Dessinateur

Politiquement, le PS n'a rien à gagner en brisant le NFP pour s'acoquiner avec la macronie finissante. C'est un mauvais calcul à moyen terme. Même si la dérive à droite est dans les gènes de ce parti et même si quelques uns d'entre eux se verraient bien confier un ministère, vis à vis des électeurs de gauche, ce serait préjudiciable pour la suite (2027). L'accord de non censure, qu'ils évoquent, conduirait fatalement à renoncer sur l'abrogation de la réforme des retraites et sur la hausse des salaires. Un tel accord est indéfendable par LFI. Les écolos et les cocos ne suivraient pas non plus. Toute compromission serait suicidaire pour le parti d'Olivier Faure. Ils n'ont pas oublié leur descente aux enfers après le désastre de François Hollande. Le NPF a besoin du PS et le PS n'a aucun avenir sans le NFP.

Même si cette hypothèse n'était pas farfelue, ça ne servirait qu'à prolonger une politique de droite (façon Hollande). Mais personne n'a intérêt à sauver la macronie finissante. L'heure n'est pas aux additions

Le terme "front républicain" ne veut rien dire. C'est juste un effet de langage pour suggérer que les autres ne sont pas républicains. Lors des dernières législatives, le fameux "font républicain" a permis d'éviter l'élection de certains candidats RN. Il y a même des candidats macronistes qui ont été élus grâce aux voix des électeurs LFI, pour faire barrage à l'extrême droite, au nom du "front républicain". Le lendemain du scrutin, Macron avait enterré toute participation des insoumis au gouvernement. Les contours du "front républicain" sont variables et le contenu est hétérogène. Ce n'est pas un concept politique, mais un effet de communication. Par les temps qui courent, et compte tenu de l'impasse ou se trouve l'entourage du président, l'enfumage est de rigueur.

La macronie a beau s'en défendre, c'est un mouvement politique de droite… de droite modérée. La tentative de confier le gouvernement à Michel Barnier était logique dans la mesure ou ça élargissait l'influence par la droite dure. Mais ça n'a pas marché. Le rêve des macronistes, c'est de refaire le coup de 2017 en débauchant, tous azimuts, les opportunistes de tous bords. Mais voila: La coalition au pouvoir n'a plus la même attractivité et personne n'a intérêt à servir de béquille à un boiteux en fin de vie. Le rêve de Gabriel Atal, ce qu'il appelle "le front républicain", c'est du Macron réchauffé. Bien sur, l'union de la gauche est fragile et bien des socialistes sont tentés de retourner leur veste. Mais ce n'est pas le moment. Un gouvernement démissionnaire peut expédier les affaires courantes pendant de longs mois, voir plus. La France ne s'en porterait pas plus mal n'en déplaise au MEDEF et aux agences de notation.

Acculé militairement et fragilisé politiquement par l'élection de Trump, Zelenski évoque pour la première fois des concessions territoriales. Il tente le tout pour le tout en conditionnant le cessez le feu à l'intervention de l'OTAN. Cette tentative d'impliquer encore davantage les occidentaux, pour élargir le conflit, a peu de chances d'aboutir. Il reste deux mois jusqu'à l'investiture de Trump et Zelenski n'est plus en mesure de fixer les conditions d'une issue diplomatique. Au train où ça va, la guerre sera finie avant que Trump entre à la maison blanche.

ça y est ! Barnier dégaine le 49.3 comme au bon vieux temps d'Elisabeth Borne. Mais les choses ont changé depuis, et ça risque fort de ne pas passer ce coup ci. La France était mal gouvernée, elle ne sera bientôt plus gouvernée du tout. Ce n'est peut être pas plus mal, finalement. Certains ne manqueront pas de dramatiser et de fustiger les responsables de cette situation. Les chiens aboient, et la caravane passe.

La FNSEA est le premier syndicat agricole. Mais cette organisation patronale n'a pas vocation à défendre une évolution des pratiques agricoles vers des productions respectueuses de l'environnement et de la santé publique. Il y a pourtant de nombreux agriculteurs qui s'engagent dans un périlleux travail de conversion. Ce sont ceux là qu'il faudrait aider, car ils en ont réellement besoin. Les aides existent, mais elles sont mal distribuées, voire même détournées de leur mission. A Paris, comme à Bruxelles, on donne satisfaction à ceux qui manifestent le plus fort.

Il y a un double langage chez Macron. D'un côté il tente d'amadouer les syndicats agricoles en cherchant des alliés européens susceptibles de bloquer l'accord du MERCOSUR, et de l'autre, il ménage l'industrie de nos amis allemands en négociant des aménagements du traité pour le libre échange avec l'Amérique latine. C'est "en même temps" à tous les étages.

