Fraction

Moi, à la base, je suis une baltringue. Mais je n'en ai pas le droit. L'adversité est telle que je dois rire de la mort, et m'en accommoder. Alors, oui, comme vous dites, je me construit une carapace. Mais avouez que la mienne est plus crédible que la vôtre. Telle que je vous connais, vous ne pouvez pas jouer le rôle de l'homme.

Les démons n'existent pas. Et pourtant, ils se manifestent. C'est un phénomène médiatique et neurologique. Ils se sont manifesté dans votre vie, d'une façon ultra-brutale. Et ils se manifesteront tant que vous ne saurez pas leur répondre. Ils se manifesteront tant que vous ne serez pas aguerrie. Or, la meilleure façon de s'aguerrir, c'est l'amour.

Je n'ai jamais réduit la femme à sa faiblesse. J'ai connu des conasses plus fortes que moi. Mais le design de notre société est sexué. Et oui, la femme est souvent réduite à sa faiblesse et à son manque d'audibilité. Quand on est une femme, on ne sort pas dans la rue à minuit. Cette société violente induit un ordre viril. Il faut que les chiens soient plus forts que les loups.

Oui, vous avez raison : la virilité est malmenée par le néo-féminisme. Mais il faut dire que la virilité a beaucoup déconné. 95 % des prisonniers sont des hommes. Le crime est localisable dans le chromosome Y. Personnellement, je revendique le néo-machisme. Il s'agit d'un machisme contractuel, c'est-à-dire un machisme qui sait se remettre en question. L'homme doit utiliser sa force pour protéger les faibles, et non pas pour se servir lui-même. Il doit utiliser son intelligence pour justifier la cause des oubliés, et non seulement sa propre cause. Ca n'a rien à voir avec la cancel-culture. Devenir un gentleman, ça n'est pas donné par la génétique.

Cette image n'est qu'une carapace. Personne n'a réussi a vous donner confiance. Vous avez dû jouer le rôle de l'homme vous-même, sans en avoir les moyens. Moi, je mange 5 démons au petit déjeuner. Il n'y a guère qu'une fillette qui puisse me faire pleurer.

Le destin est mâle, et nous sommes tous sa femelle. Le destin propose, l'homme dispose. Je crois que mon choix est en train de se faire. Elle ressemble à une oasis dans le désert. Ca matche trop, ça ne peut pas être une coïncidence. Je ne crois pas au hasard.

Ok, donc si vous ne voulez pas parler de vous, alors parlons de moi. On ne choisit pas sa femme, on l'invoque. Et c'est le destin qui l'offre. On ne donne pas aux hommes ce qu'ils veulent. On leur donne ce qui est bon et crédible, dans la mesure de leur doléance. C'est là toute l'essence de la démocratie représentative. Et c'est même l'essence de l'audiovisuel public.

C'est votre choix. Mais ça limite la qualité de l'échange.

J'ai cru l'entendre. Mais bref. Maintenant c'est à votre tour, dites-moi quelque chose sur vous.

Je ne suis jamais rancunier. Mais voir un prédateur et un calculateur en moi dénote un manque de discernement.

Je suis un grand solitaire, depuis tout petit. Donc peu habitué à la contrainte des autres. Mais j'ai grandi à Sarcelles, avec la culture de la vanne. Je suis donc habitué à la taquinerie.

Mais, d'habitude, c'est moi qui emmerde le monde. Je croyais que c'était relativement accepté. Ma foi pourquoi pas échanger les rôles. Si c'est nouveau, c'est rigolo. Le changement, c'est marrant.

Ni la survie ni le bonheur ne sont mes valeurs suprêmes. Et lorsque je dois choisir entre la Justice et la Sagesse, je choisis souvent la Justice. Mais si un chirurgien du cœur commettait un crime, faudrait-il le mettre en prison, sachant que ça va coûter la vie à des patients ? Dilemme, cas de conscience.

Ne voyez en moi aucune velléité prédatrice, ni aucun calcul. Le meilleur des mentalismes, c'est la sincérité. Et le meilleur des sophismes, c'est la vérité. Les esprits machiavéliques ont le gène de l'échec.

Détrompez-vous. Je crois savoir de vous que vous avez 4 ados. J'ai engagé un détective.

Oui, la nouvelle génération m'inquiète. Mais je crois qu'il existe plusieurs jeunesses. Le niveau de conscience, c'est comme le patrimoine, il est très inégalitaire. Cela dit, oui, nous avons perdu notre capacité d'indignation. Une grenouille se laisse mourir sans réagir, dans une casserole dont on chauffe l'eau progressivement. Je me souviens de l'époque où la télévision était nationale et régionale. Elle privilégiait la pédagogie au voyeurisme. Mais aujourd'hui, ce n'est plus possible : l'offre est pléthorique, et la zapette est toute-puissante. Le client-roi nous immerge dans le sensationnel, voire dans l'irrationnel. Mais que voulez-vous y faire ? Était-ce vraiment mieux avant ?

Je ne vois pas en quoi je pourrais faire peur. Un prédateur ne s'annonce pas 15 jours à l'avance en jouant du tambour. Je suis plus opportuniste qu'obsessionnel. Je ne viens pas ici pour trouver l'âme sœur, même si tout reste envisageable. Je viens sur les forums pour m'exercer.

Il faut quand même offrir aux autres un minimum de transparence. La mienne est excessive, mais je m'en fous. Je suis sur un forum anonyme, je n'ai pas de tabou. C'est l'endroit idéal pour se confier.

Alain Juppé disait "je ne veux pas des chercheurs, je veux des trouveurs." Ma foi, la dimension pragmatique et technique de la science fait aussi partie de son ontologie. Un accélérateur de particules, ça coûte très cher et ça ne sert pas à grand chose, si ce n'est à satisfaire l'appétit intellectuel des chercheurs. Il y a toujours eu une science fondamentale et une science pragmatique. Il y a également une science qui fait rêver. Evidemment que pour un scientifique, c'est la recherche fondamentale qui est la plus intéressante. Mais les chercheurs cherchent plus de subventions que de particules élémentaires. Combien a coûté la découverte du boson de Higgs ?

Soit. C'est votre choix. J'aurais seulement voulu en savoir plus sur vous. Pour mieux vous identifier et vous cerner.

Du coup, je me pose des questions sur vous. Et j'aimerais en savoir plus. Vous n'allez pas jouer la carte du mystère. Ca risquerait de passer pour un manque-à-être, à la longue.

Je n'ai jamais méprisé ceux qui ne pensent pas comme moi. Quant à mon intelligence, la mesurer serait aussi impudique que mesurer mon pénis. Peu importe l'intelligence, pourvu qu'elle produise des vérités. Non, vraiment, vous me faites un faux procès.

Vous êtes libre de vos réponses. Je constate simplement un manque d'implication personnelle de votre part. J'aime savoir à qui j'ai affaire, son identité, son engagement.

Vous n'avez pas répondu à mes questions.

Quel âge avez-vous ? Si vous deviez sauver le monde ou vous sauver vous-même, quel serait votre choix ?