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Dompteur de mots

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  1. Comme tu peux t'en douter Tison, je suis entièrement d'accord avec ton analyse. Une philosophie qui pense pouvoir réduire des problèmes philosophiques par la logique est une abomination. C'est un peu comme affirmer que la peinture se réduit à des techniques picturales.
  2. Mais le débat est de savoir si on peut bien raisonner sans logique. Évidemment que l'on peut raisonner de manière prétendue de n'importe quelle façon (comme l'illustre savamment Demonax par exemple). Je ne suis pas certain d'où tu veux en venir mais sache que l'idée de "proposition logique" n'a aucun sens. Une proposition est ou n'est pas, et elle peut être vraie ou fausse, mais elle ne peut être dite logique. En l'occurrence, il s'agit effectivement d'une proposition, constituée d'un sujet et d'un prédicat.
  3. Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche ne contient pas beaucoup de raisonnements. En revanche, c'est un texte qui fait beaucoup réfléchir. Le philosophe cherche normalement à réfléchir et à faire réfléchir, non pas à raisonner. Le raisonnement ne se veut qu'un moyen de faire réfléchir. Par exemple Schopenhauer a produit une tonne de raisonnements autour de son idée de Volonté afin de l'illustrer, de la rendre plus palpable. Mais ultimement, c'est une idée qui ne se raisonne pas. Pas que ne se raisonne totalement la critique qu'en fait Nietzsche. D'ailleurs, Nietzsche évitait de livrer sa pensée sous forme de raisonnements entiers, parce qu'il savait pertinemment qu'il donnerait l'illusion que le raisonnement suffit à la réflexion. Il utilisait donc la suspension, le paradoxe, l'image afin de faire plonger la pensée au-dessous de sa forme raisonnante.
  4. Cela n'est pas hors du champ de la logique. On appelle cela un raisonnement analogique. Il est fort possible que la scénarisation anticipée, les projections et les expériences de pensée puissent fonctionner par raisonnements analogiques. Il s’agit d’appliquer par analogie ses connaissance d’une certaine catégorie de cas à un cas particulier. *** Il est difficile d’imaginer un raisonnement adéquat – c’est-à-dire un acte cognitif qui soit effectivement constructif, qui nous fasse parvenir à des résultats – sans qu’il n’y participe d’éléments logiques. On peut imaginer des situations de la vie où nous parvenons à des résultats sans passer par le processus d’abstraction que suppose le raisonnement mais alors, cela peut-il encore s’appeler « raisonnement » ? Une intuition ou une inspiration subite : cela constitue-t-il un raisonnement ? Je ne crois pas. Il serait sans doute intéressant ici de poser la question corollaire : peut-on bien raisonner en utilisant exclusivement la logique ?
  5. J'ai remarqué qu'il y a un moment, dans l'éducation des jeunes enfants (autour d'un an et demi plus précisément), où entre en scène un personnage qui se glisse entre le parent et l'enfant. Il est introduit par le parent qui, instinctivement, nomme son enfant à la troisième personne: "est-ce que Clara veut du lait ?", "Est-ce que Clara a fait caca ?", "est-ce que Clara a des bobos ?", etc. L'enfant fini alors, au bout d'un certain temps, par parler de ce qui lui arrive à la troisième personne: "Clara a peur !", "Clara a faim !". Cette "Clara" devient alors une sorte de personnage intermédiaire, un médium, une interface de communication entre le parent et son enfant. Au lieu d'hurler, de pleurer, l'enfant est incité à faire entrer ses besoins, ses sentiments, ses états d'âme sur la scène de ce curieux personnage, dont le domaine est l'abstraction. Petit à petit, l'enfant intériorise ce personnage, si bien qu'à un moment donné, le parent, toujours instinctivement, arrête d'utiliser cet artifice et reviens à l'utilisation de la deuxième personne. Et bien c'est ça l'ego. C'est cette interface de communication que nous développons, c'est le complexe abstrait que nous nous faisons de ce que nous sommes. Selon les circonstances de notre vie, il deviendra le lieu de dissimulations, de travestissements, d'investissements affectifs néfastes, etc., cela pas forcément parce que l'ego est en soit mauvais: il est nécessaire à la vie civilisée et en cela, il est bon. Le fait est que nous souffririons même sans ego. La créature qui se vit seulement dans l'immédiateté de sa volonté prend des mauvais plis et a des carences adaptatives de la même façon que la créature qui se vit dans l'abstraction de son ego, bien que la nature de ces difficultés diffère. Par contre, dans les situations intenables, on voit souvent la créature égotique passer outre son interface abstraite et crier ce qui lui pèse. Dans la foulée de cette analyse, j’en profite pour lancer une critique à l’égard de l’image de la mousse expansive de Quasimodo. Le jeune enfant n’est pas tant dans une situation expansive que dans une situation bornée. Exactement comme les animaux. Nous avons l’impression, même pour les animaux, qu’ils sont habités par une propension expansive parce qu’ils violent immanquablement les règles de la vie collective, mais c’est seulement que dans leur horizon borné, ces règles n’ont pas de sens. Il y a deux questionnements bien distincts dans ce que tu racontes Anna : celui du degré d’égoïsme dans notre rapport à autrui, et celui de notre authenticité dans notre rapport à autrui. En ce qui concerne le premier questionnement, je ne crois pas