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LeGrandPoulpe

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Tout ce qui a été posté par LeGrandPoulpe

  1. Nous avons donc une remise en forme 2.0 d'un combat d'arrière garde qui chéri la diversité pour mieux nous faire oublier l'égalité (économique dans un monde fini). Un conseil si je puis, avant de vous lancer dans une lecture pro féministe ou pro mgtow, demandez-vous toujours si cela se rapporte à la lutte des classes car jusqu'à la mort certaine du capitalisme, c'est la seule (lutte) qui "compte" vraiment. Tous les ouvrages de Marx sont de nos jours facilement trouvables sinon d'être accessibles ... Le Manifeste est un bon départ. Bonsoir
  2. Donc résumons-nous : Mais bon, même si le sujet est important il ne doit pas cacher la forêt ... Un peu de lecture sur la forêt Critique du livre de Walter Benn Michaels - « La diversité contre l'égalité » par Gille d'Elia. Comment nous avons appris à chérir l'identité pour ignorer l'égalité « Nous appelons à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales. » Lorsque, en 2004, les vétérans de la Résistance ont lancé leur fameux appel, ils insistaient sur cette idée simple : toutes les injustices se nourrissent d'une injustice première, l'inégalité économique ; le racisme, l'intolérance et les discriminations ne sont pas des causes mais des conséquences. Et l'une des manœuvres les plus subtiles du néolibéralisme est de promouvoir une multitude de causes diverses pour mieux défaire ce qui était le fondement de toutes les luttes sociales. C'est ce danger qu'analyse l'auteur américain Walter Benn Michaels dans son essai : « La diversité contre l'égalité. » Ce n'est pas parce que certains pensaient que les Noirs africains étaient « inférieurs » qu'ils furent réduits en esclavage, mais bien parce qu'il fallait trouver des esclaves pour servir de main d'œuvre à bon marché que l'on a ensuite essayé de justifier cette injustice sociale en théorisant sur les « races » et leurs hiérarchies. Ce n'est pas, comme Aimé Césaire y avait insisté dans son « Discours sur le colonialisme », parce qu'il fallait « civiliser » tel ou tel peuple que s'étendit la colonisation, c'est parce qu'il fallait l'exploiter. Inutile de multiplier les exemples ; rappeler tout cela revient à jongler avec des évidences. Pourtant, rien n'est parfois plus difficile à prouver que les évidences, et c'est pourquoi le livre de Walter Benn Michaels est avant tout un livre de logique. Déterminer la priorité entre la lutte contre les injustices sociales et la lutte contre, par exemple, le racisme ou les discriminations de toutes sortes n'est pas forcément un problème d'engagement ou de choix dicté par la sensibilité personnelle, mais peut s'avérer être d'abord, comme nous allons le voir, une affaire de probité intellectuelle. Michaels commence par constater que « la volonté d'en finir avec le racisme et le sexisme s'est révélée tout à fait compatible avec le libéralisme économique, alors que la volonté de réduire ( a fortiori de combler ) le fossé entre les riches et les pauvres ne l'est pas. » Il est donc tout à fait possible de lutter contre le racisme sans pour autant lutter contre les injustices sociales ; tandis qu'il est impossible de lutter contre les injustices sociales sans lutter, du même coup, contre le racisme. Cette prémisse devrait logiquement entraîner un mouvement des luttes vers leur fondement, et cette convergence devrait rendre toujours plus forte et plus ample la revendication à l'égalité économique. Pourtant, c'est exactement le contraire qui se produit : plus les luttes se multiplient et se sectorisent, plus elles deviennent concurrentes. Et si ces luttes s'accommodent fort bien du libéralisme, et même ont besoin du libéralisme pour prospérer en tant que revendications autonomes c'est que leur « conception de la justice sociale repose elle-même sur une conception néo-libérale (...) Exprimer ses regrets pour l'esclavage, le colonialisme, la Shoah, manifester son respect pour les gens, pour leur culture, leur histoire, leur sexualité, leurs goûts vestimentaires, et ainsi de suite , tout cela revient bien moins cher que de leur verser un salaire décent. » Comment les luttes pour la diversité et les identités des dominés collaborent avec le néolibéralisme ? D'abord en proliférant dans son cadre idéologique, ensuite en se détachant de la revendication égalitaire, enfin en allant jusqu'à escamoter cette aspiration première. C'est parce qu'il n'en fut pas toujours ainsi, et que ces luttes, qui étaient à l'origine sociales, ont évoluées peu à peu dans la dénégation de leur fondement commun que Walter Benn Michaels rappelle qu'un militantcivique comme Bobby Seale, cofondateur du Black Panther Party, pouvait encore déclarer, à la fin des années 1960 : « Ceux qui espèrent obscurcir notre combat en insistant sur les différences ethniques aident au maintien de l'exploitation des masses, c'est-à-dire des Blancs pauvres, des Noirs pauvres, des Hispaniques, Indiens, Chinois et Japonais pauvres, bref, de l'ensemble des travailleurs. » Pour Seale, les choses étaient claires : « Nous ne combattrons pas l'exploitation capitaliste par un capitalisme noir. Nous combattrons le capitalisme par le socialisme. » Des adversaires politiques : voilà ce qu'étaient, pour Bobby Seale, les militants qui séparaient la lutte des Noirs de la lutte pour le socialisme ; adversaires politiques, ils l'étaient aussi pour Angela Davis, qui écrivait en 1975 que « la lutte de libération des Noirs doit s'insérer dans le mouvement révolutionnaire dont le socialisme constitue l'horizon » [1]. Pourtant, les militants de la cause noire qui ne se souciaient pas de socialisme auraient pu au moins apparaître à Bobby Seale ou à Angela Davis comme des alliés objectifs. Mais c'est encore par une raison logique qu'ils sont accusés d'« obscurcir le combat ». Si les discriminations sont d'abord le produit de l'injustice sociale, toute conquête contre les discriminations qui se fait aux dépens de la lutte contre l'inégalité économique est une conquête précaire et contre-productive : car en contribuant à accroître les inégalités, elle se soldera inévitablement par un nouveau racisme et un accroissement de l'intolérance. Admettons cependant que, dans un contexte social encore relativement calme, il puisse exister une forme de « racisme positif », qui se traduise par une revendication des identités : le caractère de ce racisme est qu'à défaut de s'appliquer à « l'autre », il se trouve désormais appliqué fièrement à soi- même. Il est pourtant hasardeux de croire en un racisme véritablement positif, et il y a de grands risques pour que cette valorisation systématique des différences ne finisse par reprendre, en période plus agitée, la forme brutale du racisme habituel. Pour Walter Benn Michaels, ce nouveau racisme, loin de n'être aujourd'hui qu'une menace, est précisément à l'oeuvre dans les différentes luttes pour la diversité, et se nourrit d'une dénégation de la question sociale : « on n'a délaissé la race comme entité biologique que pour la réinventer comme entité sociale ou culturelle. Et la notion même d'identité c'est-à-dire ce dont la diversité fait la diversité découle précisément de cette réinvention. Or, si les races n'existent pas et si, comme nous le montrerons par la suite, les cultures par lesquelles nous avons tenté de les remplacer n'existent pas vraiment non plus, pourquoi nous accrochons-nous avec tant de détermination à la conviction qu'elles existent ? Parce que nous préférons l'idée d'égalité culturelle à celle d'égalité économique. Et que nous préférons de beaucoup l'idée de « guerre des cultures » à celle de « luttes de classes ». C'est pourquoi nombre de militants politiques luttent aujourd'hui à contre-sens en sur-affirmant des identités qui non seulement seront, au premier véritable malaise social, le prétexte de discriminations accrues mais précipitent, de surcroît, ce futur malaise social en veillant à la dénégation de la lutte des classes. Pour comprendre leurs motivations, peut-être faut-il faire un détour par la psychologie. Et poser une question délicate : doit-on élaborer la théorie de son combat avec sa rancur de dominé, ou bien avec des moyens critiques plus appropriés ? Michaels, sans l'écrire explicitement, connaît la réalité de ce dilemme et l'évoque en s'appuyant sur un roman de Leslie Marmon Silko intitulé Almanac of the Dead. Dans ce récit, un communiste cubain finit par être exécuté par les Indiens d'Amérique à cause de son indifférence à leur histoire : « le Cubain passe son temps à leur expliquer qu'ils sont exploités et qu'ils devraient entrer en lutte contre le capitalisme ; les Indiens passent leur temps à lui expliquer que ce contre quoi ils veulent lutter, c'est le peuple blanc. Quand le marxiste se lance une fois de trop dans une diatribe sur les méfaits de la propriété privée, refusant de se taire pour les écouter lui parler de leur héritage (les massacres, les spoliations, l'assimilation forcée), ils le pendent pour « crimes contre leur histoire ». Ce qui définit le marxiste, ce sont ses convictions ; ce qui définit les Indiens, c'est leur identité. » On pourrait ajouter que ce qui définit le comportement du Cubain, c'est de placer une réflexion critique au cur de son action, tandis que ses bourreaux veulent d'abord lutter avec leur colère, et, plutôt que d'avancer vers leur émancipation, préfèrent la sacrifier pour prendre une revanche éphémère etlocale sur l'Histoire. Dans le N°8 du journal « L'Indigène », édité par le Mouvement des Indigènes de la République, un article raille un dessin publié par le journal de critique sociale « Le Plan B ». Sur ce dessin, qui aurait pu être une illustration de l'essai de Michaels, on pouvait voir une petite barque avec, d'un côté, deux prolétaires, un Noir et un Blanc, et de l'autre, deux bourgeois, également un Noir et un Blanc. Les deux bourgeois ordonnant de concert aux deux prolétaires : « Bon, les gars ! Trêve de blabla sur le racisme... faudrait peut-être penser à ramer un peu !! ». Le journal « L'Indigène », commentant ce dessin écrivait : « Il n'y aurait donc qu'un seul rapport de domination, celui opposant les bourgeois aux prolos. Ce que ne montre pas en effet ce dessin, c'est que si les deux bourgeois ont besoin de jeter à l'eau l'un des passagers, ils choisiront d'abord le prolo noir ». Il est très maladroit d'affirmer cela, puisqu'il est à peu près certain qu'obéissant à la logique économique qui fait leur fortune, nos deux bourgeois jetteront d'abord à l'eau celui des deux prolos qui est le moins rentable, sans trop se soucier de sa couleur. Dans la même nébuleuse, seul contre toutes les innombrables études qui constatent un creusement accéléré des inégalités au sein de toute la population, Sadri Khiari, l'un des fondateurs du Mouvement des Indigènes, écrivait récemment que « le développement de rapports d'égalité à l'intérieur de la communauté blanche a favorisé la cristallisation de rapports sociaux spécifiquement raciaux. » [2] Pourtant, ces conclusions, fussent-elles délirantes, ne sont pas forcément de mauvaise foi, mais naissent probablement d'une légitime colère qui paralyse le raisonnement de leurs auteurs. Il n'est guère nécessaire de commenter l'assertion surréaliste selon laquelle nous habiterions un monde dans lequel les Blancs entretiendraient des rapports d'égalité. Quant au dessin publié dans « Le Plan B », il était justement inséré dans un dossier consacré à replacer la question sociale au cur des actions militantes [3]. Cependant, un peu comme les Indiens d'Amérique du roman évoqué par Michaels, certains se cabrent contre ce discours et faute de pouvoir pendre le dessinateur du Plan B pour « crime contre l'histoire indigène », on guillotine au moins la rigueur intellectuelle qui devrait pourtant être à la base des stratégies de luttes. Ces exemples montrent bien quelle est l'alternative : soit le problème que les dominés ont à résoudre est un problème politique, auquel cas toute leur honnêteté intellectuelle est requise pour pouvoir penser ce problème politique avec lucidité et efficacité. Soit c'est un problème psychologique : il s'agit avant tout de prendre une revanche sur les dominants et tous les coups sont permis. Ce phénomène, loin de se limiter à des mouvements communautaires, irrigue une immense partie des théories qui se veulent progressistes. L'une des figures majeures du féminisme, la sociologue Christine Delphy, a récemment publié un livre, « Classer, dominer » [4], dans lequel elle écrit : « Trente ans après la renaissance du mouvement féministe dans le monde entier, alors qu'il existait déjà dans toutes les langues ou presque, une somme impressionnante d'ouvrages et d'articles féministes analysant l'oppression des femmes, Pierre Bourdieu, dans La domination masculine, prétendait que les femmes étaient si aliénées, justement par leur situation de dominées, qu'elles ne pouvaient pas la penser. Lui en revanche pouvait la penser. Pourquoi ? Parce qu'il était, ou se voyait comme, impartial, neutre en somme. Pas partie prenante de l'oppression des femmes, qu'il appelait pourtant « domination masculine ». N'aurait-il pas