Oh, faut pas t'inquiéter pour ça! Maintenant, je suis plutôt heureux. Surtout si on compare ça avec ce que j'étais il y a quelques années. Et non, ce n'est pas du vécu. Pas le mien, en tout cas.
C'est gentil de me complimenter, mais à côté de lui, je ne serai jamais rien.
Une déraison raisonnée.
Victime de mon temps et de ma bêtise. Je suis l'un des fruits du passé, mais suis-je seulement ça? Un rien parmi le néant? Un néant par l'infini? Le rien d'un sombre infini? Je ne me connais pas, et ne me connaitrai jamais. D'ailleurs, ceci est nullement nécessaire. La nécessité, c'est la folie de la logique. Son contraire, celui de l'idiotie. Aurais-je le don d'amasser le n'importe quoi en peu de lignes?
Le pouvoir appartient à l'ignorant. Pas celui qui méconnait le monde, mais celui qui méconnait son monde. L'échec n'est-il pas la conséquence d'une faiblesse? Les régimes les plus autoritaires persistent toujours. Pourquoi? Le problème est si simple : il faut couper les langues avant qu'elles n'aient le besoin de parler. On appelle ça de la prévention. N'envoie-t-on pas la police alors que les gens ne viennent que manifester?
Notre mental correspond un peu à ce schéma là. Ou plutôt, le monde ressemble à notre fonctionnement, ce qui semble plus intuitif, et plus logique. Ne mettons-nous pas en oeuvre des moyens complexes de protection avant de perdre le contrôle? Au fond, nous n'inventons pas grand chose : nous nous contentons de calquer. L'idéal souvent imaginé, lui, serait celui qui voit chaque être se contrôler dans la réalité comme il le fait dans sa réalité. Cela aurait pu exister, si la conscience, cette chimère, n'avait pas intervenu, un beau jour, tel qu'on le sait.
Comment pourrais-je être digne de ce qui me précède? Mes ancêtres ont combattu, se sont acharnés au travail, ont vécu, et moi, pauvre naïf emplis de velléité, je me contente de l'inutile. Je n'invente rien, ne sers à rien. Je ne suis qu'un cinglé parmi de nombreux autres. Une étoile qu'on voit dans le parc comme on en voit mille. J'aimerais éclairer ma vie, et je me contente de la nuit. Où est passé la lumière qui donnait sens, l'aujourd'hui d'hier?