une seconde en une relation qui serait complètement dénuée d’égoïsme. Il est ma foi complètement naturel et sain d’exiger, par exemple, d’une relation qu’elle soit enrichissante, que l’on puisse y recevoir et non pas seulement y donner, que l’on puisse y trouver le respect, etc. Je crois que l’égoïsme est un trait nécessaire de l’homme, mais que cet égoïsme peut se décliner avec superficialité ou avec profondeur. En un mot, je dirai que la superficialité consiste à faire de son ego la fin de sa vie, plutôt que le moyen. C’est sans doute d’ailleurs cet ego comme fin que les religions veulent dénoncer lorsqu’elles en font le procès (au travers d’un indescriptible cafouillis conceptuel, bien entendu). Quant à la profondeur, elle ne semble pas résider dans le châtrage de notre ego, mais plutôt dans la délibération par laquelle nous fixons ce qui vaut d’être poursuivi, par laquelle nous distinguons ce qui est moyen de ce qui est fin. Je dis la « délibération », mais je ne veux pas donner l’impression de faire l’apologie de la tergiversation. Au final, la délibération n’est que le moyen de parvenir à soi-même, et il y a forcément des moments, des circonstances où l’idée de ce « soi-même » peut nous parvenir clairement et rapidement. Quant au deuxième questionnement, celui qui concerne l’authenticité, il découle de notre besoin égoïste d’avoir confiance aux personnes avec qui nous tissons des relations. Nous ne voulons pas nous trouver instrumentalisés par les autres, et ne devenir que les serviteurs de leur ego comme fin, parce que nous sentons naturellement que ce qui participe de cette superficialité est avilissant et indigne. Et ce qui est vrai pour les autres est vrai pour nous aussi : il est nous insupportable de découvrir que nous sommes instrumentalisés par des processus que nous avons laissés se développer autour de nous et malgré nous, en quelque sorte, que nous sommes pris dans un tourbillon sur lequel nous n’avons plus de contrôle. Nous avons besoin d’avoir confiance en ce personnage que nous portons sur la scène du monde, pour ainsi dire. Ensuite, ces processus dépersonnalisants, ces tourbillons qui peuvent parfois nous entourer se tissent de manière bidirectionnelle : c’est du dialogue de nous-même avec les autres qu’ils découlent. Et ce mode dialogique suppose donc que l’authenticité d’autrui participe à notre authenticité propre. Ce qui fait que non seulement vaut-il mieux avoir pour nous-mêmes l’exigence d’être authentiques, mais du même coup, pour arriver à cette fin, il vaut également mieux d’avoir l’exigence égoïste que l’autre fasse preuve d’une pareille authenticité. Or, cette authenticité et cette profondeur visés ne correspondent pas à un désintéressement – ou alors seulement à un désintéressement des choses qui se rapportent à l’ego comme fin, mais plutôt au contraire à un engagement des plus profonds – engagement d’affirmation de soi, d’affirmation de la vie qui est en soi, etc. Mon ego se pose alors comme le moyen nécessaire à cette fin, parce qu’il est mon moyen de médiation avec les autres et que je reconnais que sans les autres, je ne puis accéder, en frais d’explosion de vie, qu’à un vulgaire pet au lieu du feu d’artifice que l’amour rend possible.
  6. Désolé Simplicius. J'ai lu ce commentaire à un moment où j'étais pressé et j'ai complètement oublié d'y répondre par après. Merci donc pour ces bons commentaires et je me permets de dire que j'apprécie beaucoup tes interventions et regrette qu'on ne te voie pas plus souvent en philo. Au plaisir.

  7. J'ai déjà parlé ici de la conception de la séduction par Baudrillard (cela dit, j'en fais une interprétation tout à fait libre). Ce philosophe explique que le mouvement rationalisant qui a cours depuis quelque part au XVIIIe siècle se caractérise précisément par une tendance à dévoiler, à exposer les choses dans leur nudité, dans leur vérité. C'est vrai par exemple dans les sciences, où le charme des mythes et de la poésie qui a cours dans la nature, ou plutôt dans la relation de l'homme à la nature, est battu en brèche par la raison, par le goût d'atteindre jusqu'aux principes mêmes des choses. Mais c'est aussi vrai dans le domaine des relations amoureuses, où l'on est lentement remonté, sur les ailes par exemple de Schopenhauer et de la psychanalyse, vers une vision de l'amour dénudée jusqu'aux principes du sexe, de la libido, de l'instinct de reproduction, etc. Et même, ne s'achemine-t-on pas souvent jusqu'au principe même de l'orgasme ? L'orgasme comme vérité ultime de la relation amoureuse, comme sa fin, son aboutissement. Baudrillard cite à l'appui l'omniprésence de la pornographie dans la vie d'aujourd'hui. Face à cela, il propose le jeu de la séduction. Non pas une séduction qui aurait pour but de duper l'autre par l'artifice. Non, il s'agit d'une séduction consentante, d'un théâtre partagé. Il s'agit ici précisément de se libérer de la fatalité de nos dispositions physiologiques par l'injection d'une bonne couche d'arbitraire dans nos relations amoureuses. Il s'agit de se jeter dans une aventure, de donner aux forces qui nous habitent une tangente imprévue plutôt que de se laisser vivre par elles. Cela est certainement très différent du dispositif de séduction qui se tisserait autour de l'amoureux qui, au sein d'une appréhension rationalisante des choses, chercherait à duper l'autre ou à créer une sorte de jeu de dupes mutuel où il s'agirait d'atteindre à la vérité du sexe, de l'orgasme.