dû comprendre que faisant partie du groupe des hommes, il ne pouvait être impartial ? » Cette argumentation, très convaincante à première vue, souffre pourtant de quelques défauts : d'abord, elle trahit le texte évoqué [5], et elle ignore les bases mêmes de la recherche scientifique en sociologie, ce qui, émanant d'une directrice de recherche émérite au CNRS, est pour le moins embarrassant. En effet, ce que Pierre Bourdieu n'a cessé de dire, et c'est la base de son travail de sociologue, c'est qu'il est possible à toute personne de penser son aliénation à condition de l'objectiver, pour travailler en ayant conscience de cette double représentation : la subjective et l'objective. Il s'agit donc d'abord de prendre conscience de la position que l'on occupe dans l'espace social (et qui peut êtreune représentation de dominant ou de dominé), et de garder à l'esprit cette représentation pour s'en distancier et la penser objectivement. C'est d'une dialectique entre ces deux représentations que peut se former une analyse scientifique qui, sans nier la condition aliénée de celui qui la pense, lui accorde aussi la possibilité d'une compréhension objective de ce qui fait son aliénation. Dans cette double perspective, l'agent socialement déterminé a une chance de devenir un sujet libre de forger des représentations qui l'émancipent à la fois du point de vue que son dominant a sur lui et du propre point de vue qu'il a sur lui-même en tant que dominé. [6] C'est dans cette optique que Pierre Bourdieu a pu écrire que « le meilleur des mouvements politiques est voué à faire de la mauvaise science et, à terme, de la mauvaise politique, s'il ne parvient pas à convertir ses dispositions subversives en inspiration critique et d'abord de lui- même. » [7] On voit bien, dès lors, pourquoi l'attaque de Christine Delphy est de mauvaise foi. Là où Pierre Bourdieu disait que les femmes ne pouvaient penser leur domination uniquement depuis leur point de vue subjectif de dominées et qu'elles devaient y ajouter une représentation objective, Delphy feint de comprendre que Bourdieu aurait dénié aux femmes la possibilité même de penser leur aliénation. Mais ces propos de Christine Delphy méritent d'être relevés car ils sont symptomatiques d'un vice méthodologique qui consiste à amalgamer la théorie de l'auto- émancipation avec la ghettoïsation du travail critique [8]. Ce problème, qui se pose à tout savant, se pose également à tout militant de toute cause : lutter contre la domination qu'il subit en élaborant des outils critiques adéquats et rationnels, ou bien perpétuer cette domination malgré lui en construisant un pastiche de théorie dont le fondement revanchard déprave toutes les conclusions. Il nous semble que la réponse par la diversité sociale au problème de l'égalité sociale procède justement de cette méthode de réflexion dégradée. Ainsi, si la même Christine Delphy a raison de rappeler que « les violences masculines dans le cadre du mariage, ou du concubinage, ou de folles passions, sont la première cause de mortalité des femmes entre 18 et 44 ans avant le cancer et les accidents de la route au plan mondial » [9], elle a tort d'éluder cette donnée justement rapportée par Walter Benn Michaels dans son ouvrage : les femmes appartenant aux ménages à plus faibles revenus sont statistiquement sept fois plus souvent victimes de violences conjugales que les femmes des ménages à plus hauts revenus. « Dès lors, l'insistance à présenter la violence conjugale comme un phénomène touchant toutes les classes sociales sans distinction ne fait que masquer la réalité, qui est que la grande majorité des victimes sont pauvres et que la violence conjugale est avant tout un crime de pauvreté. » Et, ajoute Michaels, « en déconnectant la question de violence conjugale de celle des classes sociales, nous perdons de vue que le problème a partie liée avec l'inégalité économique. Et que dans une société qui aurait réduit la pauvreté, la violence conjugale diminuerait elle aussi. Résultat : nous faisons d'un problème dans lequel le statut économique des personnes joue un rôle prépondérant une question exclusive de relation entre les sexes. » Enfin, dernier détail qui a son importance : le choix de l'attaque. Il n'est sans doute pas innocent que ce soit justement Pierre Bourdieu que Christine Delphy choisisse de calomnier, et qu'elle soit prête pour cela à sacrifier l'intégrité intellectuelle qu'exige son statut de savante appointée par l'État. Car Pierre Bourdieu, qui voyait dans un grand mouvement social européen le moyen de lutter notamment contre les discriminations racistes ou sexistes est la victime toute désignée de ces pleutres attaques, et il ne faudra guère s'étonner si, dans un avenir proche, le tir ouvert à l'extrême- gauche contre Bourdieu par Christine Delphy devenait un exercice obligé pour la plupart des discours qui visent à remplacer la lutte des classes par la lutte des « races ». Et l'on ne s'étonnera pas plus qu'avec un sésame idéologique aussi efficace que cette lutte des « races », le néolibéralisme puisse compter sur des armées de militants pseudo-progressistes pour y modéliser toutes leurs revendications, au point de faire éclater la lutte des classes jusqu'à la dissoudre. C'est qu'accomplir le tour de force de conserver la singularité de chaque lutte tout en la faisant converger dans un combat contre les inégalités suppose un projet politique fort. Tellement fort et radical qu'ilnécessiterait peut-être une intégration de toutes les revendications et une assimilation de tous à un seul projet de société. « Assimilation », « intégration » : les mots qui fâchent sont lâchés. L'auteur de ces lignes, ne souhaitait pas, en bon libertaire, que ses enfants soient scolarisés, afin de leur donner une éducation libre. Or Ségolène Royal avait annoncée, si elle était élue, qu'il serait impossible d'éduquer nos enfants à la maison, et que leur présence dans les établissements scolaires deviendrait obligatoire. Le même auteur de ces lignes, qui vit assez humblement des revenus de travaux de secrétariat, devait auparavant passer par une société de portage salarial qui lui permettait de facturer ses prestations à ses clients, laquelle société lui prélevait, pour ce service, la moitié de ses revenus. Mais depuis que le gouvernement de droite a voté la loi sur le statut d'auto- entrepreneur, les fins de mois sont moins difficiles. Il n'ignore pas que ce statut d'auto-entrepreneur est l'une des tactiques par lesquelles on détruit le code du travail, que cette loi ne fera, finalement, que précariser la classe populaire à laquelle il appartient, et il condamne cette initiative. Mais, en attendant, il en profite. Ce n'est pourtant guère avec ces quelques revenus supplémentaires qu'il aurait pu s'occuper lui-même de créer "l'école à la maison" dont il avait rêvé pour ses enfants. Alors il a cherché une école alternative. Et là, heureusement que la droite avait assouplie la carte scolaire, car cette école se trouvait loin de chez lui. Ce qui ne l'empêche pas, en bon gauchiste, de déplorer l'assouplissement de la carte scolaire, et plus généralement, de redouter que Nicolas Sarkozy soit réélu en 2012. Ces dilemmes lui ont en tout cas permis de former peu à peu une hypothèse sur ce que signifiait vraiment l'élection de Nicolas Sarkozy. Comme beaucoup, il avait d'abord pensé que cette élection relevait de quelque vieux réflexe "pétainiste" ; et tous les discours de gauche ne faisaient que conforter ce sentiment, tellement évident qu'il avait permis à un réfléchisseur douteux comme Alain Badiou d'en faire un best-seller. Mais cette interprétation, pour séduisante qu'elle fut, s'avérait finalement bien faite pour à la fois rassurer la « droite de droite » et tromper la « gauche de gauche ». Car ce dont Sarkozy est vraiment le nom, c'est de la stérilisation de tout projet commun de société. Et sans projet commun, pas de combat possible contre les inégalités économiques. C'est qu'un projet commun ne va pas sans quelques sacrifices, qui sont justement le prix à payer pour une société plus juste. Mais quel intérêt avons-nous à faire ces sacrifices s'ils ne sont plus motivés par la perspective d'une société plus juste ? Aucun. Nicolas Sarkozy est bien plus le soldeur de la république qu'une graine de dictateur ; c'est l'homme qui a dit en substance aux français : comparez ce que vous coûte l'idéal républicain, et ce qu'il vous rapporte. Qu'avez-vous à faire d'un idéal qui vous demande de sacrifier à sa lubie égalitaire et fraternelle vos libertés de croyances, de religions, vos cultures, vos murs, vos identités ? Ne voyez- vous pas que ce projet de République a échoué ? Dès lors, pourquoi devrions-nous faire tant de concessions à un projet avorté ? Ne gardons de la République que le folklore (et c'est là que la création d'un « Ministère de l'identité nationale » prend tout son sens) et que chacun fasse ce que bon lui semble sans s'encombrer de ces vieilles chimères, en échange de quoi l'idéal républicain ne viendra plus vous demander des comptes. Dans un discours prononcé en décembre dernier [10], Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République déclarait : « Nous allons construire un parti pour résister à l'intégration par l'oubli, un parti pour maintenir vivantes nos cultures et nos croyances, ce sera ça ou notre disparition morale et collective, ce sera ça ou la perte de nos histoires et de nos identités (...) Notre parti refusera toutes ces injonctions contradictoires par lesquelles on nous piège. Nous refuserons d'avoir à choisir entre cette vie moderne et nos cultures, entre cette vie moderne et la foi. » Nicolas Sarkozy est l'homme qui lui répond : D'accord ! Tout le monde y gagne, et c'est bon pour les affaires. C'est cette alliance sourde et ambigüe que Walter Benn Michaels a parfaitement saisie : « En fait, à mesure que la question de l'identité nationale affermit son emprise sur la vie intellectuelle française qu'on la promeuve (le président de la République) ou qu'on la combatte (les Indigènes de la République) , on s'aperçoit que sa fonction principale consiste à faciliter, en le masquant, l'accroissement des inégalités qui caractérise le néolibéralisme à travers lemonde », avant d'ajouter : « Dès lors, les Indigènes ont besoin de leurs Finkielkrauts et les Finkielkrauts de leurs Indigènes, et le néolibéralisme a besoin des deux à la fois pour qu'en France, comme aux Etats-Unis, les riches puissent continuer à s'enrichir et les pauvres à s'appauvrir. » Le sarkozysme n'est donc certainement pas un « pétainisme transcendantal » mais bien plutôt un renoncement à un projet politique commun, renoncement qui, dans un sens, arrange aujourd'hui tout le monde. C'est sans doute pourquoi sa victoire la plus originale est d'avoir contribué à forger une extrême-gauche néolibérale. En voici l'une des manifestations : une publication assez connue sur Internet, « Les mots sont importants », et plutôt classée très à gauche, publiait, il y a un an, un article de Nellie Dupont et Sylvie Tissot [11] dans lequel on pouvait lire : « Ah, qu'est-ce qu'on est bien en France quand on est une femme ! Ressentir le plaisir divin de nager dans le bonheur de la communauté d'intérêts, de plaisirs et de goûts d'une foule de citoyens et citoyennes, consciente et soucieuse qu'à chaque brasse, on nage dans la plénitude de l'égalité et de la fraternité républicaines (...) Quels que soient votre âge, votre condition, votre orientation sexuelle, la complexité du rapport à votre corps et bien sûr vos croyances ou valeurs, si vous voulez nager en France, à Sarcelles, Garges, Verpillière ou Mons-en-Baroeul : il va falloir vous jeter dans le bain républicain ou rester dans votre baignoire. Car, de gré ou de force vous serez toutes traitées à égalité avec les mecs, ce qui veut dire avec les mecs. Et soyez-en assurées : ils surveillent. Vous n'êtes pas séduites par ces manières de faire ? Alors faites un tour à Londres et plus précisément à Hampstead Heath, un parc immense avec plusieurs lacs où vous serez loin des polémiques et des mâles défenseurs de vos libertés. Il y a là un lac pour les hommes, un pour les femmes, un autre mixte et un autre pour les chiens, et enfin un pour les grands et moins grands qui veulent jouer avec leur bateau à moteur modèle réduit. » Ce n'est évidemment pas un hasard si cette nouvelle gauche intransigeante est allée chercher le bonheur au paradis européen du libéralisme économique : en Angleterre. Nellie Dupont et Sylvie Tissot ne sont sans doute pas naïves au point d'ignorer qu'il y a un lien fondamental entre l'idéologie libérale du « chacun pour soi » et le fait d'ouvrir des piscines avec « chacun son bassin », que tout se tient et que ce qu'elles présentent ici comme un progrès social particulier n'est en réalité qu'un des effets secondaires d'une régression sociale généralisée. La piscine municipale : le nouveau lieu où convergent désormais toutes les grandes questions politiques françaises. Le même site, « Les mots sont importants », a publié quantité d'articles prenant fait et cause pour le droit au port du voile islamique, au point que certains sites gauchistes relativement connus, ont fini par « craquer » et publier