter Benn Michaels. Nous écrivions plus haut qu'il était délicat d'élaborer une théorie avec sa colère de dominé plutôt qu'avec ses facultés critiques. Vidal-Naquet et Meynier observent que depuis un quart de siècle, dans les pays riches, les discriminés « voient se dérober les moyens de la connaissance et de l'analyse critique de leur situation. Ils souffrent, mais dans le désenchantement et la vacuité du politique. (...) La solution politique ne pourrait, évidemment, être que globale », contrairement aux revendications portées par ceux « qui se font les hérauts des jeunes, discriminés, angoissés et désemparés », mais qui, « ne possédant pas les armes d'une critique adéquate aux vraies raisons qui les font saigner, se réfugient dans une régression qu'ils croient identitaire. » Dans son essai « Du trop de réalité », Annie Le Brun s'inquiétait de toutes les réactions provoquées sous prétexte de redonner à des groupes opprimés leur identité bafouée : « Il serait difficile d'expliquer autrement la haine avec laquelle les tenants antillais de l'identité créole s'en sont récemment pris à la poésie d'Aimé Césaire. Ceux-ci ne lui ont-ils pas fait le grief que le Cahier d'un retour au pays natal pouvait « être le texte de revendication de n'importe quel peuple qui souffre », pour la consternante raison que « si les Québécois l'ont adopté dans les années soixante, c'est qu'il n'était pas profondément marqué par les Antilles. Il a d'ailleurs été traduit en arabe et a rencontré un grand succès auprès des Palestiniens » (Raphaël Confiant) ... En réalité, c'est sa force poétique qu'on lui reproche, bien sûr en ce qu'elle le rend irréductible à la norme identitaire aujourd'hui reconnue et promue de toutes parts. » « C'est cela le plus dangereux, pour ceux de toutes les couleurs qui endossent chaque matin, leur peau, leur uniforme, leur fauteuil... comme une identité de parade. Et tous ceux-là auront beau se regrouper en horde, en rang, en troupeau, ils ne pourront pas faire grand chose. » Annie Le Brun, « Pour Aimé Césaire ». Mais cet avertissement ne se limitait pas uniquement aux groupes ethniques. Exactement le même mécanisme était à l'uvre, par exemple, dans les luttes néo-féministes, comme Annie Le Brun l'avait expliqué lors d'une belle intervention télévisée que nous vous invitons à écouter [16]. Cette similitude confirme l'analyse de Walter Benn Michaels lorsqu'il écrit que « la race s'est révélée être la « drogue d'entrée » conduisant à tous les types d'identités : culturelle, religieuse, sexuelle et même médicale (...) Mais les classes sociales n'ont rien à voir avec les races et les cultures, et les traiter comme des races ou des cultures différentes, mais équivalentes fait partie des stratégies grâce auxquelles nous gérons l'inégalité plutôt que de chercher à la réduire ou à l'éliminer. « Blanc » ne vaut pas mieux que « Noir » ; mais « riche » vaut incontestablement mieux que « pauvre ». Les vétérans de la Résistance nous appelaient à définir « un nouveau programme de résistance pour notre siècle ». Pour commencer à définir ce programme, nous ne devons pas nous laisser intimider par les discours identitaires, peu importe qu'ils émanent de dominants ou de dominés. Nous ne devons pas plus accepter de voir la logique renversée au point de renier les causes économiques des discriminations. Nous devons enfin réaliser un inventaire des fausses questions qui empêchent de formuler dans les bons termes la question de la justice sociale, et par leur pouvoir de diversion, travaillent à étouffer le problème de l'inégalité économique. Le petit livre de Walter Benn Michaels est un précieux viatique. Gilles D'Elia Notes [1] Angela Davis, Autobiographie, Albin Michel, Paris, 1975, p. 142. [2] Sadri Khiari, La contre-révolution coloniale en France, Éditions La Fabrique, Paris, 2009. [3] L'un des articles de ce dossier du Plan B est justement intitulé La question sociale ensevelie sous le bla-bla. [4] Christine Delphy, Classer, dominer, Éditions La Fabrique, Paris, 2008. [5] Elle