  8. Théia et Anna dans un même topic ! C'est une orgie intellectuelle !
  9. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Ok, tu as une opinion sur la psychanalyse, c'est formidable. Mais ce n'est pas de la philosophie. La philosophie dépasse la simple opinion.
  10. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Élabore, je t'en prie !
  11. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Tu lis vite et tu réponds vite Chapati. Trop vite. Tu es philosophiquement précoce. Je te renvoie à cet endroit. Donne-toi 3 jours pour méditer le tout et reviens-moi là-dessus.
  12. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Je songeais à l’enseignement de Nietzsche, depuis lequel il est impossible de penser la philosophie (et donc de philosopher) sans penser l’homme derrière le philosophe. Cela parce que Nietzsche nous a rappelé que la philosophie n’était pas seulement un exercice conceptuel, un jeu de construction de savoirs, mais bien aussi une activité qui a à voir avec notre vitalité même, et qui doit s’inscrire dans les paramètres de notre finitude. Il a reconnu chez Schopenhauer particulièrement mais dans l’âme de plusieurs autres philosophes aussi (à commencer par lui-même) la maladie de l’âme qu’on appelle « nihilisme », avec le devoir moral, pourrait-on dire paradoxalement, pour le philosophe, de ne pas réfléchir à partir, ou au sein même de ces états morbides. Nietzsche a innové – en suivant les traces de Montaigne cela dit – en menant une œuvre réflexive qui allie étroitement le personnel et l’universel. C’est cela qui rend sa lecture si touchante et si désarmante à la fois : c’est que le bas-ventre et les étoiles s’y rencontrent constamment, et s’affrontent dans un constant jeu de tension. Mais cet avènement du « personnel » dans la philosophie ne se résume pas dans un mouvement introspectif : il suppose la mise en place d’un tout nouvel état d’esprit. Tu demandais en quoi la philo ne philosopherait pas en tenant compte de l’inconscient. Et bien je t’annonce que l’on a toujours philosophé en tenant compte de l’inconscient. Seulement, on le ramenait au concept des « passions ». La psyché était appréhendée de façon manichéenne, où tout ce qui relevait du Logos avait la cote, alors que tout ce qui relevait du désordre des passions, des pulsions, de l’informé, de l’ambiguïté était rejeté comme mauvais. La grande innovation de la psychanalyse, ce n’est pas tant de poser le concept d’inconscient que de rétablir la dignité de la partie sombre de notre psyché, et de les rendre essentiels à notre réflexion. L’essentiel, ce n’est pas de suivre une cure, ce n’est pas d’analyser nos rêves, de débusquer les archétypes qui se profilent dans les productions de notre esprit. Non, l’essentiel, c’est d’apprendre cette leçon que le monde – à commencer par le monde de notre esprit – n’est pas noir ou blanc, mais que l’ambiguïté, le chaos, l’incertitude, l’étrangeté nous entourent étroitement, et parlent en nous plus souvent que nous ne le pensons. Je le dis en termes simples, presque naïfs, mais la réalité est que la plupart des gens – et ça inclue probablement ceux qui lisent ceci, et peut-être même celui qui écrit – sous-estiment à quel point c’est vrai. Or, la pensée philosophique ne peut évoluer autrement qu’en incluant ces aspects de l’expérience humaine en elle. Si bien que Freud a réussi l’exploit assez incroyable de se hisser au panthéon des plus grands philosophes sans faire de philosophie. Le problème avec la psychanalyse, c’est qu’on l’appréhende comme une théorie. On dit « psychanalyse » et aussitôt, notre esprit se tapisse d’images de Freud, d’Œdipe, de schizos, etc. Mais la psychanalyse, comme je l’ai dit plus haut, est d’abord une pratique. Mais encore : lorsque l’on dit « pratique » on songe au divan, aux sarraus, à des analystes moustachus avec des airs plus ou moins pervers, etc. Je parlerais donc plutôt finalement d’un état d’esprit. Oh je ne prétends pas ici faire un portrait définitif de la doctrine foucaldienne. Je n’ai pas ce genre de visée académique. J’en extrais les matériaux qui m’intéressent, voilà tout.