des réponses, comme celle récemment signée par C S P et virilement intitulée « Contre le voile. Parce que ça suffit, les conneries » [12] qui a été reprise par des dizaines de sites [13]. Commentant ce genre de débats, Walter Benn Michaels note l'immense atout qu'ils représentent pour le néolibéralisme, puisqu'ils sont une formidable diversion pour faire oublier les questions sociales : « chaque camp a pu s'en donner à cur joie, l'un accusant l'autre de racisme pendant que le second instruisait contre le premier un procès en sexisme « Vous n'êtes contre le port du voile que parce que vous méprisez les droits des musulmans ! » « Vous n'y êtes favorables que parce que vous méprisez les droits des femmes musulmanes ! » Tout comme la polémique autour de la discrimination positive aux Etats-Unis, ce débat était l'archétype de la tempête dans un verre d'eau libéral : il ne sortait à aucun moment de la question de l'identité. » Michaels en conclut que la droite, plutôt que d'être ingrate, devrait au contraire remercier cette gauche qui préfère combattre pour le respect des différences plutôt que pour l'égalité économique, puisque le capitalisme a tout à gagner dans la guerre des cultures et tout à perdre dans la lutte des classes, et finalement « tant que les affrontements concernent l'identité plutôt que la richesse, peu importe à la droite qui les gagne. » Jusqu'à une époque récente, la lutte contre le racisme et les discriminations était fondée sur un dépassement des identités : la logique antiraciste consistait à soutenir que l'important n'était pas d'être noir ou blanc, homme ou femme, etc., mais était justement de ne pas accorder une importance déterminante à ces hasards culturels ou biologiques. Dans un magnifique texte intitulé « La fierté » [14], l'écrivain Jo Ann von Haff s'interroge : « Je me dis que je n'ai pas de raison d'être fière d'être celle qui est sur la carte d'identité. Métisse, africaine, européenne, grande... Dois-je être fière d'être une femme, alors que j'avais cinquante pour cent de chances d'être un homme ? Dois-je être fière de la couleur de ma peau alors que la génétique ne m'a pas demandé mon avis (et puisque je suis métisse, on aurait eu des milliers de résultats) ? Dois-je être fière d'une nationalité que je n'ai pas choisie (je suis née là où ma mère se trouvait) ? (...) Oui, la couleur de notre peau est la première chose que l'autre remarque en nous. Mais elle ne fait pas de nous ce que nous sommes réellement. » Contrairement à la fierté, qui est fondée sur un sentiment de différenciation, voire de domination si elle confine à l'orgueil, la dignité est une qualité liée à l'essence humaine de laquelle chacun peut indifféremment se réclamer. Tant que cette logique est vigoureuse, le mot « identitaires » est un terme quasiment péjoratif pour qualifier les idéologues de l'extrême-droite, toujours « fiers » (d'être français, Blancs, occidentaux, etc.) Mais dans un contexte politico-économique marqué par une régression globale de toutes les conquêtes sociales, il devient de plus en plus difficile à chacun de faire valoir sa dignité, qui finit par céder la place à la fierté, laquelle se revendique au nom de la différence. Ce ne sont certes pas les différences qui font défaut, qu'elles soient collectives (toutes les identités patriotiques, ethniques, religieuses, linguistiques ou culturelles) ou bien individuelles (que l'on soit homme, femme, blanc, noir, homosexuel ou hétérosexuel...) et comme la fierté s'accommode fort bien de reposer indifféremment sur une identité de dominant ou de dominé, les dominés ont fini par affirmer que leur identité était une arme de résistance contre leurs dominants. Par exemple, Houria Bouteldja, pourtant sincèrement engagée dans la lutte contre le racisme, répondait récemment à une interview en ces termes : Algérienne, africaine, musulmane, arabe, berbère d'Algérie, maghrébine, arabo-berbère... En fait, toutes ces identités sont ici associées, mélangées, probablement dans le but de produire une identité « romantique », dont la logique se fonde sur un seul critère : non-Blanc. Mais quelle est la réalité objective de cette identité ? N'est-elle pas surtout destinée à minimiser une véritable appartenance sociale : fille ou fils d'ouvrier, par exemple c'est-à-dire : prolétaire ? Ce montage radiophonique se termine par cette déclaration : « la revendication identitaire quand on est dans une situation de dominé, elle est salutaire ». Pourtant, quelques minutes après ce florilège de fierté identitaire, Houria Bouteldja finit par faire volte-face : Si l'on en croit cette confidence selon laquelle « toutes ces questions d'identité sont des questions d'ados », on voit subitement s'effriter la cohérence du discours tenu précédemment, et il devient difficile d'accorder du crédit à des déclarations auxquelles ne semblent déjà plus croire ceux-là même qui les énoncent. Mais alors, pourquoi s'obstinent-ils à tenir un discours qui les amène finalement à dire une chose et tout aussi bien son contraire dans le quart d'heure qui suit ? Un article publié en 2005 par Pierre Vidal-Naquet et Gilbert Meynier [15] corrobore sur ce point la thèse de Walter Benn Michaels. Nous écrivions plus haut qu'il était délicat d'élaborer une théorie avec sa colère de dominé plutôt qu'avec ses facultés critiques. Vidal-Naquet et Meynier observent que depuis un quart de siècle, dans les pays riches, les discriminés « voient se dérober les moyens de la connaissance et de l'analyse critique de leur situation. Ils souffrent, mais dans le désenchantement et la vacuité du politique. (...) La solution politique ne pourrait, évidemment, être que globale », contrairement aux revendications portées par ceux « qui se font les hérauts des jeunes, discriminés, angoissés et désemparés », mais qui, « ne possédant pas les armes d'une critique adéquate aux vraies raisons qui les font saigner, se réfugient dans une régression qu'ils croient identitaire. » Dans son essai « Du trop de réalité », Annie Le Brun s'inquiétait de toutes les réactions provoquées sous prétexte de redonner à des groupes opprimés leur identité bafouée : « Il serait difficile d'expliquer autrement la haine avec laquelle les tenants antillais de l'identité créole s'en sont récemment pris à la poésie d'Aimé Césaire. Ceux-ci ne lui ont-ils pas fait le grief que le Cahier d'un retour au pays natal pouvait « être le texte de revendication de n'importe quel peuple qui souffre », pour la consternante raison que « si les Québécois l'ont adopté dans les années soixante, c'est qu'il n'était pas profondément marqué par les Antilles. Il a d'ailleurs été traduit en arabe et a rencontré un grand succès auprès des Palestiniens » (Raphaël Confiant) ... En réalité, c'est sa force poétique qu'on lui reproche, bien sûr en ce qu'elle le rend irréductible à la norme identitaire aujourd'hui reconnue et promue de toutes parts. » « C'est cela le plus dangereux, pour ceux de toutes les couleurs qui endossent chaque matin, leur peau, leur uniforme, leur fauteuil... comme une identité de parade. Et tous ceux-là auront beau se regrouper en horde, en rang, en troupeau, ils ne pourront pas faire grand chose. » Annie Le Brun, « Pour Aimé Césaire ». Mais cet avertissement ne se limitait pas uniquement aux groupes ethniques. Exactement le même mécanisme était à l'uvre, par exemple, dans les luttes néo-féministes, comme Annie Le Brun l'avait expliqué lors d'une belle intervention télévisée que nous vous invitons à écouter [16]. Cette similitude confirme l'analyse de Walter Benn Michaels lorsqu'il écrit que « la race s'est révélée être la « drogue d'entrée » conduisant à tous les types d'identités : culturelle, religieuse, sexuelle et même médicale (...) Mais les classes sociales n'ont rien à voir avec les races et les cultures, et les traiter comme des races ou des cultures différentes, mais équivalentes fait partie des stratégies grâce auxquelles nous gérons l'inégalité plutôt que de chercher à la réduire ou à l'éliminer. « Blanc » ne vaut pas mieux que « Noir » ; mais « riche » vaut incontestablement mieux que « pauvre ». Les vétérans de la Résistance nous appelaient à définir « un nouveau programme de résistance pour notre siècle ». Pour commencer à définir ce programme, nous ne devons pas nous laisser intimider par les discours identitaires, peu importe qu'ils émanent de dominants ou de dominés. Nous ne devons pas plus accepter de voir la logique renversée au point de renier les causes économiques des discriminations. Nous devons enfin réaliser un inventaire des fausses questions qui empêchent de formuler dans les bons termes la question de la justice sociale, et par leur pouvoir de diversion, travaillent à étouffer le problème de l'inégalité économique. Le petit livre de Walter Benn Michaels est un précieux viatique. Gilles D'Elia Notes [1] Angela Davis, Autobiographie, Albin Michel, Paris, 1975, p. 142. [2] Sadri Khiari, La contre-révolution coloniale en France, Éditions La Fabrique, Paris, 2009. [3] L'un des articles de ce dossier du Plan B est justement intitulé La question sociale ensevelie sous le bla-bla. [4] Christine Delphy, Classer, dominer, Éditions La Fabrique, Paris, 2008. [5] Elle trahit le texte puisque Pierre Bourdieu écrit dans « La domination masculine » : « Le changement majeur est sans doute que la domination masculine ne s'impose plus avec l'évidence de ce qui va de soi. En raison notamment de l'immense travail critique du mouvement féministe qui, au moins dans certaines régions de l'espace social, a réussi à rompre le cercle du renforcement généralisé, elle apparaît désormais, en beaucoup d'occasions, comme quelque chose qu'il fautdéfendre ou justifier, quelque chose dont il faut se défendre ou se justifier. » Ce paragraphe se trouve à la page 122 de l'édition Points/Seuil. [6] Il serait trop long d'entrer ici dans les détails de cette conception fondatrice du travail de Pierre Bourdieu et, plus généralement, de la science sociale contemporaine. Ceux qui sont intéressés par cette question liront avec intérêt sa Leçon sur la leçon ; dans ce véritable précis éthique des sciences sociales, Pierre Bourdieu écrit : « une des propriétés les plus fondamentales de la sociologie telle que je la conçois : toutes les propositions que cette science énonce peuvent et doivent s'appliquer au sujet qui fait la science. C'est lorsqu'il ne sait pas introduire cette distance objectivante, donc critique, que le sociologue donne raison à ceux qui voient en lui une sorte d'inquisiteur terroriste, disponible pour toutes les actions de police symbolique. On n'entre pas en sociologie sans déchirer les adhérences et les adhésions par lesquelles on tient d'ordinaire à des groupes, sans abjurer les croyances qui sont constitutives de l'appartenance et renier tout lien d'affiliation et de filiation. ». [7] Pierre Bourdieu, La domination masculine, p. 154. [8] Sur cette malhonnêteté scientifique qui consiste à amalgamer la théorie de l'auto-émancipation avec la ghettoïsation du travail critique, Pierre Bourdieu écrit : « Revendiquer le monopole d'un objet, quel qu'il soit (fût-ce par un simple usage du nous qui a cours dans certains écrits féministes), au nom du privilège cognitif qu'est censé assurer le seul fait d'être à la fois sujet et objet et, plus précisément, d'avoir éprouvé en première personne la forme singulière de l'humaine condition qu'il s'agit d'analyser scientifiquement, c'est importer dans le champ scientifique la défense politique des particularismes qui autorise le soupçon a priori, et mettre en question l'universalisme qui, à travers notamment le droit d'accès de tous à tous les objets, est un des fondements de la République des sciences. » « La domination masculine », p. 155. [9] Cf. Christine Delphy, intervention pour les 50 ans du Monde diplomatique : vidéo en ligne. [10] Houria Bouteldja, Discours au Cabaret sauvage, 10 décembre 2008. [11] Nellie Dupont et Sylvie Tissot, Women only : men not allowed beyond this point, Ou comment nager dans le bonheur (non mixte), Août 2008. [12] Cf. C S P, Contre le voile. Parce que ça suffit, les conneries, 29 juillet 2009. [13] Comme en témoigne cette simple requête sur Google. [14] Jo Ann von Haff, Luca Ferrari / La fierté, La revue des ressources, 2008. [15] Pierre Vidal-Naquet et Gilbert Meynier, Coloniser, Exterminer : de vérités bonnes à dire à l'art de la simplification idéologique, Esprit, décembre 2005. [16] Annie Le Brun, le 10 février 1978 dans l'émission de Bernard Pivot « Apostrophes » (archives personnelles).
  3. Osons un petit parallèle ... http://lesakerfrancophone.fr/inversion-ou-la-necessite-de-relire-1984-le-prince-et-lart-de-la-guerre et ... et pour finir ce joli dimanche d'hiver, merci de visionner cette vidéo l'estomac vide ... La même mais à Sciences-Po (pour les questions du public à partir 1H56) ...
  4. Il est vrai que pour produire du vent il n'est plus nécessaire de manger un bon cassoulet. Une simple inscription sur forumfr et le moulin s'emballe. 7200 messages et ce n'est plus le canard, les haricots et la saucisse mais le forumeur que l'on voit confit. Quand on confond encore communisme et capitalisme d'état cela en dit long sur son niveau d'aliénation ...