trahit le texte puisque Pierre Bourdieu écrit dans « La domination masculine » : « Le changement majeur est sans doute que la domination masculine ne s'impose plus avec l'évidence de ce qui va de soi. En raison notamment de l'immense travail critique du mouvement féministe qui, au moins dans certaines régions de l'espace social, a réussi à rompre le cercle du renforcement généralisé, elle apparaît désormais, en beaucoup d'occasions, comme quelque chose qu'il fautdéfendre ou justifier, quelque chose dont il faut se défendre ou se justifier. » Ce paragraphe se trouve à la page 122 de l'édition Points/Seuil. [6] Il serait trop long d'entrer ici dans les détails de cette conception fondatrice du travail de Pierre Bourdieu et, plus généralement, de la science sociale contemporaine. Ceux qui sont intéressés par cette question liront avec intérêt sa Leçon sur la leçon ; dans ce véritable précis éthique des sciences sociales, Pierre Bourdieu écrit : « une des propriétés les plus fondamentales de la sociologie telle que je la conçois : toutes les propositions que cette science énonce peuvent et doivent s'appliquer au sujet qui fait la science. C'est lorsqu'il ne sait pas introduire cette distance objectivante, donc critique, que le sociologue donne raison à ceux qui voient en lui une sorte d'inquisiteur terroriste, disponible pour toutes les actions de police symbolique. On n'entre pas en sociologie sans déchirer les adhérences et les adhésions par lesquelles on tient d'ordinaire à des groupes, sans abjurer les croyances qui sont constitutives de l'appartenance et renier tout lien d'affiliation et de filiation. ». [7] Pierre Bourdieu, La domination masculine, p. 154. [8] Sur cette malhonnêteté scientifique qui consiste à amalgamer la théorie de l'auto-émancipation avec la ghettoïsation du travail critique, Pierre Bourdieu écrit : « Revendiquer le monopole d'un objet, quel qu'il soit (fût-ce par un simple usage du nous qui a cours dans certains écrits féministes), au nom du privilège cognitif qu'est censé assurer le seul fait d'être à la fois sujet et objet et, plus précisément, d'avoir éprouvé en première personne la forme singulière de l'humaine condition qu'il s'agit d'analyser scientifiquement, c'est importer dans le champ scientifique la défense politique des particularismes qui autorise le soupçon a priori, et mettre en question l'universalisme qui, à travers notamment le droit d'accès de tous à tous les objets, est un des fondements de la République des sciences. » « La domination masculine », p. 155. [9] Cf. Christine Delphy, intervention pour les 50 ans du Monde diplomatique : vidéo en ligne. [10] Houria Bouteldja, Discours au Cabaret sauvage, 10 décembre 2008. [11] Nellie Dupont et Sylvie Tissot, Women only : men not allowed beyond this point, Ou comment nager dans le bonheur (non mixte), Août 2008. [12] Cf. C S P, Contre le voile. Parce que ça suffit, les conneries, 29 juillet 2009. [13] Comme en témoigne cette simple requête sur Google. [14] Jo Ann von Haff, Luca Ferrari / La fierté, La revue des ressources, 2008. [15] Pierre Vidal-Naquet et Gilbert Meynier, Coloniser, Exterminer : de vérités bonnes à dire à l'art de la simplification idéologique, Esprit, décembre 2005. [16] Annie Le Brun, le 10 février 1978 dans l'émission de Bernard Pivot « Apostrophes » (archives personnelles).
  3. Osons un petit parallèle ... http://lesakerfrancophone.fr/inversion-ou-la-necessite-de-relire-1984-le-prince-et-lart-de-la-guerre et ... et pour finir ce joli dimanche d'hiver, merci de visionner cette vidéo l'estomac vide ... La même mais à Sciences-Po (pour les questions du public à partir 1H56) ...
  4. Il est vrai que pour produire du vent il n'est plus nécessaire de manger un bon cassoulet. Une simple inscription sur forumfr et le moulin s'emballe. 7200 messages et ce n'est plus le canard, les haricots et la saucisse mais le forumeur que l'on voit confit. Quand on confond encore communisme et capitalisme d'état cela en dit long sur son niveau d'aliénation ...