  13. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Dire que la psychanalyse ne répond pas aux critères qui définissent les sciences de la nature, c'est un peu comme observer un Mac et affirmer qu'il ne s'agit pas d'un ordinateur, sous prétexte que ce n’est pas monté comme un PC. Bien entendu que la psychanalyse, comme toutes les sciences humaines, n'a pas une structure épistémologique (épistémologique : qui se rapporte aux fondements de la connaissance) identique aux sciences de la nature. En suivant les enseignements de Foucault, on peut refaire le mouvement de l'épistémè (épistémè : la structure épistémologique de la pensée) de la pensée occidentale. D'abord, avant le XVe siècle, l'homme médiéval était une créature qui lisait le grand livre du monde sans trop se soucier de la façon dont il le faisait. Puis, l'homme a aperçu, au tournant du XVe siècle, sa propre représentation du monde, ce qui lui a permis de donner à cette représentation des principes, une structure, une cohérence. Cela correspond à l'arrivée de Descartes, à la critique de la raison de Kant, à la montée en force des sciences et des Lumières. Puis, dans un deuxième temps, à quelque part au XVIIIe siècle, l'homme s'est aperçu en train d'apercevoir sa propre représentation. C'est-à-dire que la figure de l'homme a fait son apparition sur la scène épistémologique occidentale. On s'est rendu compte que l'homme était le dénominateur commun de toute représentation du monde, qu'il conditionnait forcément ses propres représentations. Par conséquent, il fallait l'étudier. C’est un peu comme si, autour d’un volcan, on s’était d’abord intéressé seulement à étudier le paysage volcanique dans toutes ses particularités (sciences de la nature), puis qu’on s’était rendu compte qu’à la base du paysage, il y a un volcan (l'homme). On s’est alors intéressé à l’étude des volcans (sciences humaines), à leurs conditions d’éruption. Qualifions maintenant plus précisément le basculement épistémologique que suppose l'avènement des sciences humaines. Alors que les sciences de la nature s'ordonnent selon une certaine pureté linéaire, hiérarchique et mathématique, la structure des sciences humaines suppose plutôt un certain éclatement. En fait, les sciences humaines procèdent, selon Foucault (mais avec ma touche personnelle), d'une constante tension entre : I. un aspect mathématico-physique (mode déductif); II. un aspect symbolique (mode analogique); III. un aspect philosophique (mode réflexif). On devine que la psychanalyse se cantonne surtout dans les aspects II et III, même si elle n'exclut pas le I. La psychanalyse est en effet malgré tout à la recherche de causalités directes, d'effets de linéarité et de cohérence. Mais il serait complètement erroné d’affirmer que cela est sa seule ambition ou qu’il s’agit du principe fondamental de son activité. Le principe fondamental de son activité, c’est précisément qu’il n’y en a pas : c’est plutôt une tension partagée dans la triade exposée plus haut. Il convient ensuite de bien distinguer entre sciences humaines, philosophie et psychanalyse. Nous dirons d'abord qu'une conscience a pour propriété de jaillir, ou plutôt que ce qui advient à la conscience découle d'un jaillissement (d’où la pertinence de l’image du volcan), et que la philosophie est cette discipline qui se place précisément là où la conscience jaillit, dans l'engagement même de ces mouvements de force, pour les traduire sous forme de quelque chose qui ressemble à une pensée structurée. Les sciences humaines quant à elles étudient la figure de l’homme dans ses diverses manifestations empiriques, selon des domaines définis. Finalement, la psychanalyse, qui est une science humaine, a la particularité de correspondre à l’étude des manifestations empiriques du jaillissement dont je parlais plus tôt. Elle ne se place pas dans l'engagement même de cette force, elle n'en vit pas la propulsion, mais elle l'étudie. Ou du moins est-ce sa posture principale. Car si l’on relève les yeux sur la triade épistémologique des sciences humaines, on se rend compte que le III correspond précisément à la philosophie. Les sciences humaines – et donc la psychanalyse aussi – flirtent en effet souvent avec la réflexion philosophique. La psychanalyse se pose donc comme l’étude-limite des conditions d’éruption des volcans dans ses soubassements les plus profonds. Quant à la philosophie, on pourrait la voir comme l’éruption même, comme activité éruptive. Tout se rassemble autour de la philosophie parce que c’est elle qui est l’événement même, ou l’avènement même du reste. Mais on peut voir en quoi la psychanalyse occupe une place si particulière dans le savoir, et pourquoi elle est si intimement liée à la philosophie et que celle-ci ne peut parvenir à l’ignorer : c’est qu’elle se place en amont de la philosophie. Ça ne signifie pas qu’elle est plus importante, mais plutôt que la philosophie doit entrer dans une sorte de dialectique avec elle. Autrement, si la philosophie ignore l’étude des profondeurs volcaniques, elle risque de ne devenir que le paysage stérile d’éruptions névrotiques – ce dont précisément s’est par exemple rendu compte Nietzsche en étudiant le cas de Schopenhauer. Foucault assoit bien le rôle de la psychanalyse dans la pensée générale : « […] aux confins de toutes les connaissances sur l’homme, [la psychanalyse forme] à coup sûr un trésor inépuisable d’expériences et de concepts, mais surtout un perpétuel principe d’inquiétude, de mise en question, de critique et de contestation de ce qui a pu sembler, par ailleurs, acquis. » Enfin, autre particularité épistémologique : parce que la psychanalyse est une étude-limite, c’est-à-dire qu’elle situe son champ d’étude avant même l’éruption au cours de laquelle les matériaux de la psyché se solidifient en représentations claires, et qu’elle s’intéresse donc aux représentations primitives, archaïques de la psyché, elle ne peut fonctionner que sur une espèce de mode mythologique (ce qui n’est pas vrai dans les autres sciences humaines). Ses productions mythologiques tendent à vouloir s’organiser en grappes manifestant la linéarité des sciences de la nature sans jamais vraiment y parvenir de façon définitive ou totalement convaincante. La psychanalyse agit plus comme un principe d’inquiétude comme le dit Foucault, qui prend forme dans l’analyse même, que comme un appareil théorique nous amenant vers une pureté opérative. C’est pour cela que la psychanalyse reste véritablement une science pratique, c’est-à-dire centrée autour d’une pratique, plus que d’une théorie.