  5. Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux maux so- ciaux dans le but d’assurer l’existence de la société bourgeoise. Dans cette catégorie se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les améliorateurs du sort de la classe ouvrière, les organisa- teurs de la bienfaisance, les protecteurs des animaux, les fondateurs des sociétés de tempérance, les réformateurs en chambre de tout acabit. Et l’on est allé jusqu’à élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes com- plets. Citons, comme exemple, la Philosophie de la Misère de Proudhon. Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les dangers et les luttes qui en dérivent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais avec élimination des éléments qui la ré- volutionnent et la dissolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. La bourgeoisie, comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes possibles. Le socialisme bourgeois élabore cette représentation consolante en système ou en demi-système. Lorsqu’il somme le prolétariat de réaliser ces systèmes et de faire son entrée dans la nouvelle Jérusalem, il ne fait pas autre chose au fond que de l’engager à s’en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de sa conception haineuse de cette société. Une autre forme de ce socialisme, moins systématique, mais plus pra- tique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolution- naire, en leur démontrant que ce n’était pas tel ou tel changement po- litique, mais seulement une transformation des rapports de la vie maté- rielle et des conditions économiques qui pouvaient leur profiter. Notez que par transformation des rapports matériels de la société, ce socialisme n’entend pas parler de l’abolition des rapports de production bourgeois, mais uniquement de réformes administratives s’accomplissant sur la base même de la production bourgeoise (Bonjour le R.I.C.); qui, par conséquent, n’affectent pas les relations du capital et du salariat, et qui, dans les meilleurs cas, ne font que diminuer les frais et simplifier le travail administratif du gouverne- ment bourgeois. Le socialisme bourgeois n’atteint son expression adéquate que lors- qu’il devient une simple figure de rhétorique. Libre échange ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; droits protecteurs ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; prisons cellulaires ! dans l’intérêt de la classe ouvrière ; voilà son dernier mot, le seul mot dit sérieusement par le socialisme bourgeois. Car le socialisme bourgeois tient tout entier dans cette phrase : les bourgeois sont des bourgeois dans l’intérêt de la classe ouvrière. Manifeste du Parti Communiste Chapitre III
  6. Il y a dans ton discours un très gros problème. Le fait de placer "les hommes" sur un même pied d'égalité. Tu nies un fait historique qui n'a pas été inventé par Marx et que même les néo-libéro reconnaissent : La Lutte des Classes. Marx nous explique que La lutte de classes est le moteur de l'histoire c-a-d que ces contradictions entre les classes vont produire des transformations. Nous sommes aujourd'hui à un tel niveau de recul théorique (tu n'en as pas le monopole je te rassure), une telle contre-révolution que l'on en arrive à renier et l’existence des classes sociales (qui existaient déjà chez Platon ...) et la lutte de ces classes entre elles. Au passage, Marx n'a pas produit une théorie dans son ouvrage mais une critique soit une étude de faits qui jusqu'à aujourd'hui n'a jamais été invalidé. Mettre le patron de total, de lvmh etc. sur le même pied d'égalité qu'un enfant indien de 5ans obligé de fabriquer des briques ou une paires de nike pour se nourrir est monstrueusement stupide et c'est également nier une réalité qui visiblement te dépasse. Tu pourras aller lui expliquer a cet enfant que "nous avons besoin de nous sentir tous à une place, à avoir un abri à soi, un territoire physique tel qu'un bout de terrain ou un espace plus ou moins vert s'il n'y a rien d'autre, un espace intérieur défini par notre besoin de contacts physiques, à être non pas isolé mais entier dans un groupe etc etc. le culturel est accessible à tous... " Répéter sans cesse tes convictions n'en fait pas une vérité. Si cela te rassure sur la conduite que tu as tenu toute ta vie, grand bien te fasse mais tu te trompes complètement sur la nature des hommes. (et entre nous nous je n'ai jamais vu un poule en exploiter une autre pour ce nourrir ou s'auto-proclamer reine du poulailler) Je ne sais pas s'il n'est pas un peu tard pour toi d'essayer de faire grandir ta pensée en te juchant sur les épaules des grands hommes (je pense notamment à Rousseau) afin d'y voir un peu plus loin que la triste réalité dans laquelle tu as l'air de te complaire. S'il n'y avait pas eu ces grands hommes qui ont fait bouger les choses, tu ne profiterais peut-être pas d'une retraite bien méritée aujourd'hui. Penses y. Rappelle toi stp les avancées et conquêtes du CRN de l'après guerre et demande toi pourquoi depuis miterrand ce programme est attaqué inlassablement par le capital. Je peux montrer une voie mais je ne peux pas faire le chemin à la place des gens. Si le seul discours que tu tiens est que les jeux sont fais, que tu n'as aucun leviers de contrôle pour faire changer les choses, que les hommes sont tous vraiment trop trop méchants, cesse donc stp d'alimenter ce topic par ta prose inutile sinon de te rassurer. Je ne suis pas la cause ni de tes problèmes ni de ceux du monde et si tu ne souhaites visiblement pas faire l'effort de te pencher réellement dessus, n'essaye stp pas d'en dissuader les autres. Dans le cas contraire, s'il n'est pas trop tard et c'est tout ce que je te souhaite, arrête de croire que tu vis parce que tu alimentes un réseau social, parce ce que tu regardes la télévision ou même parce que tu as le loisir de peindre. Demande toi plutôt grâce à qui tu peux, toi encore, bénéficier de toutes ces choses, recherche la cause des causes et bat toi au nom de tes enfants et petits-enfants qui eux n'en bénéficieront pas !
  7. Parce que je suis contre les révoltes mais pour la révolution. Parce que je suis communiste au sens naturel. Je ne te parle pas de ce qu'a fait le capital de la pensée communiste mais du communisme au sens ou Marx l'entend soit une société consommatrice libérée de ces classes et de son hégémonie culturelle*. Voilà pourquoi je ne suis pas un gilet jaune. *L’HÉGÉMONIE CULTURELLE Constatant que les révolutions communistes promises par la théorie de Marx n’avaient pas eu lieu dans les sociétés industrielles de son époque, Gramsci formule une hypothèse. Si le pouvoir bourgeois tient, ce n’est pas uniquement par la main de fer par laquelle il tient le prolétariat, mais essentiellement grâce à son emprise sur les représentations culturelles de la masse des travailleurs. Cette hégémonie culturelle amenant même les dominés à adopter la vision du monde des dominants et à l’accepter comme « allant de soi ». Cette domination se constitue et se maintient à travers la diffusion de valeurs au sein de l'École, l'Église, les partis, les organisations de travailleurs, l'institution scientifique, universitaire, artistique, les moyens de communication de masse… Autant de foyers culturels propageant des représentations qui conquièrent peu à peu les esprits et permettent d’obtenir le consentement du plus grand nombre. Pour renverser la vapeur, toute conquête du pouvoir doit d’abord passer par un long travail idéologique, une lente préparation du terrain au sein de la société civile. Il faut, peu à peu, subvertir les esprits, installer les valeurs que l’on défend dans le domaine public afin de s’assurer d’une hégémonie culturelle avant et dans le but de prendre le pouvoir. Exemple récent, l’idéologie néolibérale qui s’est auto-instituée comme seul système d’organisation économique possible. Il est le fruit d’un long travail sous-terrain de conquête des esprits depuis les cercles de réflexion d’économistes américains et européens (think-tanks) des années 50 aux journalistes, hauts fonctionnaires, leaders d’opinion, lobbys et artistes qui imposent peu à peu ses principales idées dans la sphère culturelle : « La compétition généralisée est saine », « Le marché s’auto-régule », « Il faut limiter les dépenses publiques et baisser les impôts », « L’État est un mauvais gestionnaire », etc.) avant de connaître une traduction politique dans la prise de pouvoir par Ronald Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Angleterre jusqu’à Deng Xiaoping en Chine. Je ne peux refaire ici à moi seul la critique du capital qui est d'en définir les limites. Marx s'en ai déjà occupé. Aujourd'hui le capital est MORT. Les gouvernements ont cessé de vivre sur une production de richesse tirée du travail des hommes et ne tiennent que grâce à la production de monnaies qui en soit n'ont plus aucune valeur. Que l'on me crois ou pas n'a pas grande importance. Une fois la société du spectacle capitaliste effondrée tel un chateau de carte, il sera temps de RE-construire une société humaine basée sur l’échange et le partage de valeurs communes pour le plus grand nombre suivant ses besoins. Le communisme n'est pas une idéologie, une doctrine politique mais un retour vers une société humaine consciente et consommatrice de ses vrais besoins.
  8. Il est important que les mots est une même signification dans un dialogue entre plusieurs personnes. Réduire "un forum" à une arène ou tout le monde "parlerait", c'en est oublié l'exposition volontaire ou involontaire de son propre égo. S'il n’était là que confrontation d'un savoir absolue et relatif cela ne ferait que réduire drastiquement le nombre d'intervenants et de n'y voir au final que "s'affronter" les plus érudits d'entre eux. Je pense personnellement qu'un forum est éminemment important dans la confrontation de ses idées mais également pour le rôle politique et social qu'il peut apporter. C'est aussi la découverte d'un "autre" qui ne pense pas forcement comme soi ... Doit-on l'en blâmer ou tenter de le rallier à sa cause ? Surtout si cette cause n'est que construction égotique narcissique ... Vivre avec son temps c'est aussi utilisé les outils de son temps. Que penserais-tu d'une famille partant en vacances en roulotte à bœufs ? https://fr.statista.com/statistiques/503642/utilisateurs-telephones-portables-france/ Donc oui je connais énormément de personnes qui voulant appuyer intelligemment leurs propos se servent de leur smartphone (certains même en courant).
  9. Amusant que la seule citation de Cousin dont vous nous faites profiter soit, pour le coup, parfaitement démontrée historiquement. L’Ecclesia ou ekklesia (en grec ancien : ἐκκλησία − l'assemblée) désigne l’Assemblée du peuple citoyen dans de nombreuses poleis antiques et notamment dans la cité d’Athènes. Le mot a donné en français Église (assemblée des fidèles) ou ecclésiastique.(Wikipédia) Vu que Jésus a employé le mot "ecclesia" pour 22 fois comme une assemblée réelle, alors son emploi dans Matei 16 :18 doit signifier la même chose.Il n’a pas employé le mot ecclesia au début pour une sorte d’église, et ensuite toujours après cela avec un sens entièrement différent. De plus, Il n’a pas dit : « Je construirai deux sortes d’églises. » Cela serait tres peu clair, car qui est-ce qui pourrait dire a quoi se réfère chaque fois ?
  10. C'est, il est vrai un moyen comme un autre de répondre. Je me suis permis d'ailleurs de mettre un lien vers une vidéo de Benjamin Bayard qui explique ces nouveaux (plus de 20ans quand même) moyens d'expressions. Comme tu le sais, construire une réponse c'est aussi prendre du temps de réflexion. Si l'on ne souhaite que rester à la surface des choses, il est alors aisé d'user de raccourcis. Est-ce le média qui veut ça, le support ? Pourquoi, après tout étaler mon narcissisme singulier (je crois que ça doit etre un pléonasme ) sur un forum plutôt que sur un blog, un chat ou sur un "mur" à la fb ? Il existe aujourd'hui tellement de plateformes pour y épancher sa soif de reconnaissance ...
  11. Tout le monde peut avoir un avis sur le personnage et j'en conviens parfaitement bien que le lien que vous donnez ne soit pas des plus pertinent contre celui-ci et n'est pas non-plus le premier à apparaître sur mon moteur de recherche ... Si vous vous êtes fait grâce à lui (le lien donné) une idée sur Cousin, elle doit-être bien pauvre mais cela vous regarde. Pour ma part, j'apprécie ces diatribes dans le sens ou elles ne laissent pas indifférent et m'amusent au même titre qu'un "gourou" Soral dans le domaine de la sophistique et, malgré vos "nausées", il me semble important en ces temps agités de se nourrir dans tous les "camps" afin de se construire sa propre opinions. Je me permet de vous conseiller la lecture des ouvrages de Clouscard (dont "l'être et le code") qui sont bien plus pertinents que ceux de "gourou" Cousin.
  12. Qu'est ce qu'une réponse qui "tient la route" pour toi ? Qu'elle genre de réponse pourrais-je t'offrir qui te satisferait ? Sinon, je ne trouve pas ta question ici ... Es-tu là simplement pour appuyer les propos d'un intervenant ? Pour me rappeler à ton existence ?
  13. Je peux comprendre tes problèmes informatiques somme toute très arrangeants suivant les sujets auxquels tu réponds, un coup ça marche et un coup ça ne marche pas, mais pardonne moi, je ne comprends pas les raisons qui te font encore répondre à ce topic. Que viens-tu chercher ici si je n'apporte pas de réponses à tes questions ? Penses-tu que je suis détenteur d'une vérité qui ne te soit pas encore acquise ? Crois-tu vraiment à une quelconque influence de ce topic sur le comportement ou la manière de penser de ceux qui prennent la peine de le lire (ou pas) ? Eclaire moi stp.
  14. Pour faire simple va directement à 51:50 en espérant que cela soit assez clair et concis Quand vous en aurez marre de toujours tourner en rond peut-etre pourrons nous avoir une discussion ...
  15. LeGrandPoulpe

    Nourriture Hallal

    bon appétit ...