  5. Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux maux so- ciaux dans le but d’assurer l’existence de la société bourgeoise. Dans cette catégorie se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les améliorateurs du sort de la classe ouvrière, les organisa- teurs de la bienfaisance, les protecteurs des animaux, les fondateurs des sociétés de tempérance, les réformateurs en chambre de tout acabit. Et l’on est allé jusqu’à élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes com- plets. Citons, comme exemple, la Philosophie de la Misère de Proudhon. Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les dangers et les luttes qui en dérivent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais avec élimination des éléments qui la ré- volutionnent et la dissolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. La bourgeoisie, comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes possibles. Le socialisme bourgeois élabore cette représentation consolante en système ou en demi-système. Lorsqu’il somme le prolétariat de réaliser ces systèmes et de faire son entrée dans la nouvelle Jérusalem, il ne fait pas autre chose au fond que de l’engager à s’en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de sa conception haineuse de cette société. Une autre forme de ce socialisme, moins systématique, mais plus pra- tique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolution- naire, en leur démontrant que ce n’était pas tel ou tel changement po- litique, mais seulement une transformation des rapports de la vie maté- rielle et des conditions économiques qui pouvaient leur profiter. Notez que par transformation des rapports matériels de la société, ce socialisme n’entend pas parler de l’abolition des rapports de production bourgeois, mais uniquement de réformes administratives s’accomplissant sur la base même de la production bourgeoise (Bonjour le R.I.C.); qui, par conséquent, n’affectent pas les relations du capital et du salariat, et qui, dans les meilleurs cas, ne font que diminuer les frais et simplifier le travail administratif du gouverne- ment bourgeois. Le socialisme bourgeois n’atteint son expression adéquate que lors- qu’il devient une simple figure de rhétorique. Libre échange ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; droits protecteurs ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; prisons cellulaires ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; voilà son dernier mot, le seul mot dit sérieusement par le socialisme bourgeois. Car le socialisme bourgeois tient tout entier dans cette phrase : les bourgeois sont des bourgeois dans l’intérêt de la classe ouvrière. Manifeste du Parti Communiste Chapitre III
  6. Il y a dans ton discours un très gros problème. Le fait de placer "les hommes" sur un même pied d'égalité. Tu nies un fait historique qui n'a pas été inventé par Marx et que même les néo-libéro reconnaissent : La Lutte des Classes. Marx nous explique que La lutte de classes est le moteur de l'histoire c-a-d que ces contradictions entre les classes vont produire des transformations. Nous sommes aujourd'hui à un tel niveau de recul théorique (tu n'en as pas le monopole je te rassure), une telle contre-révolution que l'on en arrive à renier et l’existence des classes sociales (qui existaient déjà chez Platon ...) et la lutte de ces classes entre elles. Au passage, Marx n'a pas produit une théorie dans son ouvrage mais une critique soit une étude de faits qui jusqu'à aujourd'hui n'a jamais été invalidé. Mettre le patron de total, de lvmh etc. sur le même pied d'égalité qu'un enfant indien de 5ans obligé de fabriquer des briques ou une paires de nike pour se nourrir est monstrueusement stupide et c'est également nier une réalité qui visiblement te dépasse. Tu pourras aller lui expliquer a cet enfant que "nous avons besoin de nous sentir tous à une place, à avoir un abri à soi, un territoire physique tel qu'un bout de terrain ou un espace plus ou moins vert s'il n'y a rien d'autre, un espace intérieur défini par notre besoin de contacts physiques, à être non pas isolé mais entier dans un groupe etc etc. le culturel est accessible à tous... " Répéter sans cesse tes convictions n'en fait pas une vérité. Si cela te rassure sur la conduite que tu as tenu toute ta vie, grand bien te fasse mais tu te trompes complètement sur la nature des hommes. (et entre nous nous je n'ai jamais vu un poule en exploiter une autre pour ce nourrir ou s'auto-proclamer reine du poulailler) Je ne sais pas s'il n'est pas un peu tard pour toi d'essayer de faire grandir ta pensée en te juchant sur les épaules des grands hommes (je pense notamment à Rousseau) afin d'y voir un peu plus loin que la triste réalité dans laquelle tu as l'air de te complaire. S'il n'y avait pas eu ces grands hommes qui ont fait bouger les choses, tu ne profiterais peut-être pas d'une retraite bien méritée aujourd'hui. Penses y. Rappelle toi stp les avancées et conquêtes du CRN de l'après guerre et demande toi pourquoi depuis miterrand ce programme est attaqué inlassablement par le capital. Je peux montrer une voie mais je ne peux pas faire le chemin à la place des gens. Si le seul discours que tu tiens est que les jeux sont fais, que tu n'as aucun leviers de contrôle pour faire changer les choses, que les hommes sont tous vraiment trop trop méchants, cesse donc stp d'alimenter ce topic par ta prose inutile sinon de te rassurer. Je ne suis pas la cause ni de tes problèmes ni de ceux du monde et si tu ne souhaites visiblement pas faire l'effort de te pencher réellement dessus, n'essaye stp pas d'en dissuader les autres. Dans le cas contraire, s'il n'est pas trop tard et c'est tout ce que je te souhaite, arrête de croire que tu vis parce que tu alimentes un réseau social, parce ce que tu regardes la télévision ou même parce que tu as le loisir de peindre. Demande toi plutôt grâce à qui tu peux, toi encore, bénéficier de toutes ces choses, recherche la cause des causes et bat toi au nom de tes enfants et petits-enfants qui eux n'en bénéficieront pas !