  14. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Oui, je lisais la Phénoménologie de l'esprit je crois à ce moment-là. Une période difficile. Je n'ai jamais digéré ton départ.
  15. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Qui ais-je donc attaqué ? Demonax : ne me dis pas que tu as quelque pitié pour ce sinistre polichinelle qui trollait sans vergogne dans le topic sur la cruauté. Toi-même : je suis sûr, en toute objectivité, que tu peux voir en quoi ton côté académiste têtu peut être une source de frustration. J’ai probablement déjà lancé çà et là des pointes à Déjà et à Quasimodo, mais en toute camaraderie, et ces types-là savent que j’éprouve du respect à leur égard. J’avoue que dans mes moments les plus sombres, j’ai tout de même traité Tison de petit vermisseau. Essentiellement, je veux être satisfait par tes interventions. Hé ho, pas besoin d’être méchant : je voulais seulement te faire plaisir. J’ai beaucoup de respect pour l’organe cérébral qui se cache derrière Anna Kronisme. Intellectuellement parlant, c’est clairement l’une des personnalités les plus intéressantes qu’il m’ait été donné de croiser ici. Vous êtes ensemble dans la vie ? Nietzsche, Spinoza, parfois Bergson, sans doute Schopenhauer, peut-être Amélie Nothomb, assurément Kierkegaard, Dostoïevski, Artaud, de temps en temps Montaigne, Lautréamont par-ci par-là, Deleuze même, etc. Je ne recherche pas la gloire, mais bien la vérité.
  16. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Bon, j'ai réussi retrouver la discussion. Tout était parti d'une envolée de ma part sur le sens de l'écriture, qui a ensuite viré en discussion psychanalytique ma foi... assez joyeuse. Il y a là quelques perles: Dompteur: Un débat philosophique doit être une grande orgie de l'esprit, où les membres copulent allègrement, se claquent les fesses, se tirent les poils, etc. Anna: Je te laisser jouer à touche-pipi avec tes copains, [Dompteur] de mots. Dompteur: Sans compter que je veux jouer à touche-pipi avec toi aussi, ce dont tu m'empêches effrontément. Blaquière: Elle est partante, mais pour se mettre entre les deux !
  17. Tu descends lentement les degrés dans l'échelle du trollisme. Maintenant, tu en es à détourner la définition des concepts qui sont en jeux pour attaquer... ... à proférer des attaques ad hominem qui sont non seulement dénuées de sous-texte rationnel mais également dénuées d'esprit... ... et finalement à tisser des associations de façon aléatoire. Je me demande si Deleuze aurait été fier..?
  18. Il y a 2 sortes de trolls dans le monde: A. les trolls kuniques; B. les trolls du ressentiment. Or, tu viens de te peindre des couleurs de la catégorie B. Ce qui n'était qu'académisme têtu chez toi vient de devenir mauvaise foi.
  19. Tout à fait d'accord avec toi Yop. Cela rejoint mon idée d'appréhender l'art davantage comme une mouvance qui traverse toute la société (ce qui n'empêche pas que l'artiste en soit le pivot), plutôt que de se limiter à la stricte perspective fétichisante de la production d'items artistiques (ce qui n'empêche pas que l'œuvre d'art soit effectivement au centre du schéma). D'ailleurs, sous l'angle de la production, on ne sait pas vraiment ce qui n'est par exemple que décoration, ou divertissement, et ce qui est réellement art. Alors que si on ajoute la composante temporelle nous permettant d'appréhender le tout sous l'angle du processus culturel, l'art se distingue par les effets qu'il provoque sur son passage*. Et j'ajoute que toujours selon cette conception, l'idée de communication est absolument essentielle et centrale: envisagé comme processus ou comme déroulement, l'art doit nécessairement impliquer la communication entre l'artiste et son public. Peut-être que l'idée que j'avance là n'est concevable que dans le monde ultra-médiatisé de la postmodernité puisqu'auparavant, ce sont surtout les items qui circulaient, et l'exposition de l'artiste restait assez limitée. Maintenant, beaucoup d'artistes ont compris que la place prépondérante que les médias ont prise fait en sorte que la présentation qui est faite de leurs œuvres et d'eux-mêmes doit faire partie du processus de création. Je reviens encore à l'exemple du glam-rock: un type comme David Bowie s'est démarqué de ses collègues en prenant possession de tout ce qui entoure la vie de rocker: il s'impliquait dans le design des décors de ses tournées, dans la conception de ses publicités, de ses objets de promotion, de ses maquillages, costumes, pochettes, etc. Stanley Kubrick, une autre de mes idoles, veillait attentivement à la mise en marché de ses films, en réglant les moindres détails avec un soin maniaque. * La même chose s'observe en philosophie. La philo, ce n'est pas seulement la production d'items philosophiques, c'est un processus culturel. Qui sait, peut-être Deleuze, lorsqu'il affirmait qu'il "espérait faire de la philosophie", songeait-il à cette réalité que peu importe le brouhaha conceptuel produit, n'est philosophe que celui qui parvient à s'inscrire dans la réalité du travail culturel.