  16. Petite piqûre de rappel et mis à jour des 5 Stades de l'Effondrement de Dmitry Orlov Les 5 étapes de l’effondrement : mise à jour 2019 L’effondrement, à chaque étape, est un processus historique qui prend du temps pour se dérouler à mesure que le système s’adapte aux circonstances changeantes, compense ses faiblesses et trouve des moyens de continuer à fonctionner à un certain niveau. Mais ce qui change assez soudainement, c’est la foi ou, pour le dire en terme plus cru, le sentiment. Une grande partie de la population ou toute une classe politique d’un pays ou du monde entier peut fonctionner sur la base d’un certain nombre de postulats pendant beaucoup plus longtemps que la situation ne le permet, puis, sur une très courte période de temps, basculer vers un autre ensemble de postulats. Tout ce qui maintient le statu quo au-delà de ce point, c’est l’inertie institutionnelle. Elle impose des limites à la vitesse à laquelle les systèmes peuvent changer sans s’effondrer complètement. Au-delà de ce point, les gens ne toléreront plus les anciennes pratiques que dans l’attente des pratiques de substitution. Étape 1 : L’effondrement financier La foi dans le business as usual est perdue Sur le plan international, le principal changement de sentiment dans le monde est lié au rôle du dollar américain (et, dans une moindre mesure, de l’euro et du yen – les deux autres monnaies de réserve du tabouret à trois jambes de la banque centrale globaliste). Le monde est en transition vers l’utilisation des monnaies locales, des swaps de devises et des marchés de matières premières garantis par l’or. Le catalyseur de ce changement de sentiment a été fourni par l’administration américaine elle-même, qui a scié la branche sur laquelle elle se trouve en recourant à des sanctions unilatérales. En utilisant son contrôle sur les transactions en dollars pour bloquer des transactions internationales, elle oblige les autres pays à commencer à chercher des alternatives. Aujourd’hui, de plus en plus de pays considèrent que l’élimination des entraves du dollar américain est un objectif stratégique. La Russie et la Chine utilisent le rouble et le yuan pour leur commerce en expansion ; l’Iran vend du pétrole à l’Inde en roupies. L’Arabie saoudite a commencé à accepter le yuan pour son pétrole. Ce changement a de nombreux effets d’entraînement. Si le dollar n’est plus nécessaire pour faire du commerce international, les autres pays n’en auront plus en réserve en grandes quantités. Par conséquent, il ne sera plus nécessaire d’acheter de grandes quantités de bons du Trésor américain. Par conséquent, il devient inutile de dégager d’importants excédents commerciaux avec les États-Unis, qui font essentiellement du commerce à perte. En outre, l’attrait des États-Unis comme marché d’exportation diminue et le coût des importations aux États-Unis augmente, ce qui fait d’autant plus grimper les coûts. Il s’ensuit un cercle vicieux dans lequel la capacité du gouvernement américain à emprunter à l’échelle internationale pour financer le gouffre béant de ses divers déficits s’en trouve réduite. La défaillance souveraine du gouvernement américain et la faillite nationale vont suivre. Les États-Unis peuvent paraître encore puissants, mais leur situation financière désespérée, conjuguée à leur déni du caractère inévitable de leur faillite, en font une sorte de Blanche DuBois du Tramway nommé désirde Tennessee Williams. Elle était « toujours dépendante de la gentillesse des étrangers », mais elle était tragiquement incapable de faire la différence entre la gentillesse et le désir. Dans ce cas, le désir est d’avantager la sécurité nationale et de minimiser les risques en se débarrassant d’un partenaire commercial peu fiable. Il est difficile de deviner à quelle vitesse cela va se produire, c’est même impossible à calculer. Il est possible de penser le système financier en termes d’analogie physique, avec des masses de fonds se déplaçant à une certaine vitesse et ayant une certaine inertie (p = m*v) et des forces agissant sur cette masse pour l’accélérer selon une trajectoire différente (F = m*a). Il est également possible d’y penser en termes de hordes d’animaux qui s’affolent et qui peuvent changer brusquement de cap en cas de panique. Les mouvements soudains survenus récemment sur les marchés financiers, où des milliers de milliards de dollars de valeur théorique et purement spéculative ont été effacés en quelques semaines, sont plus conformes à ce dernier modèle. Étape 2 : Effondrement commercial La foi dans “le marché fournira” est perdue Aux États-Unis, il n’y a vraiment pas d’alternative au marché. Il y a quelques enclaves rustiques, surtout des communautés religieuses, qui peuvent se nourrir elles-mêmes, mais c’est une rareté. Pour tous les autres, il n’y a pas d’autre choix que d’être un consommateur. Les consommateurs qui sont fauchés s’appellent des “clochards”, mais ils sont quand même des consommateurs. Dans la mesure où les États-Unis ont une culture, c’est une culture marchande dans laquelle la bonté d’une personne est basée sur les “bonnes” sommes d’argent en sa possession. Une telle culture peut mourir en devenant hors de propos (quand tout le monde est fauché), mais la plupart des personnes liées à cette culture seront probablement déjà mortes à ce moment-là. Alternativement, cette culture marchande peut être remplacée par une culture plus humaine qui n’est pas entièrement basée sur le culte de Mammon, – peut-être, oserais-je penser, par un retour à une éthique pré-protestante et pré-catholique qui valorise l’âme des gens avant la valeur des objets ? Étape 3 : Effondrement politique La foi dans “le gouvernement s’occupera de vous” est perdue Tout est très trouble en ce moment, mais je me risquerais à estimer que la plupart des Américains sont trop distraits, trop stressés et trop préoccupés par leurs propres vices et obsessions pour accorder beaucoup d’attention au domaine politique. Parmi ceux qui prêtent attention, bon nombre d’entre eux semble comprendre que les États-Unis ne sont pas du tout une démocratie, mais seulement un bac à sable pour élites où les intérêts transnationaux des entreprises et des oligarchies se construisent et s’entre détruisent. La polarisation politique extrême, où deux partis pro-capitalistes, pro-guerre, pratiquement identiques, prétendent mener la bataille en mettant leur vertu en avant, peut être un symptôme de l’état extrêmement décrépit de tout l’arrangement politique. Les gens sont poussés à regarder la fumée s’échapper et à écouter le bruit assourdissant dans l’espoir que cette agitation les empêchera de réaliser que la musique s’est arrêtée. Le fait que ce qui équivaut à une intrigue de palais – les fracas entre la Maison-Blanche, les deux chambres du Congrès et un grand inquisiteur macabre nommé Mueller – ait pris le devant de la scène rappelle étrangement divers effondrements politiques antérieurs, tels que la désintégration de l’Empire ottoman ou la chute et la décapitation de Louis XVI. Le fait que Trump, comme les Ottomans, remplisse son harem de femmes d’Europe de l’Est, donne une touche étrange. Cela dit, la plupart des Américains semblent aveugles à la nature de leurs maîtres alors que, par exemple, les Français ne le sont certainement pas comme le montre le mouvement des Gilets-Jaunes. Étape 4 : Effondrement social La foi dans “les vôtres prendront soin de vous” est perdue Je dis depuis quelques années que l’effondrement social est déjà bien avancé aux États-Unis, même si les gens pensent qu’il s’agit de l’effet américain d’une crise globale. Définir “les vôtres” est assez difficile. Les symboles sont toujours là – le drapeau, la Statue de la Liberté et une prédilection pour les boissons glacées et les assiettes pleines d’aliments frits et gras – mais la recette du melting pot semble avoir perdu tout effet et avoir été transférée en Chine. Actuellement, la moitié des ménages américains parlent une langue autre que l’anglais à la maison, et une bonne partie des autres ménages parlent des dialectes de l’anglais qui ne sont pas mutuellement compatibles avec le dialecte standard nord-américain de la télévision et des professeurs universitaires. Tout au long de son histoire en tant que colonie britannique et en tant que nation, les États-Unis ont été dominés par un ethnos d’origine anglo-saxonne. L’appellation “ethnos” n’est pas une étiquette ethnique. Elle n’est pas strictement fondée sur la généalogie, la langue, la culture, l’habitat, la forme de gouvernement ou tout autre facteur ou groupe de facteurs. Tout cela peut être important dans une mesure ou une autre, mais la viabilité d’un ethnos repose uniquement sur sa cohésion et sur l’inclusion mutuelle et le but commun de ses membres. L’ethnos d’origine anglaise a atteint son apogée au lendemain de la Seconde guerre mondiale, au cours de laquelle de nombreux groupes sociaux se sont mêlés dans les armées et leurs membres les plus intelligents ont pu s’instruire et progresser socialement grâce au programme dit de la GI Bill(loi sur les GI). Un potentiel fantastique a été libéré lorsque le privilège – la malédiction de l’ethnos d’origine anglaise depuis sa création – a été temporairement remplacé par le mérite et que les hommes démobilisés les plus talentueux, quelle que soit leur origine, ont reçu une chance d’éducation et de promotion sociale grâce à la GI Bill. Parlant une nouvelle sorte d’anglais américain basé sur le dialecte de l’Ohio comme lingua franca, ces Yankees – des hommes racistes, sexistes et chauvins et, du moins dans leur propre esprit, victorieux – étaient prêts à refaire le monde entier à leur image. Ils ont inondé le monde de pétrole (la production pétrolière américaine tournait alors à plein régime) et de machines qui consumaient et détruisaient l’environnement. De tels actes passionnés d’ethnogenèse sont rares mais pas inhabituels : les Romains qui ont conquis tout le bassin méditerranéen, les barbares qui ont ensuite saccagé Rome, les Mongols qui ont ensuite conquis la majeure partie de l’Eurasie et les Allemands qui ont possédé un Lebensraumdémesuré pendant un très bref instant en sont d’autres exemples. Désormais, il est temps de se demander : que reste-t-il de cette fière conquête de l’ethnos d’origine anglo-saxonne aujourd’hui ? Nous entendons des cris féministes stridents sur la “masculinité toxique” et des minorités de toutes les acabits contre le “blanchissage” et en réponse, nous n’entendons que quelques gémissements mais surtout du silence. Ces fiers conquérants, les virils Yankees qui ont rencontré et fraternisé avec l’Armée Rouge sur l’Elbe le 25 avril 1945 – où sont-ils ? N’ont-ils pas été dévolus à un triste petit sous-ethnos de garçons efféminés, porno-dépendants qui se rasent les poils pubiens et ont besoin d’une autorisation écrite pour avoir des rapports sexuels sans craindre d’être accusés de viol ? L’ethnos anglo-saxon persistera-t-il comme une relique, comme les Anglais ont réussi à s’accrocher à leurs rois (qui ne sont techniquement même plus aristocrates puisqu’ils pratiquent maintenant l’exogamie avec des roturiers) ? Ou bien sera-t-il anéanti par une vague de dépression, de maladies mentales et d’abus d’opiacés ? Son glorieux passé de viol, de pillage et de génocide sera-t-il effacé et les statues de ses héros et criminels de guerre seront-elles détruites ? Seul l’avenir le dira. Étape 5 : Effondrement culturel La foi dans “la bonté de l’humanité” est perdue Le terme “culture” signifie beaucoup de choses pour beaucoup de gens, mais il est plus productif d’observer les cultures que d’en discuter. Les cultures s’expriment à travers les comportements stéréotypés des gens qui sont facilement observables en public. Il ne s’agit pas des stéréotypes négatifs souvent utilisés pour identifier et rejeter les personnes de l’extérieur, mais des stéréotypes positifs – les normes culturelles de comportement, en fait – qui servent d’exigences pour l’adéquation et l’inclusion sociales. Nous pouvons facilement évaluer la viabilité d’une culture en observant les comportements stéréotypés de ses membres. Les gens existent-ils comme un seul espace souverain continu et inclusif ou comme un ensemble d’enclaves exclusives et potentiellement belligérantes, ségréguées par le revenu, l’appartenance ethnique, le niveau d’éducation, l’affiliation politique, etc. Voyez-vous beaucoup de murs, de portes, de points de contrôle, de caméras de sécurité et de panneaux “Entrée interdite” ? La loi du pays est-elle appliquée uniformément ou y a-t-il des bons quartiers, des mauvais quartiers et des zones de non-droit où même la police a peur de s’aventurer ? Est-ce que les gens réunis au hasard en public entrent spontanément en conversation les uns avec les autres et sont à l’aise d’être entassés ensemble, ou sont-ils distants et craintifs, et préfèrent-ils cacher leur visage derrière le petit rectangle rougeoyant de leur smartphone, gardant jalousement leur espace personnel et prêts à considérer toute intrusion dans celui-ci comme une agression ? Les gens restent-ils bons et tolérants les uns envers les autres même lorsqu’ils sont sous pression ou se cachent-ils derrière une façade de politesse tendue et superficielle et s’enflamment à la moindre provocation ? La conversation est-elle douce, gracieuse et respectueuse ou est-elle forte, criarde, grossière et polluée par un langage grossier ? Est-ce que les gens s’habillent bien par respect les uns pour les autres, ou pour se vanter, ou sont-ils tous simplement des rustauds déclassés, même ceux qui ont de l’argent ? Observez le comportement de leurs enfants : ont-ils peur des étrangers et sont-ils piégés dans un petit monde qui leur est propre ou sont-ils ouverts sur le monde et prêts à traiter tout étranger comme un frère ou une sœur de substitution, une tante ou un oncle, une grand-mère ou un grand-père sans avoir besoin de présentations particulières ? Est-ce que les adultes ignorent consciencieusement les enfants des autres ou agissent-ils spontanément comme une seule famille ? S’il y a une accident sur la route, se précipitent-ils spontanément à la rescousse pour en sortir leurs occupants avant que le véhicule n’explose, ou est-ce qu’ils « prennent leur téléphone et appellent quelques flocons »qui « se précipitent pour en détruire d’autres », selon les mots immortels de Frank Zappa ? En cas d’inondation ou d’incendie, les voisins accueillent-ils les personnes qui se retrouvent sans abri ou les laissent-elles attendre que les autorités se présentent et les transportent par autobus vers un abri gouvernemental de fortune ? Il est possible de citer des statistiques ou de fournir des preuves anecdotiques pour évaluer l’état et la viabilité d’une culture, mais vos propres yeux et autres sens peuvent fournir toutes les preuves dont vous avez besoin pour faire votre opinion de votre propre chef et décider de l’intensité de la foi dans “la bonté de l’humanité” qui apparaît évidente chez les gens autour de vous. (Le 15 janvier 2019, Club Orlov, – Traduction du Sakerfrancophone.)