La langue française est riche et subtile. L'alliance de circonstance entre la macronie agonisante et la droite atrophiée est de nature instable. Celui qui a eu l'idée d'appeler ça "Le socle commun" mérite d'entrer à l'académie française. Par définition, un socle, c'est quelque chose de solide, large et stable, capable de supporter de grandes choses. Il y a de l'humour en politique.

Comme d'habitude, vous falsifiez la réalité et vous affirmez des contres vérités. Cette fois, vous poussez un peu loin. Je me permet donc de dénoncer ces mensonges grotesques en recopiant ci dessous la déclaration officielle de LFI: "Il y a au contraire urgence à bloquer les négociations, et à renvoyer l’accord UE-Mercosur aux oubliettes. Le débat démocratique nécessite de la clarté. Refusant de se résoudre à un simple aménagement cosmétique de cet accord, la France Insoumise a demandé au gouvernement de s’y opposer clairement, ce qu’il se refuse à faire. Son groupe parlementaire a donc voté contre la déclaration d’un gouvernement qui, faute de volonté, n’a aucune stratégie concrète pour mettre fin à l’accord UE-Mercosur."

La victoire qu'on nous avait promise semble s'éloigner. Mais l'issue du conflit semble enfin se profiler. C'est assez différent du conte initial qu'on nous a raconté mais c'est assez logique.

La vertu du régime algérien ne justifie pas de complaisance. La France a reconnu ses erreurs passées. Les problèmes de l'immigration illégale ne peuvent être résolus sans la bonne volonté de l'Algérie. Macron ne peut pas non plus porter toute la responsabilité dans l'échec du néocolonialisme au Sahel. Je ne défend pas la politique étrangère de Macron et je ne partage pas sa vision de la géopolitique mondiale. Notamment vis à vis de la Chine et de ses alliés. Mais le président actuel n'est pas responsable des erreurs du passé. Il ne faut pas tout mélanger.

Les médias ont tendance à faire beaucoup de bruit autour de quelques incidents regrettables. Il y a toujours quelqu'un pour s'indigner et faire le buzz. Pendant ce temps, on ne parle pas d'autre chose. Dans le cas présent, on peut se demander si ce n'est pas intentionnel. Les invectives et les échanges peu aimables, voire les menaces, font partie du métier pour détourner l'attention. C'est un moyen d'éviter les questions de fond. Ne nous laissons pas entrainer dans l'indignation facile. Si vous suivez les séances de l'assemblée, vous verrez qu'il y a une véritable confrontation de points de vue antagonistes et des prises de positions claires. Il ne faut par réduire le travail parlementaire à quelques effets de théâtre.

Vous avez raison d'évoquer le général De Gaulle. Il faut cependant constater que la constitution de la 5ème république a été conçue dans un contexte historique différent d'aujourd'hui. Il serait salutaire de se pencher sur les procédures qui dégradent le fonctionnement de la démocratie. Mais une réforme constitutionnelle d'ampleur est très risquée si elle est conçue par des juristes partisans.

La chorale de droite chante à l'unisson "C'est Barnier ou le chao". Les médias jouent l'accompagnement avec les agences de notation. C'est un air bien connu qu'on remet régulièrement au gout du jour. Bien sur, le chao, c'est la faute aux autres, comme d'habitude. Quand on n'a rien à proposer pour faire envie, on agite un épouvantail. C'est un truc vieux comme le monde.

Ils dénoncent l'insuffisance de contrôles sur les importations. Oui, mais dans le même temps, ils contestent les contrôles de leurs exploitations par notre administration. Il y a un contrôleur pour 1254 agriculteurs, et un contrôle nécessite 3 jours de travail (1/2 journée sur place et 2,5 jours pour rédiger un compte rendu). Un paysan est donc contrôlé en moyenne tous les 2 ans. Certains plus que d'autres, car les installations à risques sont plus surveillées. Pour calmer la grogne, le ministère de l'agriculture a publié une circulaire à tous ses fonctionnaires afin de suspendre momentanément tous les contrôles. Bravo ! Le gouvernement dit aux délinquants "Allez y, vous ne risquez rien" La contestation du MERCOSUR est justifiée, mais ça sert aussi de prétexte pour avancer des revendications injustifiables. Quand au vandalisme de certaines actions, ce n'est pas du syndicalisme.

Les agriculteurs ont beaucoup de détracteurs dans ce forum. Je partage certaines critiques et je pense, comme beaucoup, que les revendications s'appuient sur de vrais dangers pour tenter de faire oublier des comportements peu vertueux. Parler des agriculteurs, c'est faire un amalgame confus. Tous les exploitants agricoles n'ont pas les mêmes problèmes ni les mêmes ambitions. Ceux qui manifestent avec leurs tracteurs à 400000 Euros ne sont pas les plus représentatifs, et ce ne sont pas les plus menacés. Tous les prétextes sont bons pour freiner la transition de l'agriculture intensive vers des pratiques plus raisonnables. Il est de bon ton d'agiter l'épouvantail du MERCOSUR pour s'en prendre aux normes européennes qui nous protègent. Mais ce n'est pas une raison pour suspendre les contrôles dans nos fermes.