  7. Parce que je suis contre les révoltes mais pour la révolution. Parce que je suis communiste au sens naturel. Je ne te parle pas de ce qu'a fait le capital de la pensée communiste mais du communisme au sens ou Marx l'entend soit une société consommatrice libérée de ces classes et de son hégémonie culturelle*. Voilà pourquoi je ne suis pas un gilet jaune. *L’HÉGÉMONIE CULTURELLE Constatant que les révolutions communistes promises par la théorie de Marx n’avaient pas eu lieu dans les sociétés industrielles de son époque, Gramsci formule une hypothèse. Si le pouvoir bourgeois tient, ce n’est pas uniquement par la main de fer par laquelle il tient le prolétariat, mais essentiellement grâce à son emprise sur les représentations culturelles de la masse des travailleurs. Cette hégémonie culturelle amenant même les dominés à adopter la vision du monde des dominants et à l’accepter comme « allant de soi ». Cette domination se constitue et se maintient à travers la diffusion de valeurs au sein de l'École, l'Église, les partis, les organisations de travailleurs, l'institution scientifique, universitaire, artistique, les moyens de communication de masse… Autant de foyers culturels propageant des représentations qui conquièrent peu à peu les esprits et permettent d’obtenir le consentement du plus grand nombre. Pour renverser la vapeur, toute conquête du pouvoir doit d’abord passer par un long travail idéologique, une lente préparation du terrain au sein de la société civile. Il faut, peu à peu, subvertir les esprits, installer les valeurs que l’on défend dans le domaine public afin de s’assurer d’une hégémonie culturelle avant et dans le but de prendre le pouvoir. Exemple récent, l’idéologie néolibérale qui s’est auto-instituée comme seul système d’organisation économique possible. Il est le fruit d’un long travail sous-terrain de conquête des esprits depuis les cercles de réflexion d’économistes américains et européens (think-tanks) des années 50 aux journalistes, hauts fonctionnaires, leaders d’opinion, lobbys et artistes qui imposent peu à peu ses principales idées dans la sphère culturelle : « La compétition généralisée est saine », « Le marché s’auto-régule », « Il faut limiter les dépenses publiques et baisser les impôts », « L’État est un mauvais gestionnaire », etc.) avant de connaître une traduction politique dans la prise de pouvoir par Ronald Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Angleterre jusqu’à Deng Xiaoping en Chine. Je ne peux refaire ici à moi seul la critique du capital qui est d'en définir les limites. Marx s'en ai déjà occupé. Aujourd'hui le capital est MORT. Les gouvernements ont cessé de vivre sur une production de richesse tirée du travail des hommes et ne tiennent que grâce à la production de monnaies qui en soit n'ont plus aucune valeur. Que l'on me crois ou pas n'a pas grande importance. Une fois la société du spectacle capitaliste effondrée tel un chateau de carte, il sera temps de RE-construire une société humaine basée sur l’échange et le partage de valeurs communes pour le plus grand nombre suivant ses besoins. Le communisme n'est pas une idéologie, une doctrine politique mais un retour vers une société humaine consciente et consommatrice de ses vrais besoins.