  17. Par Simon Romero – Le 31 décembre 2018 – The New York Times CHANDLER, Arizona – Un jour d’octobre vers midi, l’agresseur se glisse hors d’un parc et se dirige vers sa cible, un fourgon sans chauffeur construit par Waymo, une filiale de Google, qui tourne au ralenti à une intersection voisine. L’agresseur mène son attaque avec un objet pointu non identifié, perforant rapidement un des pneus. Le suspect, identifié comme étant un homme blanc d’une vingtaine d’années, disparait ensuite dans le quartier, à pied. Cette attaque, une parmi deux douzaines d’attaques perpétrées ces deux dernières années contre des véhicules sans chauffeur, à Chandler, une ville près de Phoenix, où Waymo a commencé à tester ses fourgonnettes en 2017. La ville s’était pourtant penchée sur les réticences du public à l’égard de la montée de l’intelligence artificielle, et les fonctionnaires municipaux ont entendu des plaintes sur tous les sujets, de la sécurité à d’éventuelles pertes d’emploi. D’après les rapports de police, certaines personnes ont caillassé des fourgonnettes Waymo. D’autres ont essayé à plusieurs reprises de faire sortir les véhicules de la route. Une femme a crié sur l’une des camionnettes en lui disant de quitter son quartier. Un homme s’est arrêté à côté d’un véhicule Waymo et a menacé l’employé qui se trouvait à l’intérieur avec un morceau de tuyau en PVC. Au cours de l’une des anecdotes les plus graves, un homme a menacé un véhicule Waymo et son conducteur de secours avec un revolver de calibre .22. Il a dit à la police qu’il « méprisait » les voitures sans chauffeur, à cause de l’accident mortel d’une piétonne, en mars à Tempe, non loin de là, par une voiture Uber sans chauffeur. « Il y a d’autres endroits où ils pourraient tester », nous dit Erik O’Polka, 37 ans, qui a reçu un avertissement de la police en novembre, après avoir, à plusieurs reprises, essayé de faire sortir les fourgonnettes Waymo de la route avec sa Jeep Wrangler. Dans un cas, il s’est dirigé de face vers un de ces véhicules automatiques jusqu’à ce qu’il soit obligé de freiner soudainement. Son épouse, Elizabeth, 35 ans, a admis dans une interview que son mari « trouve amusant de freiner brusquement » devant les fourgonnettes sans chauffeur, et qu’elle-même « les a souvent forcées à s’arrêter » pour pouvoir leur crier dessus en leur disant de sortir de leur quartier. Cela a commencé, selon le couple, lorsque leur fils de 10 ans a failli être heurté par l’un de ces véhicules alors qu’il jouait dans un cul-de-sac voisin. « Ils ont dit qu’ils ont besoin d’essais grandeur nature, mais je ne veux pas être victime d’une de leurs erreurs grandeur nature », nous déclare M. O’Polka, qui dirige sa propre entreprise qui fournit des technologies de l’information aux petites entreprises. « Ils ne nous ont jamais demandé si nous voulions faire partie de leur test grandeur nature », rajoute sa femme, qui aide à gérer l’entreprise. Un piéton a été heurté et tué par un véhicule Uber à l’intersection de Mill Avenue et Curry Road à Tempe, Arizona, en mars dernier. Au moins 21 attaques de ce type ont été lancées contre des fourgonnettes Waymo à Chandler, comme l’a signalé pour la première fois The Arizona Republic. Certains analystes disent qu’ils s’attendent à ce que de tels comportements se multiplient à mesure que le pays s’engage dans un débat plus large sur les voitures sans chauffeur et les changements colossaux qu’elles provoqueront dans la société américaine. Ce débat porte sur des craintes allant de la cession du contrôle de la mobilité à des véhicules autonomes à la suppression d’emplois pour les conducteurs. « Les gens s’acharnent à juste titre », explique Douglas Rushkoff, théoricien des médias à la City University of New York et auteur du livre Throwing Rocks at the Google Bus [Lancer des pierres sur les cars Google]. Il compare les voitures sans chauffeur à des équivalents robotiques des briseurs de grève, ces travailleurs qui refusent de se joindre aux grèves ou qui prennent la place de ceux qui sont en grève. « On a de plus en plus l’impression que les grandes entreprises qui perfectionnent les technologies sans chauffeur n’ont pas nos intérêts à cœur, ajoute-t-il. Pensez aux humains qui entraînent ces véhicules, qui forment l’intelligence artificielle qui les remplacera. » Ces chauffeurs d’urgence des fourgonnettes Waymo qui ont été attaqués dans divers cas ont expliqué à la police de Chandler que l’entreprise préférait ne pas poursuivre les agresseurs en justice. Dans certains de leurs rapports, les policiers ont également déclaré que Waymo n’était pas souvent disposé à fournir des vidéos des attaques. Dans un des cas, un employé de Waymo a répondu à la police qu’elle aurait besoin d’un mandat pour obtenir une vidéo enregistrée par les véhicules de l’entreprise. Un gestionnaire de Waymo a montré des images vidéo de l’incident à l’agent Johnson, mais n’a pas permis à la police de les conserver pour une enquête plus approfondie. Selon le rapport de l’agent Johnson, le directeur a déclaré que l’entreprise ne voulait pas poursuivre l’affaire en justice, même si Waymo était préoccupé par les perturbations que connaissent ses essais à Chandler. L’officier William Johnson, de la police de Chandler, décrit dans un rapport écrit en juin comment le conducteur d’un Cruiser Chrysler zigzaguait entre les lignes blanches pour gêner une fourgonnette Waymo. Le rapport indique que Waymo était préoccupé par l’effet des attaques sur ses conducteurs d’urgence, qui sont censés rester en mode de surveillance. « Ces incidents incitent les conducteurs à reprendre le mode manuel plutôt que de rester en mode automatisé en raison de leurs peurs de ce que le conducteur de l’autre véhicule peut faire », y écrit l’agent Johnson. Les chauffeurs d’urgence des fourgonnettes Waymo qui ont été attaquées ont dit à la police de Chandler que l’entreprise préférait ne pas poursuivre les agresseurs en justice. Dans un communiqué, une porte-parole de Waymo a déclaré que les attaques ne concernaient qu’une petite fraction des plus de 25 000 miles que les camionnettes de la compagnie parcourent chaque jour en Arizona. « La sécurité est au cœur de tout ce que nous faisons, ce qui signifie que la sécurité de nos conducteurs, de nos motocyclistes et du public est notre priorité absolue, a déclaré Alexis Georgeson, la porte-parole de Waymo. Au cours des deux dernières années, les Arizoniens ont bien accueilli et se sont montrés enthousiasmés par le potentiel de cette technologie qui rend nos routes plus sûres. » Mme Georgeson a déclaré que l’entreprise prenait au sérieux la sécurité de ses chauffeurs d’urgence et a contesté les allégations selon lesquelles Waymo essayait d’éviter une mauvaise publicité en choisissant de ne pas intenter une action en justice. « Nous signalons les incidents que nous jugeons dangereux et nous avons fourni des photos et des vidéos aux forces de l’ordre locales lorsque nous avons signalé ces actes de vandalisme ou d’agression, déclare Mme Georgeson. Nous soutenons nos chauffeurs et nous nous engageons dans les cas où un acte de vandalisme a été perpétré contre nous. » Les autorités de Chandler et d’ailleurs en Arizona restent volontiers ouvertes à Waymo et à d’autres entreprises de voitures sans chauffeur. Rob Antoniak, directeur de l’exploitation de Valley Metro, qui aide à superviser le système de transport en commun de la région métropolitaine de Phoenix, a déclaré sur Twitter que l’Arizona accueillait toujours les voitures autonomes à bras ouverts malgré les attaques contre les fourgons Waymo. « Ne laissez pas des criminels lançant des pierres ou crevant des pneus faire dérailler les efforts pour assurer l’avenir des transports », a déclaré M. Antoniak. Mais ce tapis rouge officiel ne convainc pas les esprits négatifs. L’un d’entre eux, Charles Pinkham, 37 ans, se tenait dans la rue devant un véhicule Waymo à Chandler un soir d’août quand la police l’a approché. « Pinkham était en état d’ébriété, et son comportement variait de calme à belliqueux et agité pendant mon contact avec lui, a écrit l’officier Richard Rimbach dans son rapport. Il a dit qu’il en avait marre des véhicules Waymo qui circulaient dans son quartier, et qu’il pensait que la meilleure idée pour résoudre ce problème était de se tenir debout devant ces véhicules. » Ça a marché, apparemment. L’employée de Waymo qui était à l’intérieur de la camionnette, Candice Dunson, a décidé de ne pas porter plainte et a dit à la police que l’entreprise préférait arrêter d’utiliser ses véhicules dans cette zone. Pinkham a reçu un avertissement. La fourgonnette a continué sa route. _____________________________ Des tests de véhicules autonomes en France dès 2019 Publié le 17 mai 2018 par Adri1 Selon l’AFP, la France va autoriser les tests de véhicules autonomes sans conducteur sur l’ensemble de son territoire dès 2019, a annoncé lundi le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, assurant vouloir placer le pays en pointe sur ces technologies. Grandiose, désormais les feuilles de choux pour chiens écrasés pourront donc écrire sans abus de langage aucun que « lundi dernier une voiture a renversé un passant / une personne âgée / un cycliste / un enfant / un obstacle humain… » (biffer la mention inutile) et donc dédouaner le caisseux sédentaire et irresponsable de toute faute. Déjà qu’il était à peine sanctionné quand il tuait quelqu’un. « La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, NDLR) prévoira que les expérimentations sur routes ouvertes seront possibles sur tout le territoire français jusqu’au niveau 5 d’autonomie, c’est à dire en l’absence de tout conducteur« , a déclaré M. Le Maire, dans un discours à Paris présentant la stratégie du gouvernement sur les véhicules autonomes. Rassurez-vous, bonnes gens, on œuvre pour la croissance ici, alors rien de précisé dans cette loi quant à un changement dans l’utilisation de l’espace public actuellement dévolu à 80 % à la bagnole, et la liberté de TOUS les usagers de TOUS les modes de circuler partout. Spécialement les modes autogènes dont l’ONU comme l’OMS notamment attestent qu’ils sont ceux permettant de lutter contre la pollution de l’air et la sédentarité. Il a souhaité l’adoption de cette loi « avant la fin de l’année 2018 pour que toutes les dispositions soient opérationnelles dès 2019« . La fin du monde est donc pour demain. « De nombreux tests de véhicules autonomes sont déjà menés sur les routes françaises, mais ils nécessitent des autorisations, sont limités à certains tronçons, et la législation impose pour l’instant la présence d’un opérateur à bord. » « Rendant compte de travaux menés par Anne-Marie Idrac, Haute responsable pour la stratégie nationale du développement des véhicules autonomes, M. Le Maire a affirmé vouloir faire de la France le pays le plus attractif en Europe pour développer ces transformations technologiques » et a promis un « soutien à l’effort de recherche et développement« . Tu m’étonnes, la Frooooooonce est LE pays de bagnolards par excellence de ce côté-ci des pécos. 