  20. Laisse-moi deviner: une promenade du schizophrène ? Hihihi !
  21. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Je n'ai pas vraiment le temps de réfléchir sérieusement à la question ces jours-ci. Je vais donc me contenter de coller un bout d'une ancienne discussion avec Anna Kronisme. Cela date tout de même de presque 2 ans, il y a donc là un certain lot de maladresses juvéniles. Toutefois, tu n'auras même pas à te demander si ça te plaît puisque tu vas apercevoir rapidement des idées et même une citation deleuziennes: C’est-à-dire que son concept a une extension telle qu’il puisse s’appliquer à autre chose qu’à la thérapie psychanalytique. En revanche, la définition du transfert est indissociable de la psychanalyse, à savoir le déplacement des investissements issus de l’environnement enfantin vers l’analyste. Qu’il y ait des phénomènes de transfert entre les individus, voire entre les cultures, cela ne fait pas de doute. Que tous ces phénomènes doivent être passés dans la moulinette psychanalytique et être ramenés à l’éternel familialisme, cela est certainement plus douteux. Appelons « transfert » au sens général le mécanisme décrivant les phénomènes d’échange ou de transmission qui impliquent une certaine intimité relationnelle. Appelons « transfert psychanalytique » la déclinaison particulière de ce mécanisme sous l’égide du familialisme. On peut imaginer une foule d’autres explications que celle du familialisme pour expliquer les phénomènes de transmission, parmi lesquels l’amour ou l’amitié. Évidemment, on peut fort bien ramener ces deux derniers au familialisme mais ma conviction profonde est que le familialisme ne désigne pas le mode de fonctionnement essentiel du désir et de l’amour humain, mais bien seulement certaines de ses intrications conflictuelles possibles. Pour tout dire, la psychanalyse instaure le familialisme comme une espèce de signifiant despotique. Comme le dit Deleuze : « L’inconscient cesse d’être ce qu’il est, une usine, un atelier, pour devenir un théâtre, scène et mise en scène. Et pas même un théâtre d’avant-garde, comme il y en avait au temps de Freud, mais le théâtre classique, l’ordre classique de la représentation. Le psychanalyste devient metteur en scène pour un théâtre privé – au lieu d’être l’ingénieur ou le mécanicien qui monte des unités de production et d’anti-production. » Il y a donc en effet un transfert au sens général qui s’établit entre « enseignant » et « apprenant ». Et en âge scolaire, on peut spéculer assez aisément que ce transfert doit certainement comporter de ces intrications familialistes que décrit la psychanalyse, puisque l’individu est encore à dépatouiller les composantes de son Désir du milieu qui le retient. Devenir un adulte ne consiste-t-il pas justement en ceci, de parvenir à faire s’exprimer ce Désir hors des intrications familiales ? Il n’est certainement pas exclus non plus que ce type de transfert puisse avoir lieu plus tard, sous une forme refoulée pour des personnalités conflictuelles, ou même sous une forme assumée, pour des personnalités qui trouvent une forme de résolution par procuration, comme lorsque qu’un apprenant dit d’un mentor qu’il a été comme un père pour lui. Mais on peut penser aussi que ce schéma ne s’applique pas du tout, ou du moins pas essentiellement, peut-être qu’anecdotiquement dans plusieurs cas. Il est beaucoup question de l’apprenant lorsqu’on parle de phénomènes de transfert mais qu’en est-il de l’enseignant ? Est-ce que l’enseignant ne doit pas également être mis en jeu, ne peut-il pas porter une partie de la responsabilité de ce qu’un transfert puisse tourner au familialisme ? Ne peut-il pas lui-même projeter ses propres intrications familiales sur la relation ? Ça me semble évident. Une caractéristique notable des bouquins de psychanalystes est qu’ils adoptent un ton résolument paternaliste. Pour un lecteur dont la culture n’est pas assez large pour lui permettre de conserver une distance critique par rapport au flot de références que les psychanalystes passent à leur moulinette, ce paternalisme peut certainement devenir hypnotique, fascinant, séduisant, irrésistible. Paradoxalement, cela induit pour le lecteur une posture qui est contraire à ce que devrait être la visée ultime de la psychanalyse, à savoir aider l’individu à développer son autonomie. Bien sûr, un ouvrage de psychanalyse vise aussi à exposer la doctrine, à exposer des raisonnements, et pour cette fin, tout philosophe injecte aussi dans ses œuvres une certaine dose de fière arrogance. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’à ce titre, certains philosophes aient aussi une allure paternaliste – pensons seulement au Socrate de Platon. Mais cela n’est pas un argument pour la psychanalyse, mais plutôt contre Platon. Au final, il n’en reste pas moins que les psychanalystes font souvent preuve, sur cet aspect, de complaisance. Même si des éléments de familialisme peuvent effectivement se glisser au sein des relations entre enseignant et apprenant, dans la presque totalité des cas, il ne sera pas utile de les évoquer. Cela pour la bonne raison que la plupart du temps, il s'agira et pour l'enseignant et pour l'apprenant de travailler sur leur relation dans ce qu'elle a d'original et de singulier. L'exploration de ces composantes familialistes n'aura d'utilité réelle qu'en cas de névrose de part ou d'autre, une névrose qui empêcherait justement l'avènement d'une relation originale et singulière. On voit bien ici en quoi consiste l'arrogance et l'impudence de la psychanalyse : elle saisit les solutions qu'elle propose pour des cas d'exception et les étends à l'ensemble des cas possible, en une manière de vouloir guérir l'humanité. Cette façon de donner à la psychanalyse une immanence épistémologique est certainement compréhensible d'un point de vue intérieur à la discipline, car elle définit le terreau d'application de la doctrine. Mais à l'esprit du sujet dont le labeur consiste à bâtir sa propre autonomie, c'est une contrainte inadmissible. Va pour les situations thérapeutiques où il s’agit de pénétrer les intrications familialistes de l’individu névrosé. Mais en dehors de cela, ça devient un dogmatisme qui gomme la simplicité et la singularité de tout rapport humain. Il n’y a aucune logique, quelle qu’elle soit, qui puisse prétendre réduire tous les objets auxquels elle peut potentiellement s’appliquer. C’est vrai pour la science, qui ne peut réduire l’amour à ses équations, et c’est vrai pour la psychanalyse, qui ne peut réduire les rapports humains au familialisme. C’est vrai de tous les enseignements. La théorie n’est finalement que le support obligé de schémas qui visent à guider une pratique. Les dogmatistes paraissent ridicules parce qu’incapables qu’ils sont de se sortir de leur schémas de pensée, et ainsi d’appréhender la réalité intellectuelle d’autrui, ils décrivent les phénomènes intellectuels qui les habitent à partir du vocabulaire propre à leur dogmatisme. Et ils demeurent alors étrangers et suspicieux à leurs interlocuteurs. Celui qui sort de la prison du dogmatisme et qui sait que le monde ne s’arrête pas aux barreaux de sa cellule sait aussi du coup décrire son expérience avec recul. Décrire l’expérience psychanalytique, l’apprentissage de la psychanalyse via la notion de transfert, c’est... étroit. Au fond, l’essentiel de ton propos, une fois dénudé de toutes ses excroissances grossières, consiste à dire que la psychanalyse n’est pas qu’une théorie et qu’il faut la vivre pour la comprendre, ce qui, ma foi, comme je l’ai dit plus haut, est vrai de n’importe quelle théorie. À la même Anna, j'écrivais aussi, sur une note plus personnelle, et non sans romantisme:
  22. Moi non plus je n’ai pas en tête quelque conception égotique de l’acte de création. C’est peut-être le mot « solitaire » qui t’a irrité. Simplement, tu affirmais que le processus de création était absolument indépendant des spectateurs : Or, l’improvisation, l’art performatif et même d’autres formes d’art nous confirment que ce n’est pas le cas – que l’énergie qui se dégage du rapport de l’artiste et des spectateurs peut très bien faire partie du processus créatif. C’est particulièrement vrai dans la musique pop / rock, où la composition et la performance se déploient comme deux temps distincts de la création artistique. Dans la performance, la composante communicative est absolument vitale. C’est particulièrement vrai par exemple dans le glam-rock, où le public est appelé en quelque sorte à participer au processus créatif, à faire partie du jeu artistique. Je crois bien que 99 % des interventions sur un forum de philosophie sont dédiées à un processus de compréhension mutuelle. Des discussions s’étendant sur des pages et des pages ne font que tourner autour de ça : une incompréhension mutuelle où les belligérants cherchent un point, un espace où ils pourront se rencontrer (et ce, même s’ils ne savent pas que c’est effectivement ce qu’ils recherchent !). Or, je pense que cette incompréhension est une composante essentielle de toute discussion philosophique. Ce qui au premier abord paraît comme une fatalité énervante est en fait une réelle bénédiction. C’est un espace de création qui s’ouvre entre deux individus, où chacun peut affiner l’expression de sa pensée et tenter de réfléchir d’une façon différente à la fois. D’ailleurs, la composante réflexive de notre esprit ne consiste-t-elle pas en l’intériorisation d’un tel processus de compréhension, d’un tel dialogue entre nos pensées formées qui trônent en nous et nos intuitions informes qui aspirent à la lumière ? Alors non, je ne te comprends pas, et je ne crois pas que tu me comprennes très bien non plus. Et c’est très bien ainsi. Pourquoi devenir cynique à ce propos ? Il faut arrêter de pleurnicher et simplement redoubler d’effort et s’exprimer de meilleure façon, voilà tout. Je n’ai pas vraiment de pitié à l’égard d’une mauvaise pensée ou d’une pensée mal exprimée (ce qui revient presque au même). Je pense que les bonnes pensées se sculptent dans la violence induite par la plus grande tension entre la conviction et le doute. Et je suis là pour te faire douter. Si tu me livres un avorton de pensée, je vais assurément