  8. Il est important que les mots est une même signification dans un dialogue entre plusieurs personnes. Réduire "un forum" à une arène ou tout le monde "parlerait", c'en est oublié l'exposition volontaire ou involontaire de son propre égo. S'il n’était là que confrontation d'un savoir absolue et relatif cela ne ferait que réduire drastiquement le nombre d'intervenants et de n'y voir au final que "s'affronter" les plus érudits d'entre eux. Je pense personnellement qu'un forum est éminemment important dans la confrontation de ses idées mais également pour le rôle politique et social qu'il peut apporter. C'est aussi la découverte d'un "autre" qui ne pense pas forcement comme soi ... Doit-on l'en blâmer ou tenter de le rallier à sa cause ? Surtout si cette cause n'est que construction égotique narcissique ... Vivre avec son temps c'est aussi utilisé les outils de son temps. Que penserais-tu d'une famille partant en vacances en roulotte à bœufs ? https://fr.statista.com/statistiques/503642/utilisateurs-telephones-portables-france/ Donc oui je connais énormément de personnes qui voulant appuyer intelligemment leurs propos se servent de leur smartphone (certains même en courant).
  9. Amusant que la seule citation de Cousin dont vous nous faites profiter soit, pour le coup, parfaitement démontrée historiquement. L’Ecclesia ou ekklesia (en grec ancien : ἐκκλησία − l'assemblée) désigne l’Assemblée du peuple citoyen dans de nombreuses poleis antiques et notamment dans la cité d’Athènes. Le mot a donné en français Église (assemblée des fidèles) ou ecclésiastique.(Wikipédia) Vu que Jésus a employé le mot "ecclesia" pour 22 fois comme une assemblée réelle, alors son emploi dans Matei 16 :18 doit signifier la même chose.Il n’a pas employé le mot ecclesia au début pour une sorte d’église, et ensuite toujours après cela avec un sens entièrement différent. De plus, Il n’a pas dit : « Je construirai deux sortes d’églises. » Cela serait tres peu clair, car qui est-ce qui pourrait dire a quoi se réfère chaque fois ?
  10. C'est, il est vrai un moyen comme un autre de répondre. Je me suis permis d'ailleurs de mettre un lien vers une vidéo de Benjamin Bayard qui explique ces nouveaux (plus de 20ans quand même) moyens d'expressions. Comme tu le sais, construire une réponse c'est aussi prendre du temps de réflexion. Si l'on ne souhaite que rester à la surface des choses, il est alors aisé d'user de raccourcis. Est-ce le média qui veut ça, le support ? Pourquoi, après tout étaler mon narcissisme singulier (je crois que ça doit etre un pléonasme ) sur un forum plutôt que sur un blog, un chat ou sur un "mur" à la fb ? Il existe aujourd'hui tellement de plateformes pour y épancher sa soif de reconnaissance ...
  11. Tout le monde peut avoir un avis sur le personnage et j'en conviens parfaitement bien que le lien que vous donnez ne soit pas des plus pertinent contre celui-ci et n'est pas non-plus le premier à apparaître sur mon moteur de recherche ... Si vous vous êtes fait grâce à lui (le lien donné) une idée sur Cousin, elle doit-être bien pauvre mais cela vous regarde. Pour ma part, j'apprécie ces diatribes dans le sens ou elles ne laissent pas indifférent et m'amusent au même titre qu'un "gourou" Soral dans le domaine de la sophistique et, malgré vos "nausées", il me semble important en ces temps agités de se nourrir dans tous les "camps" afin de se construire sa propre opinions. Je me permet de vous conseiller la lecture des ouvrages de Clouscard (dont "l'être et le code") qui sont bien plus pertinents que ceux de "gourou" Cousin.
  12. Qu'est ce qu'une réponse qui "tient la route" pour toi ? Qu'elle genre de réponse pourrais-je t'offrir qui te satisferait ? Sinon, je ne trouve pas ta question ici ... Es-tu là simplement pour appuyer les propos d'un intervenant ? Pour me rappeler à ton existence ?
  13. Je peux comprendre tes problèmes informatiques somme toute très arrangeants suivant les sujets auxquels tu réponds, un coup ça marche et un coup ça ne marche pas, mais pardonne moi, je ne comprends pas les raisons qui te font encore répondre à ce topic. Que viens-tu chercher ici si je n'apporte pas de réponses à tes questions ? Penses-tu que je suis détenteur d'une vérité qui ne te soit pas encore acquise ? Crois-tu vraiment à une quelconque influence de ce topic sur le comportement ou la manière de penser de ceux qui prennent la peine de le lire (ou pas) ? Eclaire moi stp.
  14. Pour faire simple va directement à 51:50 en espérant que cela soit assez clair et concis Quand vous en aurez marre de toujours tourner en rond peut-etre pourrons nous avoir une discussion ...
  15. LeGrandPoulpe

    Nourriture Hallal

    bon appétit ...
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