600 bagnoles pour 1000 personnes en moyenne… « L’arrivée des voitures autonomes sur les routes constitue une révolution pour les services de mobilité. Elle promet des transports plus sûrs, plus accessibles aux personnes âgées ou handicapées, moins consommateurs d’espace, plus propres et même moins coûteux. » Plus sûrs, quand il s’agit de mettre la vie des autres (et tout spécialement des usagers vulnérables) entre les mains de machines qui apprennent en tuant ? Moins consommateurs d’espace, alors qu’il faudra toujours des routes pour faire rouler ces criminomobiles autonomes ? Moins consommateurs d’espace qu’un train voire qu’un vélo, vous y croyez vous ? Plus propres, quand le choix pour les faire rouler c’est soit avec un mix nucléaire / charbon / pétrole soit 100% pétrole ? Moins coûteux, alors que ça suppose qu’il faudra toujours entretenir l’infrastructure routière pour y faire circuler ces nouveaux étrons à 4 roues devant lesquels se pâment les technicistes ? « Mais elle nécessite des modifications complexes des réglementations existantes, notamment pour redéfinir les responsabilités en cas d’accident ou pour assurer la sécurité des données privées des utilisateurs. Elle est aussi un défi pour les entreprises de la filière automobile qui se retrouvent confrontées à des investissements colossaux tout en devant faire face à de nouveaux concurrents venus des services des transports ou des hautes technologies. » Pas un seul mot sur la sobriété, la soutenabilité des transports, ni même le Peak All. Qu’on est bien dans sa petite bulle… « La course à l’innovation est mondiale et la complexité des chantiers poussera à des coopérations européennes face à la Chine et aux Etats-Unis. » « Pour les experts, ces deux pays sont en effet les mieux placés, grâce à leur immense marché et leurs nombreuses sociétés innovantes: Google, Apple, Tesla ou Uber côté américain, face à Baidu (intelligence artificielle), Huawei (télécoms), Didi (services de VTC), Tencent (internet) ou encore Lynk & Co (constructeur automobile) côté chinois. » « Menace pour les constructeurs » « Les véhicules autonomes sont « une opportunité (…) qui doit être saisie. C’est aussi une menace pour nos constructeurs si leurs produits accusent un retard technologique« , a d’ailleurs souligné lundi la ministre des Transports, Elisabeth Borne. N.B. : Je ne vois pas trop pourquoi on parle de NOS constructeurs, dans la simple mesure où ils ont déjà délocalisé 80 à 90 % de leur activité industrielle hors de notre beau pays de veaux motorisés. « Nous constituons une +équipe de France de la mobilité autonome+ pour faire de la France un territoire pionnier » dans ce domaine. « Nous sommes prêts aujourd’hui à déployer un programme d’expérimentation à grande échelle« , a estimé Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui représente la filière. Ah, un ancien ministre de Sarko le Bagnolo-Président en tant que représentant du milieu de la bagnole, qui appelle à expérimenter chez nous ce qui tue déjà de l’autre côté de l’Atlantique, voilà une reconversion réussie Messieurs-Mesdames. On l’applaudit ! « Du côté des constructeurs français, PSA (marques Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) a commencé ses tests en juillet 2015. Il prévoit de commercialiser autour de 2021-2023 ses premiers modèles permettant au conducteur de quitter la route des yeux. » Soit au plus tôt un an après que Renault ait « remis à jour » 80% des logiciels truqués de leurs bagnoles diesel pour lesquelles ils se sont fait prendre en 2016. Juste un peu de mise en perspective des dates… « La voiture totalement autonome en toutes conditions n’est certes pas pour demain, mais les constructeurs commencent à mettre sur le marché des aides à la conduite déjà suffisamment évoluées pour que l’ordinateur de bord prenne en partie les commandes dans certaines circonstances, par exemple pour garder ses distances ou doubler sur une autoroute. » « Les progrès technologiques permettront d’ici deux à trois ans des systèmes semi-autonomes encore plus avancés, autorisant le conducteur à ne plus regarder la route, toujours dans des situations bien définies. » Comme sur l’Autopilot de Tesla. Déjà deux morts à son actif. « Parallèlement aux voitures individuelles, des navettes électriques entièrement autonomes, exploitées par des entreprises sur des zones bien délimitées, feront leur apparition. Renault prévoit la commercialisation de 15 voitures semi-autonomes d’ici 2022. Il a également présenté au salon de Genève son concept EZ-GO de navette électrique, autonome et partagée, dont il promet une version commerciale pour cette même date. » T’as raison Carlos, des fois que ça ferait oublier que tu es empêtré dans le Dieselgate toi aussi. « D’autres acteurs français, des start-up comme Navya, ou des équipementiers comme Valeo ou Faurecia, sont également fortement impliqués dans ces innovations. » Chacun sa part du gâteau. Persistons à bousiller la planète pour un billet au mépris des alertes répétées de tous les interlocuteurs scientifiques, environnementalistes, indépendants… Vive la Fronce, Et vive la croissance ! Simon Romero sources : http://carfree.fr/index.php/2018/05/17/des-tests-de-vehicules-autonomes-en-france-des-2019/
  18. En tchèque "travailleur" se dit "robot". Dans sa destruction systématique de notre nature le capital se prend à rêver et depuis le moyen age d'un grand remplacement. La technologie de naguère avait pour principe énergétique les moulins à eau. L'efficacité technologique libérait du temps pour que l'homme puisse prier. ( La révolution industrielle au moyen-âge - Jean Gimpel - 1975) Aujourd'hui, et alors que le progrés informatique rend obsolète nombres de taches anciennement dédiées à l'homme (https://www.youtube.com/watch?v=yBmz29_5ffA) celui-ci s'imagine être le nouveau dieu 2.0. (https://www.youtube.com/watch?time_continue=75&v=YVLeBTkeo0g) Et mon petit pensum du jour parce ce que vous le valez bien Appel des Chimpanzés du futur Ici Pièces et Main d’œuvre Voici un appel des Chimpanzés du futur Frères humains, sœurs humaines, Vous avez entendu parler du transhumanisme et des transhumanistes ; d’une mystérieuse menace, groupe fanatique, société de savants et d’industriels, discrète et puissante, dont les menées occultes et l’objectif affiché consistent à liquider l’espèce humaine pour lui substituer l’espèce supérieure, « augmentée », des hommes-machines. Une espèce résultant de l’eugénisme et de la convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, des neurotechnologies et des immenses progrès de la science. Vous avez entendu l’ultimatum, cynique et provocant, de ce chercheur en cybernétique : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles gardées au pré. » (1) et encore, « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. » (2) Et vous vous êtes demandé s’il fallait prendre ces esbroufes au sérieux, ou s’il ne s’agissait que de science-fiction et de l’expression boursouflée de l’orgueil technocratique. Hélas, le danger est véritable, et l’Humanité affronte une tentative d’extinction, fomentée par et pour une faction égoïste, implacable et toute-puissante, lasse de partager ce monde résiduel avec des masses de bouches inutiles et toujours plus nombreuses. Comment en sommes-nous venus là, et que devons-nous faire ? Au début, il y avait les poètes. Rimbaud : « J’ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J’ai essayé d’inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J’ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée ! » Ducasse : « C’est un homme ou une pierre ou un arbre qui va commencer le quatrième chant. » Puis les artistes futuristes, Français, Italiens, Soviétiques ; Marinetti, Maïakovski, Apollinaire et tant d’autres, chantres de la violence et de la vitesse ; clairons et rescapés de la Grande Guerre industrielle et mondiale, exaltèrent dans la technologie le vrai moyen de « changer la vie » et de « transformer le monde ». Ils firent la guerre aux vieilleries poétiques, au soleil et à la lune ; ils glorifièrent les aéronefs, les barrages, les moteurs, l’électricité, les Titanic, les Métropolis, les armées blindées, les stades gigantesques. Et les robots, les masses mécanisées. Ils propagèrent les deux grands mouvements de l’époque : la technologie et le totalitarisme. Deux mouvements convergents. Deux aspects d’un même mouvement d’ingénieurs des hommes et des âmes, visant la fabrique de l’homme nouveau, de l’Übermensch nazi à l’Homme d’acier communiste en passant par toutes les variétés de surhommes et de Supermen, pour aboutir au cyborg ; à l’homme bionique des laboratoires transhumanistes, « hybridé » d’implants et d’interfaces. Dès les années Trente, le national-révolutionnaire Ernst Jünger, critiquait le racisme biologique et grossier des nationaux-socialistes, pour lui opposer l’avènement d’un nouveau type d’humanité : Le Travailleur – en tchèque, le robot. Ces progressistes au plan technologique sont des régressistes au plan social et humain, des partisans de la pire régression sociale et humaine ; ce qu’en langage commun on nomme des réactionnaires. Le nazisme, le fascisme et le communisme n’ont succombé que face au surcroît de puissance technoscientifique des Etats-Unis. Mais l’essence du mouvement, la volonté de puissance technoscientifique, s’est réincarnée et amplifiée à travers de nouvelles enveloppes politiques. Le laboratoire est florissant d’où s’est enfuie la créature immonde. Dès 1945, Norbert Wiener mettait au point la cybernétique, la « machine à gouverner » et « l’usine automatisée », qu’IBM implante aujourd’hui sous le nom de « planète intelligente ». C’est-à-dire la fourmilière technologique ubiquitaire, avec ses rouages et ses connexions, ses insectes sociaux-mécaniques qui se nommaient eux-mêmes, jadis, des zoon politikon, des animaux politiques. Pour les transhumanistes et les collabos de la machine, l’humain est l’erreur. L’humain est faible et faillible, l’humain est fini. L’humain leur fait honte. Ils aspirent à la perfection, au fonctionnement infaillible et à l’infinité du système technologique ; à se fondre dans cette totalité autonome. Les transhumanistes trouvent des soutiens partout. Ils s’expriment dans les émissions de radio et dans les journaux de référence. « L’homme augmenté, c’est déjà demain », proclame l’hebdomadaire citoyen qui se réjouit du fait accompli. « Un autre transhumanisme est possible », déclare l’Association française transhumaniste. On n’arrête pas le progrès et la gauche est pour le progrès. Etre de gauche, c’est réclamer le droit et les moyens de l’hybridation homme-machine pour toussétoutes ; d’un service public de l’eugénisme, nouvelle branche de la sécurité sociale. Cependant, nous les chimpanzés du futur, nous n’avons pas perdu, et la machine n’a pas gagné. L’Humain reste une bataille en cours tant qu’il ne s’abandonne pas, et il ne s’abandonne pas tant qu’il pense les choses et les dit avec des mots. Nommer une chose, c’est former une idée, et les idées ont des conséquences inévitables. Nous devons garder les mots et nommer les choses du mot juste. Nous devons former des idées avec leurs conséquences inévitables. Les transhumanistes n’ont qu’une idée : la technologie. Nous, chimpanzés du futur, n’avons qu’une technologie : les idées. Cependant les idées sont plus actives, plus rapides, plus performantes que n’importe quelle technologie ; plus véloces et puissantes qu’Internet et l’électricité. Nous disons : le transhumanisme est un nazisme en milieu scientifique. C’est ce techno-totalitarisme, ce « fascisme » de notre temps que nous combattons, nous, animaux politiques : Et nous vous appelons à l’aide. Sauvons les mots. Brisons les machines. Reproduisez et répandez l’Appel des Chimpanzés du futur. Grenoble, le 5 novembre 2014
  19. J'allais oublier, si vous souhaitez gagner du temps à la lecture de ce topic, surtout n'hésitez pas à sauter toutes les attaques ad hominem, le trolling institutionnalisé ici et les post aux affirmations péremptoires sans fondements ou simples références (voir la vidéo de Benjamin Bayard que j'ai pris la peine, pour un bien piètre résultat, de poster ici). Si vous n'etes ici et comme beaucoup qu'à la recherche d'un peu d'amusement, ce qui est tout à fait compréhensible, faites le contraire. J'aurais bien rajouter "7982 messages et encore du vent" mais je m'abstiendrais en cette belle journée de dimanche.
  20. Cher Ouest35, comprendre le thème de ce topic risque de devoir vous faire lire les 10 pages précédentes, visionner les quelques vidéo et enfin lire, suivant l'importance qu'ils auront à vos yeux, quelques ouvrages référencés. Je comprend bien le principe d'un "topic" qui est une discussion sur un thème clairement mentionné par son titre, s’arrêter seulement à son titre ou à son dernier post, c'est faire preuve d'une certaine fainéantise. Je reste persuader que vous valez mieux que cela. Bonne journée à vous. Absolument chanou 34. Merci de rappeler cette évidence qui leur fait si peur.