14-18 et 39-45 comme parfaite harmonie, il y a mieux. Sans compter l'Indochine, l'Algérie et les Balkans. La parfaite harmonie des campagnes au siècle dernier, c'est aussi le remembrement et la destruction du bocage, l'agriculture intensive et l'utilisation déraisonnable de produits phytosanitaires, d'engrais surdosés. Cerise sur le gâteau: L'épuisement des ressources en eau et bétonisation à outrance. Le siècle dernier, c'est l'exode rural et l'engorgement des grandes villes. Ce sont les cités dortoirs et les mal-logés. C'est la désertification des campagnes et la mort du commerce de proximité. Ce n'est pas souhaitable de revenir aux "fondamentaux nationaux" comme vous dites

Le chancelier allemand a exhorté Vladimir Poutine à retirer ses troupes et à négocier avec Kiev. Que voulez vous que Poutine négocie s'il retire ses troupes ? Olaf Scholz dit n'importe quoi pour ne pas paraitre hors jeu depuis qu'il est sur un siège éjectable après l'éclatement de sa coalition gouvernementale.

Je comprend bien votre penchant pour les circuits courts. Le petit commerce du marché hebdomadaire répond parfaitement aux besoins et aux attentes d'un certaine clientèle. Mais dans une population majoritairement salariée, ce mode de distribution n'est pas généralisable.

Votre argumentation sur les pesticides est totalement fantaisiste. L'Union Européenne n'est pas ce que vous prétendez. Les agriculteurs français sont les premiers bénéficiaires de la politique agricole commune. Mais vous avez raison de dire que le MERCOSUR est favorable à l'industrie allemande. Il faut combattre l'accord de libre échange avec l'Amérique latine. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

Le circuit court vertueux est très en vogue dans les discussions, mais très minoritaire dans les faits. Là où c'est possible, ça reste marginal, et ce n'est pas généralisable à toute la production sur tout le territoire, de toute façon. C'est davantage un acte militant plutôt qu'une alternative véritable. Les agriculteurs participants n'arrivent souvent qu'à écouler une faible part de leur production dans les circuits courts. Ils ne peuvent pas s'adapter au mode de vie de la clientèle. Certains commerçants de la grande distribution proposent ponctuellement des produits locaux à côté de leurs rayons habituels. La proximité est utilisée comme un argument publicitaire destiné à convaincre le client de faire une bonne action. Le mouvement revendicatif à l'initiative de la FNSEA n'a rien à voir avec ça. Il s'appuie sur les absurdités du MERCOSUR pour avancer des revendications qui n'ont rien à voir avec l'intérêt général. Ils ont déjà obtenu du ministre de l'agriculture qu'il publie une directive à l'administration pour suspendre tous les contrôles. C'est comme si on suspendait toutes les condamnations pour calmer la grogne des délinquants.

Les députés n'ont pas pu se mettre d'accord sur le budget 2025. Le texte de Barnier, soumis au Sénat, a de bonnes chances d'être adopté. Il devra alors faire l'objet d'une négociation entre députés et sénateurs dans une commission paritaire. Mais le résultat de ce parcours législatif n'a que peu de chances d'être voté par l'assemblée Nationale. Le passage en force par l'article 49.3 sera inévitable.

Edgar Pisani, ministre de l'agriculture sous De Gaulle, est le père de la loi d’orientation agricole qui avait pour but d'atteindre l'autonomie alimentaire de la France dans l'après guerre 39-45. Le rendement était alors une priorité absolue. La qualité des produits et la protection de l'environnement ne préoccupaient personne. Il fallait nourrir les français. L'agriculture intensive s'est imposée au monde paysan. Elle a remembré les parcelles en saccageant le bocage. L'utilisation de produits phytosanitaires cancérigènes et d'engrais chimiques surdosés étaient générale. Les agriculteurs qui s'endettaient pour acquérir du matériel moderne, étaient obligés de suivre pour rembourser les banques. C'est dans ce contexte qu'est née la FNSEA.

Pour bien comprendre la mentalité qui domine dans le secteur agricole, il suffit de regarder comment fonctionnent les chambres d'agriculture. Il y a 46% de participation aux élections professionnelles, et 55% des votants sont pour la FNSEA. Cette organisation majoritaire fait la pluie et le beau temps dans les rapports entre l'agriculture et les pouvoirs publics. Les exploitants agricoles les plus menacés ne sont pas représentés.