pisser dessus. Inversement, si tu parviens à livrer une pensée qui satisfasse à mes exigences, je vais te demander en mariage. Or, j’observe que lorsque tu te trouves à vue de l’abîme qui te sépare d’un interlocuteur qui te pousse quelque peu et qui veut en savoir davantage (même s’il ne le sait pas), tu sombres rapidement dans une posture cynique, sinon deleuziennement pédante. Mon petit doigt me dit que c’est parce que tu ne sais plus où aller ensuite. Tu vois, pour moi, ça c’est un avorton de pensée. Et je ne juge pas de ton intelligence. Je juge seulement de ce qui m’est livré – c’est-à-dire cette pensée particulière sous cette forme particulière. Et l’histoire de la gifle : bien sûr que c’est de la provocation ! Une pure pitrerie ! Mais il me semble que c’est tout ce que méritait l’effort chétif qui t’a mené à cette affirmation péremptoire. Il est possible aussi que je sois plus tranchant à ton égard qu’envers d’autres, justement parce que je pressens qu’une grande intelligence dort sous cet amas d’inepties. Mais… cela ne serait-il qu’une autre pitrerie ? … ou Deleuze, Bergson, Nietzsche, Spinoza… Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de plus glorieux à réciter son petit catéchisme kantien qu’à réciter son petit catéchisme deleuzien. Et c’est qui qui a pondu la meilleure intervention du fil de discussion ? Ouais : c’est bibi ! Je pense bien qu’après cela, je peux me permettre de me livrer à quelques basses œuvres rhétoriques sur ton compte. Si j’étais psychanalyste, je te dirais sans doute que tu as des énergies sexuelles investies sur la figure de Deleuze (non, ce n’est pas du familialisme alors tu peux passer outre le réflexe pavlovien à citer l’Anti-Œdipe qui vient probablement de surgir en toi). Ça t’excite mes postures de pouvoir ? Mon dieu… J’espère que les modérateurs notent la magnanimissime réserve dont je fais preuve devant ce morceau de préciosité.
  23. Dompteur de mots

    La psychanalyse

    Chapati se donne une contenance intellectuelle en se faisant l'apôtre de Deleuze. On frappe rapidement un mur à le fréquenter. C'était une question de temps avant que la posture académiste consistant à ne plus marcher que dans les pas de l'Anti-Œdipe ne vienne tapisser le topic. P.S.: mais il pratique le déni en affirmant ce sont les autres qui sont enserrés par des normes étroites !
  24. Donc, si je saisis bien ce galimatias, il s'agit de démonter méticuleusement mon raisonnement. Le seul (je dis ça par politesse) problème – et il est de taille, tu en conviendras, c'est que je n'ai pas émis de raisonnement. Simplement, j'ai fait une énumération d'images pour dépeindre un état d'esprit, quelque chose qui tourne autour de ce que Camus appelait le sentiment de l'absurde. – Un exemple parmi tant d'autres : il est tout à fait indifférent que la terre soit engloutie par le soleil dans 10 millions ou 10 milliards d'années, puisque l'essentiel de cette idée n'est pas la donnée scientifique, mais bien le sentiment de l'insignifiance de l'humanité que cette réalité suggère. J’étais fort conscient que mon chiffre était tout à fait arbitraire. Bref, tu emploies des méthodes d’analyse logique là où elles sont inapplicables (ce qui devrait d’ailleurs nous mettre la puce à l’oreille à l’effet que tu ne maîtrises pas le moins du monde ces méthodes). Non, ce n’est pas du hors-sujet. Au contraire, c’est tout le reste qui est du hors-sujet. Il est ici le cœur de la discussion. Camus dans son ouvrage ne fait pas autre chose que d’aborder ce thème : à savoir ce qu’un philosophe peut dire devant le problème du suicide. Seulement, la plate réalité est que tu n’as que des banalités à livrer. Objectivement, je veux dire. Tu conviendras qu’il s’agit d’une enfilade de clichés sur la prévention du suicide. Remarque, personne n’est du niveau de Camus ici, et ce n’est pas un crime que d’avoir une pensée stéréotypée. Mais évidemment, la réflexion philosophique se distingue par une volonté de dépasser les clichés véhiculés par la société. On s’attend donc légitimement ici à un effort pour aller plus loin. Dans ton énumération, tu mentionnes l’idée de « voir la vie autrement » : et bien c’est précisément ce volet qu’il s’agit d’explorer. Deuxièmement, Camus avertis bien que le problème du suicide a toujours été abordé sous l’angle « social » (ce que tu fais), alors que son dessein est de l’aborder sous l’angle philosophique – ce qui, ma foi, est la chose logique à faire en philosophie. Or, pour ce faire, j’ai livré la méthode : il faut trouver le sentiment de l’absurde en soi, pour ensuite l’arpenter sous tous les angles. C’est-à-dire qu’il faut trouver la force d’affronter toutes ces idées noires qui peuvent facilement germer en nous – ce qui ne signifie pas le moins du monde qu’il s’agisse d’affirmer objectivement que la vie est effectivement noire, dégoûtante, humiliante, ce qui serait bien sûr absurde. Alors, on va voir si tu es capable d’autre chose que de draper ta banalité derrière un voile d’hyper-rationalité (ça inclut tes interventions sur les autres topics).
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