  21. Harari dans toute son abjecte horreur et dont le livre fleuri sur les tables de la boboïtude profonde ... Mais pourquoi penser à un meilleur futur puisque nous pauvres humains avons grandi avec l'idée qu'un astéroïde grand comme la lune pouvait nous heurter et anéantir notre caillou du jour au lendemain ? Interview au Temps Le Temps : Dans votre livre, vous affirmez qu’au XXIe siècle l’homme pourra se consacrer à de nouveaux objectifs parce qu’il est venu à bout de ses trois plus grands ennemis : la guerre, la maladie et la faim. Mais quid de la Syrie, du Yémen, du Soudan du Sud ? De la malaria et du cancer ? Du fait qu’un humain sur neuf souffre de la faim ? Yuval Noah Harari : Je dis simplement qu’il y a 300, 3000 ou 30 000 ans, personne n’aurait envisagé que l’année prochaine pourrait peut-être se passer sans guerre, ni épidémie, ni faim. Aujourd’hui, en revanche, c’est une évidence pour la plus grande part de l’humanité. Pour la première fois dans l’histoire, plus de gens meurent d’avoir trop mangé que de n’avoir pas mangé : en 2010, trois millions de personnes sont mortes de surpoids, soit davantage que celles qui ont succombé à la faim, aux guerres, aux actes de violence et au terrorisme. Pour l’Américain ou l’Européen contemporain, Coca-Cola est une plus grande menace qu’al-Qaida. Vous écrivez d’ailleurs que le terrorisme est comme « une mouche dans un magasin de porcelaine ». Une mouche ne peut pas dévaster un magasin de porcelaine. Alors que fait-elle ? Elle se cherche un éléphant, s’enfile dans son oreille, le rend cinglé jusqu’à ce qu’il écume de colère et casse toute la vaisselle. C’est ce que nous vivons depuis vingt ans : al-Qaida n’aurait jamais pu déstabiliser l’Irak toute seule, alors elle a mis en rogne les Américains, qui ont détruit l’Irak. Et ses ruines voient fleurir de nouveaux groupes terroristes. La métaphore fonctionne-t-elle aussi pour l’Europe ? Depuis 1945, le projet européen a apporté une paix durable sur un continent qui n’avait connu que des guerres effroyables depuis des siècles. Mais aujourd’hui 500 millions d’Européens doutent tout à coup de cette Union européenne. Pourquoi ? Parce que quelques terroristes ont assassiné quelques centaines de personnes. C’est la mouche dans l’oreille. Et des éléphants plutôt dangereux trépignent déjà dans les démocraties européennes. Mais c’est aux États-Unis que s’ébat actuellement le plus gros des éléphants. Donald Trump incarne mieux que quiconque la crise de la grande vision libérale du XXe siècle, le modèle de la société libre, de l’économie globale et des frontières ouvertes qui a fonctionné durant les dernières décennies du XXe siècle. Mais à l’instar de tout modèle politique, le libéralisme doit s’adapter à des réalités nouvelles sous peine de disparaître. Je crois que les électeurs perçoivent à juste titre que le système politique ne fonctionne plus. Le politique n’est plus en mesure de proposer à la société des visions porteuses de sens. Du coup, les gens élisent un type comme Trump qui donne un coup de pied au cul au système. La principale faculté du Créateur est de créer la vie. C’est justement à ça que l’on travaille. Je crois qu’au XXIe siècle les principaux produits de l’économie ne seront plus les biens matériels mais les corps, le cerveau et la conscience, autrement dit la vie artificielle. L’Homo Deus a trois façons de passer au niveau supérieur : la bio-ingénierie, les cyborgs et la vie anorganique. Si ça marche, nous serons des dieux. La première façon ? La biotechnologie se limite à la vie organique, mais en mode turbo. La sélection naturelle bricole depuis quatre milliards d’années sur le vivant et il n’y a pas de raison de penser que l’Homo sapiens en est la forme ultime. Mais les bio-ingénieurs qui récrivent les codes génétiques n’auront pas la patience d’attendre si longtemps. L’homme contemporain construit des vaisseaux spatiaux et des ordinateurs alors que ses ancêtres d’il y a 200 000 ans fabriquaient péniblement des haches de pierre. Or nous ne différons de l’Homo Erectus que par de minuscules modifications d’ADN. Si nous savons procéder à de telles mutations, quelles facultés grandioses pourrions-nous obtenir ? Et quels désastres pourrions-nous occasionner ? Deuxièmement : La deuxième voie est plus radicale. Elle combine la vie organique avec des appareils anorganiques : yeux, oreilles, membres bioniques. Aujourd’hui déjà, des patients paralysés peuvent mouvoir des membres bioniques par le seul pouvoir de la pensée. On peut acheter sur la Toile, pour quelques centaines de dollars, des casques qui lisent les signaux électriques du cerveau et servent à la domotique : il suffit de penser à allumer la lumière pour qu’elle s’allume. Troisièmement : La troisième voie fait l’impasse sur l’organique pour fabriquer des êtres vivants entièrement anorganiques. Un logiciel intelligent remplace les réseaux neuronaux. Des chercheurs évoquent la possibilité de télécharger la conscience humaine sur un ordinateur, de répliquer le cerveau. J’en doute. Mais il est évident que la vie pourrait alors assumer des formes que nous n’imaginons pas, même dans nos rêves les plus fous – puisque nos rêves les plus fous résultent de la chimie organique. Vous utilisez la notion de « surhomme » pour la prochaine évolution de l’Homo sapiens. Un terme connoté. Je sais. Il y a quatre-vingts ans les nazis espéraient cultiver le surhomme par la reproduction sélective et la purification ethnique. La science actuelle poursuit un objectif apparenté mais avec des moyens autrement plus efficaces, l’ingénierie génétique et les interfaces entre cerveau et ordinateur. Ces surhommes auraient des facultés physiques et cognitives très supérieures aux nôtres : meilleure mémoire, intelligence accrue, corps plus fort et plus résistant. Peut-être allons-nous vers un avenir où une petite partie de l’humanité aura des facultés de type divin, tandis que les autres resteront en rade. Le XXIe siècle pourrait assister à l’éclosion d’une classe nouvelle, celle des inutiles. Ils n’ont plus de pouvoir politique et aucune valeur marchande. Et je tiens cela pour le plus grand danger dans un avenir proche. Venons-en à la partie la plus noire de votre livre. Ce n’est pas de la science-fiction, ça a commencé il y a longtemps. Il est hautement probable que les algorithmes et les robots assumeront non seulement des emplois industriels mais aussi des prestations de service. À quoi sert un chauffeur de poids lourd si des véhicules autonomes font le travail à moindre coût et de manière plus sûre ? Parmi les métiers menacés figurent aussi les représentants de commerce, les courtiers en bourse et les employés de banque. Enseignants et médecins ont aussi du souci à se faire. Jusqu’ici, la technologie a toujours créé de nouveaux emplois. Je doute qu’un camionneur quinquagénaire sans emploi puisse être aisément recyclé en designer de réalité virtuelle. Le problème est la vitesse inouïe du progrès. Naguère, des innovations techniques comme l’imprimerie ou la machine à vapeur se diffusaient très lentement, la société et le politique avaient le temps de s’adapter aux réalités nouvelles. L’Homo deus serait-il vraiment une espèce nouvelle ou seulement une version améliorée de l’Homo sapiens ? Question de définition : les surhommes qui verront le jour dans les cent ans à venir se différencieront sans doute davantage de nous que nous différons de l’homme de Néandertal ou du chimpanzé. Du coup, il serait correct de parler d’une espèce nouvelle. Qu’adviendra-t-il alors de l’Homo sapiens ? Allons-nous disparaître, serons-nous mis à l’écart ? La représentation apocalyptique, chère au cinéma, d’une armée de robots qui prend le pouvoir et massacre l’humanité est fausse. Il est plus probable que nous nous fondions peu à peu, imperceptiblement, avec nos propres inventions, ordinateurs, Internet des objets, flux de données planétaires. Après tout, il y a aujourd’hui déjà plein de gens qui voient leur téléphone mobile comme une partie d’eux-mêmes et ne peuvent s’en séparer. Et il y a plein de gens qui passent plus de temps à façonner leur profil sur Facebook que dans la vraie vie. Un jour ou l’autre, toutes ces optimisations nous auront tellement changé qu’il n’y aura plus de sens à ce que nous nous nommions Homo sapiens. Peut-être viendra-t-on nous jeter des cacahuètes au zoo ? C’est improbable mais cela fait surgir des questions éthiques urgentes. Si l’on veut savoir ce qui arrivera lorsque nous ne serons plus l’espèce dominante, il suffit d’observer notre façon de faire actuelle avec d’autres espèces moins complexes, les porcs, les bovins et les poules. Des milliards d’êtres sensibles vivent et meurent dans nos fabriques d’animaux. À mes yeux, c’est l’un des plus grands crimes de l’histoire.
  22. jacky29, C'est sûr que pour certains le chemin risque d’être bien long ... "je suis un animal, je réagis comme un animal et je n'en ai aucune honte. je suis ce que je suis, une primate et en tant que telle, je ne supporte pas de voir mon territoire envahi par un autre groupe de primates bâtis comme moi si ceux-ci ne sont pas mes invités" Et je traduit "ça" comment ? (mais je pense à une communauté humaine plus proche de ses valeurs naturelles, sociales et spirituelles) "être ce que nous sommes revient à reconnaître que notre si vaste intellect ne nous sert, in fine, pas à grand chose ... et alors cela sert à quoi? Je pourrais "rebondir" (comme une balle dans une cour de récréation) sur ce genre de phrase, mais bon littéralement ton expression m'amène à croire que « in fine » pour toi la messe est dite. (Si ton choix est fait, si tu penses que … j’ai même pris la peine d’en faire naïvement une supposition) "la réalité biologique te rattrapera à chaque fois!" C'est vrai que personnellement j'ai cessé de faire pipi autour de ma chambre pour délimiter mon territoire et je ne cherche plus les poux sur le crane de ma compagne. Cela fait-il de moi un surhomme ? (800000 ans foutu l’air) "nous assistons à la 5ème, nous allons faire partie de la charrette c'est aussi simple que ça!" Oui TU assistes. Et concrètement tu fais quoi à part te mettre les doigts dans le nez et te gratter ou sa te démange ? -Ba rien, je mouille mon doigt pour savoir de quel coté le vent souffle et je suis le mouvement ... Et tu as raison, cela fait de la belle laine de suivre le mouvement. "je le crois car ce que je constate tous les jours" C'est bien. Continue de constater puis fait nous un rapport de tes constatations et on te fera un devis. Ne mets surtout pas tes mains dans le cambouis, laisse ça aux professionnels depuis le temps que tu votes pour eux tu dois bien en attendre quelque chose. "se bercer d'illusions pour rêver d'un avenir sans racines pré-établies revient à se mentir au niveau de l'espèce" Je ne sais pas lequel de nous deux se berce le plus d'illusions ... (un retour vers une société primitive sans racines, c'est impossible ) "tu vois, nous ne parlons pas de la même chose, j'aime le concret, mon métier m'a appris ..." C'est bien ça le "problème" ton amour du "concret" t'a vite fait oublier que nous ne sommes pas que des singes évolués. Génération perdue sur l'autel de la marchandise, épaves déambulatoires sans aucune spiritualité, aucune volonté de remise en question, le néant, nada, rien. Bienvenue sur forumfr.com. On ne dit pas "mon métier m'a appris", on dit "mon métier m'a dressé à". Donc en quoi ma réponse ne répond pas à tes propos ? Je ne t'exclues de rien du tout brave petite post-adolescente qui connaît bien ses animaux et ses couleurs ... et à se propos tu aurais pu aussi "rebondir" sur les références cités sur ce topic, comme par exemple celle sur Konrad Lorentz ... - bah oui mais tout lire pfiouu ... Je ne pense pas en homme libre. Tu ne trouveras aucunes phrases de ma part sur ce topic affirmant pareille aberration. La liberté est avant tout un concept humain mais connaître la vérité sur les liens qui nous asservissent nous rend plus libre. Évidement, cela demande un effort. Si tu n’en procures aucun tu prends le risque que l’on pense à ta place ... tu deviens une statistique. Les prises de conscience sont individuelles c'est pourquoi j'ai confiance en l'homme. L'humanité elle vivra ce qu'elle a à vivre et ni mon temps de présence ici-bas ni ma bonne volonté ne pourront changer cela mais si une seule personne désireuse d'aller plus loin que le simple constat en lisant cette goute d'eau, ce grain de sable de topic y trouve un peu d'espoir, alors je me considérerais comme chanceux. Je pourrais me taper sur la poitrine en lançant de grands cris sauvages et avec huit bras imagine le bruit. Ta conception actuelle de notre passage sur terre est effroyable. Tu ne te rends même plus compte à quel point tu as perdu de ton humanité. Si un jour tu sors de ta grotte à la Platon, équipe toi d'une sacrée paire de lunette de soleil, style soudeur parce que dehors le soleil brille intensément. Voilà c'est dit, si tu souhaites continuer à polluer ce topic toi aussi par une dose de proportionnelle, n'hésite surtout pas mais stp ne viens surtout pas me donner de leçon de vie. Il te reste encore bien des choses à apprendre et je peux moi-aussi rendre des jugements lapidaires.
  23. Un système nerveux c'est fait pour réagir dixit Laborit ... Je garde foi en l'homme, très peu en l'humanité ... Nous avons encore tellement de choses à apprendre et à accomplir. Je me refuse, stupidement certainement, à baisser les bras. Perversion narcissique ? Peut-etre j'm'en cogne ! Je ne suis pas pour un retour vers une société primitive sans racines, c'est impossible mais je pense à une communauté humaine plus proche de ses valeurs naturelles, sociales et spirituelles que l'absurdité thermo-industrielle qui nous est infligée. Si ton choix est fait, si tu penses que nos différences cognitives nous rapprochent plus des grands singes que d'un homme libre, grand bien te fasse, bon vent et merci d'avoir éliminer 800000 ans d'évolution (sinon plus), on va pas se prendre la tête pour pareille peccadille. "Au bout du bout", si le spectacle te plaît, continus donc à y "assister" puisque cela représente ton horizon indépassable. J'ai personnellement plus de mal que toi à cracher sur la tête de mes enfants. Le chemin est encore long mais après tout, il fait parti du voyage. Exister c'est résister (Jacques Ellul) ...
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